JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
38 ANNÉE. - N° 223.
DIMANCHE18 JlIN 1813.
FEUILLETON.
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Temple, 6, et chez tous les peF*
cepteurs des postes du royaume.
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par trimeatre.
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daction doit être adressé, f rancit,
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Le Progrès parait le Dimanche
«t le Jeudi de chaque semaine.
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Quinze centimes pat ligna.
YPRES, le 17 Juin.
LA LUTTE ÉLECTORALE DU 13 JUIN.
Les élections sont accomplies. Lesrésullats en
sont connus. Deux faits doivent dominer l'ap
préciation de celte lutte solennelle. La victoire
entière, complète et une immense majorité
des candidats libéraux Liège et Verviers et
la victoire partielle des associations électorales
de Gand et de Tournay. C'est là la meilleure
preuy des bons effets que peuvent produire
ces associations pourvu qu'elles soient per-
rq|inentes, et qu'elles combattent sans relâche
les ruses et l'esprit de domination du parti clé
rical.
Si Gand on n'a point emporté la nomination
des. candidats libéraux de haute lutte, c'est que
l'association n'était point organisée depuis assez
de temps qu'elle n'avait point encore dans les
campagnes, ces racines étendues qu elle ne peut
manquer d'acquérir bientôt. Aussi Gand, nous
considérons la partie comme perdue désormais
pour le clergé, si les chefs de l'asspcialion veu
lent faire preuve d'activité et de persévérance.
Qu'on prenne pour exemple, l'association élec
torale Liégeoise instituée depuis trois ans. C'est
ses soins et son zèle que Je libéralisme vient
de devoir son plus beau triomphe. Nous ad
mettons volontiers que l'esprit des populations
est plus libéral et plus éclairé que dans les
Flandres. Mais cela ne prouve point qu'il soit
impossible de lutter avantageusement contre
linfluence qu'exerce le clergé sur les électeurs
de la campagne. Qu'on y .'songe bien, ce n'est
pas au moment des élections qu'il s agit de s'as
socier, si vous voulez^avoir quelque influence
sur les électeurs, qui volent pour les candidats
du clergé, par peur'pfus que par tout autre
sentiment.
Si les libéraux ont essuyé des pértes, le parti
clérical vient de voir expulsés de la chambre
quatre champions qui possédaient toute sa con
fiance. Le président et les deux vice-présidents
de la chambre sont restés sur le champ de ba-
■»«i
taille électoral. MM. Railtem, Dubus, De Behr
et Demonceau n'ont point été réélus, malgré les
efforts combinés du clergé, du ministère et de
ses alliés. Ces pertes sont grandes pour le parti
catholique, car il serait difficile, croyons-nous
de trouver trois partisans plus fanatiques de
l'oppression cléricale que MM. Raikem, Dubus
et Demonceau. C'est dans ses chefs que le parti-
prêtre se trouve frappé. Honneur aux électeurs
de Liège, de Verviers et de Tournay! ils ont
dignement accompli leur mission! En repous
sant de la chambre le patron de la main-morte
et le partisan si cordial du fractionnement, ils
ont consolidé le maintien de nos libertés et
rendu un véritable service la Belgique et
l'opinion libérale.
VILLE D'YPRES. conseil communal.
Séance publique du Mercredii4 Juin 1843.
Présents MM. Vanderslichele de Maubus, bourg
mestre président AlpAi. Vanden Peereboom et
Iweins-Hynderick, écheviiis,GérardVandermeersrtr,;
Annoot, Vanden Boguerde, Boedl, avocat, Smaelen,
Boedt, notaire, Legraverand, Vande Broucke, Ern.
Mergbelynck, Pierre Beke, François Ivveins, con
seillers.
On donne lecture du procès-verbal de la
séance précédente. Il est approuvé. Le conseil
désirant clore le jardin public par une grille en
fer du côté de la rue Jansénius avant lépoque
de la fête communale, adopte le projet d'établir
une grille semblable celle qui sert de clôture
la station du chemin de fer de Malines. La
question de savoir s'il est nécessaire de placer
deux-barrières sur une aussi petite étendue ou
une seulement, se trouve agitée. Le conseil,
après quelques observations, décide que, puis
que Configuration du jardin public paraît en
exigei*-deux, on les placera aux extrémités de
la grille.
Il est décidé en outre, qu'une percée serait
faite dans le mur de clôluce du jardin public
du côte du Marché au Bois, pour y établir une
barrière en fer du modèle adoptésoutenue
par deux pilastres en pierre d'Écaussines. Cette
nouvelle-entrée sera pratiquée en face du che
min du milieu. De chaque côté de la barrière, i'
sera placé des panneaux de grille en fer d une
longueur de 3 mètres 50 c. qui seront scellés
dans le mur.
La commission directrice de la Bibliothèque
publique, désirant au plutôt rouvrir cette utile
institution, prie le conseil de lui accorder un
subside sur le budget de 1844, pour lui per
mettre l'adjudication des rayons qui doivent
orner la partie de la salle, qu'on est occupé
construire. Le conseil s'empresse de voter un
subside de deux mille francs.
En accordant la création d'un conseil des
Prud'hommes Ypres, l'arrêté royal a mis
charge de la ville, conformément la loi, les
frais de ce nouveau tribunal, et par conséquent
le traitement du secrétaire.
Le conseil, avant d'accueillir la demande faite
cet égard par les Prud'hommes, désire de plus
amples renseignements et prie le collège d'é
crire l'administration des villes de l impor-
tance de notre cité, afin de. connaître quel
traitement est alloué par elles, au secrétaire de
celte nouvelle juridiction.
On agite la question de savoir si le conseil,
sur l'invitation de l'autorité ecclésiastique, ac
compagnera en corps la procession de la Fête-
Dieu. Tous les membres prennent l'engagement
d'y assister, sauf MM. Vanderméers'ch et Legra
verand qui sont excusés pour motifs de santé.
La location publique des herbages de l'étang
de Zillebeke ayant donné un prix supérieur
celui de l'année 1841, est approuvée. Les prai
ries qui longent l'étang de Dickebusch se trou
vant en parLie submergées, l'adjudication n'eu
a pu avoir lieu. Fîlle est remise au 7 juillet.
Un règlement sur la propreté et le balayage
des places et rues de la ville, présente par le col
lège,.est adopté par le conseil, après quelques
observations. (Nous le publierons dès qu'il sera
approuvé par la députation permanente.)
La séance est levée. <1
Demain, dimanche, aura lieu la première
fêle champêtre donnée paj-la Société de l'Union.
Jusqu'ici te^âison pluvieuse n'avait guère per-
UNE PARTIE D ECHECS.
I.
L'ESCURIAL.
Le roi Philippe II jouait aux échecs dans le palais de l'Escurial.
Ruy-Lopez, simple prêtre encore bien obscur, qui était un véritable
expert oe jeu, servait de partenaire Sa Majesté. Par une faveur
toute particulière, le grand joueur était agenouillé sur un coussin de
brocard, tandis qu'autour du roi des nobles sq tenaient debout dans
une altitude sérieuse et Chagrine. La matinée était brillante, et par
fumée comme la* brise qui s'exhale des bosquets d'orangers de Gre
nade; le soleil dardait ses rayons de feu sur les vitraux, et les rideaux
violets de la splendide salle adoucissaient sa puissante chaleur. Cette
clarté vivifiante ne semblait pas, ce jour-Jà, en harmonie avec la
sombre préoccupation du roi le front de Philippe était plissé; on y
voyait passer, par moments, l'ombre des pensées qui occupaient alors
ce monarque. Son front était noir comme la tempête qui éclate sur
le sommet des Aljnixares. Les sourcils froncés, le roi jetait de fré
quents regaçds vers la porte d'entrée; tous les seigneurs restaient
muets, échangeant entre eux des signes d'intelligence: l'aspect de
cette réunion était froid ctsérieux; ou voyait qu'un grand événement
pesaiisur l'assemblée. Les échecs n'attiraient l'attention de personne,
si ce n'est cçlle de Ruy Lopez, qui hésitait, en réfléchissant sérieu
sement, entre un échec mat forcé et la déférence due sa trcs-ca-
tholique majesté Philippe II, seigneur des terres d'Espagne et de ses
dépendances.
Le silence était complet, on entendait le bruit que faisaient les
joueurs en poussant leurs échecs, lorsque là porte s'ouvrit tout-à-
coup. Un homme, d'une apparence rude et sinistrese présente
muet et respectueux devant le roi, attendant des ordres précis pour
parler. L'extérieur de cet homme était peu favorable: il se fit, son
entrée, un mouvement soudain et général les seigneurs s'éloignèrent
avec dédain, avec dégoût même; on eût dit qu'ils venaient de voir
surgir au milieu d'eux un animal dangereux cl repoussant la fois.
Voici son portrait en deux mots: Sa^ille était large et carrée, ses
formes étaient herculéennes; son vêtement était un pourpoint de
cuir noir une figure commune, où liulelligccnc ne se trahissait dans
"i .-A-
aucun'ttait, annonçait-âu^cotllFàtfrfc des goûts et des passions dégra
dantes^ une large e^profutfde cicatrice, qui prenait £u sourcil et al
lait SB* perdre au bas du znenion dans une barbe touffue, ajoutait la
brutalité naturelle <Je cette physionomie. C'était une de ces naltirvs
moitié bœuf, m'ôtlié homme.
Philippe II prit la parole; sa voix tremblait; il était ému: uu
tressaillement galvanique parcourut l'auditoire. C'est que ce nouVcar
venu, cet être incroyable, n'ayant que la force physique, mais l'ayant
dans loulesa puiswncej était Fernando Calavar, exécuteur des hau
tes-œuvres en Espagne.
Est-il mort demanda Philippe d'une voix impérieuse, et qui
rompit le silence pour faire place une'tefreUr glaciale.
Non, sire, répondit Fernando Calavar en s'iucliuapt.
Le roi fronça le sourcil.
Grand d'Espagne, le comdarané a réclamé ses privilège.*,.et je
n'ai pu précéder contre uu homme du sang des plus nobles "liidalcos
sans un ordre plus précis de votre majesté.
11 s'inclina de nouveau.' 1
Uu murmure d'approbation parcourut l'assemblée eu- f\>