JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
INTÉRIEUR.
4e ApEE. N° 399.
Empoisonnement «l'une servante
par sa maîtresse.
Feuilleton.
On s'abonne Ypres, Marché
an Beurre, el chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
TBIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre.
Pour Y prèsfr. 5-00
Pour les autres localités 6-00
Prix d'un numéro 0-35
JEUDI, 27 FÉVRIER 1345.
Tout ce qui concerne Y. ré
daction doit être adressé, frane»,
l'éditeur du journal, A Ypre*.
Li Progrit parait le Dimanck.
et le Jeudi de chaque aemaiac.
PBIX DES 1NSEBTIONS.
Quinte centimes par ligne.
YPRES, le 26 Février.
La loi de 1834 sur les céréales, a soulevé
depuis longtemps des plaintes unanimes. Le
ministère avait présenté un projet, pour porter
remède aux mauvaises conséquences de la loi
en vigueur. Mais il l'avait retiré sur les récla
mations de l'agriculture. Actuellement M. Eloi
de Burdinnc et vingt autres députés ont fait
une proposition qui base le droit que les grains
étrangers auraient payera l'entrée du pays,
sur les prix du froment et d'après une échelle
mobile.
Sans nous prononcer sur la gradation ad
mise dans le travail de M. Éloi de Burdinne,
nous croyons qu'une enquête sur la situation
de l'agriculture est nécessaire et opportune et
nous approuvons la proposition faite la cham
bre, en faveur de celle branche de richesse du
pays.
il est hors de doute que la Belgique est inondée
de grains étrangers et comment cela pourrait-il
être autrement, quand on songe que I hecto
litre de froment de la Baltique pris sur place,
coule sept francs, et que le transport s'en opère
au fret minime de un franc cinquante
Ajoutez-y les droits et un cinquième de I hec
tolitre en sus, pour arriver la valeur du sac,
mesure d'Ypres. vous aurez les grains étrangers
qui pourront être lancés sur tous les marchés,
au prix de 15 francs le sac, mesure locale.
C'est là non plus une concurrence, mais une
ruine pour nos fermiers. Il est un prix au-des
sous duquel la valeur du froment ne peut des
cendre, sous peine d'être falal la situation
économique du pays. Si les habitants de la cam
pagne qui sont les consommateurs les plus nom
breux, sont réduits par l'avilissement de leurs
produits, un état de détresse extrême, toutes
lesautres industries s'en ressentiront et il impor
tera peu aux ouvriers que la vie animale soit
très-bon marché, quand Us produits qui doivent
leur donner de quoi se uourrir, ne seront plus
consommés.
Cour d'Assises de la Flandre Occidentale.
Présidence de M. Vuylsteke. - Audience du 24 féo.
AFFAIRE BAELDE.
11 s'écoule plus d'une heure après celle fixée
pour l'ouverture de la séance, avant que la cour
ne vienne siéger. Pendant tout ce temps les
deux accusées sont sur leur banc l'objet de la
curiosité générale. Le prétoire est envahi
par MM. lesjuréset les témoins, el présente
plutôt l'aspect d'une bourse animée, que celui
d'une solennité judiciaire,
A 10 heures la cour entre, le silence et l'ordre
se rétablissent immédiatement sur 1 injonction
de M. le présideul, oui lyt l'appel et le tirage
des jurés.
L'accusée principale, Pélagie bail, épouse
Baelde, est une femme environ 44 ans, mais
belle encore, elle est vêtue avec une simplicité
qui n'exclut pas une certaine distinction. Sa
tèle est couverte d'un chapeau noir, sur lequel
s'abaisse un long voile noir. Son maintien est
modeste, ses regards se lèvent rarement, mais
rien ue trahit chez elle un abattement prononcé,
son visage au contraire est très-coloréelle
répond d'une voix douce, mais assurée, aux
questions de M. le président, sur ses noms,
prénoms et qualités.
MMes De W1 lté et Van Renlerghem de Bruges,
et M® DHondt, du barreau d'Ypres, siègent
pour elle au banc de la défense.
La fille Marie Van Oost paraît âgée de 34
35 ans, elle est pauvrement vêtue, sa physiono
mie ne présente rien de remarquable. Elle est
assistée par Mre De Schryverdu barreau de
Bruges.
Après la lecture du serment faite aux jurés
par M. le président, le greffier donne lecture
de l'acte d'accusation ci-après:
arrêt de la cour d'appel de gand, CHAMBRE
des mises en accusation.
Sur le rapport de M. Donny, premier avocat-gé
néral, en cause de:
i° Pélagie Bail, épouse de Philippe Baelde, mar
chande Ypres;
i" Marie-Anne Van Oost, épouse de Pierre-Jean
Germonpré, ouvrière, Ypres.
Vu les pièces et notre arrêt en date du tg octobre
dernier, ainsi que les pièces de la nouvelle poursuite
qui a eu lieu en vertu du dit arrêt.
Vu les pièces du procès charge des dites épouses
Baelde et Germonpré, prévenues selon l'ordonnance
de la chambre du conseil du tribunal d'Ypres, en
date du 20 septembre 1844, d'avoir, le 17 juillet de
la même année, volontairement attenté la vie de
Catherine Leroy, servante Ypres, au moyen de
certains médicamens qui peuvent occasionner la
mort et qui l'ont occasionnée en effef
Ju moins Pélagie Baîl dë'com p/uftie ae ce crime
pour avoir procuré les médicaments qui ont servi A
le perpétrer, sachant qu'ils devaient servir A cet
usage.
Et Marie Van Oost, également comme complice,
pour avoir sciemment aidé l'auteur dans les faits
qui ont préparé ou facilité le crime.
Crimes prévus et punis par les articles 3oi, 3oî,
5g et 60 du Code pénal.
Vu que les faits ci-dessus paraissent suffisamment
établis, etc.
Le procureur-général de la cour d'appel de Gand
requiert la chambre des mises en accusation de
confirmer la décision qui ordonne l'arrestation des
prévenues, prise par la chambre de conseil du tri
bunal d'Ypres, en date du 20 septembre dernier et
de les renvoyer, en vertu de l'article 231 du Code
pénal, devant la cour d'assises de la Flandre Occi
dentale.
La cour adoptant les conclusions de l'avocat-
général, renvoie les prévenues devant la cour d'as
sises susdite, pour y être fait droit sur les faits mis
leur charge, etc., etc.
as a&aasïsï
[Suite,)
IX.
La mort du comte de Murray vint donner l'essor l'ambition
des grands et rallumer toutes les animosités que sou administration
ferme et prudente avait su contenir.
L'Écosse entière se divisa en deux partis dont l'un prit le titre de
faction de la reine, l'autre celui de faction du roi, et la guerre civile
éclata de toutes parts avec une fureur sans égale.
Deux régents passèrent en moius de deux années, dévorés par
ces orages: l'un, le duc de Lenuox, fut tué dans une mêlée; l'autre,
le comte de Mar, mourut du chagrin de ne pouvoir apporter aucun
remède aux maux de son pays.
A ce dernier succéda eulin le comte de Morton, qui, comme
l'avait prévu James Stewart, aggrava encore les malheurs de sa
patrie en sabandouuant sans frein toutes les passions. Au lieu de
chercher calmer les esprits, il contiuua la guerre avec celte cruauté
farouche qui l'avait toujours caractérisé, et loin de chercher réta
blir l'ordre dans les finances, il profita de sa position pour s'appro
prier les biens des ecclésiastiques, et vendre toutes les charges qui
étaient sa nominatiou. Som avidité devint si monstrueuse, que ses
amis eux-mêmes l'abandonnèrent. Alors forcé de courber la tête
devant les manifestations violentes de 1 opinion publique, il se démit
de ses fonctions de régent, et se retira dans sou château de Dal-
keitli, que le peuple appela la Caverne du lion. Cependaut cette
inaction ne pouvait convenir longtemps son caractère remuant et
allier; aussi le vil-011 bientôt sortir de sa sombre retraite et repa
raître la cour, où il ne tarda pas se mettre de nouveau la léle
des affaires publiques.
Pendant ce temps, James Stewart était devenu le favori de Jac
ques VI, qui ne voyait que par ses yeux et ne se conduisait que par
ses couseils. Mais fidele son système de prudence et de dissimu
lation, James ue tira d'abord aucun profil de celte haute position, et
continua toujours se montrer exclusivement occupé de ses plaisirs.
Quelque temps après le retour de Morton au pouvoir, nous trou
vons le nouveau favori chez la comtesse IJlrique.
Eh bien! Madame, dit James la comtesse de Morton, main
tenant que vous voilà revenue au pouvoir, vous repentez-vous d'avoir
suivi mon conseil? Pas encore, répondit Ulrique, dont l'œil noir
et profond s'arrêta un instant sur James, plus sombre que jamais.
Pas encore, dites-vous? est-ce que l'avenir vous inspirerait quel
que crainte Peut-être. Croyez-vous que j'aurais tout fait tort
si je me laissais aller quelques fâcheux pressentiments? Dans
la position où vous êtes, ces pressentiments seraient pour le moins
déplacés. Eh qui donc pourra se croire assuré contre les coups du
sort si ce n'est vous et le comte de Morton Eh mon Dieu cette
position que vous trouvez si puissante, nous l'avons occupée déjà, et
elle n'a pu nous garantir de l'affront le plus sanglaut pour nous
en chasser, il a suffi d'un désir du peuple. Soit; mais les sages
précautions qu'il a prises dernièrement ne le mettent-elles pas pour
toujours l'abri des complots qu'on pourrait tenter contre sa per
sonne Vous avez raisou, James, et pourtant je ne sais pourquoi,
depuis quelque temps tout m'apparaît sous un jour sinistre. Je crois
en vérité que les craintes superstitieuses de Morton finissent par
influer sur mon esprit. Est-ce que véritablement il a pris ail
sérieux la fameuse prophétie de la bouche d'Arran? Elle 1 épou
vante de plus en plus, dit la comtesse, et s'il faut vous l'avouer, c'est
là le vrai motif des rigueurs qu'il a déployées contre les Hamillons,
cesl la peur, bien plus encore que la cupidité, qui 1 a poussé con
fisquer le comté d Arran et les terres qui eu dépendent Peut-elre
est-ce un tort; celui qu'il a dépossédé était fou et incapable de nuire;
qui sait quel sera le nouveau comte d Arrau?... J ai presque envie
de demander au roi l'investiture de ce comte, ne fut-ce que pour
mettre fin aux angoisses de lord Morton. Ne pensez-vous pas que
ce serait un bon moyen de dissiper toutes ses terreurs? Je crois
que vous avez raison, James, car peut-être êtes-vous le seul dont il
ne se défie pas. Puisqu'il en est ainsi, je cours aa palais, la rai et