JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
3e ANNEE. N° 214.
JEUDI, 18 MAI 1843.
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YPRES, le 17 Mai.
On doit en convenir, jamais le pouvoir n'a
été plus avili que depuis tantôt deux ans, que
le parti clérical fourvoyé, inventa cette décep
tion l'usage des crédules, nommée ministère
mixte. Dès ce moment, le gouvernement au
lieu de marcher franchement son but, dût
suivre une route tortueuse. Des transfuges
du parti libéral qui conservaient encore le mas
que, travaillèrent dans l'ombre en faveur du
clergé, et conjurèrent par celte trahison, la
crise dont la majorité de la représentation na
tionale était menacée.
Depuis, on appliqua tous les efforts amoin
drir les questions. La loi de réaction contre les
bourgmestres n'était qu'une loi administrative,
la loi du fractionnement qui devâit parquer les
électeurs en favorables ou hostiles au clergé,
était d'après le ministère, une mesure excellente
en elle-même et qui deviendrait très-populaire.
Même hypocrisie quant la loi sur les fraudes
électorales. Le ministère soutenu par une ma
jorité fanatique oublia toute équilé^oule me
sure. Miné par ses excès de favoritisme, par
l'incapacité des membres qui en faisaient par
tie, et avili pour son obséquiosité.l'égard d'un
parti, il tomba, mais dans sa chûte, il entraîna
avec lui le peu de considération et de respect
qui restait encore au pouvoir.
Le nouveau ministère n'est qu'une nouvelle
édition de l'ancien. La même pensée le dirigera,
moins que les deux ministres qui ont, ce
qu il paraît jusqu'ici, faft preuve d'une certaine
indépendance, ne se redressent contre celte su
périorité que s'arroge le ministre de l'intérieur.
Le but d'arrêter les progrès de l'esprit libéral
et de renvoyer la chambre les serviles du
clergé, paraît être le programme du ministre
dirigeant. Déjà les intrigues sont ourdies, la
manœuvre est commandée de concert avec le
clergé, pour l'exécution de ce digne plan.
'lous les moyens mêmes les plus immoraux
sont mis en œuvre pour faire renvoyer la
chambre, ces nullités cléricales, qui ne sont
utiles leur parti, qu'en opinant fidèlement du
bonnet.
C'est la poursuite d'un but aussi noble que le
ministère se trouve lancé. Le pouvoir ne se trou
vera plus désormais entre les mains du parti qui
possède les sympathies du pays. Le clergé uni au
ministère s'y opposent et espèrent, qu'en agis
sant par la corruption et les promesses sur le
corps électoral, on parviendra maintenir le
statu-quo parlementaire, c'est-à-dire une ma
jorité cléricale. C'est aux électeurs décider,
s'il est de I intérêt'du pays, de donner un nou
veau mandat de représentant ceux qui pat-
faiblesse, par cupidité ou nullité ont appuyé
un ministère, qui a réussi faire tomber le pou
voir dans un tel état d'avilissement, qu il faudra
du temps et un ministère d hommes conscien
cieux el sincères dans leurs convictions politi
ques, pour le relever daus l'opinion publique.
On dirait qu'un génie fatal guide le ministère
dans ses promotions et ses faveurs. M. Desmai-
sières est nommé gouverneur de la Flandre
Orientale afin qu'il puisse manier lui-même la
pâte électorale et assurer ainsi sa réélection, qui
paraît terriblement aventurée. Mais on repous
sait déjà sa candidature avant sa nomination au
poste de gouverneur et nous doutons que les
fonctions qui viennent de lui être confiées, soient
de nature changer les sentiments du corps élec
toral de Gand, si elles n'excitent pas un effet con
traire et ne rendent la répugnance des électeurs
pour M. Desmaisières plus forte. Car le minis
tère par une inconvenance sans exemple
pousse la complaisance pour ce candidat la
représentation nalionalé, au point de lui donner
une place, qui lui permettra d'user d'une con
trainte morale l'égard de bien des électeurs
de l'arrondissement où il s'est présenté.
Dimanche dernier a.eu lieu, sous la direction
des RR. PP. Carmes, la procession séculaire en
l'honneur de S'-Joseph. Celte cérémonie avait
attiré une foule immense. Toutes les rues étaient
ornées de verdure, de drapeaux multicolores,
de parterres, mosaïques, etc. Les élèves du Col
lège communalun grand nombre de particu
liers, la musique des orphelins, des détachements
d'infanterie et de gendarmerie cheval et
le beau corps des sapeurs-pompiers de.notre
ville faisaient partie de celle procession qui
était ordonnée avec beaucoup de goût. Le soir
un grand nombre de maisons étaient illuminées.
Les moines en général éveillent assez peu les
sympathies des Yprois; les Carmes cependant
jouissent d'une certaine popularité le motif de
celte exception est facile indiquer. Depuis
1330, les RR. PP. Carmes ne se sont, dans au
cune circonstance, mêlés de politique, jamais 1
l'époque des élections ils n'ont voulu travailler
pour tel ou tel candidat: le public leur sait gré
de celte conduite sage et louable.
Le bon accueil que l'on a fait généralement
cette procession et les efforts que I on a tentés
pour rendre cette cérémonie aussi brillaifle que
possible, sont de nature prouver au clergé
qu'il ne tient qu'à lui de jouir d une popularité
sans bornes. Les prêtres seraient honorés et
bénis partout, si, accomplissant la mission bien
faisante que l'évangile leur confie, il leur était
permis de s'abstenir de ces luttes, qui ne peu
vent que compromettre le caractère auguste
dont ils sont revêtus.
Le 12 de ce mois, on a trouvé aux environs
de Poperinghe le cadavre d'un enfant nouveau-
né du sexe masculin. La nommée Cécile Ca-
merliuck, célibataire, âgée de 42 ans, demeu
rant audit Poperinghe, ayant été interrogée, a
fait l'aveu de s'être accouchée le 21 avril dernier
et d'avoir étouffé sou enfant dans son lit.
Le 13, on a aussi trouvé sur le territoire de la
même ville, le cadavre d un enfant nouveau-né^
du sexe féminin.
Louise Sweertvagher, âgée de 28 ans, demeu
rant Poperinghe, a également avoiîté s'être
accouchée le 8 courant et d'avoir jette son en
fant dans un puits.
Ces malheureuses sont entre les mains de la
justice.
On écrit de Poperinghe
La ville de Poperinghe a été la semaine passée
le théâtre d'un double crime qui malheureuse
ment, ne se répète que trop souvent daus nos
contrées.
Le cadavre d'un enfant âgé de trois semaines
environ avait été découvert et l inspeclion du
corps ne permettait pas de douter qu'un infan
ticide n'eût été commis. Une fille soupçonnée
d'avoir perpétré le crime, fut arrêtée. M. H...,
médecin légiste Ypres, qui s'était rendu
Poperinghene tarda pas reconnaîtreque
l'époque de l'accouchement de la prévenue était
postérieure celle de la naissance de l'enfant,
dont le cadavre avait été découvert.
Pressée de questionsla malheureuse avoua
qu'elle avait enterré son enfantindiqua l'en
droit où gisait la victime et, cherchant se
justifier, elle assura qu immédiatement après la
naissance, elle avait voulu le baptiser, mais que
l'ayant tenu trop longtemps dans le ruisseau
il était mort qu'alors pour éviter des poursuites,
elle s'était déterminée l'ensevelir. La police
ne larda pas découvrir l'endroit indiqué, le
corps de la jeune victime. Restait trouver
l'auteur du secoud crime. Le petit cadavre
était là... Parmi les témoins charge qui avaient
été entendus, se trouvait une fille d'un âge
mur. C était elle qui avait dénoncé la première,
l'infanticide dont on venait de découvrir 1 au
teur. Elle avait mis tant de partialité tàùt.,
d'aigreur dans ses accusationsque l'oii crut
reconnaître, que le désir de voir punir un for
fait, n'était pas le seul motif de sa conduite.
Les soupçons se portèrent sur elle, on I arrêta
et après quelques investigations qui laissèrent
peu de doutes, la malheureuse avoua son tour
le crime qu elle avait commis.
Ces deux femmes ont été amenées Ypres,
et écrouées la maison d'arrêt de notre ville.
Dans la nuit du 11 au 12 de ce mois, un in
cendie a réduit en cendres une petite maison
ainsi que le mobilier appartenant Charles
Morysse, faiseur de balais Clei cken. Le tout
était assuré pour une somme de 800 francs.
Dans la nuit du 10 de ce mois, un vol de
pommes de terre a eu lieu au préjudice du cul
tivateur Soenen, demeurant Mercketn. La
gendarmerie de Dixmude ayant été informée
que ces tubercules avaient été déposés dans une
pièce de seigle,, située sur le territoire dudit
Merckem, alla s'y embusquer la nuit suivante,
et au moment que six individus armés de bâ
tons et munis de sacs se présentèrent pour en
lever ces légumes, elle parvint en arrêter deux
des plus hardis qui s'étaient mis en défense. Les
quatre autres prirent la fuite.
V ir» O-
Depuis quelques semaines la police de cette
ville fut informée que les gens de la campagne,