5e ANNÉE.-N° 421.
INTÉRIEUR.
use nouyelle industrie.
chemin de fer.
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JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
TIRES ACQl'IRIT eundo.
YPRES, le U Mal.
De quoi se plainl-on? Qu'importe la
Belgique que les raffineries chômentque son
antique industrie linière se déplace en Angle
terre que tous les débouchés jadis ouverts
ses fabricats soient fermés, une nouvelle indus
trie implantée dans notre pays par la sollicitude
de nos évêques, doit amplement compenser
toutes ces pertes. Il est vrai que celte industrie
n'intéresse que cette partie de la nation qu'on
appelle les gens bien-nés. Mais qu'importe
certaine caste que le prolétaire soit parvenu au
dernier degré de la misèreplus il est pauvre
plus il est facilement dominé. C'est le système
du parti qui dirige les destinées de la Belgique
et qui se trouve mis en pratique partout où
l'état est dans l'église.
Voici donc ce que des personnes bien infor
mées nous ont assuré et ce que différents faits
que nous nous abstiendrons de citer, nous for
cent croire. Dans toutes les villes et commu
nes de quelque importanceun Rodin est
chargé par l'évèque des négociations matrimo
niales. Il paraît que ces diplomates ont des
correspondances étendues tant en Belgique
qu'à l'étranger el une aptitude toute particulière
pour le genre de négociations, dont la rémuné
ration consiste dans un pot de vin au profit de
l'université catholique et pour toute condition,
la promesse formelle de confier l'éducation des
enfants naître de cette union, la congréga
tion des Jésuites.
Allez donc, vous pères de famille qui avez des
enfants établir, hâtez-vous de fêter et de
choyer les bons pères, ou tout au moins leurs
mandataires, qu'aucun sacrifice ne vous coûte,
destinez-leur la meilleure place votre table,
réservez pour eux le meilleur vin de votre cave,
et tout en faisant mousser le Champagne, on
vous déroulera la liste des héritiers ou des héri
tières dont on dispose. Vieux, jeunes, riches,
comtes, marquis, roturiers, ces habiles négo
ciateurs ont le talent de tout assortir et surtout
de tout compenser. C'est ainsi que ces intri
gants cultivent la vigne du Seigneur, c est ainsi
qu'ils s'insinuent dans les familles pour en con
naître les secrets et finissent par les dominer et
s'assurer ainsi de leur obéissance aveugle aux
inspirations du pouvoir machiavélique qui a
étendu sou réseau sur la Belgique.
Il y a dix mois, dix semaines, dix jours, la
question du chemin de fer était considérée par
un grand nombre d'habitants de notre ville,
comme un problème dont la solution ne pou
vait nous être favorable; on n'osait espérer ce
que l'on désirait si vivement! Aujourd'hui celle
grave, celle importante question est résolue en
notre faveur. Il est vrai que le vote du Sénat et
le concours du pouvoir royal sont nécessaires
pour donner force de loi au projet adopté
samedi dérnier par la chambre des représen
tants, maïs tout fait espérer que nul obstacle
nouveau ne viendra s'opposer désormais nos
vœux.
Le chemin de fer décrété partira de Bruges,
passera par Thourout, Roulers, Courlrai, Me-
nin, Wervicq et se dirigera vers Ypres et
Poperinghe; Dixmude sera relié au réseau gé
néral et Thiell aura 1° Un embranchement vers
la ligne principale; 2° un embranchement vers
Aellre ou Deynze.
Félicitons-nous de ce succès et rendons-en
grâces notre admini»ration communale
notre chambre de commercedont les efforts
sagement secondés par M. J. Malou, représen
tant de l'arrondissement d'Ypres, ont amené un
résultat que naguère encore on n'osait espérer;
hâtons-nous de reconnaître, que si uu grand
nombre de localités de la province sont la veille
de se voir dotées d'une voie de communication
destinée leur apporter la prospérité et la vie,
les efforts faits par nos magistrats, la ténacité
et la persévérance de leurs démarches sont sans
nul doute la cause déterminante du résultat
obtenu.
Quelques esprits peu familiarisés avec les
tendances de l'époque laquelle nous vivons,
objecteront sans nul doute que le tracé nou
veau est moins avantageux notre cité que celui
proposé, le 14 avril, par M. le ministre des tra
vaux publics. Mais après tout, le chemin de fer
sera pour nous un immense bienfail, el d'ail
leurs n'est-il pas souverainement équitable de
vouloir accorder d aulres, une voie de com
munication que nous désirons si vivementjpour
nous-mêmes L'égoïsme dicté par un intérêt de
clocher digne du moyen-âge, peut seul donner
celte question une solution négative. Soyons
donc fiers el heureux, un avenir nouveau s'ou
vre devant nouscar force est restée au boa
droit
Bien des questions accessoires restent ré
soudre, mais plaçons notre confiance entière en
ceux qui déjà ont tant fait pour nous, espérons
que leur zèle et leur dévouement ne nous fail
lira jamais, qu'ils sauront poursuivre jusqu'au
jour de L'INAUGURATION DU CHEMIN DE
FER D'Yl'RES, les efforts qu'ils n'ont cessé de
faire jusqu'icienfin que leur devise sera pour
l'avenir comme elle l'a été pour le passé, rien
n'est fait, aussi longtemps qu'il reste quelque chose
a faire.
YILLE D1 YPRES. conseil communal.
Séance publique du Vendredi, 16 Mai i845,
deux heures et demie de relevée.
i* Entendre les rapports sur la comptabilité de la
salle syphilitique.
a* Arrêter le compte du collège communal pour
l'exercice 1843.
3° Approuver l'acte de bail de la caserne de la
gendarmerie.
4° Statuer sur la demande adressée la députa-
tion par le sieur Verfaillie, meunier.
5° Délibérer sur une demande en autorisation
pour fondre l'huile de poissoa, faite par le sieur
Delvaux.
Liste des personnes appelées faire partie du jury
pour le •2mo trimestre i845, et domiciliées dans
l'arrondissement d'Ypres,
i* Cardinael-Rabau, saunier, Ypres.
a" Théodore Descamps, conseiller communal
"Wervicq.
3° Louis Erard, chirurgien, Langhemarck.
4" Charles Bayai t, bourgmestre, Passchendaele.
5° Jean-Baptiste Dellesalle, conseiller communal,
Warnêloii.
6* Constantin Slrack, échevin, Wervicq.
70 Pierre De Cock, marchand, Poperinghe.
8* L. De Sodt, receveur communal, Poperinghe.
g" Frédéric Gerste, marchand, Ypres.
io° Auguste Aeben, propriétaire, Ypres.
11° Louis Denecker, bourgmestre, Moorslede.
feuilleton.
ASU3Q sa SB&SI3®®a.
{Suite.)
111. les regrets.
Le comte de Coligny, depuis le mariage secret de la comtesse de
Berghes avec le duc de Guise, avait quille la ville d'Odessa pour la
ville de Bruxelles, où il vivait triste et relire. U y était peine
depuis quelques mois lorsqu il reçut celte leltre de Béatrice
Mon ami, je tous ai oublié dans les jours rapides du bonheur, et
je viens vous parce que je souffre. Je compte sur votre dévoùmeut
parce que j'ai été bien coupable envers vous. Je me suis trompée;
c'était l'amour qui était en moi que je croyais inspirer. Maintenant
je reconnais mon erreur! c'est vous dire que j'ai besoin de vos con
solations. béatrice.
A peine mariée au duc de Guise, quoique cette union eût con
servé tous les charmes du mystère, Béatrice avait pu juger du sen
timent qu elle inspirait. C était une fantaisie, un amour de téte
exailé au dernier degré par l'oisiveté dans laquelle se trouvait en ce
moment le noble seigneur, un de ces amours comme il eu faut cent
pour remplir la carrière d un homme succès; 1 indifférence l avait
bientôt remplacé. De plus 1 obscure position où se trouvait alors le
courtisan disgracié, l'ambition étoufiéc dans son essor jetaient au
fondf de cette âme froide quelque chose de sombre et de morose. Le
duc de Guise, accoutumé figurer dans la cour, poser aux yeux du
moude, dans ces temps où toute la nation française semblait iucamée
en quelques hommes privilégiés, remuer tous les esprits par ses
actions, trouver partout du retentissement ses moindres paroles,
ne pouvait s'accoutumer une vie aussi intime, que le cœur seul
eût pu remplir.
11 avait acheté, sans la payer, une superbe habitation non loin du
cbâteau d Odessa; et là, il se hâtait d'épuiser les derniers fonds qui
lui restaient. U avait des chevaux rares qu'il changeait tous les jours,
une livrée de luxe entravagant; une troupe de musiciens comblés de
ses largesses pour quelques mélodies répandues dans son palais il
jetait l'or pleines mains, ayant hâte d'en finir avec la fortune in
suffisante qui lui était laissée, pour en recommencer une plus bril
lante.
Béatrice avait reçu de lui une promesse positive de reconnaître
leur mariage dès que ses lettres d'abolition lui permettraient de
renti er en France. Comme leur liaison avait transpiré dans le grand
mojide de Bruxelles, et qu'elle commençait être regardée comme
la maîtresse, du duo de Guise, elle eût ardemment désiré qu'il de
vançât l'époque promise et montrât aux yeux de tous la légitimité
de leur union. Mais, pensant que toute décision importante doit
Venir du seigneur que la femme s'e&t choisielle n'osait trop ex
primer ses vœux cet égard.
Un jour, de Guise lui fit dire qu'il passerait la soirée chez elle et
arriverait avant l'heure où elle recevait. Heureuse de celte attention
de sa part, elle prit plaisir faire une toilette brillante; elle pensait
d ailleurs que depuis quelque temps elle négligeait trop ce soin et
avait le tort de demeurer daus la simplicité de son costume jour
nalier ce qui pouvait donner de la monotonie sa beauté; elle mit
une robe de soie blanche bordée de guirlandes de verdure et bril
lante d'émeraudes et la prêtresse des Gaules ne paraissait pas plus
belle ni plus imposante avec sa tunique blanche et sa couronne do
verveine. Elle était dans ce costume, assise sur un canapé surmonté
d'un dais de pourpre, lorsque Guise entra. Il s'arrêta d'admiration.
Dieu madame, s'écria-t-il, quel effet vous produiriez la cour
de France!
Elle avait entendu une parole d'amour et c'était un regret d or
gueil qui s'exprimait, cependant elle prit courage et dit J espère
y paraître avant que ces charmes que vous voulex bien apprécier
soient entièrement détruits; et s'ils doivent y obtenir quelques
succès, je serai heureuse de les reporter tous celui pour qui seuls ils
me semblent précieux. La cour et la France s éloignent de moi
comme un miracle mesure que je crois les atteindre. Mes partisaLft
travaillent en vain pour moi Louis m oublie, et Richelieu ne
m oublie pas. A mesure qu'il avance en puissance, il croit pouvoir
dépouiller cette feinte magnanimité dont il se paraitet ceux qu'il
a exilés du royaume le sont sans doute pour longtemps. Heureu
sement! monseigneur! ce que vous nommez exil est une vie sup-