t A JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. INTÉRIEUR. FEUILLETON. 3e AMÉE. N° 233. On s'abonne Ypres, rue du Temple, 6, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume, PRIX DE L'ABONNEMENT par trimestre. Pour Ypres. fr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-25 DIMANCHE, 30 JUILLET 1843. Tout ce qui concerne la ré daction doit être adressé,frana^ h l'éditeur du journal, Ypres, Le Progrès parait le et le Jeudi de chaque seum*{ie^ PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. YPRES, le 29 Juillet. M. NOTHOMB ET LES CATHOLIQUES-POLITIQUES. Les journaux de la faction réactionnaire, dans le but d'atténuer la portée des échecs essuyés par elle aux dernières élections, avait imaginé un expédient fort drôle, et que nous n'eussions pas hésité considérer comme une bourde digne de nos adversaires, s'ils n'avaient semblé tenir pendant un certain temps, ce que la mys tification fut prise au sérieux. A en jugerapar leur langage, c'est aux influen ces du çimistre de l'intérieur que les chefs du parti clérical auraient dû d'être tombés du haut de leur grandçur parlementaire. Pauvre ministre Tu dois le reconnaître maintenant, bien mal t'en a pris de renier les antécédents, en faveur d'une coterie laquelle tu as donné tant de gages d'un dévouement sans bornes, et qui te lient si peu compte des sacrifices que tu lui as faits. Pour nous, soyons plus justes que d'ingrats détracteurs. Sans user de l'espèce d'absolution que lui vient d'octroyer le Journal de Bruxelles, nous n'avons jamais cru que M. Nolhomb eût mis son influence la disposition du parti libé ral pour faire évincer de la chambre MM. Raikem, Dubus, De Behr et Demonceau. Nous ne l'avons jamais cru, parce que nous n'avions rien aperçu avant et pendant les élections, qui fût de nature justifier une opinion aussi peu en harmonie avec la conduite antérieure du chef du cabinet, et certes, après avoir gardé le si lence au moment où il importait de parler, comment les feuilles cléricales pouvaient-elles raisonnablemenlespérer qu'on accueillerait leurs tardives dénonciations? eut-on connaître, du reste, notre opinion quant l'issue de la dernière lutte électorale La voici L influence de nos adversaires a décru de puis que la nation s'est aperçue que des prêtres chargés, comme le disait très-bien dernièrement une feuille de cette ville, de représenter la reli gion, ne représentent plus qu'une faction po litique; depuis qu'abusant de l'ascendant que lui avait assuré antérieurement quelques sem blants hypocrites de libéralisme, la faction s'est mise battre en brèche la loi constitutive du royaume: depuis qu'elle a voulu régner sans partage sur la Belgique opprimée. Voilà les causes du revirement des esprits, voilà l'origine des désastres de la faction cléri cale. Vous êtes sortis du dernier combat couverts de profondes blessures, vous n'êtes pas au bout, patience r Dieu àidanlvous en verrez bieu d'autres. Voici la statistique des affaires dont le conseil de Prud'hommes a eu connaître, depuis son installation Quarante-sept causes ou^'élé portées au rôle, aèux seulèntent ont nécessité la convocation dû bureau général. Un seul jugement a été rendu et exécuté une affaire s'est terminée par transac tion entre les parties. Enfin 43 ont été conci liées par le bureau particulier. Une cause a été intentée par une ouvrière contre une apprentie; une cause par un ap prenti contre sdn maître. Huit causes'ont été instruites la demande d'ouvrières contre des fabricants. Une cause par une commissionnaire contre une ouvrière. Enfin 36 par des fabricants contre des ou vriers et ouvrières. Deux plaintes ont été faites par l'industrie rubannière et 43 par I industrie dentellière. Seize causes out été mises au rôle la de mande de marchands, fabricants ou apprentis. Trente-une par des dames chefs de maison ou ouvrières.«hksxis»- Le bureau particulier du conseil de Prud' hommes de cette ville a été saisi, il y a peu de jours, d'une action en contrefaçon de dessin intentée par M. L. Verleurecontre 1 epouse Woets. Cette affaire qui aurait pu avoir des sui tes fort graves pour la défenderesse, a été ar rangée, grâce la bienveillante intervention de quelques membres du conseil; l'épouse W oets a cédé au demandeur les ouvrages saisis. En outre, elle a abandonné aux pauvres une somme de 20 francs et payé les frais de justice. Nous espérons que cet exemple aura pour effet de faire cesser entièrement la contre-façon, véritable lèpre du commerce régulier. L'époque de la fête patronale dite Tuyndag approche et de toutes parts on fait des prépa ratifs pour qu'elle soit brillante. On travaille activement au Parc, afin d'y placer les grillages dont l'administration communale a décrété la construction. Les habitants de la ville disposent leurs maisons recevoir les nombreux étran gers qu'ils attendent. Les façades des habitations sont peintes neuf et I on travaille aux décors destinés orner les rues et places de la ville. Le tirage l'arc qui sera donné par la con frérie de St-Sébastien, paraît devoir attirer une foule de tireurs de toutes les provinces du royau me et de plusieurs départements français. De toute part ou demande des programmes et l'on paraît désireux d assister une fête qui datera dans les fastes des archers. Les bals donnés par la Concorde seront, dit- on, fort suivis, et si le temps est favorable les fêtes données par notre Société des Chœurs qui fait d étonnants progrès, et par celle de 1 Union dont le nombre des membres s'accroît de jour en jour, seront de nature dépasser l'attenté générale. L'illumination que prépare le Sr Verschaeve, sera... mais soyons discrets... qui vivra verrs... Quant aux jeux qui doivent avoir lieu au ca nal. ils seront des plus divertissants. Le cortège, formé des concurrents, sera surtout lout-à-fait caractéristique. LA FIANCÉE DE MADRID. I. vii rivai. inconnu. (Suite.) Presque immédiatement après cet entretien, don Diego de Soria vint au château d Ovéda et demanda entretenir la marquise en particulier. Elle s'étonna d'abord du ton solennel dont il sollicitait cette faveur mais sa surprise n'eut plus de bornes quand elle cônnut l'objet de sa démarche. 11 venait la supplier de lui accorder la main de sa fille, de la fiancée cle'son frère, de Fernande d'Ovéda. Toutes les assertions de Juau de Valdesillas lui revinrent en foule l'esprit, et sans répondre Diégo par un refus irrévocable, la marquise pro mit d un ton froid de consulter la volonté de Fernande, en se gardant •toutefois {l'engager la sienne. Feruande eut, comme sa mère, un mouvement instinctif de répulsion en apprenant les intentions de Diégo. Après te qu'elle lui avait laissé voir de son amour pour don elle s'étonna de ce manque de respect de Diégo pour la mé- oanoire de son frère. 11 n'en fallait pas davantage pour le renverser, fepx yeux de la mère et de' la fille, du frêle piédestal où elles l avaient placé. Dès ce jour, une certaine froideur se glissa dans les relations de don Diégo avec la maison d'Ovéda. Il était toujours aussi assidu, mais l'intimité était devenue moins réciproque", moins expansive. Par de grés Fernande tomba dans une tristesse si noire, si concentrée, si continuelle, què la marquise en conçut des craintes sérieuses pour sa santé. Don Diégo qui, du reste, avait subi le refus de Fernande plus philosophiquement qu'on n'eût pu le croire, conseilla la marquise de combattre, par des distractions nombreuses, cette funeste disposi tion là mélancolie dont les suites étaient redouter. Le serment sacré, fait jadis au marquis mourant, s'opposait ce que Fernande fût présentée la cour de Madrid ne pouvait-on, sans manquer la foi jurée, appeler la cour de Madrid, au château d'Ovéda? La mar quise n'aimait pas le monde, mais pour ramener le calme dans l'âme de sa fille, pour lui rendre sa fraîcheur perdue, pour faire luire de nouveau sur son front un rayon de jeunesse et de bonheur, elle n'hé sita pas changer ses habitudes, et elle consentit organiser chez elle plusieurs fêles au milieu desquelles Fernande trouva parfois,, sinon des plaisirs bien vifs, du moins l'oubli momentané de sessouf- frances. C'est l'une de ces fêtes que commence notre récit. On était au 25 mai 1619; jamais l'assemblée n'avait été plus joyeuse ni mieux choi sie. Les'costumes brillants, aussi remarquables par leur riche éclat que par leur exactitude historique, formaient entre eux les contras tes les plus piquants. Le masque autorisait parmi les invités celte sorte de liberté qui donne au bal plus de gaîté, sans rien lui ôter de su décence. Fernande, cependaut, plus pâle et plus triste qu'à l'ordi naire, semblait souffrir avec impatience les galanteries de quelques seigneurs dont les prétentions sa main étaient connues de tout Madrid. Fatiguée sans doute de leur empressement, elle résolut d'al ler se mettre sous la protection de Valdesillas, et vint elle-mcme lui prendre le bras. Eh quoi! c'est vous, Fernande, dit le commandeur tout surpris. Oui, mon bon Juan, répondit la jeune fille qui paraissait trem bler. Mais, qu'ayez-vous? Rien, oh rien... Vous le savez, senor Valdesillas, je n'aime de ces réunions tumultueuses que leur piquant désordre et leur aspect éblouissant, c'est un spectacle qui réjouit mes yeùx, mais qui ne dit rien mon cœur. Autant j arme contempler de loin le mouvement de ces quadrilles, autant je crains de m'y mêler. Votre place y est pourtant marquée d'avance, senoril^ ces: jeunes gentilshommes dont la rivalité n'est un mystère sonne... Ce sont justement ces fades galanteries qui me font' /ir. L compliments, leurs insignifiants propos me fatiguent, je m'efl*on> les éviter, et 1 ou dirait... Qu ils n'eu sont que plus empressésQue voule: nande, c'est votre beauté qu'il faut accuser de tout cei seul de vous plaire les rend assidus'près de vous.... Que ne les rend-il un peu moins ennuyeux! dit Fi un léger sourire. Mais son visage redevint tout-à coup sérieix, v. geste don Juau un homme dont le visage était masque/ s.cus rr un galant costume de fantaisie, assez semblable ^euX*lUIse lui avait la cour de France sous Phitippë-Ie-Bel, elle s'écria «âw Encore lui! de grâce, éloignons-nous... t «riJà" instance^ Mais dîtes-moi, Fernande... cet homn^e?... Me poursuit depuis le commencenV|ut fiifbal. Et, comme les autres, il vous faligmP?... 11 m'épouvante, murmura Fernaiide^pn serrant plu: le bras de Valdesillas, car encore une fors le masque feir et venait droit elle eu s'incliuaut. Vous me fuyez, belle senora, dit-il, c'est mal; Fit pie doit ufl meilleur accueil au plus iidèle de ses adoi permeUrez-vous pas lout-à-1'heure de vous offrir soyons de si étran- aldesilias Tait dans la aldesîllas,' 4 vie fille est' 'loin A'».)

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