INTÉRIEUR.
5° ANNÉE. - N° 454.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Feuilleton.
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DIMAXCUE, 7 SEPTEMBRE 1845.
Le Progrès
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VIRES ACQUIRIT ECNDO.
YPRESle 6 Septembre.
Le ministère de la Saint-Ignace est jugé, non
plus seulement par inductionmais sur des
faits. Son existence, pour ne point dater de
longtemps, n'en a pas moins été bien remplie
jusqu'aujourd'hui. C'est encore une adminis
tration sans loyauté et sans franchise, qui peut
inscrire sur sa bannière la devise fourberie
politique au profit du parti clérical. Il ne fallait
pas changer et renvoyer l'ancien ministre diri
geant, pour le remplacer par un homme qui,
fût-il rempli des meilleures intentions, est en
touré de manière ne pouvoir s'abandonner
ses inspirations, sans être contrecarré par les
jésuites en robe courte qu'on lui a accolés.
Mais M. Vande Weyer devait prévoir, que du
moment qu'on ne voulait pas un ministère li
béral, on devait s'arrêter ce système bâtard,
inventé par le roué M. Notbomb. Nommer un mi
nistère catholique pur, quoique indiqué par la
situation puisque le parti clérical ne voulait pas
avouer 1 échec qu'il avait subi et se prétendait ma
jorité, eût été mépriser ouvertement les vœux
manifestés aux élections. D'un ministère libéral,
on n'en voulait pas, parce que le moment n'est
pas encore arrivé de donner satisfaction celle
opinion, la seule forte, vivace et qui,
malgré qu'on en ait, le pouvoir sera dévolu.
Le parti catholique, quoique déjà minorité dans
la nation, n'ose se l'avouer et surtout ne peut se
résigner l'être. Il fallait donc bien qu'on fit
encore un ministère mixte. Il est vrai que dans
le cabinet de la Saint-Ignacel'élément catho
lique est le plus fortement représenté et que
les jésuites y sont en majorité. Mais qu'importe,
on continuera de parler de mixturede modé
ration.de conciliation et l'aide d'un repré
sentant du parti libéral ou qui se donne pour
tel dans le conseil de la Couronne on essaiera
d'éblouir une certaine fraction de l'opinion li
bérale qui se contente quelque fois des appa
rences, sans scruter la réalité des faits.
Du reste les actes posés par le ministère sont là,
pour faire tomber le voile de tous les yeux et
pour dissiper jusqu'à l'ombre du doute. M.
wo m ©i MI A.
(Suite.)
IV.
j.a séparation.
Les premières lueurs du jour perçaient les masses noire3 de la
forêt. L'ombre se retirait peu peu et les cimes des arbres blanchis
saient dans le brouillard du matin. Les rayons du soleil burent en un
moment toute celle vapeur que le vent acheva d'essuyer aux fronts
des arbres. La route se dessina comme un léger ruban d'argent...
Les chevaux se mirent hennir de joie.
Quatre heures! dit le marquis de Castano en regardant sa
montre.
Pietro! le cheval la voiture! Allons, mes enfants, le ciel est
beau: vous reposerez mieux la nuit prochaine. Signor, poursuivit-il
en s approchant de 1 inconnu, mes affaires me rappellent Venise.
En quelque eudroit que vous vous rendiez, veuillez vous souvenir
qu'il y a sur la place Saint-M arc une maison où le marquis de Cas
tano sera heureux de vous offrir l'hospitalité.
Dans quelques jours, signor marcliese, j'aurai l'honneur d'aller
me féliciter avec vous d'un hasard qui m'est bien cher.
En prononçant ces mots, 1 inconnu remonté cheval, s'éloigna
rapidement et disparut travers les arbres de la forêt.
Vande Weyer, malgré ses protestations libérales,
ne s'est-il pas vu forcé de nommer M. Mercier,
cet apostat politique, gouverneur du Hainaut, et
pour lui conférer ces fonctions, n'a-t-on pas dû
déplacer M. Liedts, qui était estimé et honoré de
tous ses administrés. Qu'avail-on besoin, puisque
le ministère s'annonçait comme une administra
tion réparatrice des fautes de la mixturede
commencer par récompenser un renégat poli
tique, probablement pour avoir entraîné le char
de l'état dans un bourbier de déloyauté et de
corruption. Les mêmes réflexions peuvent s'ap
pliquer la nomination l'ambassade de Berlin,
de M. Nothomb qui, loin de devoir être ho
noré d'un poste de confiance par ses successeurs,
eut dû être répudié par eux lui qui est l'au
teur et le père de tous les tripotages que nous
avons vus dans ces derniers temps et que le
nouveau ministère avait mission, disait-ou de
faire oublier.
Il est vrai que jusqu'ici le cabinet de la
Saint-Ignace, fidèle aux idées de ses patrons
n'a pas encore daigné soulever le voile qui cache
tous les yeux et ses principes et ses projets
futurs. Et cependant si on veut simplement
continuer ce qui existait avant le 10 juin,
qu'avait-on besoin de ïemanier le ministère.
Celui qui existait, pouvait continuer tenir les
rênes des desliuées de la Belgique et non sans
profit pour l'opinion libérale, qui ne devait
que gagner voir le pouvoir entre des mains
débiles et surtout aussi peu loyales.
En tout cas, jusqu'ici nous ne trouvons au
cune différence marquante, le même système
pèsera peut-être plus dûrement sur la Belgique
sous le ministère delà Sl-Ignace, que pendant le
règne du cabinet précédent. Car, parce remanie
ment, le parti clérical est arrivé introduire au
pouvoir un de ses hommes les plus dévoués, et
disons-leun de ses plus habiles séides. Nous
voulons parler du ministre des finances et certes
pour nous qui connaissons ses opinions politi
ques ultramontaines, il doit paraître au moins
aussi singulier devoir M. Malou faire partie d'un
même ministère avec le libéral M. Vande Wever,
V
que de voir le jour et la nuit exister en même
temps.
Cependant un changement parait avoir eu
v.
une promenade sur l'eau.
Le marquis de Castano, de retour dans son beau palais de la place
Saint-Maro, se hâta d'y rassembler tout ce qui se rencontrait de
pure et de vieille noblesse. Les fêtes qu'il donna furent splendides,
car le marquis était magnifique. Parmi la foule élégante qui encom
brait habituellement les salons du palais Castano, se faisait remar
quer le jeune comte de Ruggieri. Il était fiancé Vincenza, dont le
père l'avait accueilli d'autant plus favorablement, qu'il appartenait
une des plus nobles et des plus opulentes familles vénitiennes.
Vincenza, cependant, semblait éprouver l'ennui et la gène au
milieu d'une société dont tous les hommages étaient pour elle. Car,
quoique sa cousine fût aussi belle et jeune, son caractère froid
éloignait toutes les admirations et glaçait tous les enthousiasmes.
Vincenza n'aimait plus le bruit, son fiancé lui-même avait cessé de
lui plaire, et quand elle voulait se rendre compte de ce changement,
son esprit éperdu rêvait la forêt, la petite maison, au mystérieux
étranger,... et son cœur battait violemment dans sa poitrine.
Un soir, étonnée et comme effrayée de son trouble, Vincenza sen
tant des larmes près de lui échapper, se sauva dans le jardin, et là,
donnant un libre cours l'émotion profonde dont elle ne pouvait se
défendre, elle se laissa tomber sur 1 herbe. La soirée était pleine de
dangereuses langueurs. La lune ne se montrait qu'à demi derrièic
les feuilles des arbres qui jetaient dans l'air leurs plaintes mélanco-
lieu au ministère de l'intérieur, depuis l'avéne-
ment de M. Vande Weyer. 11 a été fait justice
du cabinet noir de M. Notbomb et de ses ha
bitudes inquisitoriales et jésuitiques. Le nouveau
ministre de l'intérieur n'a plus voulu de ce
système de corruption et de cachotterie que M.
Nothomb avait intronisé, pour tacher de sauver
la majorité catholique d'une défaite complète.
Nous devons en louer le ministre de l'intérieur
et nous désirons maintenant que dans les ques
tions qui vont s'agiter au conseil des ministres,
il s'attache faire prévaloir ses idées avec cette
fermeté et cette loyauté, dont ses amis font un
éloge si pompeux.
Ce minislère qui devait donner satisfaction
l'opinion libérale, s'empresse d'exhumer du
greffe de la chambreles deux projets de mo
difications la loi communale. On sait que la
nomination des Bourgmestres en dehors du
conseil et le fractionnement avaient pour corol
laire deux projets de loi destinés restreindre la
libre disposition des revenus des communes et
l'intrusion du pouvoir central dans les affaires
intérieures des cités.
Le prétexte invoqué était les dépenses effré
nées des grandes villes. Nous disons prétexte,
car jusqu'ici, c'est le pouvoir central lui-mèm»
qui, dans toutes les occasions, s'est empressé
d'obérer les communes, en leur faisant suppor
ter des dépenses hors de proportion avec leurs
revenus, il est inutile de citer des exemples, la
loi sur l'instruction primaire n'est-elle pas un
lourd fardeau et c'est ce gouvernement qui
prétend donner des leçons d économie aux villes!
Un vol a été commis en cette ville, dans une
maison, rue d'Elverdinghe, on ne sait avec quel
les circonstances. Il ne laisse pas que d'être
assez considérable, puisque les valeurs volées
en argent monnayé s'élèvent la somme de fr.
1500.
-a
Deux autres vols ont été commis dans les
environs d'Ypres, de plein jour et avec une au
dace inouïe. L'un a été perpétré par plusieurs
individus qui sont entrés dans une maison située
non loin du cabaret C Aigle, sur la commune de
Zonnebeke. L'autre a eu lieu dans une petite
-
liques. Les fleurs exhalaient leurs parfums en frissonnant... Tout-à-
coup, la jeune fille releva sa téte pensive, ses yeux humides bril
lèrent comme des étoiles... Elle écouta... Une voix qu'elle crut
connaître venait de faire entendre les premiers mots d'une canzone»
dont voici peu près la traduction
L'amant qui a perdu celle qu'il aimait, la redemande aux échos,
la mer, Dieu et aux hommes. Moi, je te cherche dans mon
cœur, dans le silence et dans la nuit, pour te dire encore que je
t'aime
Vois, depuis que tu m'as quitté, comme les jours sont tristes,
comme le soleil se voile Ton cœur appelle l'obscurité j ton front se
penche sous la rêverie. Tu te souviens, tu soupires et tu aimes!
Tout dort minuit, tout se tait.... Seuls les amants se voient
dans l'ombre et se parlent tout bas... Ange d'amour, mêle ta voix
la mienne, et mes chants d'amour seront des chants joyeux
"Vincenza, doucement agitée par ces accents passionnés apportés
par la brise, éooutait encore les derniers mots de l'improvisation,
quaudune pierre lancée par dessus le mur, vint tomber ses pieds...*
Un papier entourait le projectile. La curiosité I emportant sur le
premier mouvement, Vincenza ramassa vivement le singulier mes
sage... Mais la lumière d un flambeau paraissait travers les arbres
du côté de la maison, et la voix de Lucia ayant appelé sa cousine,
celle-ci cacha le papier dans son sein, et se hâta de rentrer au salon...
Le marquis embrassa sa fille sans remarquer le trouble qu'elle