JDTRNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
2e ANNÉE. N° 160.
JEUDI, 10 NOVEMBRE 1842.
INTERIEUR. YPRES, 9 Novembre.
Il n'offre rien de remarquable. Seulement on
nous annonce la conclusion de nos différends
avec nos .voisins du nord, la satisfaction réci
proque des deux parties contractantes.
FEUILLETON.
On s'abonne Ypres rue du
Temple, 6, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre.
Pour Ypresfr. 5-00
Pour les autres localités 6-00
Prix d'un numéro 0-25"
Tout ce qui concerne la ré
daction doit être adressé,franco,
A l'éditeur du journal, Ypres. -
Le Progrès parait le Dimanche
et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
MESSIEURS
Je vous félicite, au nom du pays, de votre session si
longue et si laborieuse, close il y a peu .de semaines,
•et pendant laquelle vous av£*Lrèsolûl taMt de grandes
questions.
Le court intervalle qui nous en sépare, a été em-
Wbyé Pai' Hiun gouvernement l'exception de
«Quelques-unes des lois que vous aviez votées, et la
préparation des trava tjhque nous allons aborder.
L'emprunt que vous aviez autorisé et dont la
conclusion devenait urgente, a été contracté un
taux avantageux qui atteste notre crédit.
La loi sur l'instruction primaire a reçu de toutes
parts un accueil qui me rassure pleinement sur son
exécution, et qui présage l'heureuse solution d'autres
questions du même genre.
Vous vous êtes empressés de répondre l'appel
que je faisais aux sympathies nationales, en autori
sant mon gouvernement concourir avec les pro
vinces et les coramun.es perpétuer le souvenir des
hommes qui ont illustré le nom Belge; l'Exposition
des beaux-arl3a montréde nouveau que notre patrie
conserve le rang qu'elle a conquis depuis trois siè
cles.
Les négociations directes, ouvertes depuis un an
avec le cabinet de La Haye, ont amené un dénoue
ment satisfaisant pour tous les intérêts; toutes les
difficultés qui se rattachent la séparation des deux
pays, ont pu être simultanément résolues; ce traité,
complément de celui de Londres, fera sans doute
le premier objet de vos délibérations.
C'est sans intermédiaire, guidés par un esprit mu
tuel de conciliation, que les deux États sont parve
nus se placer définitivement dans une situation
normale le premier fruit de ce rapprochement a
été la signature d'une convention de navigaliçn in
térieure.
Ces résultats, en régularisant nos rapports avec
les Pays-Bas, ne peuvent qu'influer favorablement
sur nos relations avec les autres puissances qui n'ont
cessé de nous donner des témoignages de confiance
et d'amitié.
Les négociations avec l'Espagne ont amené, comme
premier résultat, une convention qui vous sera sou
mise, et qui rouvre cet antique marché une de nos
principales industries.
Tout en poursuivant d'autres négociations, il est
OUVERTURE DE LA SESSION LEGISLATIVE
I)E 1842 A 1845.
Nous recevons aujourd'hui par les jowÉfciaux,
le discours de la couronne prononcé la cham
bre des représentants, où s'étaient dtyà rendus
les membres du sénat.
Le ministère place J'éloge de la loi sur l'in
struction primaire dans la bouche du roi. Nous
croyons que celte loi si vantée n'a pas reçu gé
néralement l'accueil annofîcé par le cabinet. Une
convention commerciale conclue avec l'Espagne
sera soumise pendant cette session, l'approba
tion de la représentation nationale.
Le fait le plus digne de remarque, est la de
mande de ressources provisoires pour 1843.
Nous pouvons donc nous attendre une forte
augmentation d'impôts, qui probablement se
ront placés sur les successions en ligne directe,
les transcriptions, etc.
Nous devons cependant faire observer qu'on
paraît avoir oublié totalement et le fractionne-
mentelles élections communales, qui nous pa
raissent mériter autant d'attention que les pro
jets de colonisation et l'examen des conclusions
de la commission d'enquête.
Le roi qui avait quitté son palais midi et demi,
est entré une heure et quelques minutes dans
le palais de la Nation. Une grande députation,
composée de membres des deux chambresa
introduit Sa Majesté dans la salle des délibéra-
lions de messieurs les représentants.
De nombreux cris de Vive le Roipartis des
bancs des députés, et des tribunes réservées et
publiques, ont accueilli l'entrée de S. M.
Le roiaprès s'être couverta prononcé le
discours suivant
impossible ,de ,)S considérer certaines mesures de
législations^htmeure comme devenues nécessaires.
Plusieurs produits qui forment la base de nos ex
portations, sont soumis, de notre part, des droits
de sortie que rien ne justifie plus.
D'autres objets d'importation étrangère sont sus
ceptibles, sans que notro commerce soit compromis,
d'uneaugmentation de droits d'entrée, dans l'intérêt
de l'industrie nationale et du trésor public.
Vous aurez aussi vous prononcer sur les con
clusions de la commission d'Enquête que vous avez
instituéeil y a deux ans, et dont j'ai suivi les tra
vaux avec le plus vif intérêt.
Peut-être, pour favoriser les exploitations loin
taines, serons-nous amenés recourir une insti
tution qui ne trouve plus dans le droit public actuel
les obstacles qui existaient jadis.
Le chemin de fer ayant franchi les frontières de
France, etétant sur le point d'atteindre celle d'Alle
magne, fait naître des questions internationales de
douane, de police et de postes, pour la solution des
quelles le Gouvernement aura probablement besoin
de pouvoirs spéciaux.
La province restée en dehors de ce grand système
de communication, a accueilli avec reconnaissance,
le dédommagement que vous lui avez alloué; upe
autre province, victime comme celle-ci des nécessités
diplomatiques, attend la loi destinée réaliser un des
bienfaits de votre dernière session.
Indépendamment des projets dont vous êtes restés
saisis, vous aurez vous occuper de plusieurs pro
positions dont les unes ont pour objet le maintien
de lois temporaires sur le point d'expirer, et les au
tres, le perfectionnement de la législation et la pro
tection de l'enfance dans les manufactures.
Si la session précédente se distingue par l'impor
tance des questions qui ont été débattues, et par
plusieurs actes d'équité nationale, ces résolusions,
sans compromettre notre état financierexigent
néanmoins la création de moyens nouveaux propres
mettre les recettes publiques au niveau des dépenses.
Diverses lois financières vous ont déjà été présen
tées; d'autres le seronten même tempsquele budget
des voies et moyens; en attendant que ces lois des
tinées augmenter les revenus, tout en faisant droit
de justes réclamations contre plusieurs vices de lé
gislation en vigueur, soient votées et appliquées,
LES PAROISSES DE LA GRANDE-BRETAGNE.
(Suite.)
Ashly rentra chez lui, ferma les volets s'approcha du feu et mit
sa tête entre ses deux mains. Quoi 1 se dit-il lui-même, j'éco
nomise aucun père de famille n'est plus régulier que moi dans ses
habitudes et sa conduite, et cependant je suis l'objet de la risée gé
nérale on se moque de mon épargne, on tourne en raillerie l'orgueil
qui me fait souffrir patiemment tant de privations plutôt que d'ac
cepter l'aumône publique. Eh bien! je changerai de plan; le peu
de fonds qui me reste, je le consacrerai acheter des actions dans
une de ces nombreuses entreprises que l'on nous annonce et que l'on
nous vante. Si je réussis, je serai indépendant des fermiers et des
inspecteurs de taxe. Si mon argent est perdu j'aurai recours cette
liste des pauvres qui dans tous les cas ta1 offre un asile.
Ce projet mûrit quelque temps dans la lete du pauvre homme;
mais bientôt après il forma un autre plan, qui lui semblait offrir des
chances plus favorables. Woolleston, le clerc de la paroisse, avait ou
vert une petite boutique, dans laquelle, profitant de la situation îles
pauvres gens qui l'entouraient, il débitait en détail, mais un prix
trèsélevé, des maichandiscs de la nature la plus diverse. C'étaient
des comestibles de la dernière qualité, de la chandelle de rebutdu
café et du thé avariés, et dont il trouvait cependant le débit, parce
qu'il consentait vendre une très-petite quantité de chaque mar
chandise. Il est vrai qu'Ashly avait bien peu d'argent mettre dans
son commerce; le lieu qu'il habitait se trouvait fort éloigné delà
grande route, et l'on passait rarement devant sa chaumière, mais en
vendant bien meilleur marché que Woolleston, en ayant soin que
ses marchandises ne fussent ni avariées, ni d'une qualité trop infé
rieure, il espérait bien tirer quelques profits de sa nouvelle entre
prise. Ainsi, dans ce malheureux village, tout se transformait sous
la loi de la nécessité. Un homme laborieux et accoutumé travailler
la terre, se trouvait forcé d'embrasser un de ces petits états qui pul
lulent dans les capitales, et qui sont d'autant plus nombreux qu'il
y a plus de misère. C'est ainsi que la veuve Brand, autrefois si bonne
ménagère, s'était métamorphosée, sous la même influence, en une
maîtresse de taverne. Elle, autrefois propre et riante, portant le haut
bonnet des matrones de la campagne, et le grand tablier noir, voyons
maintenant ce qu'elle est devenue.
C'est aujourd'hui une femme inquiète, dont le chagrin a ridé les
joues et sillonné le front; toujours entourée de joueurs, de buveurs,
de braconniers, de mendians et de mauvais sujets, elle souffre; et
tandis que ses voisins portent envie sa situation qu'ils croient meil
leure qu'elle ne l'est en réalité, de fréquentes insomnies et de vives
inquiétudes minent la pauvre femme.
M. Manning avait pris l'établissement de mistriss Brand sous sa
protection spéciale; il lui avait même envoyé quelques pratiques, et
il espérait que la veuve reconnaîtrait ce service en ne permettant
pas ses buveurs de comploter entre eux la destruotion de son gi
bier.
En vérité, mistriss Brand, lui dit-ilun jour en descendant de
cheval, je regrette presque de vous avoir aidée et soutenue dans votre
entreprise. Depuis que votre taverne est ouverte, les affaires du
village vont bien plus mal. C'est un point de réunion pour les mau
vais sujets, et mes bois sont dévastés par les .gens qui viennent chez
vous prêter l'oreille aux discours de Jay l'apothicaire et deses amis.
Hélas! monsieur, répondit la pauvre veuve Brand, je ne sais
que vous répondre je vends de bonne bierre, et c'est la seule chose
laquelle je doive peuser. Si je n'étais obligée de gagner ma vie de
manière ou d'autre, je ne tiendrais certainement pas une taverne.
Je n'ai de repos ni le jour ni la nuit. J'ai bien peur que mon fils
Pierre ne devienne un mauvais garnement, et j'ai souvent de la
peine faire rentrer l'argent qui m'est dû. Vous voyez seigneur
Manning, que ma situation n!est guère bonne.
Mais ma pauvre femme, celle de la paroisse est encore pire;,,