EXTÉRIEUR. FRANCE. 4 qui a dû faire dans ces derniers temps dé nom breuses recrues. Un correspondant d'Oporto fait les révé lations suivantes Ce n'est pas seulement dans la malheureuse Espagne que le parli apostolique cherche alar mer le peuple par ses prédications sérieuses; car dans l'une des églises les plus fréquentées de notre ville, un prédicateur a osé, dimanche dernier, parler en faveur de l'Inquisition. Dans d'autres églises aussi, les institutions libérales ont été anathématisées, ainsi que tout ce qui s'est fait sous leur égide. Affaires de Suisse. On écrit de Berne, le 19 mars: La nouvelle d'un soulèvement dans le Freieriant ne se confirme pas, et jusquà pré sent l'expédition des corps-francs n'a opéré aucun mouvement: il paraît y avoir hésitation parmi les chefs, et l'on ne serait pas surpris que le gou vernemenld'A rgovie redoutât pourlui-mème les conséquences d une expédition manquée. P.-S Au moment du départ du courrier, on apprend que par suite des défections chaque jour plus nombreuses qui ont lieu dans les rangs des milices du gouvernement lucernois, l'expé dition des corps-francs esl décidée pour demain. En même temps, le gouvernement de Berne propose (maintenantqu'il se flatte que celte ten tative révolutionnaire n'a plus besoin de son appui moral), de publier une proclamation portant défense ses administrés de se joindre aux corps-francs; il veut garder ainsi quelque apparence de procédés légaux vis-à-vis de la diplomatie étrangère. Le passage suivant que nous extrayons de la Gazelle de Berne, peut faire apprécierjus quà un certain point. 1 esprit dont esl animé le radie dismc en Suisse «Si. Londres et Paris, on songerait sé rieusement intervenir dans nos affaires, il ne \o is faudrait qu un jour pour en finir avec les «tr.-(ocrâtes et les jésuites, après quoi nous en verrions 100,000 hommes la frontière, pour fairfe passer aux Français et aux Autrichiens 1 envie de pénétrer dans nos montagnes. Les libéraux conservateurs s'imagiucraient-ils peut- être que nous n'avons p is d'argent pour solder nos troupes? Nous avons dressé nos comptes ces jours derniers; l'argent se trouvera. Arau, 29 ma m. Notre gouvernement a reçu aujourd hui communication des réclama tions du canton de Lucerne. Les prétentions de ce dernier une indemnité, tandis que notre canton entretient depuis trois mois avec le plus généreux dévouaient, des centaines de victimes du régime de terreur qui règne Lucerne, ont révolté tous les partis, et pourront modifier les résolutions que le petit-conseil se proposait de soumettre notre représentation cantonale résolutions tendant arriver, mais par des voies de persuasion, la dissolution des corps-francs. Les espérances des réfugiés s'accroissent des désertions toujours plus fréquentes qui s'ef feetuenl dans les rangs des milices lucernoises. Avant-hier encore est enlré sur notre territoire une des meilleures compagnies de carabiniers avec armes et bagages. Il n'y manquait que 1.2 hommes. Nous connaissons les manœuvres que les ultramoivtains emploient pour fanatiser quel ques-uns de nos balliages catholiques; mais nous sommes en mesure de les réprimer. Aujourd hui sont partis dans toutes les directionsles ordres de marche émanés du comité insurrectionnel lucernois pour presser 1 arrivée des derniers convois de volontaires et tout présage qu'avant trente-six heures le ter ritoire lucernois sera franchi. Avant-hier, une estafette chargée de dépê ches du général de Sonnenberg pour un chef de bataillon, a apporté celle dépêche au comité insurrectionnel. Fendant ce temps, un homme, porteur d'une missive importante pour ce co mité, était arrêté Sursée, et deux fois dé pouillé de ses vêlements, sans que la dépêche ait été saisie elle était cachée dans une canne et est parvenue heureusement sa destination. On écrit du Valais, le 26 mars: Une lettre de Domo d'Ossola (Piémont) confirme une nouvelle déjà répandue, savoir que 4,000 fusils, quatre millions de cartouches et huit pièces d'artillerie seraient partis de cet endroit, du 13 au 15 du courant, destination de Brig dans le Valais, pour la défense de ce canton contre les radicaux. On écrit de Madrid, 26 mars: Dans la soirée il a été arrêté 27 personnes qui sont au.secret dans les prisons de la capitale. On les croit impliquées dans une conspiration esparlériste un des prisonniers est le notaire Manuel Lopez l'ontado. Au moment où il a été arrêté, il a fait feu avec une escopelte cl il a blessé la jambe un agent de police. Nous ne pouvons rien ajouter quant présent cette nouvelle. La tranquillité de la capitale est par faite. Le sénat a tenu séance aujourd'hui M. De Santa Olalla a interpellé le gouvernement, pour qu il eut dire s'il était vrai qu'il eut été fait la France des concessions préjudiciables la marine et au commerce de lEspagne. Le mi nistre des finances a dit qu'il n'avait pas été fait de semblables concessions. L'interpellation ten drait plutôt savoir pour quel motif a été pro hibée la côte du 3 p. c. espagnol Paris. Le ministre a déclaré ajourner cet égard ses ré ponses. On écrit de Bayonne, le 28 mars, au Jour nal des Débats: Une lettre particulière, de source carliste, il esl vrai, confirme le prononciamiento de Berga, dont on parlait hier dans notre ville. Cette même lettre dit que la bande de Tris- tany s'est grossie considérablement, et que le capitaine-général Concha est sorti en personne de Barcelonne sa poursuite. Depuis environ six mois, il est rentré en Catalogne et en Aragon plus de trois cents offi ciers carlistes de ceux qui avaient suivi don Carlos en France. Ils sont revenus, soit en pro fitant de l'amnistie, soit clandestinement, et la plupart cherchent réunir du mo.ide en atten dant l'arrivée des têtes de co'onua. On écrit de Cologne, 31 mars: Le Rhin esl so, li de so i lit. Ce débordement, tel qu'on n'en a pas vu depuis près de deux générations, occasionne d affreux dégâts et en fait craindre de plus grands encore, car l'eau continue monter. Les rues voisines du fleuve sont inondées et ne communiquentqu'au moyen de nacelles avec le re.-le de la ville. Deutz est presque entièrement submergée et forme une île. Les dragons qui y sont en garnison ont été obligés de quitter leur caserne, et de se réfugier dans les environs. Un bateau vap 'ur entretient la communication entre les deux rives, inter rompue dans les autres villes jusqu'à Bâle. Le duc Charles de Brunswick, renversé de son petit trône et expulsé de son joli duché en 1839-31, vil Londres, où il s'est fait une ré putation de haute originalité. On connaît les mémoires qu'il a publiés et pour lesquels il a fourni toutes les notes. Ce livre a fait sensation dans les cours allemandes, et s'il faut en croire les conclusions de cet écrit, le duc, loin de re noncer jamais ses droitsde souverain, protes tera jusqu'à la fin de ses jours contre lusurpalion de son frère. Si celui-ci meurt sans enfans, la couronne de Brunswick reviendrait la branche expulsée, mais si le duc Charles meurt aussi sans postérité, c'est la maison de Hanovre qu'appartiendra l'héritage de celle petite souve raineté. La nouvelle récemment répandue que le duc Charles de Brunswick, qui habite cette ville, allait abdiquer, grâce aux prières de M. de Melternich, c'est-à-dire renoncer, par un acte formel, toutes ses prétentions au duché de Brunswick, n'a pas le plus léger fondement. Ou lit dans la Gazette de Cologne Notre cœur saigne aux rapports qui nous parviennent de tous les côtés sur 1 horrible inondation qui désole les contrées basses au- dessous de Cologne, et les villages qui avoisi- nent celle ville. Toutes les dignes sont rompues, et ce n'est qu'avec la plus grande peine que le» habitants de Niechl, de Merkenich, de Langel, de Bheinkasseletc., sont parvenus sauver leur bétail; il n'est resté beaucoup d'entre eux que la vie et la consolation que, autant qu'on sache jusqu'à présent, aucun des leurs n'a péri dans les flots. La détermination du sultan de Maroc de faire marcher des troupes contre Abd-el-Kader est venue d'autant plus propos, dit une lettre d'Oran du 25 mars, que l'émir se trouvait déjà la tête de 4,000 cavalierspar suite des dé sertions de plusieurs tribus quesesagens étaient parvenus séduire. La Smala d'Abd-el-Kader était redevenue assez riche on assure qu'il bat- lait monnaie et qu'il payait ses soldats avec les espèces fabriquées dans son camp. Paris, 2 Avril. La chambre des pairs après avoir perdu huit jours en vains débats sur la proposition de M. Dura, et sur celle qu'avait substituée la com mission de la chambre, a reconnu elle-même l'impossibilité de consacrer un pareil système de répression de l'agiotage des actions de che mins de ferattendu que c'était mettre un véritable embargo, établir une confiscation pro visoire sur des promesses et récépissés d'actions. La noble chambre après avoir admis plusieurs des articles de la commission a rejeté l'ensem ble par 86 boules noires contre 51 boules blan ches. Un des motifs qui a probablement con tribué beaucoup décider plusieurs pairs donner des boules noires, c'est que la question va revenir la chambre des députés l'occasion du projet de loi sur le chemin de fer du Nord. Ou croit du reste que les clauses pénales présentées par le ministre lui-même dans ce projet de loi seront abandonnées, attendu que de nombreuses représentations ont été adres sées de toutes parts aux membres de la com mission de la chambre des députés par les capitalistes et banquiers, d Angleterre et de France. Les restrictions apportées la formation des compagnies et la négociation de leurs titres auraient pour résultat inévitable de tuer l'industrie et de retarder considérablement la construction des chemins de fer. La princesse de Canino, veuve de Lucien Bonaparte qui se trouve en ce moment Paris avec une autorisation du gouvernement, recla me avec énergie contre la manière dont M. Thiers a parlé de Lucien Bonaparte dans son Histoire du Consulat et de l'Empire. Je pro teste, dit-elle, contre les omissions calculées contre les infidélités de toute espèce que l'on remarque dans l'ouvrage de M. Thiers. Madame veuve Lucien Bonaparte s'occupe d une réfutation détaillée et complète appuyée de pièces et de documens authentiques. Celle brochure aura pour titre Appel la justice des contemporains de feu Lucien Bonaparte, en réfutation des assertions de M. Thiers. C-tle publication aura lieu quand M. Thiers aura fait paraître son quatrième volume. Mme la duchesse de Talleyrand, qui portait autrefois, du vivant du prince, le litre de du chesse de Dino, habite 1 Allemagne avec une mission spéciale et de haute diplomatie émanée du gouvernement français actuel. Nous ne dirons pas si celte mission de M016 la duchesse de Talleyrand ressemble celle de Mn,e la princesse de Liévin Paris. Au surplus, sa mission en Allemagne a pour soi un motif plausible et suffisant, Mme la duchesse de Tal leyrand possède de riches domaines en Silésie (Prusse), et use du droit naturel qu'elle a de les visiter pour parcourir l'Allemagne. Eu ce moment, Mme la duchesse habile Ber lin, après être demeurée ensevelie près de trois ans dans son château de Silésie. Cette retraite inusitée d'une femme du monde a beaucoup intrigué ceux qui s'occupent de deviner les ré bus politiques.

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Le Progrès (1841-1914) | 1845 | | pagina 3