KOUVELLES DIVERSES. A FRANCE. A M. Malou a présenté le rapport de la section centrale sur le projet de loi répressif des fraudes électorales. L'impression en a été ordonnée et la discussion fixée lundi pro chain. Séance du g. La chambre des représentants a terminé aujourd'hui la discussion des articles du projet de loi relatif aux sucres. M. Verhaegen avait proposé de porter 95 fr. par 100 1s.il. le droit d'eutrée sur les sucres bruts, terrés autres que les sucres moscevades; M. Dumortiera proposé de le réduire 60 fr. et enfin, M. Dubus aîné demandait qu'il fut porté 50 fr., ce qui établissait une surtaxe de 5 fr. par 100 kil. Cet amendement vivement combattu par MM» d'IIuart, Osy et les ministres des finances et des travaux publics a été rejeté par 55 voix contre 51. Le second vote a été renvoyé samedi. Séance du 1 o. La chambre des représentants a volé aujourd'hui le projet qui proroge jusqu'au 51 décembre 1844 la loi sur le transit. Un projet de loi, ouvrant au département des finances un crédit supplémentaire pour payer MM. de Gruytter et Lion, anciens com missaires aux recherches des biens domaniaux célés, des sommes qui leur sont dues par suite de condamnations judiciaires, a douué lieu quelque discussion. M. Dumorlier a rappelé que par trois fois la chambre a réjeté les crédits qui avaient été demandés de ce chef, et a soutenu que la cour d'appel de Bruxelles, en condamnant l'état au paiement de celle somme, avait mal jugé et outrepassé sa compé tence. Il a saisi celle occasion pour réclamer du gouvernement la prompte présentation d'un projet sur les conflits. M. de Garcia a son tour critiqué l'arrêt de la cour d appel, tout en convenant qu'il fallait payer par respect pour la chose jugée. M. le ministre de l'intérieur a combattu l'opinion émise par M. Dumortier, et a fait remarquer que si on adoptait ce principe, que si la législature aurait le droit de se soustraire un arrêt souveraine ment rendu, on arriverait une omnipotence parlementaire ef frayante. MM. Verhaegen et Fleussu ont parlé dans le même sens, et le projet a été adopté l'unanimité, moins la voix de M. Dumortier qui s'est abstenu. Le sénat est convoqué pour lundi 20 de ce mois, 2 heures. Le roi de Bavière vient de prendre la résolu tion d imposer la Gazette d'Auysbourg une censure plus sévère: dans la pièce officielle trans mise aux autorités que la chose concerne, après s'être plaint de ce que la tendance de celle feuille a évidemment pour but de préparer au libéra lisme moderne un appui et un auxiliaire dans l'opinion publique, et de ce que plusieurs gou vernements ont été exposés aux attaques violen tes de ce journal on laisse assez clairement entrevoir que les nouvelles mesures sont prises la recommandation de la Prusse. Le chantre d'Aix-la-ChapelJe, dont l'ar restation a été annoncéeétait en même temps choriste au théâtre. Sa conduite équivoque avait donné lieu quelques soupçons sûr son compte, mais ces soupçons n'ont pas été justifiés. Nous apprenons de la manière la plus positiveque l'auteur du vol commis la cathédrale n'est ni connu, ni arrêté, et que l'on suppose qu'il sera sorti en toute hâledu territoire prussien. La jus tice et la police continuent leurs investigations^ Le roi vient de faire M. le mar.quis d'Aligre, pair de France, un présent magnifique. C'est une pendule qui surpasse, jxtf la richesse de la matière et l'élégance du travail, tout ce qui était sorti jusqu'à ce jour de la nouvelle fa brique d horlogerie française. Cette pendule, qui avait été commandée pour servir d'ornement un des salons d'Eu attestera les progrès énor mes atteints par notre industrie nationale de puis quelques années. Voiei, dit-on, le motif de cette libéralité Quand il s'est agi de construire une chapelle commémorative du funeste événe ment du 13 juillet, le terrain acquis que M. Par- mentier, propriétaire du magasin d'épiceries du sieur Cordier, s'est trouvé trop petit pour rece voir l'édifice avec les proportions qu'on voulait lui donner. On s'adressa alors au propriétaire des masures circonvoisines. Md'Aligre, qui s'empressa d'offrir au roi toutes les portions de son terrain nécessaires aux constructionssans vouloir en recevoir le paiement. KXTEIIIECU. Voici les dispositions principales d'un projet de loi sur les monnaies présenté hier la cham bre des députés par M. le ministre des finances Seront retirées de la circulation et démoné tisées les monnaies portant les dénominations suivantes, savoir Les pièces de quinze et de trente sous, les pièces de six liards, les pièces de dix centimes la lettre N, les pièces de un et deux liards, les pièces de un et de cinq centi mes, et un décime. Les monnaies de cuivre et de métal de cloche seront remplacées par une monnaie de bronze, composée de cuivre et d'alliage. Il sera frappé des pièces de 1, de 2, de 3 et de 10 centimes. La monnaie de bronze portera d'un côté l'ef figie du roi, avec la légende Louis-Philippe /er, roi des Françaiset au revers l'indication de la valeur de la pièce.et de l'année de la fa brication. L'émission de la nouvelle monnaie de bronze ne pourra pas dépasser la valeur nominale de la monnaie de cuivre et de métal démonétisée. Les pièces d'un demi-franc et un quart de franc, qui seront frappées, l'avenir, porteront au revers les mots cinquante centimesvinyl- cinq centimes, au lieu d« ceux-ci un demi- franc, un quart de franc Il n'y aura pour tout le royaume et leÀ'pos- sessibns françaises qu'un seul établis'semenl 'des tiné la fabrication des monnaies il sera fijté Paris. if.. DETAILS SUK LE TREMBLEMENT #E TERRE. On lit dans l'Écho Rochelais Un de nos compatriotes, M. Girardeau fils, chirurgien bord du vaisseau le Gomernous a fourni les renseignements qije nous désirons sur les événement de laGuadeloupe. M. Girardeau - a été Jç, triste témoin des scènes de destruction .sur lesquelles la France entière versera des larmes. Tout l'effort de la commotion volcanique a porté sur Poinle-à-Pitre, ville que l'on pouvait regarder comme la perle des cités des Antilles. Aujourd'hui, Pointe-à-Pilre n'existe plus'. C'est le B février 10 heures 35 minutes matin que le tremblement de terre, annonce Hèppis plusieurs jours, par des symptômes alarmants, s'est fait sentir. Ebranlées sur leurs fondations, toutes les maisons se sont écroulées avec un horrible fia- cas, et les malheureux qu'elles renfermaient ont été ensevelis, écrasés sous les décombres.-*. La ville possédait 15,000 habitants, 5,000 ont péri... Le nombre des blessés est incalculable; beaucoup succomberont aux suites de l'écrase ment et des mutilations qu'ils ont subis Ceux qui ont échappé au désastreou se trouvaient dans quelques rues spacieusessur les places publiques, ou n'ont dû la vie qu'à des circon stances imprévues et providentielles. A la chute des édifices s'est joint un autre fléau. Dans plusieurs quartiers l incendie sest déclaré presque instantanément, et bientôt les flammes, alimentées par une masse considérable de matières combustibles, ont gagné de proche en proche, dévorant ce que le tremblement de terre avait épargné, brûlant, calcinant avec une effrayante rapidité les morts et les mourants. On vit de malheureux blessés, retenus, com primé par un de leurs membres au milieu des décombres, faire de vains efforts pour échapper au péril; ils poussaient des cris; ils invoquaient du secoursHélas! malgré l'activité malgré le zèle des survivants ils ne pouvait'nt être se courus et le feu saisissait sa proie. On mentionne deux noirs surpris en flagrant délit de vol, dans une maison moitié abattue. Le châtiment a suivi de près le crime; ils ont été fusillés sur l'heure. On avait craindre la descente des nègres marrons Pointe-à-Bitre, et l'on ne saurait dire quel surcroit de dangers fut alors venu fondre sur la tête de la population; heureusement celle crainte n'a pas été justifiée. Le chef d une famille avait échappé la mort: on le vit, quelques instants aprèscreuser les décombres de sa maison... Il y cherchait les cadavres de sa femme et de ses onze enfants ensevelis sous les ruines. Un habitant se trouvait au second éla -e !a façade s'écroule, et lui-même est rejeté en de hors sain et sauf. Une des notabilités avait été chercher une dame pour l'accompagner dans quelques visites. Au moment où ils mettaient le pied dans la rue, la commotion survient; tout s ébranle, tout s'af- fraisse autour d'eux. Saisis par deux fia us de murailles, ils périssent. On les a trouvés se tenant encore par la main; leurs corps étaient intacts, mais leurs tètes se trouvaient horriblement écrasées. Une hoffoge qui domine un édifice élevé est restée debout; mais sous l'action de la secousse, ses rouages se sont subitement arrêtés, et c'était due prolester de son innocence, vous n'auriez pas eu besoin pour en être convaincue de cette preuve irrécusable Mais pardon, madame, je vous aftligc encore, je parle d'elle, et j'oublie ce que je ne sais que -depuis un instant, que l'amour est jaloux même d une rivale qui n'existe plus. Vous craignez que votre mari s'attache 'ce souvenir, et près de vous sp rappelle celle qu'il a aimée' Je me reprocherai toute ma vie, madame, de vous avoir donné cc chagrin mais com- raeut la possession de cette lettre vous rendra-t-clle heureuse? Voilà ce que je ne comprends pas. Quel intérêt maintenant vous la fuit dé sirer si vivement que vous soyez prête la payer de votre fortune Soit qu'Adèle n'eût pas de réponse satisfaisante faire cette question, soit que l'émotion qui l'agitait fût trop grande, elle garda le silence. - - Ternisien continua: v. Quand j'ai vu que monsieur. Jules voulait sur-Jei-champ avoir celle lettre, je lui ai dit que peut-être il me Serait impossible de la retrouver car j'ai eu peur madame, qu'il en reconnût, les caractères et qu'il allât, armé de cette.preuve, demarçdei^rai^ou celui qui l a écrite. Il m'a rassuré, il est vrai, et je l'ai cru d'aboFd. Que faut^il queje pense présent ^et vous-m^uje, craigiiet-yous?,.. Eh bien oui, je crains qu'il cf i ose sa vie, s'éci ia Adèle, comme si les dernières paroles de Ternisien lui eussent fourni l'explication qu'elle cherchait. Votre amitié pour lui a deviné le malheur que mon amour veut prévenir. Voilà pourquoi, monsieur, je suis venue seule celte heure de la nuit, pourquoi, vous ne direz personne que vous m'avéjt vue. Je sais, ne me demandez pas comment je l'ai appris-, je s^is qui u écrit autrefois cette lettre mon mari reconuai- tra cet le écriture, il se battra, soyez-éu sûr monsieur; il se battra, il sera tué peut-être... je le perdrai deux fois cause de celle malheu reuse fille. Donnez-moi cette lettre... que j'anéantisse celle preuve, 'et quand il n'aura plus que des soupçons, quand le coupable pourra nier et refuser un combat, je serai heureuse alors, tranquille du moins Sùr la vie de mon mari. Celte lettre!... cette lettre!... je vous la de- mande genoux Relevez-vous, madame, dit Ternisien. J'ai trop de regrets de ce qui s'est passé pour ne point vous rendre le repos. Le serment que vous me demandiez, je le fais, je tairai votre présence ici M. Va- labert. Mais reprenez cet argent, repieuez ces bijoux, je n'accepterai rien, madame c'eatune réparation que je vous dois et non une preuve que je vous vends; En parlant ainsi", Teruijpieu remettait Mmc.Valabcrt les billets et les joyaux quelle avait déposés'sur lui. Il se leva, se dirigea vers la table où les papier^ elaiejit épais.,-cherché quelques instants et revint vers Adèle. En voyant la feuillle de papier jauni qu'il teuait dans la raa:n, elle bondit et s'eii empara avec un mouvemeut convulsif. Pendant qu'elle la lisait, il se faisait- eu elle un changement étrange et que le plaisir d'empêcher un duel en détruisant cette preuve n'aurait pu seul expliquer pour des regards plus clairvoyants que ceux de Ter nisien. 11 y avait une sorte de frénésie dans joie. On eût dit que des deux natures opposées qui se réunissaient eu elle, et que nous avons signalées, la plus violente, longtemps comprimée par la volonté de fer, éclataU enfiuet, rejetant toute entrave, toute dissimulation débordait avec ses passions-ardentes et terribles. Ses traits même, miroir d'une àme nouvelle, semblaient avoir pris uu autre caractère. Ce n'était.plus la femme timide, soumise, résignée ou suppliante des larmes! celait une lionne qui rugissait eu dévorant sa pi Comme si ce neût été assez de ses mains, elle déchira la lettre r ses dents; puis réunissant les morceaux, elle les brûla un un i chandelle. A mesure qu'ils se .consumaient, ses regards baillaient et suivaient les progrès de la flamme Comme les souffrances et Iagonie dune victime expirante. Quand ïe feu eut tout'dévoré, elle dispersa d'un souille ces cendres noircies qui-s'eiivolèrent autour d'elle. Plus rien! secria-l-èlle f plus de traces! celte lettre n'a jamais existé. Sauvée! je suis sauvée! [Lâ suite au prochain .V"») -* j*: ::V-

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Le Progrès (1841-1914) | 1843 | | pagina 3