SUPPLÉMENT DU PROGRES D'YPRES. Cour d'Assises de la Flandre Occidentale. Présidence de M. Vujlsteke. Affaire Baelde. Accusation d'empoisonnement d'une servante par sa maîtresse. Fin de l'Audience du 26 février. Le 28' témoinPierre-Jean Paruys, continue sa déposition Quelques jours avant ce funeste événementj'avais écrit une lettre Baeldepour l'engager reverifr auprès de sa femme. Baelde est revenu le 11 ou 12 juillet, et le lendemain, Mme Baelde m'en a instruit. Ce jour là mêmeil y a eu entre les époux Baelde une vio lente dispute occasionnée parce que la servante devait passer avec une cuve remplie d'eau par la porte de la pièce dans laquelle se trou vait alors Baelde. Quelques moments après, Baelde dit la servante Parlezvous été* une canaille comme le* autre* l Je suis encore retourné chez Baelde après l'arrestation de sa femmeet la fille aînée me dit Savez-vou* que ma mère e*t arrêtéeC'est précisément pour cela que je viens mais pourquoi est-elle arrêtée? Par la faute du pharmacienqui a mêlé quelque choie la médecine deilinée la tervanle Catherine Leroye. 1 Il s'élève une longue discussion entre M. le président et les défen seurs de la première accusée, pour déterminer jusqu'à quelle heure ce témoin est resté chez Baelde le 18 juillet. Le témoin, interpellé par M"" D'Hondt, déclare que lors de la que relle qui avait eu lieu entre les deux épouxaprès le retour de Baelde, celui-ci avait un couteau la mainmais n'en avait pas me nacé sa femme, M. le président rappelle M. le juge d'instruction d'Ypres cl lui demande s'il sait quelque chose de ce que M'" D'Hondt aurait dit Marie Yan Oost, d'après l'acte d'accusation. M. le juge d'instroction répond qu'il ne sait rien ce sujet. M"' D'Hondt, avocat au barreau d'Ypresl'un des défenseurs de la première accuséefait une protestation formelle contre cette allé- galion qu'il aurait été trouver Marie Yan Oost pour lui imprimer une direction par ses conseils. M"* D'Hondt convient qu'il a vu la deuxième accuséemais il nie énergiquement lui avoir donné des conseils. Sur la demande des deux autres défenseurs de la première accusée, M. le juge d'instruction d'Ypres déclare que M. l'avocat D'Hondt, est sous tous les rapports avantageusement connu Ypres. 29" témoin. Guillaume Hauloy, cabarelier Ypres. J'ai été appelé chez Mme Baelde pour faire vendre quelques objets; le samedi je suis retourné pour dire que ces objets ne pouvaient pas cire vendus aux prix qu'elle avait fixés. Je n'ai pas le temps de parler de cela, me dit- elle, voyez quel attroupement il y a devant ma porte Elle me pria ensuite d'aller chercher la police, pour dissiper cet attroupement. Lorsque je suis retourne, elle m'a dit mais pourquoi tout ce monde Je lui répondis qu'on avait exhumé le cadavre de Catherine Leroye. Comment, s'écria-t-clle, moi qui ai eu tant de soins pour cette ser vante, et l'on m'en veut! Je lui ai demandé où était la fiole qui avait contenu le remède qu'elle avait envoyé chercher chez le pharmacien? Elle me l'a montrée, et j'ai vu au fond un petit dépôt blanc. Je l'ai engagée conserver celte fiole pour la mettre la disposition de la police. Elle m'a demandé de lui procurer les journaux où l'on parlait de cette affaire; elle m'a prié de faire un article en sa faveur pour un journal, je lui ai dit qu'elle devait s'adresser pour cela un avocat tachant rédiger, que moi je ne le savais pa3. Elle m'a déclaré avoir dit au docteur Lannoy a Quelle recette avez-vous donc prescrite? ma servante est morte et le docteur lui aurait répondu a Je sais ce que j'ai ordonné, a Mme Baelde m'a dit le pharmacien aurait bien pu se tromper, et il est étonnant que la recette ne se retrouve plus. 30'témoin. Pierre Adenscapitaine au 5* régiment de ligne ci- devant en garnison Ypres actuellement au camp de Beverloo. Pendant l'hiver j'ai demandé Baelde de la mort aux rats il m'en a préparé d'uue poudre qui se trouvait dans un petit paquet. Une deuxième fois j'en ai fait demander Mme Baelde qui m'a fait répondre que je devais m'adresscr son mariqu'elle ne savait pas où cela se trouvait. Celait quelques semaines avant le départ de Baelde pour Neuve-Eglise. Le 20 juillet, je me suis rendu chez Baelde pour lui dire que je devais partir et qu'il pouvait disposer de la maison où je demeurais et dont il est le propriétaire. J'ai vu un grand attroupement devant la porte, Mme Baelde m'a demandé pourquoi tout ce monde vient- il ici? Je lui ai dit c'est qu'on va exhumer le cadavre de Milje? Cependant, me dit-elle, je l'aimais, j'aurais voulu la garder, car elle connaissait les affaires de mon ménage. 31* témoin. Sophie Houssen, épouse Van Daele, ouvrière Ypres, Marie Yan Oost, m'a dit que c'est elle qui a porté la servante dans la chambre et que arrivée là, elle était morte. C'est le samedi qu'elle m'a raconté cela, et elle m'a dit que c'était le jeudi inalin qu'elle a ainsi porté la servante. Ce témoin déclare qne Marie Van Oost a couché 14 nuits chez Baelde. Il ne sait pas déterminer au juste l'époqueil dit que c'était avant et après la mort Je Catherine Leroye. Marie Van Oost, ajoute le témoin, est rentrée le jeudi 4 1|2 heure et a été rappelée trois quarts d'heure après par la plus jeune fille de Baelde qui lui aurait dit S'il tou* plait, venez de luite, maman désire cour parler. Baelde venait souvent demander Marie Van Oost. M. le président fait remarquer ce témoin qu'elle n'a pas fait la même déclaration devant le juge d'instruction. 32' témoin. Caroline Wallyns, épouse Demcy, ouvrière Ypres. Marie Van Oost demeure dans la même maison que moi, elle en haut e moi derrière. Le samedi Marie Van Oost est venu avec du linge, elle dit je suis fatiguée de travailler. Quinze jours après elle m'a priée de la laisser déposer un paquet chez moi, disant le garde-cbampétre vient. J'ai refusé, et elle a emporté son paquet. Elle m'a dit j'ai obtenu ces objets de ma dame pour avoir enseveli la servante. J'ai vu une jupe avec des raies blanches, une capote blanche, deux mouchoirs, un bonnet, une che mise de calicot, deux paires de bas. L'accusée Marie Van Oost répond qu'elle a eu deux objets de la mère, ce que celle-ci avoue, et deux objets de Mme Baelde ainsi que des draps de lit appartenant Mme Baelde. L accusée dit que si elle a nié d'abord avoir reçu ces objets, c'était parce qu'on lui en demandait beaucoup plus qu'elle n'en avait réelle ment. 33" témoin. Catherine Tourez, épouse Coene, ouvrière Ypres. Je demeure dans le même maison que Marie Van Oost. Je n'ai pas vu le samedi que Marie Van Oost ail séché aussi une chemise. Marie Van Oost dit qu'elle porte encore sur elle cette même che mise, et un geste de M. le président l'arrête au moment où elle allait naïvement relever ses jupons pour la montrer la cour. Elle m'a dit continua le témoin, avoir reçu quelques objets et un demi franc de Mme Baelde pour avoir conjointement avec Mme Baelde enseveli Catherine Leroye. Le commissaire de police rappel^ déclare avoir d'abord envoyé chez Baelde pour avoir ces objets, et il pense que c'est ainsi que Marie Van Oost a été averti par quelqu'un de la famille Baelde. La mèie de Catherine Leroye rappelée dit que le jour de l'enterre ment, Mme Baelde a nié avoir eu ces objets en sa possession. 34" lémoin. Jeanne ILofépouse Sambaere, dentellière Ypres. A vu des objets que Marie Van Oost déclarais avoir reçu de Mme Baelde. C'était le samedi 20 juillet. Il dépose en outre que la deuxième accusée a été appelée par la première accusée le jeudi matin. Le témoin pense que Marie Van Oost devait avoir couchée chez elle, puisqu'on la venait chercher le malin. 35* Témoin. Catherine Laçante épouse Lannoycharcutière Ypres, Catherine Leroye a demeuré chez moi. Elle se portait hien et n'a eu qu'une fois des maux de tète pendant trois jours. Cette fille était très-forte. Le lémoin a rencontré la mère de Catherine Leroye, qui lui a dit vous avez ma fille une paire de bas, ce que m a dit Mme Baelde. J'ai dit que non et je me suis rendu avec Catherine Lecerf chez Baelde. Mme Baelde a nié alors qu'elle eût ces bas ou autre chose en sa possession. 36' Témoin. Angélique Debicrte, dentellière Ypres. Je suis allé chez Baelde, le mercrediaprès-diner, pour demander du lait battu et j'y suis retourné entre 4 et 5 heures, et j'ai vu Catherine Leroye occupée travailler au lait battu. Le jeudi je sort et la femme Van Nesle m'apprend la mort de Catherine Leroye. J'ai manifesté mon élonnement par ce que j'avais vue lejour précédent. Je suis alléchez Baelde, et la fille me dit que la servante était morte et que sa mère (Mme Baelde) l'avais vu mourir 7 1|2 heures du soir. J'ai été étonnée de cet enterrementparce qu'on n'avait rien fait savoir aux voisins. J'avais dit chez le boulanger que la femme Baelde avait une mau vaise réputation et j'ai été le répéter chez madame Baelde. Marie Van Oost m'a dit que le jeudi matin elle a trouvé la servante mettre dans son lit. La femme Baelde m'a dit On m'en veut cause de la mort de ma servante, mais je l'aimais beaucoup, et lui ai même donné du lait battu avec du sucre. Le ministère public renonce l'audition des nommés Baelde et Gremonpré, époux des deux accusées. Ici finit la liste des témoins charge. 1" témoin décharge. Adrienne De Waegenaere, épouse Angillis, femme de Seward, Ypres Interrogée si elle sait que Baelde en 1831, a maltraité sa femme et l'a chassie; répond qu elle l'a entendu dire, mais ne l'a pas vu mais elle a vu qu'elle était blessée. Le commissaire de police a aussi appris ce faitmais il ne sait pas a qui étaient les premiers torts. Le lémoin interpellée répond que la femme Baelde, en 1831, après ces mauvais traitements, s'est réfugiée chez les demoiselles Wallary, où elle est restée pendant six semailles. 2" témoin. Eugénie Wallaeys. En 1831, Baelde a cruellement maltraité sa femme, j'en ai eu compassion et lui ai offert ma maison. Elle y a été traitée par le docteur Hammelrath. 3' témoin. Rosalie Wallays, soeur du précédent témoin. Même déposition. 4* témoin. Louis Angillis, a vu Baelde poursuivre sa femme avec baïonnette, c'était en 1831, et le lendemain Baelde a rais sa femme la porte. 5' témoin. Coutelle, Jean. Même déposition. C'est chez ce témoin que Baelde armé d'une baïonnette poursuivit sa femme. J'ai vu le lendemain Mme Baelde couché dans la rue avec un en fant de 15 jours Baelde l'avait mise la porte. 6' lémoin Louis Desrameaux dépose que deux enfants de Baelde en 1831 se trouvaient chez lui que Baelde lui avait défendu de laisser sa femme pénétrer auprès de ces enfants. 7' témoin. Catherine Dournez dépose que Baelde l'a injurié gros sièrement il y a 2 ansalors elle travaillait chez Baelde. Madame Baelde payait fort bien et elle y était bien soignée. 8'témoin. Florimond Soenen, pharmacien Ypres, déposesur un fait insignifiant relativement une substitution faite par le pharma cien Geerste qui avait donné de la fécule de pomme de terre au lieu de farine d'orge. 9' lémoin. Amélie Didier a vu Mme Baelde huit jours avant la mort de Catherine Leroye. Mme Baelde lui a dit qu'elle était très- contente de sa servante. Cinq jours après la mort de la servante j'ai été de nouveau chez Baelde, j'ai dit Mme Baelde vous avez été interrogée (en justice?) Oui, mais on veut me faire dire plus que je ne sais moi-même. Ce témoin rapporte une conversation de Marie-Anne Van Oost qui a eu lieu en présence de Mme Baelde, de laquelle il résulte 1" Qu'elle aurait dit que la fiole aurait été placée de manière ce que Mme Baelde n'y ponvait atteindre. 2' Qu'elle avait couché chez Baelde la nuit du 17 au 18 juillet. M. le psésident fait remarquer la coïncidence entre cette dernière partie de la déposition et la déclaration de Marie Oost devant le juge d'instruction Gand. (Voir discussion entre M. le président elle défenseur D'hondt sur les conseils qu'il aurait donnés la deuxième accusée.) M* De Wille s'écrie nous protestons au nom de notre indépen dance, contre les insinuations de la cour et du ministère public. 10* témoin. M. Frisoupharmacien Ypres, rapporte un fait insignifiant, au sujet duquel M. Geerste s'avance et dit qu'on lui a tendu un piège en demandant deux fois une même substanceet il montre une lettre anonyme portant le timbre de la poste dans laquelle on lit empoisonneur tache sur le front d'un fripon. Le témoin parait vivement ému et dit qu'il est évident pour lui qu'il a des ennemis qui visent sa ruine, que depuis 9 mois que cette affaire dure il n'est pas d'avanies qu'on ne lui ait fait subir. La fille qui est venue deux fois demander de l'arsenic de citron était envoyée par l'huissier Demoor. 11'témoin. Adolphe Dedier. Ce témoin a travaillé chez Baelde depuis l'événement Baelde lui a dit n'est-il pas triste, voici une pièce de 5 francs que je dois fondre je n'ai plus d'argent. 12* témoin. Edouard Ricassé. C'est ce témoin que madame Baelde a acheté un bonnet pour sa servante vers le premier juillet. 13' témoin. Barbe Derousse. J'ai rencontré Catherine Leroye huit jours avant l'exhumation elle m'a dit qu'elle allait quitter la maison Baelde pour aller demeurer ailleurs et gagner davantage. Elle lui a dit que Mme Baelde était moins difficile que ses enfants. Il est 1 heure et demiel'audience est levée et renvoyée au lende main 9 heures précises. Audience du 27. L'audience est ouverte 9 heures. M. le président. La parole est M. le procureur du roi. M. Maerlens, procureur du roi, soutient l'accusation contre Pélagie Bail, en langue flamande, dans laquelle il s'exprime avec une véritable éloquence, et abandonne peu près complètement l'accusa tion contre la femme Marie Van Oost. M' Yan Renlergbem dans un brillant plaidoyer, que nous nous efforcerons de reproduire demain, combat l'accusation. M. Lammens, appelé par M. le président, déclare qu'il a vendu en dernier lieu de l'arsenic en morceaux Baelde et que plusieurs années avant, il lui avait vendu de l'arsenic en poudre. M' Dewille prend la parole et combat son tour l'accusation. L'audience est suspendue 1 heure. M' Dewitte continuera son plaidoyer la reprise de l'audience qui aura lieu 3 heures. Ypres. imprimerie de LAMBIN, Fils, éditeur, Marché au Beurre, 21.

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Le Progrès (1841-1914) | 1845 | | pagina 6