JOURNAL
2e ANNÉE. N° 462.
JEUDI, 47 NOVEMBRE 4842.
FEUILLETON.
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Temple, 6, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
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ISfTEBIElIB* YPRES, 16 Novembre.
été
L'ADRESSE AU ROI.
La réponse au discours du trône
adoptée sans changements et sans grande op
position par la chambre des représentants. Mais
aussi ses rédacteurs n'ont point suivi le minis
tère sur le terrainoù celui-ci voulais les
entraîner.
L'adresse au Roi n'est point une insignifiante
paraphrase du discours de la couronne. Loin
d'être favorable au ministère, elle s'abstient de
lui donner le moindre éloge. La majorité de la
chambre n'a point osé approuver explicitement
la marche du cabinet des hommes d'affaires.
A moins qu'on n'eût voulu blâmer directe
ment les actes du ministèreon ne pouvait
adopter une adresse plus hostile.
Bien des paragraphes du discours de la cou
ronne ont été laissés sans réponse par la com
mission de l'adresse. Cependant nous croyons
devoir faire remarquer le en réponse celui du
discours du trône qui annonçait que des ressour
ces provisoires seraient nécessaires pour 1843.
La chambre a répondu que des principes d'ordre
et une économie sévère dans une administration
pouvaient souvent suppléer des nouveaux im
pôts.
Il y a peu de jours, quelques électeurs libé
raux se sont réunis pour célébrer le triomphe
des dernières élections communales.
Un banquet splendide était préparél'allé
gresse et la joie animaieut tous les convives.
A la fin du repas Mr... demande la parole:
Messieursdit-il au milieu du plus profond
silence, je propose un toast au saint, protecteur
des hommes libéraux
Ce saint quel est-il s'écrient tous les con
vives. Ce saint libéral est Saint-Martin
qui donna un pauvre diable la moitié de son
manteau. Des bravos accueillirent cette saillie.
Nous adoptons volontiers pour patron
saint libéral et bienfaisant
Tout ce qui concerne la ré
daction doit être adressé, franco,
l'éditeur du journal, Ypres. -
Le Progrès parait le Dimanche
et le Jeudi de chaque semaine.
prix des insertions.
Quinze centimes par ligne.
ce
Mardi dr, une voiture auondi
Mr... commissaire de pojice j
plissait depuis quelques aune?
exactitude les petits devoirs dèj?
gendarmes escortaient (Je comm(
un œil bleu foncée
En voyant ce luxe/effréné de police,
commissaire et deu^^endarmes en voiture F)1
on crut un instarfi que l'ex-général Yander-C
smissen venait d'être arrêté la frontière.
Mais on apprit bientôt qu'il n'y avait d'autre
prisonnier que M. le commissaire lui-même et
que MM. les gendarmes avaient fait leur petit
devoir l'égard de M. le commissaire tout
comme M. le eoHimissàire avait fait le sien
l'endroit d'un grand nombre d'individus.
Nous ne connaissons pas au juste les motifs
de cette arrestation et ne voulant pas nous
rendre l'écho des commérages qui se débitent
foison nous attendrons pour donner de plus
amples détails, que l'iB*lruction qui est com
mencée soit achevée.
Mr... a été provisoirement écroué la maison
d'arrêt de cette ville.
Boite du Progrès*
A Monsieur l'éditeur du Progrès.
Ypres, le 16 Novembre 1842.
Monsieur,
Vous n'afFectionnez guères les rétrogrades,
et je vous en féliciteaussi je prends la liberté
de vous signaler une couple de petits méfaits,
dont les individus qui on peut, fort juste
litre, donner ce nom, se rendent habituellement
coupables.
Vous croyez peut-être que je veux parler po
litique, de la dîme, de la main-morte etc., etc.
Vous êtes dans l'erreur. Je m'occupe peu de la
dîme, car je sais qu'il faudra la payer bientôt,
bien que ce nom odieux sera dissimulé sous le
nom de centimes additionnels ce qui reviendra
au même, avec cette différence toutefois, qu'au
lieu de payer un dixième en sus des contribu
tions les bons Belges verront augmenter leurs
impositions de 17 ou 20 pour cent. Mais qu'im-
ernements bon marché sont
aussi belle que chère.... nos
cœurœià nos bourses. Mais je ne veux pas
parler politique, je le répète,' mes rétrogrades
appartiennent une autre spécialité de la classe
générale. Voici le fait j'entre en matière.
Depuis quelque temps l'âtre antique, abri de
la famille, est supprimé dans nos campagnes.
^Un poêle est planté au milieu de la grande
cheminée la bouille a détrôné le bois
j Les paysans en venant s'approvisionner aux
magasins de notre quai, doivent traverser la
villequand ils retournent chez eux par la
porte de Lille ou de Dunkerque.
Jadis un employé de l'octroi accompagnait
tout transport de charbon, qui n'était pas en
destination pour la ville même.
Autre temps, autres mœurs..Les employés
ont, paraît-il, adopté cet axiome d'autant plus
"volontiers, qu'ils se trouvent dispensés par là,
de faire une promenade fort incommode d'un
bout de la ville l'autre.
Mais nos bons fermiers en souffrent des ga-
mins tout fait rétrogradesmarchent derrière
les charriols, la besace en sautoir, la baguette
la main. Autrefois ils se contentaient de ra
masser les morceaux que les cahots de la voi
ture faisaient choir, car ils respectaient les com
mis qui convoyaient le véhicule. Aujourd'hui
ils ont le champ libre, et, tandis que le bon
fermier trône majestueusement sur sa jument
indigène, ils exercent leur industrie, c'est dire
qu'ils volent en plein jour la barbe de la po
lice, (en supposant toutefois que la police soit
barbue.)
Vous habitez la rue du TempleMonsieur
l'éditeur, si vous désirez vérifier le fait, la chose
vous sera des plus faciles.
Ce n'est pas tout -, nos petits rétrogrades, en
hardis par leurs succès, ne se contentent pas
de suivre les charriots de houille, ils s'attachent
avec persévérance et courage, h la partie posté
rieure des voitures et tilburys qui circulent en
ville. Cet exercice gymnastique peut-être fort
agréable et même très-utile pour délier lesmus-
LES PAROISSES DE LA GRANDE-BRETAGNE.
[Suite et Fin.)
Le lendemain matin, presque toutes les figures étaient tristes;
Wild, homme de courage, était généralement aimé; son arresta
tion affligeait beaucoup de personnes, on craignait d'ailleurs que les
recherches des magistrats ne compromissent la plupart des pauvres
qui habitaient le hameau. Sur les huit heures du malin, un consta-
ble, accompagné de deux officiers, se rendit chez la veuve Brand, et
la somma de comparaître devant M. Mauning, en son château. La
pauvre femme reçut cette nouvelle sans élonuement depuis le malin
elle était en larmes, et semblait avoir été avertie la première des ré
sultais désastreux de l'expédition nocturne. Le conslable lui dit
d'emporter avec elle de l'argent, qui devait lui servir de caution, ou
vk)ur payer une amende si le magistrat l'y condamnait. Une petite
charrette traînée par un cheval de ferme, la conduisit au manoir
seigneurial, où elle reçut l'ordre d'attendre quelques moraens dans
le vestibule.
C'était une tâche pénible pour M, Manning, car il aimait la chasse
et ses aises, comme un véritable gentilhomme anglais. Cependant
la loi lui ordonnait de procéder immédiatement l'interrogatoire, de
concert avec un juge du canton, que lui-même pouvait choisir, lise
décida en faveur d'un M. Weakely, âgé de soixante-dix anset qui
ne remplissait ses fonctions que par l'entremise de son greffier. Man
ning espérait que ce confrère ne le gênerait en rienet se contente
rait d'apposer sa signature au bas des procès-verbaux. Malheureu
sement le recteur de la paroisse, M. Winer, homme curieux, toujours
critique inexorable des actions d'autrui, entra dans le moment où
les deux juges allaient procéder leurs travaux préparatoires. Dès-
lors M. Mauning s'attendit ce que toutes ses actions subiraient un
examen rigoureux, il ne se trompait pas; tout ce qu'il avait fait, fût
blâmé les mandais d'amener qu'il avait signés en blanc, et dont son
greffier avait rempli les noms, se trouvaient épars sur la table, et
frappèrent les regards de ce censeur inexorable.
Très-bien, dit le recteur, il paraît que vous avez dans votre
greffier une confiance absolue, et j'ai envie de suivre voire exemple;
dorénavant je me contenterai d'écrire les dates de mes sermons, et
je laisserai mon secrétaire le soin de les composer.
La comparaison manque de justesse, mon cher recteur; un
sermon est plus difficile faire que le nom d'un voisin écrire.
Vous devez convenir aussi que les conséquences d'un sermon
mal fait sont beaucoup moins graves que celles qui résultent de l'ac
cusation d'un homme innocent dérangé au milieu de ses occupations,
et forcé de comparaître devant la justice. C'est un abus grave, M.
Manning, et je ne saurais m'élever avec trop de force contre cette
manière d'agir.
Ma foi, mon cher recteur, si je me chargeais seul de la besogne,
je ne pourrais jamais eu venir bout. Quel temps me resterait pour
chasser, lire, me promener cheval et me rendre aux invitations de
mes voisins, si je m'amusais écrire moi-même tous les mandats d'a
mener
Vous vous exposez par ce moyen perdre le temps de vos ad
ministrés et commettre plus d'une injustice... 11 me semble que
j'aperçois d'ici une liste imprimée, espèce de Barème de la taxe des
pauvres, tarif d'après lequel vous vous guidez sans doute dans la dis
tribution des deniers de la paroisse.
Oui, et en vérité rien n'est plus commode. Un homme a tant
d'enfans, tel âge; il est veuf ou célibataire, domicilié ou vagabond.
Ces pointâ une fois arrêtés, on n'a plus qu'à consulter la table qui