portion des forces rend désespérée l'avance
toute tentative de lutte de l'Irlande contre l'An
gleterre, nous ne pouvons considérer que comme
lin bonheur et pour l'Irlande et pour M. O'Con-
nell tout ce qui pourra arrêter l'un et l'autre
dans la voie sans issue où ils sont engagés.
Il est encore permis d'espérer que les plus
tristes prévisions ne seront point réalisées; mais,
de quelque manière que le gouvernement an
glais parvienne rétablir l'ordre matériel en
Irlande, qu'il n'imagine pas qu'il y rétablira
l'ordre moral avec la force. Il pourra réprimer
une révolte par les armesmais il n'éteindra
pas par de pareils moyens l'agitation qui vit et
s'entretient au fond des cœurs. Nous n'avons
jamais hésité le dire, il est absolument impos
sible que l'état de l'Irlande reste ce quïl est, et
si nous avons, dans ces derniers temps, blâmé
sévèrement M. O'Connell ce n'est que parce
que son aveuglement l'entraînait dans la voie la
plus fatale la cause même qu'il prétendait
servir.
Un autre journal la Pressefait remarquer
la similitude qui existe entre ce qui se passe au
jourd'hui en Irlande, et la crise de 1831. Alors
aussi les meetings se succédaient pour le rappel,
et une proclamation du lord-lieutenant y mit
un terme. M. O Connell ayant continué ses me
nées d'une autre «lanièreil fut arrêté le 13
janvier 1831, jynais remis bientôt en liberté sans
avoir été traduit en justice.
On écrit de Londres la visite Eur et Ta
répression commencée contre l'Irlandesont deux
faits qui se lient étroilemcnl dès que le gou
vernement anglais a Ai que le cabinet français
refusait son appui, même moral, l'Irlande, il
a pu agir librement. Parmi les causes qui ont
-hâté les mesurCsde répression, il faut d'ailleurs
2citer la nature des derniers discours du grand
■f agitateur. Ces manifestations ont donné lieu
une note officielle de la j>arl de M. Guizot. Des
lettres autographes ^fetl aussi demandé qu'on
empêchai O'Connell de continuer ses sorties vio
lentes contre la politique actuelle de la France.
La douane française a reçu de Paris les ordres
les plus précis et les plus absolus d empêcher
tout chargement d'armes pour l lrlandp..
Aucun'journal de Paris ne repèj^ce ma
tin l'article du Malta-Maltqui annonçait, sous
la foi d'une lettre de Zanle l'abdication
d'Othon l'élévation du duc George de Cam-
Jjridge au trône de la Grèce, celle du duc de
Leuchlenberg au trône nouvellement formé de
la Moldavie et de la-Valachie, et enfin celle d'un
fils de Louis-Philippe la vice-royauté de l'Al
gérie et de la régence de Tunis.
A vrai dire, nous n'ajoutons pas beaucoup
de confiance l'authenticité des détails de celle
haute combinaison politique. Mais tout nous
fait croire cependant qu'il est question dans les
hautes régions diplomatiques de négociations
importantes tendant changer 1 équilibre actuel
des puissances européennes, et introduire dés
modifications importantes la répartition dy
territoire consacrée depuis le coiïgrèsdé Vienne.
On sait que depuis longtemps la Russie aVa'it
la velléité de substituer le duc de Leuchlenberg
au roi Olhon sur le trône de la Grèce.
On a dit aussi que l'on avait proposé au duc
de Bordeaux la main de la princesse Olga, la
condition qu'il renoncerait ses prétentions
sur le trône de France et qu'il accepterait comme
compensation le trône de la Grèce. On ajoutait
même que c'était le cabinet de Londres qui ap
puyait cette combinaison et que le voyage du
prince Londres avait rapport cette affaire.
II ne serait pas étonnant que l'idée dune
alliance d'un prince anglais avec l'archiduchesse
Olga de Russie, eût prévalu dans les cours de
Londres et de Russie. Nous verrions dans la
combinaison indiquée des avantages réels et im
portants pour les deux puissances qui assure
raient de cette manière leur influence dans le
Levant et qui auraient toujours l'empire turc
leur merci. Quant la France, nous ne voyons
pas trop ce qu'elle aurait y gagner. On lui
accorderait eu toute propriété l'Algérie qu'elle
possède déjà, et l'on voudrait bien y ajouter la
régence de Tunis.
Dublin le 11 octobre. Les événements
d hier ont naturellement produit une sensation
profonde dans notre ville. Aujourd'huidès le
malin, les environs de Corn-Exchange et toutes
les rues aboutissant la roule de Conquer-IIill
près Cloularf, offraient une scène des plus ani
mées. L'anxiété était peinte sur tous les visages,
des groupes se formaient, on s'interrogeait avec
inquiétude comme si une grande catastrophe
allait arriver. M. O'Connell est arrivé de fort
bonne heure au Corn-Exchange, où il est resté
jusque vers une heure avec le comité de l'asso
ciation du rappel. La salle de réunion, l'escalier
et la'place devant la façade du Corn-Exchange,
étaient encombrés de peuple. On s'attendait
ce que M. O'Connell dirait quelque chose de
se$, projets, mais le désappointement a été gé
néral lorsqu'on l'a vu retourner chez luipa
raissant en proie une'vive inquiétude d'esprit.
On remarquait dans la foule un grand nombre
de personnes venues de Liverpool et d'autres
villes du nord lie l'Angleterre. Des patrouilles
du 5" dragons parcouraient les quais et les
quartiers voisins du Corn-Exchauge. A leur
approcheja foule s'ouvrait en silence, sans au
cune démonstration amicale ni hostile. A une
heure, le 34e de ligne qui était arrivé 10
heures dans le port de Kingston et qui est venu
Dublin par le chemin de fer, a fait son entrée
en ville tambour battant et a passé environ
cent pas du Corn-Exchange. Une bande de re-
pealers s'est" mi§e marcher en avant de ce
beau régiment en crianthurrah pour le rappel.
Les soldats n'ont pas paru s'inquiéter beaucoup
de ces cris, mais au même instant, l'officier qui
commandait le régiment a fait entendre l'ordre
Fix bayonete. Le régiment a faite halte pour
exécuter ce commandement, et il s'^st rendu
ensuite sa casernesalué de temps en temps
sur son passage par quelques hourras.
La roule qui conduit a Cloqtarf était cou
verte de gens a pied, cheval, en'voiture,"qui
se rendaient au lieu fixé précédemment pour
le meeting. Un grand nombre portaient le
bonnet des'repe^lers. A la porte nord de Dublin,
se trouvait un fort détachement de troupes
rangé en bâtaille, la baïonnette au bout du fusil, j
Vers deux heures, M. Steele, le docteur Gray
et quelques autres membres de l'association du
rappel se sont rendus Clontarf pour recon
naître le terrain et faire éloigner les repealersk
qui seraient venus au meeting. Le village do
Clontarf (fiait occupé par de forts détachements
du 11e husards, du 0e drqgons, du 68e carabi
niers du 155e d infanteriespar deux brigades
d'artillerie cheval avec six pièces de canon.
Des piquets de cavalerie parcouraient les roules
et les rues du village. Le re$l£ des troupes était
au repos, les armes rangées en faisceaux. Lord
Cardigan est demeuré toute la journée sur les
lieux.
M. Steele et ses amis sont arrivés Conquer-
hill un peu après deux heures. Le pacificateur
avait en main une branche d'olivier quïl a agi
tée en l'air il a engagé les spectateurs au nom
bre de 3 au 4 mille se dissiper, et se retirer
chacun chez soice que tout le monde a fait
avec beaucoup d'ordre et dans le plus grand
silence. La foule s'est écoulée traversant les
lignes formées par les soldatssans qu'aucun
acte ni aucune démonstration hostile aient eu
lieu de part ni d autre.
Les troupes sont demeurées Clontarf jusqu
6 heures du soir, elles sont alors retournées
dans leurs quartiers respectifs.
Les régiments qui n'étaient pas de service au
dehors ont été consignés dans leurs casernes
toute la journée avec Tordre de se tenir prêts
marcher au premier commandement. Au châ
teau, les gardes étaient doublées et deux com
pagnies d infanterie et un escadron de cavalerie
étaient venus renforcer la garnison. Toute la
nuit du samedi au dimanche des patrouilles
dinfanterie et de cavalerie ont parcouru les
rues de Dublin.
On dit confidentiellement que M. O'Connell
va être poursuivi pour crime de sédition. L ac
cusation aurait pour base le discours prononcé
par lui au banquet de Mullaghmast auquel
s étaient rendus-des repealeia^chargés par if-
gouvernement de recueillir ses paroles. On par!
aussi de diriger.des poursuites, contre quelque
autres persounes. Une commission spéciale se
rail instituée pour juger les crimes politiques
contre l'État.
Madrid, 8 Octobre.
Les nouvelles reçues hier darts-la nuit
sont très-bannes pour le gouverrtémenl. Il vient
d étouffer une insurrection Grenade. La gar
nison s'est battue contre la garde nationale, elle
a désarmé deux bataillons.
Alméria ouvre ses portes.
Saragosse seule lient encore, mais si Barce
lone se soumetelle se rendrait aùssitôL.Conch;-
écrit pour demander des troupes.
Nous aurons donc des çorlès,
Concha écrit de Saragosse qu'il manque^'e
troupes pour resserrer le blocus il annonce qu'il
y a une forte aigreur entre les esparteristes et
la junte centrale.
On écrit de Barcelone, le 4 octobre: Notre
position devient chaque jour plus critique.^
La ville est entièrement la merci des gens qui
forment la lie du peuple: ils sont les maîtres de
nos vies et de nos fortuneset sanstja présence
qu'à la dérobée que je pus aller ta voir et l'embrasser. Comprenez-
vous tout ce qu il y a d affreux dans ud tel supplice, pour le-cocur
dune mère? Renier sa fille, la célerà tous comme une honte! Ah!
plutôt mille fois mourir J'en étais venuemonsieur de Valbergau
point de regretter le temps où mes premiers chagrins m'avaient rend u
je mariage si odieux. -
Et vous avez.persisté, Madame, ne point briserla barrière mys
térieuse qui vous séparait! Et, comprenant que vous ne pouviez suf
fire au bonheur' de Votre fille, vous n'êtes point venue réclamer pour
elle un ami, un protec teur, un'père
J'aurai le courage de yous dire tout, monsieur Gustave, et ce
sera mou expiation. Cette pensée que vous me reprochez de n'avoir
pas eue, elle m'est venue plusd'une fois, par amour pour mon enfant,
peut-être aussi parce que celui qu'elle concernait, longtemps éprouvé,
m'avait amenée insensiblement concevoir des hommes une meil
leure opinion. J'ai même fait une première démarche, et pour rap.
procher une distance que les préjugés pouvaient trouver trop grande
entre nous, j'ai usé de mon crédit pour.obtenir un grade de com
mandant... que vous avez refusé.
Quoi madame, c'était voire sollicitation!...
Vous l'ignoriez; votre refus ne pouvait ni m offenser ni rien
changer mes sentiments. Lorsque je vous ai retrouvé ce soie, j'ai un
moment espéré de vainore votre résistance jious avons pailé de
Mm°de Yalden, et j'ai bientôt reconnu quïl me,fallait renoncer
nées dernières illusions.
Mm« de Valden reprit Gustave en soupirant pourquoi pronon
cer ce nom Parlez-moi de ma fille, madameparlez-moi de ma
fille!
Quoi vous oublieriez pour elle?...
Je n hésiterais pas entre mon devoir et ma vie, si on la deman
dait, interrompit Gustave d'un ton ferme.
Eh bien! demain je vous attendrai. Un de mes gens ira vous
chercher.
Eu disant ces mots, elle s'éloigna brusquement. Les yeux de Gus
tave la cherchèrent quelque temps en vain dans la foule; elle avait
disparu.
Le lendemainune voilure vint prendre Gustave, et le conduisit
quelquès lieues de Vienne dans une petite maison de campagne
située au fond d'une vallée, et d'un aspect tout-à-fait pittoresque.
Introduit dans le salon, il y trouva une dame assise près de la fenêtre,
dont les regards étaient dirigés vcr»lp'jat^ih, et atri-Siâudt sert ses
genoux une petite fille. Celle-ci-, en apercevant*Gus?KWç', :^,teudit
irçan., et_oui -tenait s
levanfc^itsf-a
joyeusement ses petites mains,' et luipréseula la.moi ur Cfe- *tx<gue;
alors la dame retourna la téte, Gustave poussât un sui'prise et
de joie... C était la baronne ik-j/alden.
M. de Valberg, lui dit-elle, je vous aj^kutij^fÈTé, les pré yen-
tionsd uiie femme victime d'un premier J orgyeikâfune fa«l
mille puissante el maintenant ce n'est psjjm.'une mère qui se liyrii
votre honneur et votre loyauté.
Gustave, pour toute réponse, se jeta aux pieds de la baronne 1
tôt il couvrait de baisers une main qui s'aliauJonuail bien Vblcjj
lui j tantôt il serrait contre son cœurgla^^H^lont la» nxuj
resse lui faisait verser des larmes de bon
cèsde son ravissement
Si.tout ceci devait n'être encore c
J&vec ma vie.