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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTERIEUR.
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3e ANNEE. - N° 241.
DIMANCHE20 AOUT* 1843.
FEUILLETON.
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VPRES, le 19 Août.
La situation financière de la Belgique devient
de jour en jour moins brillante. Après treize
années d'indépendance, nous avons eu l'art de.
créer une delle publique, dont les intérêts et
l'amortissement absorbent peu près trente mil-1
lions de francs. Le chemin de fer a coûté de
sommes énormes, mais au moins c'est un capi-'
tal qui produit sinon l'intérêt qu'on en pourrait
espérer, au^ioins line partie de l'intérêt de la
dette créé^ pour exécuter celte construction
gigantesque. La dette publique est déjà une
charge bien dure pour la Belgique mai^ il en
est d'awlres qui lui pèsent biéti davantage. Les
sinécures pullulent et on en fabrique encore de
nouvelles chaque session de la législature. La
loi sur l'instruction primaire a fait sentir la
nécessité de ^rétribuer une multitude d'inspec
teurs provinciaux et cantonaux en partie dou
ble. Car les inspecteurs ecclésiastique^ nommés
par l'évêque sont payés par .l'état. C'est ainsi
qu'en présence de la pénurie dans laquelle se
trouve le pays, le ministère et le parti clérical
ont décrété la nomination d'une nuée d'inspec
teurs qui pour notre province seulement, coû
teront par an une somme de 40.000 francs.
Nous savons bien qu'on nous objectera que
les provinces entrent pour une grande part
dans cette dépense. Nous ne voyons pas cepen
dant l'utilité de ce grand nombre d'inspecteurs
et encore moins des inspecteurs ecclésiastiques.
Mais notre orgueilleux clergé voulait être mis
sur la même ligne que l'autorité civile, et il a
fallu créer bon gré mal gré, quelques sinécures
largement rétribuées destinées des prêtres
bien vus de l'autorité épiscopale.
Les états de receltes publiés par le Moniteur
pour le lr semestre 111-43, accusent un déficit
de 5 millions sur le budget des voies et moyens.
Si cela continue, le trésor se trouvera, la fin de
l'année, en présence d'un déficit de 10 millions
de francs. Il faudra alors inventer de nouveaux
impôts, de nouvelles charges pour combler cet
abîme et dans la détresse actuelle du pays, nous
ne croyons pas qu'il soit prudent, afin de se
procurer de l'argent tout prix, de recourir
aux mesures vexatoires et fiscales.
BEAUX-ARTS.
EXPOSITION COMMUNALE. SUITE ET FIN.)
M. Yan Tours a envoyé l'exposition trois
têtes d'étude peintes d'après nature. On nous
avait dit beaucoup de bien de ce jeune peintre,
nous avons pu juger, que les éloges qu'on lui
décernai], sônt mérités. Elève de l'académie de
peinture Anvers, M. Van Tours n'a adopté la
manière d aucun maître, il voit la nature et la
reproduit telle qu'il la comprend; sa manière
est large, il y a dans son pinceau une merveil
leuse hardiesse. Nous pensons que cet élève a
beaucoup d'avenir. Puisse-t-il être doué par la
nature de ce génie créateur, de cette manière
vive et heureuse de sentir, qui seul fait l'artiste.
M. Van Tours compose en ce moment un
tableau d'église qui lui a été commandé par la
ville d'Ypres. Nous appelons avec impatience
le moment où le public pourra apprécier cette
œuvre.
M. Auguste Bôhm nous paraît avoir fait des
progrès depuis son derijier séjour Ypres.
Deux tableaux ont éléexpèsés par lui, l'un avait
déjà paru l'exposition de Bruges, où il a ob-'
tenu des élogjev mérités: l'autre est fraîchement
arrivé de Paris.
M. Auguste Bôhm manie le pinceau avec
facilité, distribue sa lumière avec art et naturel.
Ses arbres sont parfaitement traités, l'air cir
cule daus le feuillage qu'un .ége.f zéphir paraît
agiter. Les paysages sont pleins d'effets, son
coloris est chaud, trop chaud même aux yeux
de celui qui n'a jamais quitté le brumeux pays
de Flandre.
L'observation que nous venons de faire en ce
qui concerne le coloris des toiles de M. Bôhm,
n'est, nullement applicable celui des tableaux
de M. Hoffiaen. Ce jeune artiste, pensons-nous,
n'a jamais poussé ses excursions artistiques au-
delà de nos frontières. Aussi reproduit-il notre
nature nous notre ciel souvent chargé de
brouillards. Ses paysages sont vrais. M Roffiaen
est un artiste consciencieux il travaille ses ta
bleaux. les soigne et les achève.
L'Hiver d'après Koekoek est une bonne copie,
le tableau du grand peintre est heureusement
reproduit.
■Nous engageons M. Roffiaen continuer ses
études sérieuses nous voudrions qu il fut
même de quittér notre Belgique, pendant quel
que temps; de nouvelles vues, un autre ciel
lui inspireraient dés idées nouvelles Travailleur
et désireux d apprendre, cet artiste saurait profi
ter, nous en sommes convaincus, des leçons
que la nature et les grands maîtres lui fourni
raient.
Le Vin d'honneur parM. Dômicent, était une
espèce de tour de force. Le jeune artiste s'est
bien tiré de cette épreuve difficile. Toutefois
nous lui conseillons d'étudier sans cesse, de faire
et même de ne faire que des éludes.
M. Delbeke suit la route que nous venons
d'indiquer M. Dômicent. L Etude qu'il a ex
posée, nous prouve que cet élève fera bien il
est du reste bonne école, les conseils ainsi que
les exemples que'M. Van Tours, sonami, ne peut
manquer de lui donner peuvent aussi lui ètte
fort utiles.
L'Hiver d'après Koekoek, peint par M. Clein-
werek, est un fort joli tableau et qui mérite les
LA FIANCEE DE MADRID.
v. l'allée des chênes.
ir («Suite.)
Vous devez comprendre maintenant, reprit Gomez, pourquoi
j'ai étouffé mes regrets c'est quils eussent été indignes d'un véri
table hidalgo. Doua Fernande dOvéda a dévié de la ligne d'hon
neur que le marquis,'son père, avait si profondément tracée devant
elle, Dieu la jugera. Don Diego, son complice, a accepté les consé
quences de sa faute. Je ne puis l'en blâmer; mais peut-être s'en
repenlira-t-il plus tard...» Hr- -•
-« Pourquoi cela ?\lit Alvdrefc. Dbn Diego de Soria a réussi là où
nous avions tous échoué. Il est heureux....
Soit, ajouta vivement Chômez mais ce bonheur-là dure depuis
trop longtemps pour qu'il ne «y mêlé pas un peu d amertume.
m-4 Mais elle Pàime, muVmnra d'Ossuua tout pensif.
Belle préférence, dont je ne suis pas jaloux 1 s'écria le moraliste
inexorable.
Yousavez beau dire, reprit Alvarez en dirigeant ses yeux sur le
château, dou Diégo.cioit en ce moment au bonheur!
Alors, il croit uô fantôme...
Je l'envie, dit Alvarez avec enthtftisiasipe.
Et moi, je le plains, ajouta froidement Gomez.
Vous avez tort tous deux, dit une nouvelle voix.
Les trois amis relevèrent la tête ht s'écrièrent presque en même
temps f
Quoi! Boderic Calderone! c'est vous!
r-« Moi-même, répoud l'ancien valet du duc de Lerme, aujourd hui
favori du roi; moi-même, qui vous entends discuter depuis une
demi-heuie, et qui souffre de voir d houorables gentilshommes aussi
mal renseignés que vous paraissez l'élire eu ce moment. Apprenez
donc, mes chers amis, que don Diego ne inéiite ce-point ni l'en
vie, ni la compassion. Sou sort est bien loin de 1 éclat que vous lui
attribuez, vous, dou Alvarez; et vous, mou bon Gomez, la pitié qu'il
vous inspire vous fait tomber, votre insu, dans le ridicule de 1 exa
gération. Metlez-vousf doue bien dans la téte que ce mariage est une
énigme impénétrable tous,— même vous;—et que le parti le
plus sage serait eu cette occasion, de douter de tout et de ue croire
rien. L'amour de Fernande, mystère. Le couseutemeut de la mar
quise, mystère. Le lôle de don Diego, mystère....
Mais, ce que nous avons vu dit Alvarez.
Les yeux se trompent.
Ce que nous avons entendu?
L'oreille est souvent infidèle.
Mais le visiteur nocturne, c'est devant nous qu'il a fui! Et
moins que cette date fuueste du 25 mai ne soit aussi un rêve...
-« Non, dit Galderoue, car cette date est la seule réalité bien
positive de cette ténébreuse histoire... Quaut au fugitif...
Était-ce une ombre? ditdOssuna.
-« Un homme?ajouta don Alvarez. -
Ne sayez-vouspas que celait Diego! répliqua don Rodèrio
voix basse.
L'attention de don Riuz redoubla.
C'était?... demanda don Alvarez.
-h Vous ne le saurez pas, dit Roderic.
Ainsi, reprit Gomez, don Diégo est joué par cette femme
Pas le. moins ilu monde, répondit le favori qui paraissait si
bieu informé.
Alors, il se dévoue dit le comte d'Ossuua.
-h Oui et non.
Mais c'est n'y rien comprendre, s'écria Alvareafl
du pied.
Je le sais bien, et c'est cSvqô'il faut, dit en sou
riant. Mais, écoutez-moi, mes àuiis* <d-vous--vert^V[ue je ne suis
pas homme vous désespérer par Fbbstinatiîfn d urTVi euce mal en
tendu. JNe pouvant vous découvrir tout le secret, je veux du moinsuPV
vous en dévoiler une partie. D ailleurs, don Diégo est .mon meilleur ""r
ami, et je ne voudrais pas laisser planer sur lui d*injurieux soup- j*
çons... Tenez,... j'ai justement sbr moi une lelftéde doua
qui, pour n'être ni tiès-longue ni très-explicite^ neil'ei
moins complètement. Écoutez et jugez. m
Diégo, votre conduite a élé celle d'im nobtr ei
avez fait, vous qui m'aimez en frère, ce cy/v n'e
êlre, s'il cul vécu, don Ruizde Soria qui m'aimait, J
nde