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JOCRIVAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
2e ANNÉE. N° 187.
DIMANCHE, 12 FÉVRIER 1813.
INTERIEUR.
FEUILLETON.
On s'abonne Ypres, rue du
Temple^, et chez tous les per-
cepteiÛ^fres postes du royaume.
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YPRES, le 11 Février.
Le ministre Nothomb, dans un beau mouve
ment de puritanisme, avaitpromis une enquête
sur les fraudes électorales dénoncées par M.
Mercier, et, si les faits étaient constants, une loi
pour les réprimer.
La nuit porte conseil. Depuis ce temps M. le
minisire ne se soucie guère de sa promesse. On
a bien envoyé des circulaires aux Commissaires
d'arrondissementmais les résultats se font at
tendre indéfinimentCe qui n'empêche pas M.
Nolhomb de promettre la chambrerais un bref
délai et prochainement, un projet de loi sur les
fraudes électorales. qui nesêra peut-être jamais
présenté.
MM. De Theux et Rodenbaoh se sont unis
l'opposition libérale, pour réclamer la présenta
tion du projet. 11 s'agissait pour le chef du parti
clérical, de faire une démonstration et de fein
dre désapprouver publiquement, au nom de son
parti, cette immoralité politique.
La honte est rentrée dans les cœurs de nos
ennemis politiques. Us ont rougi des manœuvres
indignes employées par eux, pour remporter
une victoire déloyale. Mais, ils conservent ce
pendant lintenlion bien arrêtée de profiter pour
la lutle prochaine, des fraudes déjà commises.
C'est pourquoi nous douions, malgré les pro
messes de M. Nothomb, qu'un projet de loi ré
pressif des fraudes électorales soit voté en temps
utile. La majorité de la chambre est intéressée
ce que les moyens mis en usage par le parti
clérical, réussissent et amènent sa réélection.
s'être rendu méprisable pour leur plaire et
avoir exécuté tous leurs caprices.
La peur paraît travailler nos adversaires, au
point qu'elle a mis le désordre dans leurs rangs.
Une agitation peu ordinaire se remarque chez
les hommes influents du parti clérical. Seront-
ils assez audacieux pour renverser, comme le
bruit en est répandu ce ministère mixte, qui
leur a rendu de si bons et loyaux services, et
cela en présence de la disposition actuelle de
l'opinion publique?
Nous ne saisissons pas les motifs pour les
quels le parti clérical n'oserait plus confier
l'influence gouvernementale entre les mains de
M. Nothomb, qui n'est cependant que leur
homme d'affaires.
Prétendrait-il jeter dans la balance électorale,
un ministère clérical pur sang, qui ferait usage
de toute la rouerie et de la corruption, que,la
possession du pouvoir met la disposition d'un
parti
Ou plutôt, tachera-t-on de semer la crainte
et entrera-t on franchement, dans une réaction
violente et illégale?
Un synode de nos évèques est assemblé
Malines. La fortune du parti clérical périclite
de l'aveu de nos adversaires. Ces menées n'an
noncent rien de bon pour la Belgique. Jusqu'ici
n,os ennemis politiques se sont contentés de
fausser le jeuTlfi? nos institutions. PeuKêtre
maintenant useront-ils de violence, après avoir
essayé de la fraude. Joueront-ils leur va-tout?
Il paraît qu'il est question de modifier le
fameux ministère miyte dans un sens tout-à-fait
clérical.
Les catholiques n'ont plus que faire de M.
Nothomb. Il leur est devenu un embarras, après
La S^îélé des Beaux-Arts est définitivement
installée. L'ancienne salle échevinale, convena
blement restaurée et arrangée, a été ouverte
pendant deux jours aux fondateurs de la société.
Les habitants d'Yp^s doivent *de la recon
naissance aux personnes zélées qui ont bien
voulu faire partie de Ja'c6"mmi3sion directrice
de la société. Quoiqu'elle compte peine une
année d'existence, quantité d'objets de tout
genre se trouvent déjà exposés, parmi lesquels
plusieurs très-rares et curieux.
Les pièces antiques méritent surtout l'atten
tion du connaisseur. Une jolie quantité de mé
dailles se trouvent classées et arrangées sous des
vitrines. Quant la collection d'objets d'histoire
naturelle, ce n'est là encore qu'un commence
ment, mais que nous espérons bientôt voir pren
dre des proportions plus étendues.
La salle se trouve ornée, par un assez grand
nombre de tableaux qui sans être de grand prix,
ne doivent pas être méprisés. Quelques-uns
même nous ont paru remarquables.
Enfin la société des Beaux-Arts est en voie de
progrès. Espérons que, grâce la persévérance
de Ta commission et de s.on vice-président si
actif, les acquisitions de la société prendront de
plus en plus d extension, d'autant plus que tous
les citoyens seront convaincus que la pensée
qui a guidé quelques personnes dans la création
de celte société, est éminemment civique, et que
c'est peut-être le seul moyen de conserver dans
nos murs, les riches antiquités que la ville
d'Ypres possède encore.
Le tribunal de première instance séant
Ypre'sf a prononcé le 8 février dr, un jugement
sur une question, qui plus d'une fois, avait
attiré l'allenlion,fles jurisconsultes et n'avait été
décidée que partùi arrêt d'une cour royale de
France.
Sous la plupart des Coutumes de France et
de Flandre, quand le survivant des époux
n'avait pas fait inventaire ou fait procéder
un partage,: la communauté qui avait existé
pendant le mariage continuait, au cas qu'il y
eût des enfants mineurs au décès d'un des
conjoints.
Mais le Code civil par son art. 1412 a changé
ces dispositions' législatives, et déclaré que la
aaisass &£ï<î)&ï'î?S22.
il. -
UNE MAITRESSE. [Suite.)
Six mois après, l'époque où nous la retrouvons, malgré l'amour
de Jules qui semblait toujours s'accroître, elle sentait quelquefois un
chagrin profond déborder cette félicité. Près de lui, elle le dissimu
lait; elle demandait 1 amour l'oubli du remords. Mais pendant les
heures de solitude et de réflexion, une douleur vive la prenait au
cœur, et elle pleurait quand elle portait ses regards au-delà du pré
sent et songeait l'avenir. Son unique espoir était dans la durée in
certaine de la passion de Jules. Maissilélait tendre et d'un dévoue
ment toute épreuve,il avait quelques défautsdout elle s'inquiétait:
la jalousie et la défiance étaient les principaux. Déjà e|le avait dû
cesser ses leçons, car il prenait ombrage de ce métier un peu vaga
bond, idiis doute parce que lui-même avait su, par sa propre expé
rience, quels dangers une jeune fille pouvait être exposée mais en
renonçant l'exercice de son talent, elle ne voulut rien accepter de
son amant. Elle lui persuada qu'il lui restait, des successions réunies
de son père et d'une vieille tante, une petite renié qui, jointe des
économies (presque entièrement épuisées), suffisait ses besoins.
Nous avons vu'cotnment eile y suppléait par la vente secrète ide ses
ouvrages de tapisserie, dans lesquels elle excellait comme em tniUç T
.1.A. f.'
autres choses.
t II n'y avait pas cinq minutes cjue Marianne était sortie lorsque
Fanny fut tirée dé sa rêverie par un coup de sonnette qui la fit
tressaillir. Jx;
Il était temps, pensa-t-elle, et elle courut ouvrir.
Jules entra. C'était'un jeune homme d'une trentaine d'années,
'brun, et un peu pâLefï/habitude des études sérieuses avait imprimé
ses traits une gravité précoce, et quoiqu'il fût naturellement bon
et porté l'indulgence, ses regards laissaient percer cette sorte" de
défiance propre aux personnes que leurs travaux éloignent du monde
et qui ne se sont pas exercées juger d'un coupd'œil les hommes et
les choses. Au moment où il parut, Jules avait l'air recueilli d'un
homme qui vient de prendre une détermination importante et qui a
besoin d'en préparer l'aVeu. Il regarda autour de lui et demanda où
était Marianne.
Je viens de l'envoyer dehors, répondit Fanny, sans autre ex
plication.
Jules passa dans le salon, prit les belles mains de Fanny, déposa
un baiser et lui faisant signe de s'asseoir, il s assit lui-même côté
d'elle. -
u faiipy, dit-il du ton le plus tendre, chère Fanny /es-tu heu
reuse
Sans doute, répondit-êlle,'et comment neleserais-je ton amour
n'est-"il pas toujours le même? quand tu voudras savoir si" je suis
heureuse, demande-toi seulement si tu m'aimes toujours.
Et cependant, reprit Jules, tu souflres sans me le dire comme
si ton cœur devait me dérober quelque secret. Plus d'une fois j'ai
surpris sut ton visage la trace de tes larmes; plus d'une fois j'ai cru
deviner l'agitation de touâuie. Pourquoi cette pâleur qui m'inquiète?
pourquoi cet abattement que ta. gaîté feinte ne peut parvenir me
cacher? Parle, Fan^y, sois confiante, que désires-tu? que veux-tu
de moi
Riètf^je te l'ai déjà dit ta tendresse me suffira.
Ne la*possèdes-tu pas toute entière? Jè-sais' bien que tu ne me
demandes ni l éclat du luxe, ni les plaisirs de la vanité. Tu as re
poussé tous mes dons, et j'ai dû céder une fierté que j'estime ce-
que tu désires, Fanny, ce bien dont l'envie te coûte la joie, le repos
et la santé peut-être, c'est plus que la richesse, c'est plus que mon
amour même.
Peux-tu lç croire? s'ëcria-t-elle. -
Celui-ci lui sourit doucement^;