5e ANNÉE. - N° 437. INTÉRIEUR. JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. JEUDI, 10 JUILLET 1845. feuilleton du Progrès, On s'abonne Ypres, Marché au Beurre, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 LePro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco, S l'éditeur du journal, Ypres. Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine. prix des insertions. Quinze centimes par ligne. vires acquir1t edndo. YPRES, le 9 Juillet. La question ministérielle reste provisoirement dans le slatu-quo. M. Nolhomb a quitté I hôtel du ministère de l'intérieur el les autres ministres démissionnaires continuent diriger leursdépar- te me uts respectifs. MM. Deschamps et d'Anelhan se sont partagé les attributions de celui de l'intérieur et c'est ainsi détraqué que le pouvoir se trouve en face de difficultés très-graves, en- tr'autres de la question de la convention linière avec la France. Ces arrangements peuvent convenir certai nes positions, même certain parti, mais coup sûr ils sont pris au détriment du pays. Le mi nistère, l'approche d'une crise diplomatique, se trouve incomplet et certes, c'est au départe ment de l'inlérieurqui comprend les affaires commerciales, qu'on devrait se hâter d'in staller un homme entendu et énergique qui, par ses connaissances el ses talents puisse engager la France proposer des conditions acceptables nos industries. Mais l'homme qu'exige la situation n'est pas facile trouver. Aussi ne le cherche-t-on pas où on pourrait le rencontrer. Le parti catholique ne veut en aucune façon que l'opi nion libérale ail quelque influence sur la mar che des affaires. Les journaux cléricaux repous sent avec dédain un parti qui compte dans ses rangs, en Belgique presque toutes les villes et qui a obtenu la majorité aux comices électoraux pour la chambre, dans tous les grands centres de population Si l'on veut obéir au vœu exprimé par le pays légalil faut que le pouvoir appuie gauche vers (élément libéral. Mais nous avons des motifs de croire, que le parti catholique ne veut en aucune façon d'une combinaison qui pourrait laisser échapper ses étreintes con- vulsives, ce pouvoir qu'il n'ose saisir ouverte ment. On se lancera encore dans les tripotages de la mixture et quoique la situation exige, que le parti jésuitique se tint en dehors des combi naisons ministérielles, nous croyons qu'on fera les efforts les plus désespérés, pour conserver la prépondérance qui échappe cette opinion. Nous ne souhaitons pas que les destinées du pays fussent remis entre les mains du parti libéral dans le moment actuel II serait désirer, qu'avant l'avènement du parti libéral aux affaires, lopinion catholique eut donné des preuves pa tentes de celte impuissance qui devient de jour en jour plus constatée. Nous ne sommes pas aussi âpres la domination que certains modé résdont le modérantisme effraye les hommes sensés el allume les passions l'égal des factions politiques les plus violentes. Nous savons atten dre et malgré toute la rouerie de nos adversaires, le pouvoir sera dévolu dans un temps peu éloi gné lopinion libérale. Le parti jésuitique qui approche de la décrépitude, pour toute preuve de puissance, pourra par sa tactique éloigner ou rapprocher cette époque. La manière dont il s'y prend actuellement ne peut que hâter le triomphe définitif du parti libéral. DISSOLUTION DE L'ORDRE DES JESUITES EN FRANCE. M. de Ro.s.sil'ambassadeur français Rome, vient d'obtenir un succès inespéré et que rien ne faisail prévoir. Le Pape vient d'ordotin er aux jésuites de se disperser, de dissoudre leurs no viciats et de vendre leurs immeubles. Désormais les jésuites ne seront tolérés en France qu indi viduellement et devront être soumis l'évêque et au curé. C'est très-prudemment agi delà part du Saint- Père, qui s'est empressé d'accorder, sous cer taines conditions peut-être, ce qu'il n'aurait pu empêcher. Car, en France, les lois sont positives, l'existence de l'ordre des jésuites est incompa tible avec les lois du pays. Il est certain que de manière ou d'autre, les jésuites eussent été ex pulsés de France, puisque la chambre des dé putés était pour ainsi dire unanime provoquer contre cet ordre malfaisant des mesures propres en délivrer la France ÉLECTIONS COMMUNALES. La loi du 30 juin 1842 a fixé huit ans la durée des fonctions des conseillers communaux, de manière que le mandat des membres élus eu octobre 1842, n'expire qu'à la fin de 18-50 mais cette disposition n'ayant pas d'effet rétroac tif, les conseillers choisis sous l'empire de la loi du 30 mars 1836 sortiront la fin de 1845 et leurs successeurs resteront en fonctions jusqu'à l'expiration de l'année 1854, afin de ramener des sorties régulières de quatre en quatre ans. Il y aura donc des élection au mois d'octobre prochain, pour le renouvellement de la moitié des conseils communaux dans tout le royaume. Les membres sortants du conseil communal de la ville d Ypres sont MM. Iweins-Hynderick, échevin, Louis Annoot, Pieire-Léopold Boedt, Boedt-Lucien Legraverand et Vande Brouke. Il reste en outre pourvoir deux places vacantes par le décès de M. Joseph de Patin et la démission de M. François Iweins. Si nous partageons le nombre de conseillers nommer par les diverses sections, nous croyons que la première aura élire quatre conseillers et les deuxième et troisième, chacune deux. Un scrutin particulier devra avoir lieu pour la nomination du conseiller élire par suite de la démission de M. François Iweins, qui appar tenait la série des membres du conseil dont les pouvoirs expirent en 1850. r» r TIR DE MENIN. Le tirage de Menin a réussi au gré des entre preneurs. Environ 700 tireurs se sont présentés el 1260 mises de cinq francs cinquante centimes ont été faites. Mais la fin de cette fête a été plus ou moins orageuse les oiseaux supérieurs parais- LU L11VIR1! ©'SHIUTOUS* nouvelle. première partie* I. Suiie Il y cul un moment de silence, semblable oe calme effrayant de la nature qui précède ordinairement les grands orages. Les trois hommes se mésuraient hardiment du regard, tandis qu'Estelle, pâle comme une morte, les yeux égarés, ne considérait qu'Albert qu'elle semblait vouloir protéger de toute sa puissance. Sa lante ne s'était, réveillée que pour tomber dans une torpeur, voisine de l'évanouisse ment. Albert parla le premier. 11 se leva, et dit, en s'adressaut M. d'Ambez, avec une dignité calme et froide Monsieur le marquis, la manière menaçante dont vous venez de me demander compte de ma présence dans cette maison, me fait assez sentir que vous la considérez comme une injure; votre arrivée subite me fait assez comprendre, jusqu'à quel point la Oalomnie a trouvé accès auprès de vous. Au plus odieux mensonge, je n'ai qu'un mot répondre, et ce mot, je l'appuyeraidu serment d'un honnête homme mademoiselle d Ambez est.aussi pure aujourd'hui que la première fois que je la vis la Réole, il y a six mois. Il en est aiusi, mon père, je vous le jure! dit Estelle, en s'em- parant avec tendresse des mains de sou père. Mais le marquis était loin de songer se contenter de ces réponses. Si cela est, dit-il sa fille, pourquoi depuis trois mois refuse*- vous de me joindre Paris? Estelle hésita un instant, mais il fallait ré pondre, et elle murmura ces paroles en se penchant vers le marquis Parce que je l'aime, et que je ne me suis pas senti le courage de me séparer de lui! Et elle ose me l'avouer! s'écria M. d'Ambez, cessant de se contenir, mais c'est une ehose incroyable, inouie! Avez-vous en tendu, George? Non, mon oncle, répondit celui-ci d'un ton très-impertinent, mais, l'indignation qui éclate dans vos yeux, je soupçonne le sens des paroles de ma cousine. Je dirai comme vous c'est inoui Albert sentit la colère lui monter au front Il me paraît, dit-ii, que M. de Pessac a le droit d'insulter im punément ici. 11 me paraît aussi que s'il usait de ce droit, dit George, vous seriez celte heure hors du château de M. d'Ambez! Assez, messieurs! sécria le marquis d'une voix impérieuse, vous ohoisirez un autre moment pour vos provocations; puis, s'adres» sant Estelle vous allez nous suivre l'instant, lui dit-il, la voi ture qui nous a amené, nous attend, nous parlons pour Paris* Le désespoir, le saisissement que ces paroles brèves et dures causè rent la jeuue fille furent si déchirants, qu'elle eut peiue la force de murmurer quelques mots. C'est par la violence que vous m'arraohez d'ici, dit-elle; je pro testerai ma vie entière contre cet odieux abus de votre pouvoir. Elle voulut s'avancer vers Albert; le marquis ne lui en laissa pas le temps, mais au moment où répétant aou ordre, il allait joindre l'effet la ineuace, Estelle, succombant tant de douleur, tomba inauimée sur le parquet. A celle vue, Fortin, hors de lui, se précipita sur le marquis qui sç disposait a emporter sa fille. Si vous dites encore un mot, si vous faites encore un geste, cria M. d'A mbez, que cette scène avait exaspéré, j'appèle mes valets et je vous faisjeter la porte! En parlant ainsi, il prit Estelle dans ses bras, la porta jusqu'au perron où sa berline atteudait, et l'y ayant déposée, alors seulement il songea la faire sortir de son évanouissement. Gomme vous le voyez, me dit le capitaine de l'Étoile,, en s'inter- rompant, cette époque comme de nos jours, l'on s efforçait de ra mener les femmes par la rigueur et la force. En effet» lui dis-je, trop souvent les hommes ont oublié que tout n'est pas faiblesse dans les penchant-» des femmes et que l'on peut y rencontrer parfois leuergie poussée son plus haut degré* Toutes ces créatures que la passion tourmente et domine, ne meurent pas consumées de regret et de doulenr il en est parmi elles qui, puisant une force nouvelle dansoes luttes pleinesde tortures, se relèvent fiéitt et menaçantes s<>us la mainqui vient de les abattre,et dont la dernière parole est un serment d'amour jeté eu défi ceux qui par une odieuse violence, ont voulu arracher la passion de leur cœur. Il y a des êtres que la menace indigne et soulève vaiuement ou s'efforcerait de les dompter par la force; on ne les ramène pas, on les brise!.... Dans tons les tangs de la société l'on trouve des hommes qui refusent de reconnaître cette grande vérité, et je n hésite pas prononcer an nom de ceux qui ont mieux étudié le cœur des femmes qu'elles ont hor reur de la violenee, précisément parce qu elles ont le sentiment de leur faiblesse physique. Que leur reste-t-il alors? la force morale!..., et c'est ainsi qu'elles protestent. Songez que ce que vous venez de dire est, en quelque sorte, une apologie des passipus, me dit le capitaine, après m'avoir écouté

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1845 | | pagina 1