5e ANNÉE. - N° 438. INTÉRIEUR. DIMANCHE, 13 JUILLET 184». JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. feuilleton du Progrès, LU UVRS B'IHliglUIRIgl On s'abonne Ypres, Marché au Beurre, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. prix de l'abonnement, par trimestre. Pour prèsfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-25 Le Progrès Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco, S l'éditeur du journal, près. Le Progrés parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EBNDO. Y PRES, lie 13 Juillet. Le camp jésuitique est en désarroi: la sup pression de la fameuse congrégation en France paraît avoir atterré ces catholiques-politiques qui chantaient sur tous les tous, que s'attaquer aux jésuites, était persécuter la religion; que cet ordre et la religion ne font qu'un et que sans les jésuites, l'impiété aurait bientôt raison du catholicisme. Le Saint-Père n'a pas adopté l'opinion de nos béats et a cru que, puisque la religion a été florissante en France pendant onze cents ans sans jésuites, elle pouvait continuer fleurir sans la coopération de celte compagnie, qui se targue d'être une colonne de léyltse. Aussi les vertueux Nini-Moulins ont-ils déjà modifié leur thème. S'ils osaient, ils maudiraient le pape qui les force chanter une palinodie de la pire espèce et qui donne raison aux libéraux, leurs adversaires. Nous avons toujours cru et notre opinion n'est pas changée cet égard, que les jésuites ont fait et font plus de mal la religion catho lique, qu'on ne pourrait le croire. Ces menées ténébreuses, ce mielleux langage ne peuvent plus faire ce même nombre de dupes qui autrefois tombaient dans les filets «les révérends pères. On ne veut plus de cet entourage mystérieux qui signale une maison de jésuites entre mille. Les prêtres séculiers suffisent aux besoins reli gieux et s'ils ne sont pas en assez grand nombre, nous croyons la foi assez vive en Belgique, pour qu'il se trouve des personnes qui se dévoueront au sacerdoce, dès que les nécessités du culte se ront connues. 11 est malheureux que le Saint-Père ait donné raison ces maudits liber aires qui, les journaux catholiques le disent, mais ne le croyenl pas, poursuivent les jésuites par haine pour la reli gion. Encore si on avait pu les disperser sans bruit; mais non, on annonce avec fracas que le chef de la chrétienté a purgé la France d'une congrégation qui y a toujours semé le trouble et la discorde. Voilà qui est accablant pour ce parti soi-disant religieux et qui. par son intru sion illégale dans le domaine politique, ne pré tendait que défendre les intérêts religieux. Du reste, nous croyons que le Souverain Pontife a fort sagement fait de céder aux désirs du gouvernement français, car ce dernier n'est pas désarmé. Des lois existent et qui ne sont pas abrogées, bannissant l'ordre des jésuites du ter ritoire français. Or, dans la situation que le clergé s'était faite par sa levée de bouclier, nul doute que le pouvoir n'eulcommencé par frapper ses auxiliaires les jésuites et peut-être les in stigateurs de toutes les folles réclamations des évêques français. Nous nepouvonsqu'approuver le gouvernement d avoir eu recours la voie des négociationspour atteindre son but et de ne pas s'être empressé de faire exécuter les lois par la force. Alors on aurait eu beau jeu pour crier la persécution et pour se poser en martyr, et c'est une preuve de sagesse de la part du mi nistère français, que de ne pas avoir fourni des brouillons, la possibilité de se dire persé cutés. Des ouvriers travaillant l'atelier de l'hôtel de ville, paraissent être soupçonnés d'infidélité. Des poursuites ont été dirigées contre deux d'en tre eux. Ils sont accusés d avoir détourné des matériaux appartenant la ville. La prévention a paru même assez grave l'égard de l'un d'eux, qu'on a jugé nécessaire de 1écrouer la maison d'arrêt. s'attacha l'arrière-lrain d'une des voilures et se laissa traîner. Plus lard il s'avisa de traverser la file, pendant que les chevaux étaient lancés au grand trot, mais ayant mal pris ses mesures, il fut accroché dans sa course, renversé et la voiture lui passa sur le corps. Relevé immé diatement et transporté l'hôpital, il y est mort des suites de cet accidentdans la matinée du mercredi. Quoique ce malheur ait eu lieu par suite de l'imprudence de la victime, des poursuites ont été dirigées contre le conducteur de la voiture, qui cependant, d'après des témoins oculaires n'a pu prévoir ni prévenir ce funeste accident. Avant-hier, un individu de Poperinghe a été écroué la maison d'arrêt de cette ville comme accusé d'avoir commis un vol avec ef fraction au préjudice de la veuve Knapelinck. Une somme de huit cents francs paraît avoir été soustraite, après qu'on eut brisé le volet d une fenêtre. Si nos renseignements sont exacts, cet homme s'appelle Beloso et paraît d'extraction italienne. Il est venu de Lille s'établir Pope ringhe où il exerçait le métier de peintre dé corateur. ^K»Cg>«ILL» Un malheur est arrivé, il y a quelques jours, en cette ville. Une nôce traversait la Petite Place, mardi passé. Trois chars bancs se suivaient la file. Un jeune garçon nommé Slagmulder, Déjà plusieurs reprises, nous nous sommes élevé contre la manière partiale, dont on appli quait la loi sur I nstruction primaire, dans la province de la Flandre occidentale. Cet abus, loin de se restreindre tendait prendre plus d'extension, grâces la connivence blâmable de l'autorité provinciale et sa faiblesse par trop complaisante. Une voix s'est élevée au conseil provincial, pourdésapprouver celleobséquiosité l'égard des moindres désirs manifestés par le clergé. De la manière dont la loi du 23 septem bre 1B42 est appliquée, on dirait vraimeut qu'on désire partout des sacristains pour insti tuteurs, tandis que le cumul de ces deux fonc tions offre, la plupart du temps, les plus graves inconvénients. (Voir plus loin.) CONSEIL PROVINCIAL DE LA FLANDRE OCCID1®. Séance du 7 juillet 1845. Suite.) Présidence de M. le baron Pecsteen-De Lahpreel. Relativement la demande d'un subside provin cial, faite par l'école normale épiscopale de Roulers, M. le secrétaire Alph. Vanden Peergboom, dé puté et échevin de la ville d'Ypres, prend la parole en ces termes La demande qui fait l'objet du rapport dont il vient d'être donné lecture est trop importante pour que je croie pouvoir me dispenser de motiver mon voieeldesoumettre l'assembléequelques réflexions sur les conséquences que l'adoption des conclusions pourrait entraîner pour l'avenir de l'instruction primaire, si la députatiori permanente n'usait avec nouvelle. première partie.[Suite,) II. Ce soulèvement populaire que le roi Louis XVI dans sa faiblesse et l'aristocratie dans son orgueil, n'avaient voulu considérer d'abord que comme une révolte qu une décharge de mousquèterie devait étouffer, était devenu une véritable révolution. Le canon du 14 juillet avait grondé et la Bastille était prise! Le peuple s'était jeté dans l'antique forteresse, les prisonniers avaient été délivrés, les cachots démolis et le nouveau drapeau aux. couleurs nationales arboré sur ses tours crénelées. Il était nuit. Un silence de tombe régnait sur ce lieu, où quelques heures auparavant les cris tumultueux d'un peuple qui commençait conquérir sa liberté, se mêlaient au bruit lugubre du cauon, qui portait l'épouvante la cour de Versailles. La lune éclairait de ses pâles rayons celte prison redoutée depuis tant de siècles, et dont l'histoire est celle des plus grands crimes, comme aussi des plus haules infortunes. Un jeune homme, appuyé sur son fusil, considérait gravement cette solitude imposaule. Sans doute 1 histoire du passé se représen tait son esprit réfléchi dans toute son horreur, sans doute il se res souvenait du sort de ces malheureuses victimes de vengeances barbares, ou d'une politique inhumaine, qui expirèrent dans une afTreuse captivité, car une douloureuse indigoatiou brillait dans ses yeux sévères: Voilà donc, disait-il, l'antre aux humides profondeurs, où le pouvoir ombrageux entassait ses loyaux adversaires; aux portes de cette enceinte, s'arrêtait la pitié, et la justice elle-même, asservie au despotisme reculait effrayée l'aspect de ces sombres murs.... O grandes ombres des captifs depuis Nemours, que Louis le onzième déchira comme une hyène déchire les lambeaux de chair livrés sa Voracité, jusqu'à ce prince infortuné dont un masque de fer envelop pait le noble visage, si toutes vous pouviez vous réveiller ma voix, dans quels épouvantables secrets serais-je initié par vous! De quels for faits encore ces murs out-ilsété té moi us pendant ces derniers règnes! Il existe encore des hommes qui pourraient vous en instruire! dit une voix près du jeune homme. Celui ci dirigea profloptement ses yeux vers la terre il aperçut uu homme, assis sur une pierre, et le regardant aveç^attention; il s'avança vers lui, et vif une triste tête de vieillard pâle et décharnée Qui étes-vous, monsieur, lui demanda-1—ilet que faites-vous hors de votre logis cette heure avancée de la nuit? Je suis un des prisonniers que le peuple a délivrés aujourd'hui; et vous-même qui êles-vons? Je suis un de vos heureux libérateurs. Ohl permettez-moi de vous serrer dans mes bras et de vous bénir El ils s'embrassèrent étroitement. Maintenant, reprit Je jeune homme attendri, je vais vous recon duire votre demeure, prenez mon bras el marchons. Je n'ai pas de demeure Paris, et j'attendais ici le lever du soleil pour me mettre enroule et regagner ma ville natale où depuis bien longtemps, l'on me croit mort sans doute. Puis-Je sans indiscrétion vous demander le nom de votre ville? Je suis Bordelais. En vérité! s'écria le jeune homme avec émotion, mais nous sommes concitoyens, car moi je suis de la Réole. -h De la Réole? j'y connais quelques personnes, je connais peut- être votre famille, comment vous nommez-vous? Albert Fortin. Le vieillard se leva avec une vivacité extraordinaire Fortin! vousêtes le fils du docteur Fortin, dites-vous? s'écria-t-iL Mou père est en effet médecin U Réole, répondit Albert étonné de l'émotion produite par son uom.

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Le Progrès (1841-1914) | 1845 | | pagina 1