5e ANNÉE. - N° 453.
INTÉRIEUR.
JEUDI, 4 SEPTEMBRE 1845.
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Feuilleton.
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TIRES ACQUIR1T ECNDO.
YPKES, le 3 Septembre.
Jusqu'ici le {gouvernement français parait
avoir obtenu raison des jésuites qui osaient
le braver, quoiqu ils restassent en France en
dépit de lois formelles. Mais il s'élève quelque
doute sur la portée des concessions obtenues du
Saint-Siège et nous ne sommes pas les seuls
dans la presse ne pas admettre les mesures
exigées par M. Rossi, comme pouvant mettre
dans l'impossibilité de nuire celte Compagnie si
bien organisée pour faire le mal et impuissante
faire le bien.
Voici comment s'exprime ce sujet, Y Indé
pendance
Si nous devons en croire quelques renseigne
ments qui nous parviennent d'assez bnniiesource.il
paraîtrait que les jésuites français, atteints par le ré
sultat des négociations poursuivies par M. Rossi, ne
devraient point quitter le royaume, ni même aban
donner complètement leurs maisons, mais seu
lement se disperser, cesser de vivreen communauté.
On nous assure que les membres de lu compagnie
sont en instance auprès du gouvernement pour qu il
indique avec précision ce qu'il entend par commu
nauté, c'est-à-dire pour qu'il fixe le nombre de
pères qui pourront vivre ensemble sans tomber.sous
fi S 11 1
l'interdiction provoquée contre eux. Ils ont luit un-
server, dit-on, que les règles de l'ordre veulent qu'ils
soient au moins trois, mais se déclarent prêts ensuite
se soumettre au chiffre qui sera fixé.
S'il eu est ainsi, et l'autorité de la personne qui
nous communique ces renseignements recueillis
Paris même nous autorise le croire, tout ce qui
a été fait se réduirait ceci, qu'au lieu d'y avoir en
Fiance uii petit nombre de vastes maisons ren
fermant les jésuites existant actuellement chez nos
voisins, les mêmes pères se trouveraient repaitis,
disséminés dans un nombre de maisons douille,
triple ou quintuple. Au lieu de vivre vingt par v ingt,
par exemple, ils vivraient cinq par cinq ou quatre
par quatre; ce serait toutefois une dilficultéexli éme,
non pas cependant un obstacle insurmontable au
développement du noviciat.
Pour corroborer ces renseignements, on nous
affirme qu'il est faux qu'aucun membre de la com
pagnie ait passé la frontière, faux par conséquent
qu'il en soit arrivé aucun en Belgique. Enfin
on ajoute que pour bien constater le caractère de la
situation, le père Ravignan se proposerait, de l'aveu
sinon l'instigation du gouvernement, de prêcher
le Carême l'hiver prochain Paris.
Par arrêté du minisire de l'intérieur, l'épo
que de l'ouverture de la chasse est fixée celte
année de la manière suivante
Dans la province d'Anvers au 10 septembre;
Brabaiil, au 6 septembre; Flandre occidentale
au 16 septembre; Flandre orientale, au 6 sep
tembre; Luxembourg, au la septembre; Namur,
au 8 septembre et au 13 du même mois pour
la partie située entre Sambre et Meuse et sur la
rive droite de la Meuse.
Nous apprenons avec une vive satisfaction que*
I autorité provinciale se préoccupe sérieusement
des moyens prendre, 1 effet de préserver nos
populations de la disette partielle qui semble
les menacer par suite de la maladie des pommes
de terre.
Nous ne pouvons qu'applaudir cette heu
reuse sollicitude, et nous espérons qu'elle aura
plus de succès et qu'elle atteindra plus sûre
ment le but que les processions et surtout les
pèlerinages et offrandes institués en I honneur
(je tel ou tel saintipar Certains prêtres qui ne
rougissent pas de spéculer même sur les cala
mités publiques. Impartial de Bruyes.)
Par arrêté royal, daté de Cobourg 22 août,
M. Jéan-Baplisle Minne-Bai th. professeur ordi
naire la faculté de droit de i université de
Gand, est nommé recteur de celle université
pour l auttée académique 11143-18 46.
On écrit d'Oslende, Ier septembre
La chaloupe française de pèche. 3 Frères, va
être vendue ici publiquement. Le brick sué
dois t ilhehni.naayant encore toute sa cargai
son bord, sera conduit dans le pot l, si le temps
le permet.
Une personne qui vient de parcourir une
bonne partie de la Belgique, et notamment les
deux Flandres, a remarqué que, dans le voi-i-
nagede la mer et jusqu'aux limites de celte lignft
où les vapeurs de l'air sont imprégnées de sel
les pommes de terre sont saines et les cultures
d'une belle apparence; ailleurs, et puis ayant
dans les terres, l'épidémie sévit avec force, et
les tubercules pourrissent en terre tous les jours
de plus en plus. M. Morren a recommandé le
chaulage et le sel marin contre les champignons
envahisseurs Le sel marin se montre dans cette
région du littoral toute l'efficacité de son action.
Dans la province du Hainautla récolle du
froment sera magnifique elle sera tout aussi
abondante que celle de 1 année dernière. Depuis
que le temps s'est mis au beau les champs
sont couverts de moissonneurs et l'on travaille
jour et nuit. La récolle «lu seigle sera égale
ment satisfaisante. Des alarmiste- avaient ré
pandu le bruit que les pluies avaient fait germer
cette céréale; il n'en est rien. 11 n'y a que les
pommes de terre qui aient beaucoup sonffeit.
On calcule dès présent que le quart et peut-
être le tiers de la récolte sera perdu.
Dès quon s'est aperçu de la maladie qui,
cette année, a attaqué les pommes de terre,
quelques fermiers ont fait de nouvelles planta
tions de ce tubercule. Mais on doute générale
ment qu'elles, aient le temps «le mûrir Dans lè
département du Nord, les pommes île terre ont
éprouvé le même sort qu'en Belgique. Ainsi que
chez nous, les autres récolles ne laissent rien
désirer dans celte partie de la France.
Le Tribune publie la statistique de la fabri
cation des armes, Liège, concernant l'année
1844 comparée avec l'année 1843 et telle qu'elle
résulte du banc d épreuve de ces deux derniè
res années.
Le chiffre total de la fabrication est en 1844
de 247.329 pièces en comptant une paire de
pistolets pour l piècetandis qu'elle ne s'est
élevée« n 1843, qu'à 190,893 pièces, ce qui con
stitue une différence en plus de 46.726 pièces
pour l'année 1844. Comparés avec ceux de
18411 une des meilleures des dix dernières an
nées les chiffres de 1844 présentent encore
une augmentation de 27.643 pièces.
VOKKDHiKIZA.
{Suite.)
II.
l'averse.
En un instant, tout fut prêt. Le cheval attelé piaffait d'impatience
en secouaut la tête, les bagages étaient fixés sur 1 artière de la voi
lure. Le marquis «le Castano, entre Pietro et Margaiita, maugréait
en regardant sa montre. On n attendait plus que Vincen/.a et sa
cousine.
Vinoenzaî oria la voix retentissante du marquis.
Les deux jeunes filles accoururent eu se tenant par la main et en
faisant c-ier le sable sous leurs pieds. Elles étaient enveloppées
toutes deux d uue pelisse de soie, la têle cachée sous un petit cha
peau recouvert d uue voile. La simplicité de ce costume de voyage
les rendait encore plus jolies,
A celte vue, le marquis de Castano, souriant malgié lui, moula
sans façon sur le tuarche-pied et s'installa sur le devant «le la voi
ture. iucenza se plaça côte de lui. Sa cousiue était sa gauche,
Margaiita occupait le fond de la voilure,
Pietro, du haut de son siège, fendit l'air avec sou fouet, le cheval
partit au trot et comme accoutumé de l'énorme fardeau qu'il
traiuait.
Parvenu» au bas de la montagne, la voiture roulait, «depuis quel
que temps, sur un fond d'argile et de gazon, lorsque le soleil, peu
près aux deux tiers de sa course, pâlit et se couvrit de voiles hu
mides.
Peu peu l'horizon se rapprocha Les arbres touchaient les nua
ges qui volaient tire d'ailes, laissant échapper ça et là quelques
larges gouttes de pluie.
Le chemin, cependant, devenait plus difficile. Le terrain mou
vant, défont de toutes parts, se couvrait de flaques d eau où la pluie
plus serrée tombait en clapotant. Les roues s'eufonçaienl piofondé-
ment «laus la vase, et le cheval n'avançait plus qu'avec une extrême
lenteur, malgré les coups de fouet ei les énergiques exhortations de
Pietro. Lesjarrets tendus et la tête penchée eu signe de détresse, le
pauvre animal soufflait le feu par les naseaux et faisait pleuvoir
autour de lui des flacons d'écuioe La nuit était venue. II restait
encore plus de trois li< ues a parcourir, et aucune habitation ne se
mouliait aux yeux des voyageurs. L) un côté s'élevaient des rochers
nus, de l'autie s étend oient de champs inondés, plus loin un bois
qu il fallait côtoyer.
Tout-a coup le cheval s'arrêta refusant obstinément d'avancer.
Qu'y a-t-il, Pietio? demanda le marquis de Castano
Il y a, signor, que Tempête ne veut plus aller, et que moi je
suis trempé comme si j étais tombé dans la rivière.
Poule mouillée! qui a peur de quelques gouttes d'eau!
J ai peur d une seule chose, répondit Pietro qui venait de des
cendre de sou siège et voyait qu'une roue enfoncée dans uue ornière
n'en pouvait sortir malgré ses efforts combinés avec ceux de s«>u
cheval; j ai peur que nous ne soyous forcés de passer la nuit ici.
Les femmt s firent entendre une exclamation de terreur.
Corpo di Baoho! murmura le marquis, en s élançant son tour
hors de la voiture.
Tous deux se mirent pousser aux roues. Ce fut en vain. Le
diable a donc cloué la voiture au milieu de la route, disait M de
Caslauo, courant tout autour comme un lion furieux.
Pietro, enfoncé lui-même jusqu aux genoux dans un bourbier,
criait et jurait l'unisson avec sou maître.
Eh bien! sot animal, acclama le marquis en voyant son valet
immobile et toujours a la même place, vas-tu imiter ton cheval
Cours me chercher une pu rre.
Pietro fit un effort de rage, parvint dégager ses pieds e! se. mit
en mesure «le fouiller les ornières, tandis que le marquis de Caslauo
secouait son manteau eu maudi.-âant la pluie et l'obscurité. Au bout
de quelques inslauls, le «lom stique revint avec une énorme pierre,
Glisse-la sous cette roue, peudaut que je la soulèverai, U eu,.,»
encore.... C est cela!
Et grâce cette manœuvre la voiture continua d avancer.
Le marquis et Pietro suivaient pied pour alléger la marche du
cheval. On atteignit ainsi la lisiere du bois. Les trois femmes restées
seules dans la voiture seutaient la terreur leur précipiter le sang
vers la tète et doubler les battements de leurs cœurs. Elit» q ornant
parler ni respirer*