JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
JEUDI, 24 AOUT 1843.
3" ANNEE. N° 242.
FEUILLETON.
Tout ce qui concerne la ré
daction doit être adresséfranco,
l'éditeur du journal, Yprea.
Le Progrès parait le Dimanche
«t le Jeudi de chaque semaine.
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Temple, 6, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
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YPRES, le 23 Août.
DISTRIBUTION SOLENNELLE DES PRIX
aux Élèves du collège communal.
Hier, a eu lieu une fête impatiemment atten
due par la jeunesse de notre ville et encore plus
désirée par les parents. La distribution^solen
nelle des prix est en effet la preuve, pour grand
nombre de jeunes gens, qu'ils ont étudié avec
zèle et succès, ^hiant aux parents, ils sont fiers
et heut£{fti de voir leurs fils profiler de l'éduca
tion «Me tout homme bien pensant lâche de
proculpr ses enfants et sans laquelle il est im
possible d'occuper un certain rang dans la so
ciété. La science, les connaissances acquises sont
non-seulement nécessaires tout homme qui
veut parvenir, mais il n'est même plus permis
personne de les mépriser. A l'époque actuelle,
un homme instruit, d'une grande capacité, est
plus respecté et se trouve plus puissant par la
force de son génie, que ceux qui disposent de
grandes richesses et qui ont une grande in
fluence sur les affaires de l'état.
Grand nombre de personnes notables de la
ville assistaient cette cérémonieles halles
étaient combles. Ainsi que nous le présumions,
les habitants de la ville d'Ypres ont, par leur
présence la distribution des prix, démontré
tout l'intérêt qu'ils portent rétablissement com
munal.
Une pièce de l'immortel Molière, le Bourgeois
gentilhomme, a été jouée par les jeunes élèves
avec beaucoup de succès et d'entrain. La
diction des jeunes acteurs était pure et presque
sans accent. Nous avons surtout remarqué leur
aplomb. MM. Jules Vande Brouke, Joseph
Thylis, Gustave De Grave, Jules Iweins, qui
ont tenu les premiers râtes, tnérilent surtout
des éloges. L'auditoire a paru très-satisfait de
la manière dont la pièce a été représentée, car
après chaque acte, de longs et unanimes ap
plaudissements ont éplaté..
Un discours a été prononcé après la pièce
par M. le professeur de rhétorique, Metzdorff.
L'année précédente il avait été prononcé un
discours qui traitait de l'utilité de l'étude. Dans
celui de cette année, M. Metzdorff a fait sentir
l'agrément que l'étude peut procurera l'homme.
Celte allocution a fait grand plaisir et a été ac
cueillie par d'unanimes applaudissements.
Les noms des élèves qui ont obtenu des dis
tinctions ont été proclamés par M. le principal.
Nous les insérons la suite de ce compte-reudu,
en espérant que pour grand nombre de ces jeu
nes gens, Le Progrès leur rendra encore une
fois l'année prochaine, l'heureux service de faire
connaître leurs succès au-delà des murs de la
ville d'Ypres.
doctrine chrétienne.
division. Mention honorable Jules Iweins,"
et Désiré Ferrynj d'Ypres.
i" prix Hector Santy^d'Apres, et Émile Vande
Brouke, de Bruges. 2. Gifsla've De Grave, d'Ypres.
Accessit. Jules V ande Broute,de Jauges, et Guslave Hammelrath.
d'Ypres.
1° division. 1. Gustave De Stuers, et Jules
Santy, d'Ypres. 2. Edouard Maertens, d'Ypres, et
Joseph Thylis, de Bruges.
Accessit Théophile Cornette, et'François Garnier, d'Ypres.
division. 1. Honoré Bossaert, d'Ypres.
2. Jules Baes, d'Ypres. 7
Accessit Amétlée Lauuce, et Albert Van Grave, d'Ypres.
4e division. 1Alfred Vande YVaile, de Bruxel
les, et Henri Vèrcamer, d'Ypres. 2. Armand De
Stuers, et Louis Dujardiu, d'Y'pres.
Accessit Adolphe Ttnelrus, d Hollebekek Ch. Iweins, Gustave
Liebaert et Richard Cofliu, d'Ypres.
diligence générale.
1. Jules Iweins, et Edouard Maertens. 2. Ho-
rigj Bosaaert.
Accessit -Désiré Ferryn, Joseph Thylis, de Bruges, et Marcel
Geurts, de Waruéton.
CLASSES LATINES.
Rhétorique.
Latin. i. Jules Iwein^e 2, Jules Vande
Brouke, de Bruges.
Grec.1. Jules Iweins.Jules Vande Broùke.
Poésie.
Latin. 1. Gustave De'Grave. 2. Désiré
Ferfyn.
Accessit: Hector Santy,
Grec. Gustave De Gravei 2. Hector Santy.
AccessitDésiré Ferryn.
Troisième.
Latin. 1Gustave Hammelrath, d'Ypres. 2.
Emile Vande Brouke.
Accessit: Marcel Geurts.
Grec. 1. Gustave Hammelrath. Marcel
Geurts, de Warnêton.
Accessit: Émile Vande Brouke.
Quatrième.
Latin. 1. Edouard Maertens. 2. Gustave De
Stuers.
Accessit: Joseph Thylis, Gustave Van Alleynnes et François
Garnier, d'Ypres.
Grec. 1. Edouard Maertens. 2. Gustave Van
Alleynnes, d'Ypres.
Accessit: Joseph Thylis et Gustave De Stuers.
Cinquième.
Latin. 1. Félix Geurts, de Warnêton. 2.
Théophile Cornette, d'Ypres.
Accessit: Polydore Boedt, d'Ypres, Henri Thiebaut, de War-
ûêlônJules Boedt "d Ypres.
Grec. i. Théophile Cornette. 2, Polydore
Boedt, d'Ypres, et F'élix Geurts.
Accessit: Jules Boedt et Henri Thiebaut.
Sixième.
Latin. Louis Van Grave, d'Ypres. 2. Henri
Liebae'rt, d'Ypres.
Accessit, Henri Dehem et Bruno Vautlersticheled'Ypres.
Grec. 1. Henri Dehem. i. Louis Van Grave.
AccessitHenri Liebaert et Bruno "Vanderstichele.
CLASSES FRANÇAISES.
3e année.
1. Alfred Nicaise, et Louis Van Lamoen, d'Ypres.
2. Alfred Van de Walle, de Bruxelles.
Accessit Ch. Van RodeJules Baes et Jules Kilsdonkd'Ypres.
2e ANNÉE.
iAlbert Van Grave, d'Ypres, et J.-B. Van de
Putte, de Brielen. 2. Hippolyte Cornette.
Accessit- Auiédér I.aunée, de Biuges, Honoré Bossaert et Julei
Vaudenneersch, d'Ypres.
ie année.
Application et sagesse. Prix unique Louis
Dujardin, d'Ypres.
Accessit René Begerem, Gustave Lambin, Nestor De Grave,
Armand De Stuers et Eugène Liebaert, d Ypres.
LANGUE FRANÇAISE.
1. Nestor De Grave, et Réué Begerem, d'Ypres.
2. Guslave Lambin, d'Ypres.
Accessit.- Pierre Delmaere, Ch. Becuwe. Pierre et» Eugène^ Lie
baert, d'Ypres.
CALLIGRAPHIE.
(Cours journalier.) r
1" division. 1. J.-B. Van de Puttei 2. Jules
Vandermeersch.
la fiancee de fltadrid.
[Suite»)
VI.
au nom du roi.
la marquise d'Ovéda était relevée de son serment. Le prêtre avait
donné un protecteur doua Fernande, et, selon les conventions ar
rêtées d'avance, la jeune épouse, eiufeorlant de 1 église, était allée
preudre possession du splendi.de appartement que don Diégo de
Soria occupait dans la résidence royale.
C'est le soir'du jour où Fernande s'est irrévocablement engagée.
On dirait que don Diégo a voulu épuiser pour cette heure solennelle
toutes les ressources du' luxe, tous les rafliuemeuts de la galauterie.
Des parfums enivrants se répandent dans l'air, des milliers de bou
gies semblent étoiler le plafond où des torsades d'or servent de cadre
des peintures éclatantes. Les fleurs les plus belles^ les boulous
peine épanouis ont été arrachés leurs liges vivantes, ravisé la brise
tiède et au beau soleil, pour venir, triste symbole des richesses de la
nature, s'effeuiller et se flétrir au souffle dévorant du bal. De douces
harmonies voltigent comme des sylphes invisibles au-dessus de la
foule dont les ondulations ressemblent celles de la mer. Mille con
versations s'engagentj les regards se croisent,quelques mains se lou
chent. On n'entend de toutes parts que de gracieux propos: ou ne
Voit partout que dé charmants soutires. Ces hommes paraissent si
empressés, ces femmes si jalouses de plaireJ Devant ce tableau tout
plein d insouciance, de joie el d'oubli, on serait tenté de croire au
bonheur... Et pourtant il n'en est rien. Le bonheur en ce moment
est loin du château de Madrid. La reine de cette fête porte sou front
le sceau fatal de la douleur et du regret. Don Diégo lui-même, dont
l'altitude devrait être celle du triomphe, semble craindre de lever la
tête, el ses yeux, mobiles et inquiets, évitent de rencontrer ceux de
la marquise d Ovéda.
Fernande est triste, et sa tristesse se comprend sans peine. Une
nécessité terrible l'a obligée de former des liens auxquels elle avait
renoncé en apprenant la mort de don Ruiz, et si elle a courageuse
ment accompli le sacrifice qu'exigeait d'elle le soin impérieux de son
honneur, si elle a consenti se faire complice de don Diégo dans un
mensouge qui l'a préservée de l'ignominie, et dont elle lui garde une
reconnaissance éternelle, son coeur n'en est pas moins cruellement
froissé, ni sa souffrance moins vive elle n'en a pas moins fait violence
ses scrupules, ses engagements inlimea, sa volonté. Elle n'aime
pas Diégo, el l'estime quelle croit lui devpir ne subit pasj? Vuft'er
en elle lès craintes de 1 avenir et le regret du passé. L
La préoccupation de Diégo est moiu§ farileà co^jp^oirYj^nommc
est heureux, il doit l'être du mojps. Il a Iongtenf«e^^Khé Je but
qu il vient d'atteindre. Instruit jie la jtassion Fernande
pour son frère don Ruiz, il n'â«pas tQ espérer qu'elle lie
lui a accorde. Il est sûr d une a'fleclion^^ç lui^Hfrle plus pur et lé
plus noble des dévouements. L'amour viendra peijl-être plus tarvL
Que manque-t-il donc Diégo poar être heureux DieuL
La foule 1 imporluue, il ne peut demeurer un instant au
bal, il fuit le monde, il se fuit lui-même. Un iiua^e. menaç
l'un Tau Ire ses deux sourcils noirs, et quand son
sur Fernande, ce regard semble se pétrifier, [mi il
cave. On dirait qu'une larme seule pourrait soula;
souffrance et que cette larme ne veut {Rîmt couler.
C est pour arracher cet étrange supplice'qife de
dans un cabinet voisin du salou. Mais dp Lf,
Fernande, la belle mariée,la nouvell^oomt