SUnUBEII DU PROGRÈS D'YPRES. Cour cTA»»ls»csi de la Flaudre Occidentale- Présidence de M. Vuylsteke. Afftiirc Baelde. Accusation d'ciupolsosauciueut d'une servante par sa sisailressc. Fin de F Audience du 25 février. 13* témoin. M. Mareska, docteur ès-scienc«a, professeur de chi mie l'Université de Gand, a été chargé par M. le conseiller Onraed de l'accompagner Ypres. Il a pris la suie se trouvant dans la partie horizontale du poêle des époux baelde, il a pris égale ment celle qui se trouvait dans la partie verticale, puis enfin la suie de la cheminée dans laquelle passe le tuyau du poêle. Cette suie sou mise l'analyse chimique a donnéde l'arsenic. Mais un fait qui n'était pas encore acquis la science, a dit M. Mareska. c'est que dans la suie provenant d'autres maisons d'Ypres dans les cheminées desquelles on a brûlé du charbon de la même qualité que celui employé par les époux baelde, on a également trouvé de l'arsenic, mais en bien plus petite quantité que dans la suie provenant delà maison baelde. L'examen comparatifa donné pour résultat 4 milligrammes d'ar senic sur un kilogramme de juie recueillie dans les autres maisons d'Yprcs, lanis que dans la suie provenant de la maison baelde, un kilogramme contient 16 fois plus d'arsenic, c'est-à-dire 64 milligram mes, d'où j'ai conclu, ajoute M. Mareska, que le ebarbon seul em ployé par les époux baelde. ne pouvait déposer dans la suie une pareille quantité d'arsenic, et d'autant moins que ce charhon est de la même qualité que celui des maisons où la suie contient 16 fois moins de parties arsenieuscs. brûlez de l'arsenic dans un poêle, continue le professeur, et la vapeur s'élèvera épaisse et bleuâtre dans l'air atmosphérique; nous avons fait une expérience de ce genre Gand, mais comme le temps était serein, nous n'avons pu nous apercevoir de l'odeur, parce que la fumée s'élevait sans jamais descendre. Quant aux deux dépositions qui ont précédé la sienne, le témoin dit qu'il devrait avoir, pour se prononcer, des renseignements sur les - dispositions du poêle, sur l'intensité du feu, etc., etc., que néan moins la grande quantité d'arsenic trouvée dans la suie, la remarque qui a été faite de la fumée et de son odenr le porte croire qu'il avait dû être brûlé de l'arsenic dans le poêle de la femme baelde. MM. Be- cuwc et Hamelrath déclarent qu'ils partagent celte opinion. 14* témoin. Alexis Ladosdocteur en médecine Gand a fait avec M- Mareska des expériences sur la suie, et sa déposition cet égard est la même. Il croit qu'il est possible que l'odeur fétide remar quées par les témoins provenait d'arsenic brûlé dans le poêle. M. Mareskasur la demande de M. le président, déclare que l'arsén iaie de soude est soluble dans l'eau. M. le président ordonne qu'il soit procédé séance tenante une expérience sur l'odeur qui s'exhale de l'arsenic brûlé. En conséquence MM. Mareska et Hamelrath se font apporter une pelle couverte de charbons ardens et en présence de la cour, des jurés, de la défense et des témoins entendus, répandent sur le feu une certaine quantité d'arsenic. Il s'en échappe immédiatement une fumée épaisse et d'un gris foncé, exhalant une odenr fétide qui respirée longtemps, serait susceptible de provoquer des nausées. M. Mareska passe cette fumée au visage des trois témoins (ces trois femmes qui ont déclaré avoir senti une étrange odeur provenant de la fumée qui sortait de la maison baelde le malin du 18 juillet et toutes trois dé clarent spontanément que c'est une odeur exactement semblable qu'elles ont sentie le 18 juillet (sensation). 15'témoin Catherine Decerf, veuve Leroyeépouse de Pierre Donse cultivateur Hollebcke. C'est par le mari de la deuxième ac cusée que ce témoin a été prévenu de la mort de sa fille, l'époux de Marie Van Oost lui a dit d'abord que sa fille se trouvait très-mal, puis enfin il a dit qu'elle était morte. Alors continue le témoinje suis allé Ypres chez la femme baeldeet quand je suis arrivéecelle-ci m'a dit que ma fille était déjà ensevelie, raaisj'ai voulu la voir, et cela n'était pas vrai. Madame baelde voulait m'erapccher d'ûter le drap, craignant peut être que j'aie peur, mais je lui ai dit que je n'avais pas peur. Elle m'a dit qu'elle avait vu ma fille étendue sur le lit et qu'elle avait été effrayée; elle a encore ajouté qu'elle était toute boulerversée par suite de cet événement. J'ignore qui avait mis un bonnet propre sur la tête de ma fille. En partant, j'ai rencontré une femme qui m'a dit Si c'avait été ma fille, on ne [aurait pat enterrée de celte maniéré. Cest ce mo ment que Marie Van Oost est venue me rappeler, me demandant toujouis ce qu'on m'avait dit, ce que j'avais répondu je suis reloi - née et madame baelde me dit Qu'avei-vout radoter làl eoaw eret hien mieux de continuer votre chemin. Marie Van Oost m'a continuellement accompagnée partoi/t où je suis allée Ypres. La seconde accusée, Marie Van Oost, dit qu'elle est allée l'église par ordre de la femme Baelde, et qu'elle a demandé (a mère de Catherine Leroye de venir dîner chez baelde. Le témoin ajoute encore qu'elle a donné un mouchovet un bonnet Marie Van Oostmais que les autres objets je lui ont pas été rendus. La première accusée interrogée par M. le «résidentassure que Catherine Leroye n'avait qu'nne capotetans'is que sa mère affirme qu'elle en avait deux. La première accusée a décompté au témoin les journées de ma'a- die de sa fille. D'après le témoin c'est Marie Vau Oost qui a mis un bonnet propre sa fille, pendant qu'elle était retenue causer par Mme Baelde. 16'témoin. Pierre Ignace Donse, cultivateur Hollebeke, épouse en deuxième noces de la mère de Catherine Leroye. En route un nommé Gerroonpré m a dit que le malin on avait envoyé chez lu qu'il était allé chez Mme baelde et qu'à son arrivée on lui avait dit Ce n'est pas vous, c'est votre femme qu'il faut faire venir Le jour de l'enterrement, Marie Van Oost est venue prendre ma femme a l'église et elle a dit que le soir précédentaprès avoir été mettre ses enfants au lit, elle était retournée chez baelde où elle avait encore vu Catherine vivante. Interrogée sur ce fait, Marie Van Oost dit que si elle s'est expliquée ainsi devant les témoins, c'était pour les consoler, afin qu'ils pussent penser que leur fille n'était pas morte délaissée et qu'elle avait été au contraire entourée des soins nécessaires. Sur la demande qui lui est faite relativement ce qu'aurait dit Mme Baelde au sujet de lenlerrement, Marie Van Oost répond que ma dame Baelde lui a dit qu'elle ne pouvait euterrer Catherine Leroye 6 heures du malin. Le témoin Donse achève sa déposition en déclarant qu'il a pris la malle avec le restant des habillements de sa belle-fille, qu'il a mis le tout sur une brouette et est reparti pour sa demeure. 17' témoin. Marie-Thérèse Leroye, ouvrière Hollebeke. C'est une jeune fille de 16 ans, et la sœur de la victime. Elle parait telh- ment intimidée, que M. le président la rassure avec bontés Elle dé clare qu'elle est allée chez baelde le jour de l'enterrement, et elle rapporte les mémos faits que sa mère, savoir que celle-ci avait ren contré en partant une femme qui lui aurait dit Votre fUlt a été em poisonnée, et qu'alors Marie Van "Oost est venue les rappeler pour aller chez Baelde. 18* témoin. Louis Dieusarl, commissionnaire N'ieuvvkerke. Le 6 juillet, la femme Baelde est venue avec Catherine Leroye Nieuwkerke, où baelde travaillait alors. Ce témoin ne sait rien de la discussion qui aurait eu lieu enté; les époux Baelde. Il a accompagné la femme baebie et ta servante Ypres, et arrivé aux portes de la ville, on les a trouvées fermées. C'est alors que Catherine Leroye fatiguée, s'est couchée sur le ventre; quoi le témoin lui a dit qu'elle ne pouvait pas faire cela, qu'elfe devien drait malade. Pendant le trajet'de Nieuwkerke Ypres il n'a re marqué aucune mésintelligence entre la femme Baelde et si servante. 19" témoin. Henri Coppielert, docteur en médecine Ypres. Je suis allé chez la première accusée le jour que le maniât contre elle a été lancée. Elle m'a dit alors qu'elle était la victime d'une erreur. A quoi j'ai répondu depuis 20 années que j'eterçaisje n'avais jamais rencontré pareille erreur. Spontanément je me suis rendu auprès du procureur du roi pour loi faire savoir que depuis l'empoisonnement constaté de C.ilhcrine Leroye j'avais aussi des soupçons au sujet de la mort de la tante de Mme Baelde que j'avais traitée, et qu'il se pourrait bien que cette tante fût aussi morte par le poison. 20* témoin. Charles-Pierre Lammensnégociant droguiste Gand déclare qu'il a vendu il y a un an baelde une livre d'ar senic en morceaux Il y a quatorze ansil lui en a vendu aussi en poudre. A une heurela séance est levée pour être reprise le lendemain 9 heures. Audience du 26. A 9 heures la séance est ouverte. M. le président fait rappeler la femme Leroye et lui demande quels sont les propos qu'a tenus la femme baelde sur la maladie de sa ser vante. R. Mme Baelde m'a dit que ma fille était lourde, somnolenteet qu'elle avait tenu sa tête dont elle se plairnail de souffrir beaucoup. M. le président. La femme Bacld" uc vous a-t-ellc pas dit que Marie Van Oost était restée auprès du lit de Catherine Leroye pour la soigner H. Ne.,, M. le piJéâdeui, Mme baelde m'a dit qu'elle avait porté un *ase de nuit ma fille parce qu'elle avait des vomissements, et fa elle était reslee auprès d'elle jusqu'à 10 heures du soir. 21" témoin. Cb. V.mden Broqcke, juge de paix du 2* canton Ypres. Ce témoin appelé en vertu du pouvoir discrétionnaire de M. le président, dépose sans prêter le serment, qu'il a reçu diverses reprises des plaintes de la part des servantes de Mme Baelde, sur ce que celle-ci retenait leurs habillements ou refusait de les payer. 22" témoin. Ernest De Gbeusjuge d'instruction Ypresappelé en vertu du pouvoir discrétionnaire de M. le présidentdéclare avoir fait une visite au domicile de baelde. afin d'examiner le pupitre dans lequel celui-ci avait reconnu avoir déposé de l'arsenic mais il n'en a plus trouvé de traces. Or, Baelde lui dit qu'il avait acheté Gand, chez M. Lammens, une livre d'arsenic, qu'il en avait employé très peu qu'il avait laissé la clef de son bureau sur la porte afin que sa femme pût y entrer qu'à son retour il avait trouvé son pupitre com plètement dérangé et qu'il avait même remarqué que des papiers en avaient été enlevés. Le témoin ajoute qu'il a remarqué, lors de sa visitedes taches sur le parquettaches qu'il attribue des vo- missemeos. Enfin Baelde a encore dit M. le juge d'instruction De Gbeus. que sa femme n ignorait pas qu'il employait de l'arsenic, mais le témoin nose affirmer d une manière aussi positive que Raelde lui aurait dil également que sa femme savait que cet arsenic se trouvait dans ce pupitre, mais ce qu'il affirme, c'est que Baelde lui a dit for mellement s être aperçu que pendant son absence, on avait dérangé son pupitre et enlevé des papiers. 22* témoin. RéginaVan Jsaeker, servante Ypres, actuellement Lar.ghemarcq. J'ai connu Catherine Leroye, et un jour je l'ai ren- c intré près de la porte et elle m'a dit qu'elle n'aimait pe» beaucoup de rester chez les époux Baelde, que le mari avait quitté sa femme, qu'elle avait, quelques jours avant, accompagné la femme baelde a Nieuwkerke, que là une violente querelleavait eu lieu en sa présence entre le mari et la femme, et que Mme baelde lui avait dil Vous comparaîtrez en justice et vous parlerez pour moi. Catherine Leroy a répondu «je viendrai pour celui qui a raison, n Mm» baelde lui a dit Vout vous en repentirez. La malheureuse servante a répondu en quoi pourrais-je en avoir du regret, puisque je vous ai dil que j'allais vous quitter. M. le présiJcnt. Depuis combien de temps connaissez-vous Cithe- rine Leroye? Depuis 6 ans.Jouissait-elle d'une bonne santé? Oui. Quindavéz-vouseu avec Catherine Leroye la conversation qt a vous venez de rapporter? Le mercredi d'avant sa mort. La première accusée oppose une dénégation formelle toute celte déposition, elle affirme que le jouren question Catherine Leroye n'est pas allée de toute la journée la'porte où le témoin prétend avoir eu celte conversation avec elle. 23' témoin. M. Vermeersch Josephdemeurant Nieuwkerke, appelé en vertu du pouvoir discrétionnaire de M. le président, dé pose qu'il a entendu dire que la femme Baelde aurait maltraité son mari et lui aurait pris de l'argentil a eu aussi connaissance de la conversation rapportée par la fille R. van Jsaeker entre Mme baelde <-l sa servante. 24* témoin. Marie Anne Thérèse Smagghe épouse Deknecker, cabarelièreà Neuve-Eglise. Mme Baelde est venue avec sa ser vante elle a demandé son mari qui était logé chez moi. J ai entendu bcaucoun de .bruit dans la chambre où se trouvaient les lieux époux puis baelde est descendu avec un petit coffre qu'il m'aprié .le mettre de côté, ce quoi Mme Baelde a voulu s'opposer. MmcBaeble; est venue tenant la main une montre qu'elle avait prise son mari, elle était furieuse j'ai engagé la servante retenir sa maitross^, mais elle m'a répondu qu'elle ne voulait pas se mêler de celle querelle parce qu'elle allait quitter son service. Baelde m'a dit que sa femme avait voulu forcer sa petite malle. M. le président. Pendant que la querelle avait lieu entre baelde et sa femme, leur servante Catherine Leroye était-elle placée de manière entendre ce qui se disait? Non. M. le président, elle n'a pu rien comprendre. 25* témoin. Eugénie de Kweeker, fille du témoin précédent et demeurant avec elle. La servante Catherine Leroye est venue près de moi dans la cui sine. Nous avons entendu du bruit dans la cbambre où étaient les époux baelde J'ai entendu la femme Baelde erter d [iiiiastinl et alors Catherine Leroye m'a quittée pour aller voir; je nel'aipas suivie. Ce bruit a duré un quart d'heure. La mère du témoin rappelée et interpellée déclare que la ser vante n'est pas entrée dans la cbambre des époui baelde. J'ai vu ajoute le témoin la serrure du coffre brisée et baelde nous a ra conté en présence de la servante que sa femme avait pris ou voulu prendre son argent. 26' témoin. Ignace-Louis Maes, fils de cultivateur Hollebeke. J'ai entendu Grcmonpré causer avec la mère de Catherine Leroye; Grcmonpré m'a dit que cette dernière était morte le matin qu'elle avait pris de la médecine pour vomir qu'elle devait boire beaucoup pour rendre mais qu'elle n'a pas pu. Il m'a dil aussi que sa femme, Marie Van Oost, est venue chez Baelde 4 1|2 heures du matin et que Catherine Leroye est morte vers cette heure pour ainsi dire dans les bras de sa femme. 27* Témoin. Charles-Louis Delcour, fils de cultivateur Holle beke. Je me rappelle que Gremonpré est venu Hollebekequ'il n'avait que de mauvaises nouvelles pour la mère de Catherine Leroye, laquelle il a appris que sa fille était morte le jour précédent9 heures. Il m'a dit qu'une heure avant sa mort, Catherine Leroye avait encore ri. 28" Témoin. Pierre Jean Paruys boutiquier Ypres. Ce témoin dépose qu'il fréquentait beaucoup la maison Baelde, il s'y est trouvé un ou deux jours avant la mort de Catherine Leroyeil s'y est trouvé aussi le 18 juilletentre 6 et 7 heures du matin, et y est resté une heure pour donner une leçon aux enfants Baelde. On ne lui a pas dit que Catherine Leroye fût morte. C'est de ma servante que j'ai appris le samedi 20 juilletque le bruit public attribuait la mort de Cathe rine Leroye Mme baelde, qui l'aurait empoisonnée C'est la pre mière nouvelle que j'aie eu alors de la mort de la servante. Midi. La séance continue. Ypres. imprimerie de LAMBIN, Fils, éditeur, Marché au Beurre, 21.

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Le Progrès (1841-1914) | 1845 | | pagina 5