3 Variétés. pour Trébisonde, rencontra vers neuf heures et demie du soir40 milles peu près de l'em bouchure du Bosphore, le I\Iedzerai-Tidjaret autre pyroscaphe de la même compagnie, qui faisait roule pour Constanlinople avec 172 pas sagers qu'il avait pris Trébisonde, Samsoun et Sinope. Us avançaient tous deux dans des directions opposées, par un temps calme et un superbe clair de lune, 10 ou 12 milles envi ron de la côte, le ilJcdzerai-Tidjaret, filant 10 milles I heure et 1 Iscudar et demi. Dès qu'ils s'aperçurent de loin, les deux steamers manœuvrèrent pour s'éviter mutuellement, et, dans ce but, ils dévièrent en même temps d'un quart de vent du côté de terre. Celte manœu vre, n'ayant été remarquée ni l'un ni l'autre bord, ils persistèrent, toujours pour s'éviter, dévier dans le même sens, jusqu'à l'instant où YIscudar vint tomber en pleinde toute la vitesse de sa marche, sur le Medzerai-Tidjaret qui lui présentait le travers. Le choc fut terri bleet dans le premier moment on ne sut pas lequel des deux bâtiments avait le plus souffert. Mais presque aussitôt de nombreuses voies d'eau s'étant déclarées bord du Medjerai-Tidjaret un immense cri de détresse, parti de ce steamer, la fois dissipa tous les doutes et révéla l'affreux danger où il se trouvait. VIscudaralors chercha s'approcher pour lui porter secours; mais il n'en eut pas le temps, il le vit sombrer en commençant s'en foncer par la proue. Il serait inutile d'essayer de donner une idée de la scène de désolation qui eut lieu dans cet instant suprême; des gé missements, des pleurs, des cris déchirants que Ion entendait de toute part!... C'était affreux. On avait eu le temps de mettre les embarca tions la mer tout le monde s'y précipita et la grande chaloupe du M edjerai-Tidjaret beaucoup trop chargée, ne tarda pas chavirer. Les autres canots purent atteindre sans accident 1 Iscudar, qui resta sur les lieux jusqu'au jour pour tacher de sauver encore des naufragés; mais en vain, il n'y avait plus personne se courir au bout d'une demi heure! Sur 172 passagers qui se trouvaient bord du M adjurai- T idjaret48 seulement ont pu échapper la mort, parmi lesquels quatre fem mes turques et deux enfants quin'ayant pas quiLlé les espèces de panneaux sur lesquels s'asseyent les passagers du pont, se maintinrent la surface de l'eau après que le navire eut sombré, jusqu'au moment où ils purent être recueillis par les embarcations de 1 Iscudar. L'équipage du Medjerai-T idjaret se com posait de 33 hommes, dont six ont péri, savoir: le second machiniste, quatre chauffeurs (trois anglais et un autrichien) et un charbonnier hollandais. Le capitaine Lambert a quitté le dernier son bâtiment, et il ne l'a fait que lors qu'il avait déjà de l'eau jusqu'aux épaules. Il n'a dû son salut qu'au maître charpentier, qui lui fit place sur une caisse où ils se tinrent tous deux jusqu'à l'arrivée du secours de YIscudar. On lit dans le Journal de Verviers du 31 juillet Hier, vers cinq heures de l'après-dînée. un des élèves qui fréquentent l'école des Petits- Frères, en est sorti le corps tout meurtri, la tête considérablement enflée et contusionnée, par suite de mauvais traitements qui lui ont été in fligés par un des frères qui dirigent cet établis sement. Plusieurs personnes honorables indi gnées des actes de brutalité auxquels cet enfant avait été en butte, sont venues nous en rendre compte, et nous ont appris que les parents s étaient rendus avec la victime chez M l'éche- vin Davignon et au commissaire de police pour porter plainte et demander justice. Nous espérons que la justice, égale pour tous, saura réprimer vigoureusement les écarts du fougueux ignorantin. Un café maure a paris. Un spectacle d'un nouveau genre va remplacer pour la cu riosité parisienne les chefs arabes et les Indiens loways. Une Française, établie depuis plusieurs années Alger où ses affaires ne prospéraient pas, a conçu 1 idée de transporter en France un échantillon de la musique, de la danse et du costume des Algériens. Elle est partie, il y a environ un mois,, dans l'intention de fonder Paris un café maure elle a emmené avec elle, pour attirer et captiver les consommateurs, une juive et une mauresque, toutes deux d'une beauté remarquable, et trois musiciens juifs qui forment l'orchestre barbaresque complet. Ces trois artistes sont 1° le violoniste, qui joue alternativement de deux instruments sembla bles au violon et appelés, l'un rehabet l'autre kamendja 2® le kitardji. qui joue de la gui tare (kouilra) 3° le terrar dont l'instrument est le tambour de basque (tar). Les femmes chanteront et danseront successivement. La personne qui va exploiter celte industrie nouvelle s'était d abord adressée, dit-on, des musiciens musulmans, mais quelque séduisan tes que furent ses offres, ils ont résisté, trou vant leur dignité personnelle singulièrement compromise dans le métier qu'on voulait leur faire faire. Les musiciens juifs se sont montrés plus philosophes. Le journal 1 Alyérie se de mande si les mouvements expressifs de la danse arabeadmis en Afrique par respect pour les mœurs locales et consacrées d'ailleurs par un usage séculaire, n'effaroucheront pas la pudeur municipale; dans ce cas, les nymphes algé riennes en seraient réduites chanter. Nous apprenons aujourd'hui que les ten tatives de rapprochement entre les maîtres et les ouvriers charpentiers n'ont eu aucun succès. Les maîtres charpentiers ont repoussé les propositions des ouvriers une immense majo rité, Sur 174 membres présents, 167 ont voté pour le rejet, 7 se sont retirés et un s'est abstenu. <,11/ J 1 <Xf encore un parricide. Un drame affreux est rapporté dans une correspondance publiée par Je Censeur de Lyonon y lit: Un crime atroce vient d'être commis Ternay, lundi, i4 du courant, et a jeté la consternation dans le pays. Un fils, un enfant de quinze ans, vient d'assassiner sa mère, l'épouse du nommé Bonnard. Depuis assez long temps Bonnard père avait quitté sa femme et habitait la ville de Marseille. Il s'était fait suivre de son fils. Le fils Bonnard partit mercredi dernierdecelte ville, muni d'un pistolet double, chargé, dit-il, par sou père. Ce malheureux paraît être arrivé le samedi Depuis ce moment jusqu'à l'époque de la perpé tration du crime, il n'avait pas cessé d'épier celle qui bientôt devait tomber sous sa main parricide. Rôdant sans cesse autour delà maison qu'ha bitait sa mère, il s'appliquait connaître ses habi tudes et parvint savoir qu'elle devait se rendre hier au mutin dans un fonds qu'elle possède près du hameaudeFlévieu: il paraît qu'il l'a suivie de loin,et, après s'être assuré qu'au retour elle ne pouvait passer ailleurs que par une espèce de carrefour entouré de haies de toutes parts, c'est là qu'il établit son em buscade, qu'il a le tem ps de convenir avec lui-même de la place où il frappera sa victime et de s'assurer des moyens de retraite. Tout est bien combiné: un cou teau-poignard est ouvert dans une poche de côté, et, si le pistolet fait défaut, l'arme tranchante y suppléera; mais Je. pistolet ne fera pas défaut. Le jeune Bonnard n'oublie aucune précaution; dans la crainte que l'arme ne contienne une poudre éventée, il a tiré la veille l'un des deux coups; le voilà ras suré (j'ai failli dire tranquille) l'arme fatal ne ratera pas Enfin, la pauvre femme paraîtchargée d'un faix d'herbes fraîches et d'une faulx. Le monstre qui la guette depuis plus d'une heure, la voit venir de loin et fait ses apprêts de mort; le couteau est ou vert, le pistolet est armé et le bras ne tremble pas. Aussi le coup qu'il dirige sur sa mère va t-il droit au but: elle est frappée en pleine poitrine, la balle traverse le corps de part en part. L'assassin prend la fuite; mais la femme Bonnardsuit son meurtrier eu criant au secours; elle parcourt ainsi unedistance de 2ûo mètres, et vient enfin tomber dans la cour du nommé Loup L'assassin a été arrêté.... Au moment de la con frontation du fils avec la mère, celle-ci lui demanda quel mal elle lui a fait pour s'être livré son égard un semblable attentat; Bonnard se contente de ré pondre: C'est mon père qui m'a conseillé. Eh bien! dit la malheureuse femme, puisque tu n'as été qu'un instrument, je te pardonne, et elle lui tend la main; mais le parricide repousse le pardon eL refuse de prendre la main de sa malheureuse mère.... Combat d'animaux dans l'indoustan. Au mois de mars, le prince de Waldemar, cousin du roi de Prusse,se trouvait Luknow, capitaleduroyaume d'Oude. La cour du padischa de cette ville, depuis la chute de l'empire du grand Mogol, est l'une des plus brillantes de l'indoustan. On lit ce qui suit dans la relation des combats d'animaux qui ont eu lieu en l'honneur du prince «On s'avança hors de la galerie Bien sur Très-sûr 1 Combien je vous aime dit Bellegarde avec passion. J'en doute quelquefois. Oh n'eu doutez jamais i Il y a de si belles dames la cour. Je ne m'en aperçois point Ondine n'y est pas. En disant ces mots d'un Ion pénétré, Bellegarde prit une main de la jeune fille et la porta avec respect ses lèvres. Ondine serra dou cement celle du vicomte en murmurant avec un accent adorable Et moi aussi, je vous aime bien! Le roi et la marquise de Villars, arrivant au même instant par une allée adjaçante, aperçurent celte action. Eli bien! ne vous gênez pas, dit Henri IV avec un sourire contraint. Puisque vous le permettez, Sire, repartit Bellegarde avec aplomb, je recommencerai de grand cœur. Mais Ondine retira sa main. Le roi lança Bellegarde un coup-d'œil furtif où brillait un éclair de colère. Uséfforça, toutefois.de reprendre aussitôt un air gracieux, et continua sa promenade en compagnie d'Ondine et de son cava lier. La conversation fut embarrassée. A plusieurs reprises Hunri IV lança des impertinences Bellegarde qui lui riposta avec une adresse parfaite. Le roi se sentit battu et en prit de la mauvaise humeur. C est c* <jue font en pareille circonstance tous les amoureux maladroits. Henri IV, en effet, était déjà épris d Ondine, son cœur, dont l'ardeur égalait l'inconstance, et qui depuis Dayelle, la grecque de l ile de Chypre, jusqu Marie de Beauvilliers, l'ahbesse de Mont martre, n'avait pas consommé moins de quinze ou seize amours, éprouvait encore cet impérieux besoin de changement qui l'avait fait passer de M^® de Tignonville Martine, d'Amandine Cathe rine de Luc, de Fleurette la Grandée, <le la Boinville la Klein, de Charlotte de Beaume Françoise de Montmorency, de Diane dite Corisande d'Andouins Charlotte des Essarls, de Jacqueline de Bueil Antoinette de Pons. Il songeait depuis une heure passer de Marie de Beauvilliers la fille du marquis de Cœuvres. Et c'était surtout pour se ménager des intelligences dans la place qu'il avait pris le bras de madame de Villars. Madame de Villars, avec sa perspicacité de femme, comprit bien vite les nouveaux sentiments du roi; et, frappée des avantages que sa famille en pourrait retirer, elle se promit de les servir. Les gran des dames d'autrefois ne dédaignaient pas de servir d'entremetteu ses: c'était au temps où l'on s'honorait d'être la maîtresse d un roi. La belle Ondine, elle, ne songeait guère ambitionner ce su prême honneur; elle répondit poliment mais un peu froidement aux galanteries du monarque. Cette froideur ne fit pour ainsi dire qu'enflammer encore la passion naissante d Henri IV pour elle. Il ne pouvait l'entendre, il ne pouvait la voir sans se sentir déjà forte ment ému. Je crois, dit-il le soir madame de Villars, que je couronne rais de ma propre main le duo de Bourbon, mon concurrent au trône, si votre sœur l'exigeait. Pour le bonheur de vos sujets, Sire, répondit madame de Vil lars eu souriant, j'espere bien que ma sœur n'exigera jamais un tel sacrifice. En vérité, pour être aimé d'elle, je renoncerais mon beau royaume de France. Et vous auriez tort, Sire, repartit la marquise du même air une couronne a bien son mérite. Henri IV sourit et convint qu'il oomptait un peu sur elle pour gagner le cœur d Ondine. Je crains qne ce ne soit bien difficile, ajouta-t-il, car elle parait beaucoup aimer Bellegarde, Je le crains aussi, mais essayez. Oui, ventre-saint-gris! j'essaierai, et dès demain je tente une déclaration. Ondine et Bellegarde se trouvaient dans un bosquet près de l'en— droil où ces mots étaient échangés, ils les entendirent. Bellegarde porta vivement la main la garde de son épée. Pourquoi faul-il que ce soit le roi murmura-t-il. Soyez tranquille, Roger, dit Ondine avec un regard caressant, je l'attends de pied ferme. (Za suite au -prochain Etienks ERACAT.

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Le Progrès (1841-1914) | 1845 | | pagina 3