<\l I JOURNAL D'YPRES ET Ml L'ARRONDISSEMENT. sa'tïsïsa 53 ©a1!? sa a» I t 2° ANNEE. - N° 197. DIMANCHE, 19 MARS 18M- INTERIEUR. FEUILLETON. v. On s'abonne Ypres rne du Temple, 6, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. prix de l'abonnement par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix, d'un numéro 0-25 Tout ce qui concerne la ré- daclion doit être adressé,franco^ l'éditeur du journal, Ypres. - Le Progrès paraît le Dimanche et le Jeudi de chaque semaine. prix des insertions. Quinze centimes par ligue. YPRES, le 18 Mars. PROJET HE LOI EN FAVEUR DES FRAUDES ÉLECTORALES. Après plusieurs sommations de tenir sa pro messe, M. Nothomb vient de présenter la Chambre une nouvelle œuvre de déception, intitulée: Projet de loi qui prévient les fraudes électorales pour 1843, mais qui doit les légali ser pour 1844. Rien n'était plus simple que de faire une loi pour empêcher ces usurpatious du droit d'élec teur. Une disposition en deux ou trois articles, ou mieux encore, l'interprétation par voie d'au torité, de l'art. 3 de la loi électoraleavec une sanction pénale, était suffisante. Mais ce mode ne remplissait point le but de Yhomme d'aff'awes du parti clérical. Au lieu de quelques dispositions simples et qui par là n'en auraient été qiïe plus efficaces, un projet de loi en 18 articles, corrigé et amendé par la section centrale, vient d'être mis en discussion. Forcé par l'indignation publique de présenter un projet, pour empêcher les écarts de ses amis, M. Nothomb a saisi cette occasion de réviser quelques parties de la loi électorale, tout en protestant qu'il ne veut aucune modification celle loi. Si la loi en discussion prévenait les abus con tre lesquels elle devait être dirigée, il y aurait au moins une disposition que nous pourrions approuver. Mais il n'en est point ainsi. Les faus ses déclarations pour 1843, seront la vérité inutiles, mais en revanche, des citoyens qui pos séderaient toutes les qualités requises pour deve nir électeurs, seront éloignés du scrutin par la nouvelle loi. Et ces fraudes inutiles pour 1843 seront excellentes en 1844, pour peu que les vertueux, les honnêtes gens mettent de la per sistance mentir. Comme l'a dit énergiquemenl l'Observateurdeux mensonges équivaudront a une vérité. 11 est suffisamment prouvé que les fraudes ont été pratiquées d'un seul côté, de la part du parti-prêtre. Eh bien dans cette loi qui devait prévenir ces manigances frauduleuses, pour une disposition qui atteint les soutiens du ministère convaincus d'immoralité politique, elle en con tient nombre d'autres, qui sont uniquement diri gées contre l'opinion libérale et dans le but de fausser la manifestation légale de l'opinion publique. L'intervention des agents du pouvoir dans les élections se trouve consacrée par ce projet. Les commissaires d'arrondissement pourront faire inscrire les électeurs d'offiçe. Les bourgmestres, qui par les nouvelles dispositions de la loi, sont devenus les agents exclusifs du pouvoir, seront les seuls scrutateurs. Enfin, l'aide de ces dis positions, nous ne verrou? plus de fausses dé clarations de contributions, elles seront deve nues inutiles. Le ministère trouvera en elles, la possibilité de faire commettre des fraudes par ses agents, et nous verrons dans quelque temps, si la loi se trouve adoptée, ce dont nous ne doutons pas, que toute confiance, toute. lé galité et toute garantie auront disparu des opé rations électorales. Quelques autres articles se trouvent compris dans le* projet, qui doivent avoir spécialement pour but, de permettre au pouvoir l'abus de 1 in timidation l'endroit des électeurs. A' laide d'une disposition d'un vague effrayant, il sera loisible Fagent du pouvoir qui préside les élections, de poursuivre par-devant les tribunaux tel électeur qu'il lui plaira. Enfin le parti clérical tâche de faire en sorte que les comiçes électoraux présentent dans quelques années, l'aspect de celles d'un pays voisin, l'époque du ministère de Yillèle. Mais ce qui caractérise énergiquement les hommes qui sont au pouvoir, c'est la défense de cette loi présentée par M. Nothomb, en qui se ré sume le cabinet. Non jamais la fourberie n'a été pratiquée avec une telle impudeur. Ce ministre méprise assez le pays, pour oser lui dire, que c'est là un projet qui a pour but d'assurer la juste et légale exécution de la loi électorale. Il ose dire la chambre, que le parti qui le sou tient, est en majorité dans la nation, pendant qu'il s'agit de faire voler par les serviles du parti cléricalune loi qui doit comprimer la manifestation légale de l opinion publique. Yous aurez beau protester de vos bonnes in tentions, M. le ministre, c'est contre la majorité de la nation que cette loi est dirigée, car si le parti dont vous êtes l'homme d'affaires était majorité, il n'aurait pas besoin de fabriquer des faux électeurs, ni de demander l'intervention des agents du pouvoir dans les opérations élec torales, pour les fausser. Le rapport de la section centrale sur le projet de loiayant pour but d'assurer la bonne et loyale exécution de la loi électorale, est un chef- d'œuvre d'hypocrisie et de jésuitisme. Nous ne nous attendions pas moins de la part de l'honorable rapporteur, qui se trouve être l'élu des campagnes de l'arrondissement d'Ypres. Non content de son bénin et placide rapport ;tout confit d'impartialité, le directeur-député a trouvé une ingénieuse combinaison pour gêner l'exercice du droit électoral. Comme son papier n'a guère chance de succès, il s'est réservé le droit de présenter un nouvel amendement, qui sera probablement une invention tout aussi mirobolante que son papier timbré. Mais nous devons des éloges la section cen trale pour le tact avec lequel elle a choisi son rapporteur. Nul ne pouvait mieux parler des le dessous de cartes. [Suite.) Dans sou délire, elle se tordail les mains, elle riait et pleurait cil même temps. Elle se jeta au cou de Ternisien avant que celui-ci pût exprimer son étonnement de cette joie insensée. C'est vous que je dois mon bonheur, dit-elle je ne l'oublierai jamais. Vous avez refusé mes dons mais revenez nie voir, mousieur: je vous l'ai dit, ma fortune est vous. Adieu, il est tard. J'ai votre parole: vous serez discret, n'est-ce pas? Adieu... adieu... Ne sortez pas, je n'ai besoin de personne pour me guider. Le danger pour moi maintenant est de rester. Elle ouvrit la porte, s'élança sur l'escalier, et malgré l'obscurité, telle était la légèreté de sa marche, que Ternisien entendait peine le bruit de ses pas. La porte de la rue se referma il revint la fenê tre, et travers les vitres ternies par le froid et la neige, il l'aperçut, la lueur vacillanledu reverbère, qui tournait seule l'angle de la rue. Le vieux professeur resta quelque temps comme étourdi de cette scène. Mille idées confuses se pressaient dans sa pauvre tête. La pen sée du mal était la dernière qu'il pût accueillir; mais en se rappelant les offres qu'il avait repoussées, il lui semblait qu'elles auraient pesé comme uu poids lourd sur sa conscience, et qu'il aurait été obligé de rendre ces présents. Il écrivit Valabcrt que toutes ses recherches avaient été vaines; qu'il avait conservé longtemps ce papier, mais qu'il n'existait plus. Ensuite il se mit au lit, mais il ne put trouver le sommeil et écarter les soupçons vagues qui revenaient sans cesse son esprit. "-Madame. Valabcrt était rentrée chez elle sans que son mari eût songé la demander. Pendant la nuit, aucun bruit ne troubla le si lence de l'hôtel. Le lendemain malin, lorsque le jour commença paraître, Jules se leva de devant le bureau où il avait écrit depuis la veille au soir, après avoir reçu la réponse aux billets qu'il avait en voyés. Il relut et cacheta quelques lettres: l'une fort longue cl dont le papier était trop trempé par ses pleurs, était adressée sa femme une autre, qui couvrait également plusieurs feuilles, devait ctre re mise ail notaire chez lequel étaient déposés tous les titres de sa for tune, et contenait ses dernières dispositions testamentaires. Il lts mit toutes deux dans son portefeuille et laissa les autres sur la cheminée. La chambre de sa femme n'était séparée de son cabinet que par une pe tite pièce-donl la portes'ouvrait entre les deux corps de la bibliothèque; il se dirigea de.oe côté et écouta quelques instants. Tout était calme. «i Elle dort, dit-il je puis sortir, et sf le ciel est juste, rentrer ici sans troubler son repos. Dansdeux heures, tout sera fini: lui ou moi. A lions. y t Il s'enveloppa d'un manteau, prit une boite renfermant des pisto lets et tourna doucement la clé dans la serrure. Mais eu même temps, la porte s'ouvrit en dehors et Jules se trouva en présence d«* sa femme, pâle, égarée et dans un désordre qui attestait qu'elle aussi avait veillé toute la nuit. La surprise fil reculer Jules de quelques pas. Adèle entra, referma violemment la porte du cabinet, et sans pronoucer une parole, sans demander ou donner une explication, d'un geste rapide et impérieux, elle écarta le manteau et arracha la boîte des mains de son mari. Vous sortiez pour vous battre, dit-elfe. Jules, peine remis de son trouble, répondit Je dois servir ce matin de témoin un de nies amis. Ces pisto lets sont pour lui. Adèle, ne crains rien, et laisse-moi partir. Oh tu ne me tromperas pas, reprit-elle, tu vas te battre. e. Adèle! V Point de paroles inutiles, point de serments menteurs Tu vast'L te battre; personne ne me l'a dit, et je le sais. Me battre et pourquoi contre qui Contre qui? contre celui qui a écrit autrefois celte lettre, et que tu crois connaître pourquoi? parce que tii veux venger la mé moire de celte femme que tu as toujours regrettée. Je le sais, te dis- je; est-ce que le cœur a besoin qu'on lui e*}4iqiie son abandon est-ce que la jalousie a besoin qu'on l'éclairé Ne t'ai-je pas vu hier, H -

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Le Progrès (1841-1914) | 1843 | | pagina 1