JOURNAL D'YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
4e ANNEE. - N° 385.
INTERIEUR.
JEUDI, 9 JANVIER 18A5.
Feuilleton.
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et le Jeudi de chaque semaine.
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Quinze centimes par ligae.
Y PRES, le 8 Janvier.
Dans un des derniers nos de VObservateur
nous avons trouvé une lettre curieuse signée
par un des prélals belges, concernant la bonne
et la mauvaise presse et les moyens qu'on em
ploie pour faire prospérer l'une et étouffer
l'autre. Hélas! malgré les 2,400 curés et des
servants que compte la Belgique et les sous
criptions que les bonnes âmes signent une
première réquisitionla bonne presse pour se
soutenir, se voit forcée de faire de MM. les
doyens des commis-voyageursfaisant l'article
bons journaux.
M. VanBommel, l'évêque de Liège, vient d'é
crire en ce sens tous ses subordonnés. Voici
la traduction de celle lettre
Très-honorable Monsieur,
Dans notre dernière réunion, il a été convenu
qu'au nombre de nos fonctions principales nous de-
vionsaujourd'hui comprendre la sollicitude pour la
bonne presse, attendu que les ennemis de l'Église se
serventde la mauvaise presse et surtout des mauvais
journaux pour corrompre ou détruire complètement
tous les fruits de notre ministère sacré.
Il a été dit, la vérité, qu'il fallait agir avec pru
dence et ne pas croire tout esprit, mais aussi qu'il
fallait attaquer avec zèle et avec un grand courage.
Maintenant je vous demande, très-honorable Mon
sieur
i* Combien et de quelle nature sont les souscrip
tions que vous pouvez recueillir pour trois années,
dans votre doyenné, eti faveur de la bonne presse,
soit de la part du clergé, soit aussi de la part de
laïcs choisis avec le plus grand soin?
Quels sont les desservants, soit seuls, soit avec
quelques laïcs de leurs paroisses, qui reçoivent par
«bonnement un bon journal, et quel est ce journal?
Quels sont ceux, au contraire, qui jusqu'à ce jour
ne sont abonnés aucun journal de cette sorte
J'espère que vous n'aurez noter personne qui
lise un mauvais journal; s'il se trouvait quelqu'un
dans ce cas, je veux qu'il me soit signalé.
Vous voudrez bien me transmettre le plutôt pos
sible une note renfermant les réponses exactes de
l'une et de l'autre question, en inscrivant sur l'a
dresse de votre lettre ces mots A lui-même.
Je reste avec une affection sincère de cœur,
C., évêque de Liège.
Liège, ce iS mai 1844-
A la simple réproduction de cette lettre, qui
na cependan t pas besoin decommenlaires. nous
croyons devoir ajouter quelques réflexions du
Journal de Liège
Est-ce par voie d'autorité ou par la persua
sion que procède M. Van Bommel examinons:
MM. les doyens doivent annoncer combien
de souscriptions et quelles souscriptions ils
recueillent en faveur de la bonne presse, pour
le terme de trois années; ils doivent désigner
nominativement quels sont les curés qui sous
crivent et quel est le bon journal auquel ils
prennent un abonnement; ils doivent pareille
ment signaler ceux qui ne reçoivent aucun bon
journal, et surtout ceux qui en recevraient un
mauvais.
Maintenant, MM. les desservants, vous croi-
rez-vous en possession de votre libre arbitre?
Et vous, MM. les doyens, de quel œil aurez-
vous envisagé la mission dont on vous a chargés?
N'esl-elle point quelque peu inquisitoriale, et
n'a-l-elle pas dû blesser votre délicatesse? Sont-
ce bien là les rapports évangéliques que les
doyens et les desservants doivent avoir entre
eux? Et la seule pensée que M. l'évêque se ré
serve lui seul le droit de lire vos rapports
secrets, et qu il les soustrait aux regards des
ecclésiastiques qui forment son conseil, n'est-
elle pas propre vous suggérer des réflexions
pénibles
[Suite!)
Cependant, après avoir longtemps considéré la ville immense
dont les toits aigus dit paraissaient peu peu dans la brume du soir,
la comtesse releva lentement la téte et dit demi-voix comme
poursuivant tout haut le cours de ses pensées
Oh! si ce royaume m'eût appartenu, moi, je De l'aurais pas
laissé échapper.... Si j'eusse été Marie Stuart, je me serais bien
gardée de combler d'honneurs et de dignités le bâtard de mon père;
je n'aurais pas fait la folie de le tirer de son prieuré de Saint-
André pour le mettre la tète de mon conseil et de mes armées, lui.
un Sturat, c'est-à-dire le seul homme capable de balancer mon in
fluence sur les écossais! mais cette femme, dans toutes les actions de
sa vie, paraissait obéir un esprit de vertige.
Hélas! Madame, dit Stewart, plût Dieu que le sort vous eût
mise cette place pour laquelle le ciel semble vous avoir fait naître
en vous donnant la fois les charmes irrésistibles qui attiraient
tous les cœurs Marie et la haute intelligence qui courbe toutes les
têtes sons le sceptre d'Élisabeth!
Malgré le pouvoir quelle avait de dominer ses impressious, la
comtesse ne put dissimuler entièrement le plaisir que lui causait ce
double éloge de sa beauté et de son intelligence.
Plus je vous vois, plus je vous entends, reprit James aveo un
redoublement d'enthousiasme et plus je m'affermis dans la pensée
que vous êtes, destinée occuper un jour Ie>ang*suprême.... Oui,
Madame, votre avènement au pouvoir me paraît une nécessité pro
videntielle.
Tandis que James parlait ainsi, une émotion profonde agitait les
traits énergiques de la comtesse de Douglas; son regard s'arrêta enfin
sur le jeune lord, fixe et enflammé, puis elle lui dit après un mo
ment d'hésitation
Approchez, James, et écoulez-moi.
Si la nuit eût été moi us sombre, la comtesse eût pu voir un sourire
de triomphe passer sur les traits du jeuue homme.
James, reprit-elle presque voix basse, vous nêtes pas un eo-
faut, vous avez toujours préféié aux frivoles plaisirs de voire âge,
les graves entretiens d'une femme dont l'esprit mûri par la réflexion,
offrait votre inexpérience un guide éclairé au milieu des iulrigues
de la cour. Je puis donc compter sur votre prudence, et les secrets
importants que vous avez trahis pour moi me sont garants de votre
dévoûment ma personne; écoutez-moi, sachez enfiu quels sont mes
projets, car vous lie me connaissez pas encore toute entière... Lors
qu'on sut eu Ecosse la part active que Mot ton avait piise aux
meurtres de Darnley et de David Kizzio, ces deux cr.mes le ren
dirent odieux la nation, mais on ne vit là que le fait d une nature
brutale et sanguinaire, et cette opinion le servit près du régent qui,
dans la position difficile et contestée laquelle il veuait d'atteindre,
sentait tout le parti qu'il pouvait tirer d'uu lioumie habile et déter
miné comme James Douglas, et il ne craignit pas de le faire chan
celier du royaume, tant il le croyait iucapable de songer jamais
s'élever au-dessus de ce rôle secoudaire... Mais si Murray connais
sait l'âme d'Ulriquc, ajouta la comtesse d'une voix plus sombre et
Si notre voix peut furtivement pénétrer jus
qu'à vous, écoutez-la quand elle vous crie que
le rôle qu'on vous fait jouer est peu digne de
votre caractère respectable; qu'il est de nature
propager la défiance, le soupçon et la délation
dans les rangs du clergé, et qu'il ne peut servir
que des intérêts tout autres que ceux du ciel.
Et vous que l'Eglise appelle entourer le
prélat, vous qui êtes ses conseillers, en vertu
des canons qui règlent la discipline ecclésiasti
que, pourquoi votre intervention est-elle écartée?
Pourquoi ue vous convie-l-on pas apprécier
les rapports secrets des doyens C'estsans
doute, parce que vous auriez pu émettre l'avis
que la religion, loin d'être intéressée dans cette
nouvelle conscriptiou, court le risque d'y être
compromise.
Par arrêté royal en date du 31 Décembre
1844, sont nommés membres de la chambre
de commerce d'Y près,M MAntoine Beke-Dehem,
négociant, Vanaltevnes-Schockeel, tanneur, et
Henri Hammelrath, fabricant de dentelles.
Par arrêté royal du 2 janvier 184o, le sieur
D.-L. Lejeune, membre de la chambre des re
présentants commissaire d'arrondissement
Audenaerde, est nommé commissaire-général
des monnaies, en remplacement du sieur Moris,
décédé.
Par arrêté royal de la même date, M. le che
valier A.-J.-L.-Ph. de AVouters d'Oplinter,
commissaire d'arrondissement Eeclooest
nommé aux mêmes fonctions dans l'arrondisse
ment d'Audenaerde.
Par le même arrêté, le sieur Louis de Haerne,
avocat, est nommé commissaire de l'arrondisse
ment d Eecloo, en remplacement du chevalier
de AVouters.
plus basse, il verrait autre chose qu'une aveugle férocité dans la
coopération de Morton aux deux actes sanglants qui ont soulevé
l'Écosse contre lui... Enfin, Morton ne voit plus aujourd'hui qu'un
obstacle, un seulentre lui et la régence, et cet obstacle, si Murray
voulait se rappeler l'esprit de domiuation qui de tout temps a dis
tingué les Douglas, il pourrait craindre que Morton ne le laissât pas
longtemps subsister... Que Morton parvienne la régence et les deux
meurtres qui lui attireut aujourd'hui la réprobation générale, ne
seront plus que des coups d'état dont on discutera les conséquences
aussi froidement que s'il s'agissait d'une taxe nouvelle ou d'un
traité de paix. Le projet est magnifique et digne de vous, dit
James après un moment de réflexion; mais les hautes capacités de
Murray, ainsi que sou habileté s'attacher l'armée et satisfaire tous
les partis, 1 entourent de difficultés presque insurmontables. Nous
trouverons le moyen d'indisposer l'armée contre lui et nous avons
déjà commencé ressusciter l'animosité des partis en décidant
Murray condamner mort six des Hamiltous qui ont combattu
pour Marie Langside. Je comprends maintenant, reprit James,
l'ardeur que le comte Morton a déployée dans la discussion de
cette terrible affaire. Puis il ajouta: Madame, vous marchez dans
une voie entourée de périls, mais quoi qu'il advienne, maiuteuaut
que je connais votre but et vos moyens, je vousoffre ma coopération
voulez-vous l'accepter? Je vous ai dit que je comptais sur votre
prudence et votre dévoûmentJames mais malgré la précocité de
votre esprit, vous êtes encore un enfant, et pour agir dans une en
treprise aussi grave, il faut uue froideur et une circonspection que
les années seules peuvent donner, il faut être loin de cet àgc de folie