Oost, lui a conseillé de remettre la chose jusqu'au
lendemain.
Les déclarations diffèrent cependant sur plusieurs
points, savoir comment et par qui la médecine a
été remise la malade; si elle l'a prise dans un verre
ou par cuillerées; si la femme Van Oost a passé la
nuit dans la maisonjBaelde.
a. Journée du 17 juillet.
On déclare unanimement que Catherine Leroy
a pris le malin le reste de la potion et qu'elle a vomi
l'instant même, que les vomissements ont duré
pendant toute la journée et enfin que la malade s'est
levée et s'est recouchée de temps en temps. Pélagie
Bail lui_a préparé du petit lait comme Catherine
se plaignait de l'amertume de tout ce qu'elle pre
nait, Pélagie Bail a mis du sucre dans le petit lait.
Le soir après une dernière visite on a laissé Cathe
rine seulejdans sa chambre.
Maintenant on n'est plus d'accord sur d'autres
circonstances, savoir qui a été présent lorsque
Catherine a pris le remède et le petit lait qui a été
lui rendre la dernière visite, ni sur ce que la ser
vante a dit dans cette dernière entrevue enfin s'il
est vrai que la deuxième prévenue a passé la nuit
dans sa propre demeure ou bien dans celle de la
première accusée.
Faisons quelques remarques sur les déclarations
des prévenues pour pouvoir les mettre eu rapport
avec celles des témoins.
11 ressort des nombreuses contradictions concer
nant la manière dont la médecine a été prise par la
malade et les vomissements qui s'en seraient suivis,
que ces faits n'ont pas eu lieu ainsi. Les détails four
nis par le docteur Lannoy viennent corroborer celte
opinion, car il soutient qu'on lui a bien dit que la
servante avait pris la potion eu une fois le 17 au
matin, mais que s'élanl montré très-mécontent de
cela, personne, pas plus l'une prévenue que l'autre,
pas même Catherine Leroy, lui ont dit alors que
déjà une partie de la potion avait été prise le ib. Le
docteur conclut do la que cette partie de la décla
ration 11'esl qu'une fable.
Nous croyons saisir le but des prévenues; elles
veulent faire accroire qu'il y avait du poison dans le
remède de l'apothicaire et que par suite de ce re
mède Catherine Leroy est morte. Pélagie Bail
a inventé une autre iàble d'après elle le docleur
Lannoy ayant appris la mort de la servante aurait
dit Qu'il ne savait quoi l'attribuer, qu'il était
sûr de ce qu'il avait ordonné et si quelqu'un s était
trompé c'était coup-sûr le pharmacien. Le
docteur nie avoir tenu ce propos. Au témoin
Hertoz la prévenue Bail a dit Est-ce que l'apothi
caire ne peut pas se tromper aussi bien qu'un autre,
comment se lail-il qu'il ne trouve pas la recette
La prévenue a soutenu le même système devant
le conseiller chargé de l'instruction supplémentaire.
La justice ne peut admettre ces raisons.
Le docteur Lannoy qui a ouvert le cadavre a
trouvé dans l'estomac une grande abondance de
matière fluide, qui contenait une grande quantité
d'arsenic en dissoluliou. Ceci s'accorde avec le rap
port des experts commis par la justice. S'il fallait
admettre les déclarations des prévenus et que Ca
therine Leroy eut constamment vomi des matières
arsenicales, le recette eût dû en contenir une quan
tité très-grande et certes dans ce cas l'arsenic eut
dû faire un dépôt dans la fiole de l'apothicaire et
être aperçu facilement par lui, d'autant plus que la
préparation de la potion a eu lieu par une matinée
d'été.
Le docteur Lannoy fait remarquer en outre que si
Catherine Leroy eût pris dès le .6 juillet une partie
d'une potion arsenicale, il eut dû la trouver très-
tual dès le 17 vers les 10 heures du matin; lors de
sa visite, tandis qu'il l'a trouvée calme et dans une
situatiou satisfaisante
Un autre point qui mérite l'attention, c'est que
les deux accusées 11e sont pas d'accord sur la question
qui des deux a donné le lait battu Catherine
Leroy. La prévenue Van Oost soutient qu'elle n'a
pas donné boire la servante, tandis que la pre
mière prévenue soutient le contraire. On doit admet
tre que la prévenue Van Oost regarde celte circon
stance comme très-esseulielle et le lait comme
contenant des matières malfaisantes.
Encore un point essentiel, c'est qu'au commen
cement de l'iuslruclion de celle affaire, il semblait
que Marie Van Oost avait passé la nuit du 17311 18
juillet dans la maison Baelde, puisque la nommée
Van Oost avait donné sa déclaration dans ce sens, et
qu'elle concordait avec celle de l'élagie Bail et de ses
demoiselles; mais depuis on a appris que ce fait est
douteux^ puisque la femme a prétendu ensuite et
soutient encore aujourd'hui qu'elle passé chez elle
la nuit en question. Elle ajoute que sa première dé
position était erronée et qu'elle ne l'a faite que sur
les sollicitations de la femme Baelde.
L'instruction supplémentaire a,du reste, fait con
naître un nouveau fait qui vient corroborer les dires
de Marie Van Oost. Si l'on peut ajouter foi aux allé-
galions de celte dernière, elle auraiL reçu, étant la
prison d'Ypres, la visite de l'avocat de la dite femme
Baelde; cet avocat lui aurait dit qu'elle eut mieux
fait de persévérer dans sa première déclaration,
ajoutant qu'il était encore temps de le faire, puis-
qu'elledevait subir un nouvel interrogatoire Gand.
Le même avocat aurait été jusqu'à lui conseiller de
dire que Catherine Leroy avait si bien caché la fiole,
contenant la médeciueque Pélagie Bail s'était trouvée
dans l'impossibilité de la découvrir.
3. Circonstances qui ont rapport la mort
de Catherine Leroy.
Pélagie Bail et Marie Van Oost oui lait des reproches
tellement contradictoires pour égarer la justice que
l'on n'a pas pu jusqu'à présent connaître au juste ni
le jour île la mort ue Cauierine Leroy, 111 savoir de
quelle maniéré elle esi morte, 111 rien de la conduite
tenue par Pélagie Bail daus cette circonstance, 111 de
ce que Marie Van Uusl peut avoir lait de sou côté.
Maigre toutes ces contradictions un fait est néan
moins acquis c'esL que la servante était déjà morte
ou uéja mourante entre 0 et -t heures de la matinée
du 10 juillet. Le ce moment jusqu'à 5 heures ou
même après, quand le docteur Lannoy a été appelé,
il s'est écoule une heure el personne u'a lait con
naître jusqu'à présentée qui a été lait pendant ce
temps Le docteur Lannoy est d'opinion que l'espace
qui s'est écoulé depuis la mort jusqu'à sa venue
dans la maison aura été employé a arranger le ca-
davre de façon ue plus laisser aucune trace qui pût
faire soupçonner ce qui s'était passé pendant le
dernier moment de la servante. C'est ainsi qu'il a
reniaiqué avec éLonnemeul que le cadavre se trou
vait pose sur le dos et qu'il u y avait aucun désordre
remarquer ui au lit ui aux couvertures; on eût
dit une personne que l'on venait de mettre au 11L et
que l'on a recouverte très-soigneusement. La cir
constance d avoir laissé s'écouler une heure avant
d appeler le docteur prouve bieu que la femme
Baelde, ne d.t pas la vraie raison poui laquelle elle
l'a lait appeiet elle dû'que c'était pour lui faire
visiter le cadavre qui, ajouta—t—elle, d après le dire
de Marie Vau Oost conservait de la chaleur et était
peul-êLre encore eu vie. Culte dernière nie formel
lement avoir tenu ce propos el ajoute même que si
celte assertion était vtate, ce u'élait pas o heures-
mais beoueoup plus lot que l'on eut dû demander
le docleur.
fendant que le docteur Lannoy se trouvait chez
Pélagie bail le malin du tts, celle dernière lui a fait
cou naître le désir de voir enterrer au pluslôt sa ser
vante, craignant disait-elle de voir gâter une grande
quantité de beurre qu'elle avait a la cave, ou du
moins de te voir refuser par les militaires. Le doc
leur assure qu'il lut a conseillé de taire transporter
le cadavre a l'hôpital, niais qu'elle n'a pas adopté
celte proposition. La prévenue nie avoir tenu ce
propos; elle ajoute que si elle eut été faite elle l'au
rait acceptée avec empressement.
Le docteur lui a conseillé alors d'aller avertir la
mère, mais il a reçu pour réponse qu'elle n'avait
personne a la maison pour cela el que son domesti
que était déjà pai 11 pour Je moulin. Ceci a été recon
nu être taux, car s'élanl décidé ensuite a satisfaire
la demaude du docleur, il u été constaté que le do
mestique était encore au lit et non au moulin.
L'ap rés ces circonstances el aussi d'après les té
moignages d'Angélique de Bierthe et de Pierre
Parmis on doit conclure que la première prévenue
voulait tenir la mort de sa servante secrète. Elle ue
le nie pas, mais elle dit que c'était uniquement pour
ne pas nuire a sou commerce de beurre.
On peut encore conclure de tout ceci que l'esprit
delà première prévenue n'était pas tranquille, ceci
est corroboré par divers téui Ignages qui constatent
qu'elle a montré une grande agitation d'esprit, alors
même qu'il n'y avait encore aucune poursuite in
tentée contre elle. Sa conduite aurait même élé telle
d'après le due de la deuxième prévenue, que si 011
peut la croire, dés qu elle a appris qu'il y avait em
poisonnement elle 11'avail pu s'empêcher de soup
çonner la temme Baelde de 1 avoir commis.
Catherine Deurt, mère de Catherine Leroy, Marie
Leroy, Pierre Ignace Douse, respectivement sa sœur
el sou beau-pere sont venus chez la femme B..eide
pour piendre les dispositions concernant les funé
railles qui ont élé hxees au iy. Selon ces témoins la
femme Baelde eut voulu que l'enterrement se fît
6 heures du matin pour éviter les frais. Il y a déné
gation de sa part sur ce point. Du reste, il aétédécidé
que l'enterrement se ferait 8 heures. Il paraît du
reste d'après le dire de la mère et de la sœur de la
défunte qiiel'011 a voulu leur rendre impossible toute
communication avec des personnes étrangères la
maison. Nouvelle dénégation de la part de Pélagie
Bail.
Dès que la mort de Catherine Leroy a élé connue
le bruit s'est répandu aussitôt que cette mort n'avait
pas une cause naturelle. Déjà avant l'enterrement
le commissaire de police fit prendre des renseigne
ments près du docteur de Pélagie Bail elle-même,
et près du pharmacien. Elles lui parurent satisfai
santes el aucune poursuite n'eut lieu pour le mo
ment. La rumeur publique ne s'apaisant pas, on
résolut enfin de taire exhumer le cadavre, ce qui
eut lieu le irt du même mois. On enleva au cadavre,
l'estomac et tous les intestins y adhérents, ce qu'ils
contenaient et aussi une partie du foie. Le tout fut
cacheté et remis entre les mains de la justice.
La prévenue, femme Baelde, avait du reste sur les
conseils du témoin Hauloy, gardé sans les nettoyer,
la fiole qui avait contenu la médecine et le verre
dont s'était servi Catherine Leroye pour prendre
cette médecine. Ces objets se trouvent parmi les
pièces de conviction.
Une partie des intestins et une partie de la ma
tière qui se trouvait encore dans la fiole ont été
soumises des opérations chimiques et il a été con
staté que la mort de Catherine Leroy a eu pour
cause l'emploi intérieur du poison, puisqu'on a
trouvé une grande quantité de poison dons les in
testins el dans la fiole susdiLe.
Il reste encore deux circonstances narrer
Marie Van Oost a eu dans sa possession plusieurs
pièces d'habillements qui semblent avoir appartenu
a Catherine Leroy. D'après JetémoignagedeCoroline
Wallyiis, elle a voulu cacher un paquet de hat'des
sous le Iit de celte dernière, s'atiendant une visite
domiciliaire de la part de la police. Marie Van Oost
nie ce fait, mais soutient qu'elle a reçu de la mère
de la servante un bonnet et un mouchoir, faisant
partie des pièces de conviction.
Le témoin Charles Lammens, droguiste Gand,
déclare avoir délivré, il y a peu près deux ans et
demi, Philippe Baelde une livre d'arsenic. Philippe
reconnaît le fait, il dit avoir reçu de l'arsenic en
poudre. Il avait besoin d'arsenic pour sa profession
d'orfèvre,et l'a placé dans son pupitre,qui 11'est pas
fermé, et se trouve dans son bureau. Il a employé
peine un quart d'once de cet arsenic et quand il est
parti de chez lui, le reste de cet arsenic se trouvait
encore dans le pupitre. Après l'exhumation du ca
davre, on a fait des visites domiciliaires pour trouver
cet arsenic; mais c'a été en vain, on a bien trouvé
dans le pupitre un papier contenant une poudre
blanche, mais on a reconnu que c'était du salpêtre.
Ou a aussi interrogé Pélagie Bail sur la disparition
de ce poison, mais cette accusée a formellement
déclaré qu'elle ne savait pas où était cet arsenic, que
même elle ignorait qu'il y en eût chez elle. Elle a
ajoute que le capitaine Adens lui ayant demandé du
poison ou du moins quelque remède pour tuer les
souris, elle avait dû répondre qu'elle n'en avait pas.
Comme le témoin Adens est venu plus ou moins
confirmer cette assertion, la justice serait resiée sans
renseignements positifs concernant cet arsenic, si
une circonstance loul-à-fait particulière n'était
venue porter Bu jour dans cette affaire. Quelques
heu res après la mort de Catherine Leroy, en un
mol, le id juillet, entre 7 et K heures du matin, les
voisins de Pélagie Bail se sont aperçus qu'une grande
fumée sortait par la cheminée de sa cuisine, et que
cette lumée répandait une odeur étrange, laquelle
ne pouvait provenir ni de chiffons, ni de linge brû
lés. L'on a fait de vains efforts pour obtenir l'ex pli-
culioii de ce fait de la part de l accusée, femme
Baelde, ou de ses enfants.
Marie Van Gost a prétendu 11e rien savoir cet
égard, et tout ce que l'on a pu obtenir de la famille
Baelde, c'est qu'en ce moment il 11e se trouvait pas
autre chosedans l'alrequ'un ieu decharbons de bois,
et que d'ordinaire pour l'allumer il faut de la paille
et de la tourbe. La justice ne peut admettre la vérité
de pareille assertion; elle a dû croire que l'on .s'est
delait de l'arsenic dont il a été question,U y avait
d'ailleurs un moyen de connaître la vérité cet
égard c'était surtout celui de faire ramoner la che
minée. t.'est ce qu'ona fait, et l'on a trouvé que dans
le suif il y avait unequanliié considérable d'ai»eiiic.
Par conséquent, si l'on met le rapport des chimistes
en concordance avec les déclarations des témoins, il
ne peut plus y a\oir de doute sur la destruction, au
mojeti du leu, d'une grande quantité d'arsenic,
dans la cheminée des époux Baelde et cela daus la