JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
2e ANNÉE. N° 198.
JEUDI, 23 MARS 1813.
INTERIEUR.
FEUILLETON.
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YPRES, le 22 Mars.
LA MAJORITÉ MIXTE ET MODEREE DE
M. NOTHOMB.
Pour cacher son vasselage l'endroit du cler
gé, le ministre de l'intérieur vient de trouver
un nouveau leurre pour duper le pays. Ce n'est
plus le serviteur du parti clérical, c'est l'homme
d'état qui veut conserver l'ancienne majorité,
une majorité d'il y a dix ans. C'est là ce qui
doit expliquer, au dire de M. Nothomb, sa pré
sence au fauteuil ministériel. Ses efforts ne pa
raissent pas couronnés de succès car il s'est
<tpnné la tâche de reconstituer ce qui ne peut
plus exister.
Mais la majorité qui appuie le ministère
est-elle mixte et modérée? Nous pouvons en
parler de sa modération N'a-t-elle pas modifié
la loi cormnunale dans le sewl intérêt d'un parti?
Pans le but de conserver la prépondérance au
parti clérical dans les grandes communes, n'a-t-
elle pas voté le fractionnement électoral des vingt
et une principales villes du pays? Maintenant
de quoi s'occupe cette majorité si modérée vo
ter une loi qui, côté d'une disposition nécessai
re, en contient d'autres, qui présentent toutes les
facilités possibles, pour permettre au ministère la
fraude sur une large échelle. Est-ce de ^a mo
dération
Il sied bien au ministre qui a subi les lois de
la majorité cléricale, de venir parler de conci
liation l'opinion qui n'a voulu que maintenir
la stabilité de nos lois et l'intégrité de nos li
bertés.
Est-elle mixte cette majorité, qui soutient'ce
ministère hypocrite et déloyal? Nous ne voyons
de ce côté de la chambre, que les serviles quand
même du parti-prêtre et quelques députés qui
pour différents motifs, s'arrangent fort bién de
la domination du clergé.
Avant la conclusion de nos différends avec la
Hollande, une majorité mixte était possible.
La question extérieure pouvait engendrer des
dangers pour le pays, que l'union seule pouvait
conjurer. Alors les hommes les plus modérés
de l'opinion libérale ont soutenu un ministère
uniquement dévoué nos adversaires. Ces mê
mes hommes que les feuilles cléricales traînent
maintenantdansla boue, ont cependant appuyé,
dans l'intérêt de l'indépendance du pays, et
pour lui faire prendre rang dans la famille eu
ropéenne, un cabinet hostile leur opinion.
Mais ces sacrifices ne doivent point venir d'un
seul côté. Le parti clérical ébloui par des succès
qui n'étaient dus qu'à la modération de ses ad
versaires, saisi de vertige, a déclaré la guerre
l'opinion libérale et a voulu lui ravir la plus
légère influence sur les destinées du pays.
Tant queles libéraux sont fortscomme ils le
a sont maintenantil^faut les vaincre en
masse disait le-Journal Historique. Cette
déclaration de guerre, désavouée tardivement
par les députés catholiques, a donné une éner
gie nouvelle l'opinion libérale.
Maintenant de quel côté se trouve la mo
dération L'opinion libérale défend nos li
bertés contre les projets réactionnaires du
parti clérical. Ce dernier, sentant la majorité du
pays légal lui devenir contraireprétend en
modifiant les loTs dans son intérêt, reconquérir
l'influence qu'il a perdue. Dfe notre côté, le main
tien de ce qui existe, de l'autre des modifications
continuelles toutes les dispositions qui ne sont
plus assez favorables leur paru. Et c'est là
celte majorité dont M. Nothomb ose vanter la
modération. En vérité, on devrait commencer
croire queles chambres n'existent, que pour
donner l'occasion aux ministres de mentir offi
ciellement ati pays. v.
Cettfi ancienne majorité dont M. Nothomb se
trouve si fier, compte dans ses rangs, celte mi
norité catholique et anti-gouvernementale, com
posée de MM. Brabant, Dubus, Deschamps, Du-
mortier et tutti quanti. Toutes les grandes lois
politiques ont été adoptées contre le gré de cette
minorité, que M. Nothomb nous présente comme
conservatrice par excellence.
Ainsi donc le ministre de l'intérieur a beau
s'en défendre, c'est la remorque du parti ca
tholique qu'il dirige les destinées du pays.
Les paroles sonores et les phrases ronflantes de
Yhomme déaffaires du parti clérical, n'induiront
plus le pays en erreur. L'esprit politique s'est
réveillé et il ne sera plus permis un charlata
nisme effronté, de faire accepter comme des
bienfaits, des lois qui contiennent le germe des
commotions politiques les plus violentes pour
la Belgique.
VILLE D'YPRES. conseil communal.
Séance publique du 18 Mart 18.43.
Présents MM. Vandersticbele de Maubus
Bourgm. président, Alph. Vanden Peereboom,
Gérard Vandermeersch échevins Annool
Vanden Bogaerde, Boedt, Iweins-Hynderick,
Smaelen, Boedt, notaire, Vandebrouke, Ernest
Merghelynck Pierre Beke et François Iweins
conseillers.
La séance est ouverte parla lecture du procès-
verbal de la séance précédente qui esiapprouvé.
La demande de M. Desmits, tendant obtenir
un subside pour continuer ses études, sera mise
l'ordre du jour de la séance prochaine.
Le cahier des charges pour la location de la
maison située sur la plaine d'exercice et de deux
parcelles de terre sises au même endroitest
approuvé sauf une légère modification.
Le bail sera accordé pour le terme de neuf
ans et le bâtiment devra être repris par le loca
taire pour la somme énoncée dans le contrat.
Toutes les réparations sont sa chargemême
les grosses réparations. A l'expiration du bail
Y. le dessous de cartes.
(Suite et Fin.)
Ainsi, vous partez! dit-elle. Tout ce que j'ai diUpour vous re
tenir est inutile! Vous partez!
11 le faut.
Vous ne rentrerez ici que vengé, ou mort
Oui.
Et pendant cette absence, moi qui sais tout, je pleurerai, je
m'arracherai les cheveux de désespoir, jeme briserai le front contre ces
murs, et rien de tout cela ne peut vous arrêter rien, là-bis, en face
de votre adversaire, ne vous troublera, ne fera battre votre cœur,
trembler votre maiu Voici ce qui m'attend Vous reviendrez pour
la regretter près de moi, ou l'on me rapportera un cadavre.uu mou
rant que je soignerai, dont je prolongerai encore la vie pour me ré
péter le nom de Fanny!...,Oh tenez, Jules, vous ne savez pas ce
que vous faites, ce que vous me faites faire;,., vous ne savez pas que
vous me rendez folle... j'aimerais mieux ^ou& Je.vpir mort que vi
vant!... Mais vous ne sortirez pas... vous ne vous battrez pas!...
Quel est votre adversaire? qui a îné cette femme?' Saint-Gilles,
n'est-oepas?
Quel autre que lui
Et s'il refuse f
Il ne refusera pas; j1ai déjà reçu £a réponse.
Sa réponse une lellre insultante! Mais on ne risque pas sa vie
pour une insulte qui peut se réparer. S'il refuse de se battre, s il vous
dit qu'il n'a pas écrit cette lettre... que ferez-vous?
Je lui dirai, qu'il est un lâche Je1le saisirai d'une main au collet
et de l'autre je lé souffletterai.
Mais alors il te tuera, peut-être... Et cependant ce n est pas lui
qui a écrit cette lettre...
Qui donc?
Quelqu'un que tu ne peux frapper... quelqu'un qui ne veut pas
que tu meures...
Adèle!...
Quelqu'un qui embrasse tes genoux, une femme que la jalousie
a rendue criminelle et que la peur de te perdre fait parler aujour
d'hui... C'est moi, Jules...
Vous
A cette terrible révélation, Jules resta frappé comme par la foudre.
Vous! répéta-t-il après un instant de silence.
Il la regardait avec stupeur et effroi. Le vertige le prenait sondeT
celte dissimulation profonde et Us abîmes de ce cœur, volcan-brû
lant sous la glace..
Enfin il s'écria
a Que vous avait-elle fait, madame? Ah! si vous avez dit la vé
rité, ne m'approchez pas. Je voudrais n'avoir pour vous que de la
pitié, et vous me faites horreur!
Jules, vous demandez ce qu'elle m'avait fait! Mais je vous ai
mais depuis le premier jour où je vous ai vu, et elle vous aimait
aussi! Ne me demandez pas comment je fus instruite des visites d'Er
nest j'étais jalouse, et l'or me livrait tous les secrets que je voulais
savoir. C'est moi qui ai fait écrire la lettre avec toutes les précau
tions que Ternisieu vous a racontées. Hier au soir encore j'ai repri3
chez lui et déchiré le papier écrit de ma maiu j'ai séduit Marianne
et elle a volé pour moi la bague dont la disparition devait servir de
preuve contre Fanuy... Voilà ce que j'ai fait, et tout cela me semble
un rêve... Je n'y crois pas moi-mêtne... je ne crois pas que je vousai
tout avoué... Ma raison s'en va... ma téte est faible comme mon
corps... Pourquoi ai-je parlé?... C'est que vous deviez vous battre
avec Saint-Gilles, n'est-ce pas?... C'est que vous alliez mourir et
que j'ai voulu vous sauver?...
C'est vous que Marianne a remis cette bague, madame?
Donnez-la moi.
Je ne l'ai plus.
Donnez-la moi! répéta-t-il d'une voix terrible et en la forçant
se relever.