EXTÉRIEUR. France. 3 Variétés. le gouvernement lucernoisau sujet de la ré partition des sommes considérables que Lueerne a reçues pour la rançon des prisonniers. Uri et Untenvall prétendent, et ils ont raison, que, sans leur concours, le gouvernement lucernois n'aurait pas échappé une ruine certaine et en conséquence, qu'ils ont droit la plus grande partie des espèces qui sont entrées le 30 avril dans les coffrés de létat. Lueerne, si prodigue quand il ne s'agissait que de paroles élogieuses, fait la sourde oreille, maintenant qu'il s'agit d'un service pécuniaire. La presque totalité des prisonniers apparte nant d'autres cantons qu'à ceux qui ont signé la convention de rachat du 23 avril, ont été élargis par suite de démarches collectives ou personnelles, appuyées, bien entendu, sur des bases pécuniaires. Il ne reste plus dans les pri sons que cinq cent quatre-vingt-quatre captifs ressortissaus du canton de Lueerne. Berne, le 7 mai. On a accueilli ici avec de grandes démonstra tions de satisfaction, le vote de la chambre fran çaise des députés, qui promet de remédier la tolérance des jésuites. On voit dans celle ma nifestation des représentants de la grande nation un indice que le gouvernement français ne songera plus nous contrarier quand une ma jorité s'érigera en diète pour nous débarrasser du plus grand fléau contre lequel la Suisse ait eu lutter depuis trente ans. JNotre gouvernement vient d'envoyer un dé légué Lueerne pour engager encore une fois ce canton renoncer 1 appel des jésuites. Le délégué bernois est secondé dans ses démarches par plusieurs membres influents du corps di plomatique. Le fils du duc régnant de Saxe-Weimar vient d'arriver Paris par le Hâvre et Rouen; il a fait un court séjour dans ces deux villes. Le jeune ducesl âgé de vingt-deux ans. Un bateau vapeur hollandais l'avait amené au Hâvre. On écrit de Privas (Ardèche), le 5 mai Nous apprenons l'instant, qu uue jeune fille de nos contrées vient d être assassinée après avoir subi le plus odieux attentat. On n'a point encore des détails sur ce crime. Des avis partis d'une source bien informée annoncent positivement» que l'ex-présidenl He- rard, va tenter sur Haïti un coup de main pour ressaisir l'autorité. 11 s'est mis la tête d'une expédition et em barqué sur la goélette la Grenadino portant pa villon colombien. On s'attendait que cette tentative deviendrait le signal d'une nouvelle guerre civile. Le 2 de ce mois, un ouvrier du charbon nage du Couchant du FlénuQuaregnon s'est tué en tombant dans le puits aux échelles. Dans sa chute, il a fracassé la jambe d'un autre ouvrier. Une des montagnes couvertes de neige qui touchent la plaine de Maraquiladeux journées de Bogota (Colombie), au haut de la rivière la Madeleine, s'est écroulée, et l'avalanche de terre, de neige, d'eau boueuse qui s'en est suivie, a couvert une étendue de terrain de six lieues carrés. Les plus grands arbres sont en terrés, tout a disparu. Presque toutes les planta tions de tabac de cette vaste plaine sont perdues. Maraquita est au pied du pic de Tolima, dont l'élévation est de 18,300 pieds au-dessus du niveau de la mer. Le 10 avril, dans la nuit, un incendie a éclaté dans la ville de Pitlsbourg avec tant de violence, qu en moins de 24 heures les flammes avaient réduit en cendres vingt quartiers de la ville, comprenant des usines, des édifices publics et 1,000 2,000 maisons. Des quantités énor mes de marchandises ont été dévorées par l'in cendie. Les pertes occasionnées par ce désastre, sont évaluées 10 millions de dollars (50 millions de francs.) Le gouvernement mexicain a pris plus vi vement qu'on ne lavait cru aux États-Unis les résolutions du congrès au sujet de l annexion du Texas. La cessation des relations diploma tiques entre les deux paysnotifiée le 23 mars par le ministre des affaires étrangères du Mexi que au ministre plénipotentiaire des États-Unis Mexico, a été accompagnée d'un décret qui ferme tous les ports du Mexique au pavillon américain, et de la déclaration qu'une armée allait marcher vers la frontière jusqu'à la rivière Sabine. Une note qui a été adressée au ministre des Etats-Unis a été communiquée en même temps aux représentants de la France, de l'Angleterre et de l'Espagne; en voici le passage principal En aidant le Texas se soustraire l'auto rité de la république, le cabinet des Etals-Unis a manqué de bonne foi mais en poussant le Texas s'incorporer 1 union américaine, et en déclarant que cette incorporation a été, pendant vingt ans, le but constant de sa politique, il a tenu une conduite dont il n'y a pas d exemple dans l'histoire des peuples civilisés. Pour écarter des différends qui ne reposaient sur aucun principe de justice, le Mexique s'est prêté aux compromis les plus onéreux il a ou blié les injures qu'on lui a faites et les préjudices qu'on lui a causés, il a enfin fait preuve d une loyauté qui lui donne aujouril hui plus de droit, s'il est possible, pour élever la voix et protester comme le fait le.soussigné, contre l'annexion du Texas aux États-Unis et contre toutes ses con séquences. La république mexicaine emploiera, pour empêcher celte annexion toute sa puis sance et toutes ses ressources, et confiante en son bon droit, elle ne craint pas d'assurer, quel quesoit le résultat, qu'elle conservera l'honneur qn elle est décidée défendre tout prix. Paris, 9 Mai. La chambre des députés a voté la fin de la séance d'hier sur l'amendement de M. Belhmont, portant que le matériel destiné I armement des fortifications sera déposé Bourgeset ne pourra être transporté Paris qu'en vertu d'uue loi. Le nombre des volants était de 384, majo rité absolue 193. Le dépouillement du scrutin a offert 178 boules d'adoption et 206 boules de rejet; en conséquence l'amendement a été rejeté, mais seulement avec une majorité de 27 voix. Trois députés, MM. Sellier, de Courcelles et Cordelles, immédiatement après avoir déposé leurs boules, ont déclaré s'être trompés et avoir voulu voter pour lamendement. M. le prési dent leur a répondu qu'on ne pouvait revenir sur les volés une fois que la boule était déposée. Si la majorité, dit le Journal des Débats, a été moins forte, c'est que les amis de M. Thiers, et de M. de Remusat, jugeant sans doute qti'au- jourdhui la question ministérielle devait l'em porter sur la question nationaleont voté en faveur de l'amendement. M. Thiers et M. de Remusat n'ont pas voté du tout. Dans la séance de ce jour, la chambre, après avoir voté les ârt. 2 et 3 du projet, a adopté l'amendement de la commission auquel le mi nistère sest rallié et qui est ainsi conçu Les bouches feu destinées l'armement de Paris, seront déposées Bourges et ne pour- ront être transportées Paris qu'en cas de guerre. L adoption de l'ensemble du projet a eu lieu par 227 voix contre 132. M. le maréchal Soult vient d'envoyer au près de 1 Empereur du Maroc, M. le général Delarue en qualité de commissaire plénipoten tiaire et avec la mission de presser le sultan Abder-Rhaman d'exécuter les stipulations du traité contre Abd-el-Kader. Si l'Empereur prenait des mesures actives contre l'Emir, nous n'aurions pas craindre de le voir chaque instant reparaître au sein de l'Algérie. M. Rossi est attendu Paris la fin de ce mois, mais son successeur Rome n est pas en core désigné. Il y a déjà près d'un mois qu'on annonçait que M. de Broglie avait arrêté de nouvelles con ditions avec le cabinet de Londres au sujet des traités sur le droit de visite. Cependant on n'a encore rien publié d'officiel ce sujet et il y a tout lieu de croire que la mission de M. le duc de Broglie a eu Londres le même résultat que celle de M. Rossi Rome. Le Journal des Théâtres annonce que Gustave Drouineau l'auteur de Rienzi des Manuscrits verts de Résignéeetc., est tombé dans un état complet de démence et qu'il est enfermé la Rochelle dans une maison de fous. De nouvelles ordonnances individuelles doivent élever ees jours-ci la dignité de Pairs de France, MM. Jayr, préfet du Rhône, le baron Sars, préfet de la Gironde et Anisson du Perron, ancien député. LES MOUSTACHES DE M. BADU. M. Badu est un grand et joli homme, simple employé i,aoo francs dans une administration, mais qui jouit d'une paire de moustaches vraiment remarquable; c'est faire envie un capitaine de cavalerie. Aussi LSadu y tient-il presque autant qu'à sa place; c'est là son plus bel ornement, c'est là ce qui lui donne une certaine considération et une tournure d'officier; enfin c'est là ce qui lui attire les regards des jolies griseltes du quartier; du moins, c'est ainsi que M. Badu était connu il y encore quinze jours; mais aujourd'hui il n'en est plus de même. Vous tous qui avez admiré les moustaches de M. Bad u; vous surtout, jeunes ouvrières, qui avez arrêté avec plaisir vos regards sur ce long et soyeux orne ment, apprenez et pleurez! M. Badu est veuf de ses moustaches! Voici comment la chose est arrivée M. Badu a de nombreux amis, qui tous étaient jaloux de ses remarquables avantages. Une petite conspira tion fut ourdie, et on convînt de l'atteindre dans ce qu il avait de plus cher. Un dîné de camarades fut convenu pour un dimanche d'avril, et on se réunit chez un restaurateur de Saint-Cloud. Là, on se livra un repas splendide et de fréquentes libations; les têtes ne résistèrent pas longtemps, celle de Badu surtout contre laquelle une attaque bien concertée avait été dirigée. Vers la fin du repas, il ne s'apercevait plus du mélange d'eau-de-vie et de vin qu'on lui donnait comme du bourgogne de haut crû. Bientôt il tomba dans un profond sommeil c'est là où l'attendaient les conspirateurs. L'un d'eux s'arma aussitôl d'une paire de ciseaux, et les précieuses moustaches tom bèrent bientôt sur le parquet. Par un mouvement mal dirigé, la pointe des ciseaux de l'exécuteur vint piquer la lèvre du patient, qui se réveilla en sursaut. 11 aperçoit aussitôt sur la nappe les débris accu sateurs; l'idée de son malheur se présente avec toutes ses désespérantes désillusions son esprit encore brouillé par les vapeurs alcooliques. II voit les cou pables devant lui, qui étaient fort embarrassés de leur contenance et s'emparaut brusquement d'une bouteille, il tombe sur eux avec impétuosité, et fait un allreux carnage. Ce n'est qu'avec la plus grande peine que l'on parvint se rendre maître de lui. Aujourd'hui, monsieur Badu comparaissait avec des moustaches naissantes, devant le Tribunal cor rectionnel, sous la prévention de coups et blessures. Une série de témoins plus ou moins éclopés vien nent déposer des faits de la plainte. Premier témoin (œil poché). C'était une simple plaisanterie que nous voulions faire Dadu; et il l'a mal prise. J'ai reçu un coup sur l'œil, et il ne s'en est pas tallu d'un poil qu'il ne m'ait tué. Je donnerais ma barbe entière pour ne pas lui avoir coupé ses moustaches. Deuxième témoin (nez abîmé). Badu nous écrasait du luxe de ses moustaches, et nous avions formé, l'histoire de rire, le projet de les lui enlever; mais Badu n'a pas ri, (montrant son nez) comme vous voyez. (Rires dans l'audience.) Troisième témoin (tête rasée). Quand Badu n'a plus senti ses moustaches, il s'est réveillé. (Rires). Il nous a tombé dessus; moi, j'ai eu trois énormes poi gnées de cheveux d'arrachées. Je me suis fait raser la tête pour rétablir l'harmonie. (Nouveaux rires dans l'auditoire. Le prévenud'un ton grave. M. le président, une place assez modeste, et des moustaches, je puis dire peu ordinaires, voilà tout ce que je possédais. Ces messieurs sont venus me priver de ce que j'aimais le plus au monde; je me suis emporté. Il me faudra plus de six mois pour recouvrer des mous taches et ma tranquillité. Le Tribunal condamne Maurice Badu cioq jot rs de prison.

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Le Progrès (1841-1914) | 1845 | | pagina 3