JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
2e ANNÉE. - N° 144.
JEUDI, 15 SEPTEMBRE 1842.
FEUILLETON.
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Temple, 6, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
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daction doit être adressé,franco,
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et le Jeudi de chaque semaine.
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Quinze centimes par Ii|oe.
IN'fEKIElK,
YPRES, le 14 Septembre.
Ainsi que nous l'avions pressentile projet
d'emprunt a été sanctionné par la chambre des
représentantsmais avec des modifications es
sentielles. Le crédit demandé par le ministre
des travaux publicspour l'achèvement des
chemins de fer en constructiona été réduit
24.000,000 francs. M. Rogier a prouvé;par
deux discours très-remarquables et qui n'ont
point été réfutés par M. Desmaisièresque le
crédit demandé par le gouvernement était trop
élevé. La chambre en a paru convaincuecar
le chiffre primitif de fr. 20,250,000 a été rejeté.
L'allocation proposée pour les routes du
Luxembourg a été adoptée sans opposition. Les
deux millions votés par la chambre, sont accor
dés en compensation du chemin de fer décrété
par la loi de 1834, et qui devait traverser cette
province. 1
Les fonds demandés pour' l'agrandissement
de l'entrepôt d'Anvers ont été votés, malgré
l'opposition de la section centrale. Un million
500,000 francs ont été alloués pour cette con
struction, qui donnera amplement l'intérêt du
capital consacré cet agrandissement.
La chambredans ce partage du trésor pu
blic n'a pas oublié la Campine. Un million
750,000 fis., ont été votés pour la construction
d'un canal petites sections, qui joindra celui
d'Anvers au canal de Bois-le-duc.
Malgré le chemin de fer en construction
entre Tournay et Mouscron, les représentants de
Tournay ont présenté une motion tendant faire
décréter une nouvelle section entre Tournay
et Jurbise et augmenter le chiffre de l'emprunt
de quatre millionspour la construction de
cette ligne de raccordement. La chambre a
ajourné ce projet jusqu'après l'entier achève
ment des lignes commencées. Nous ne pouvons
qu'approuver ce vote. La province du Hainaut
n'a pas se plaindre d'être mal partagée sous
ce rapport. Le chemin de fer du midi traverse
celte partie de la Belgique el la ville de Tournay,
notre grand préjudice, a obtenu la déviation
du rail-way par Mouscron et un embranche
ment dans cette direction.,
Nous espérons que cet emprunt sera le der-.
nier. La situation financière du pays n'est pas
déjà si brillante, pour qu'on l'aggrave encore
par de nouveaux appels au crédit. Depuis
douze ans que nous avons'conquis notre indé
pendance la dette publique a suivi une pro
gression effrayante. Nous en sommes arrivés
-.maintenant pour cette partie des dépenses,
un budget de fr. 25,736,031-46, y compris
l'amortissement. Ce qui calculé 5. du cent,
représente un capital de fr. 514,720,629-20.
Nous croyons que cette situation du trésor
public doit soulever les plus sérieuses réflexions,
et engager les mandataires de la nation la
plus grande circonspection, si on ne veut porter
atteinte au crédit public et jeter la Belgique
dans des embarras financiers inextricables.
de cet enfclnt qui malheureusement fut atteint
d'un coup dé pied si viblemment lancé, iqu'il
ne survécut qu'une demi-heure après l'événe
ment.
r v
Dans la nuit du 7 au 8, des voleurs se sobt
introduits dans la cave de Philippe Forbey, fer-
mier, demeurant Langemarck, et y ont enlevé
du linge, du pain et du beurre. Le tout "est
évalué 166 francs.
Le 9 de ce mois le nommé Englebert Synaghel
âgé de 27 ans, .garçon meunier chez le sieur
Vandenbussche Clercken, étant occupé au
moulin, a été pris par les engrenages et a eu la
tête fracturée.
Ce malheureux laisse dans la misère, une
vieille mère qu'il entretenait par son travail.
M. le lieutenant-colonel Rigano, commandant
le 2me régiment d'artillerie, est venu dans nos
murs, passer l'inspection de la batterie d'artillerie
de siège, en garnison en cette ville.
M. François Desmits, candidat en médecine
de l'université de Gand et ancien élève du collège
communal d'Ypres, vient d'obtenir avec distinc
tion le grade de docteur en médecine, en chi
rurgie et en accouchement.
Le 7 de ce mois, vers quatre heures de rele
vée, un enfant appartenant Pierre Claereboud,
tisserand Langemarck, se trouvait jouer le
long du pavé, lorsque P.-J. Yanhove cultiva
teur en la même commune, passa cheval près
Un violent orage a éclaté samedi dr vers les 6
heures et demi du soir sur notre ville, il y a eu
plusieurs coups de to'nnerre; une explosion
entr'autresprécédée d'un immense éclair, a
précipité le fluide électrique sur l'église Notre-
Dame la toiture de laquelle il a causé quel
ques dommages. Depuis ce moment jusqu'au-
jourd hui la pluie n'a presque pas discontinué
de tomber par fortes averses. Jde Bruges.)
On écrit de Malines
Un bruit qui a pris beaucoup de consistance
circule dans notre ville. On assure que M. le
chevalier Du Trieu De Terdonekconseiller
communal, est nommé bourgmestre de Malines.
(Journal de Malines.)
On écrit d'Anvers
Nous apprenons avec peine que nos pilotes
ont été de nouveau en butte aux injures et
même ce que l'on assure des voies de fait de
la part de la populace de Flessingue. S'il faut
MEURTRE DU MARECHAL D'ANCRE. {Suite et Fin.)
II.
Concini-Concino était fils d'un pauvre notaire de Florence. Joueur,
dissipateur et libertin, repoussé de sa famille, dont il était l'oppro
bre, le jeune Concini, lors du mariage de Marie de Médicis avec
Henri IV, s'enrôla dans les valets de pied de cette princesse, qui
amena en France, sa suite, comme jadis avait fait Cathérine,
«pousc de Henri II, tous les escrocs, tous les coupe-jarrets d Italie.
Concini eut l'adresse de se faire aimer de Léonore Galigaï, sœur de
lait de Marie; il 1 épousa el cette alliance devint la source d'une fa
veur effrontée, et d'une fortune qui jusque-là n'avait point eu d'ex
emple. Malgré les ténèbres qui couvrent les véritables auteurs de
l'assassinat de Henri IV, le peu qui nous reste des interrogatoires
de Ravaillac prouve jusqu'à l'évidence que Concini et sa femme n'é
taient point étrangers la fin tragique
Du seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire.
Quoiqu'il en soit, la mort de Henri IV fut pour Concini et sa
femme lesignal de grâces et delargesses. Marie de Médicis,soit pour
les récompenser, soit pour obéir la tendresse qu'elle manifestait
également pour Léonore et pour son époux, accumula sur leurs têtes
les hautes dignités, qui jusque-là n'avaient été que la rémunération
de glorieûx services ou la prérogative d'une naissance illustre. Outre
les charges brillantes que les Concini obtinrent et que nous avons
mentionnées plus haut, Marie les combla de présents, de gratifica
tions et de grosses pensions, non-seulement sur sa cassette particu
lière, mais encore sur les fermes de l'état et sur le trésor public.
L'orgueil des Concini ne devait plus avoir de frein. Léonore,
dont l'humeur altière et le caractère bizarre grandissaient avec la
faveur dont elle était l'objet, s'appliquait humilier, par son luxe
et par son arrogance, les dames les plus qualifiées de la cour. Concini
régnait en despote au Louvre; il dictait les décisions du conseil des
ministres, dont il était le président, affectait le plus grand mépris
pour les remontrances du parlement, et traitait les plus grands
seigneurs du royaume avec une insolence que ni les lumières, ni ses
talents ne pouvaient justifier. Aussi l'indignation contre ces détes
tables étrangers était-elle générale, et le peuple, comme les gens de
la cour, le clergé comme la magistrature, formaient-ils en secret des
vœux pour le renversement d'un pouvoir exécrable aux yeux de
tous.
L'heure de la vengeance sonna enfin.
Le 24 avril au matin, le maréchal d'Ancre, précédé, entouré et
suivi d'une foule de gentilshommes, de gardes et de valets, arriva
comme d habitude par le grand pout-levis. Les conjurés étaient dis-
séminéssur lepont; Vitry, en grand uniforme de capitaine des gar
des, se tenait sous le portique tout prêt agir. Le régiment des gardes
était rangé en bataille dan3la cour.
Le favori, vêtu superbement, était déjà au milieu du pont-levis
avec son cortège royal, lorsque Vitry alla droit au maréchal, et lui
mettant la main sur le bras droit Le roi m'a commandé de me
saisir de votre personne, lui dit-il.
D'Ancre se retourna vivement vers ceux qui le suivaient, et cria
en italien A moi, messieurs!
Ces mots furent le signal de sa perte. Vitry, du Hallier et Perray
lâchèrent bout portant leurs pistolets sur lui. Le maréchal tomba;
et aussitôt le régiment des gardes, ayant sa tête le comte de Gram-
mont, déboucha par le pont-levis, et n'eut qu'à se montrer pour dis
siper le cortège du marquis.
Vitry tira alors son épée, et cria Vive le roi ce qui fut répété
par les conjurés, par les soldats et par le peuple.
En ce moment la fenêtre de la chambre royale s'ouvrit et Louis
XIII parut entouré de ses gentilshommes. Merci, mes amis, merci
cria-t-il aux conjurés. A cette heure, je suis roi
Ainsi finit cet homme qui fut, dit Voltaire, premier ministresans
connaître les lois du royaumeet maréchal de France sans avoir ja
mais tiré Cépée
Concini était en toutpoint indigne de la fortune que l'amitiéd'une
reine lui avait faite, il ne sut pas se faire pardonner sa grandeur par
des qualités brillantes ou par un dévouement même apparent au pays
qui Lavait adopté. Le maréchal d'Estrées, dans ses mémoires de la
régence de Marie de Médicis, et Bassompierre, dans les siens, ont