5e ANNÉE. - N° 459.
INTÉRIEUR.
JEUDI, 25 SEPTEMBRE 1845.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
YILLE D'YPRES. CONSEIL COMMUNAL.
On s'abonne Ypres, Marché
au Beurre, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
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tion doit être adressé, franco, S
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che et le Jeudi de chaque semainer
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VIRES ACQUIRIT ElINDO.
YPRES, le 24 Septembre.
DISTRIBUTION DES PRIX AUX ÉLEVÉS DES ECOLES
PRIMAIRES.
Lundi dernier a eu lieu la distribution des
prix aux élèves de l'école communale gratuite
de notre ville. Celte cérémonie intéressante avait
attiré beaucoup de monde; on y remarquait les
membres du collège échevinal, du conseil com
munal, delà commission d'instruction primaire,
des administrations charitables, les officiers de
la garnison,Jayant leur tête M. le commandant
de la place. Tout le clergé de la ville était pré
sent, ainsi que M. Coelenbier, inspecteur canto
nal civil des écoles primaires, qui s'était rendu
tout exprès Ypres.
De petits enfants âgés de 9 11 ans ont joué
une jolie pelite pièce flamande composée, nous
assure-t-on, pour la circonstance, par un mem
bre de la société de Uhétorique de notre ville et
qui a eu la modestie de vouloir garder l'anonyme.
Ces petits acteurs ont fait preuve d une intelli
gence, d'un sentiment et d'une assurance au-des
sus de leur âge.
M. Alphonse Vanden Peereboom, échevin
chargé de l'instruction primaire, a fait connaî
tre ensuite l'organisation semelle des écoles et
ressortir les avantagesque l'intervention du
gouvernement devait avoir pour la propagation
de l'instruction primaire.
La cérémonie a été terminée par la distribu
tion des couronnes et des prix consistant eu
livres et vêtements aux jeunes vainqueurs, dont
plusieurs, cause de leurs triomphes réitérés,
ont mérité les applaudissements de l assemblée.
Les élèves ont été reconduits en cortège
l école qui avait été ornée par eux de verdure
et de guirlandes de fleurs.
La musique des pompiers qui a exécuté di
vers morceaux avec un succès qui témoigne
des progrès rapides qu'elle fait, marchait en tête
de la colonne liliputienne, dont les vainqueurs
suivis des professeurs occupaient le centre.
Celle fête était parfaitement organisée; la
docilité et la propreté des élèves, qui naguères
vagabondaient encore dans nos rues, a fait l'ob
jet de letonnement du public.
Les marques de sympathie données l'in
stitution communale par les fonctionnaires
civils, militaires et ecclésiastiques, ainsi que
par les personnes honorables présents la céré
monie, ne peuvent manquer d'être un nouvel
encouragement pour les professeurs de l'école,
et une preuve incontestable d'approbation des
décisions prises par l'autorité locale qui a si
sagement organisé les établissements d'instruc
tion.
La Société des Chœurs de notre ville est par
tie, mardi matin, pour Bruxelles, afin de prendre
part au concours de chant d'ensemble donné,
sous les auspices du gouvernement, par la so
ciété Méhïtlk l'occasion des fêles de Septembre.
Deux chœurs doivent être chantés par cha
que sqciété. La nôtre a.fait choix de VHymne
Vamitié et du Chœur des Buveurs.
Par arrêté royal en date du 18 septembre,
M.Henri Hammelrath docteur en médecine,
en chirurgie et en accouchements, est nommé,
en remplacement de M.;Beesau, décédé, mem
bre de ia commission médicale de la province
de la Flandre occidentale, pour l'arrondissement
d'Ypres.
Séance publique du Mardi, Septembre 1845.
Présents M51. Yanîleîstichele de Maubus,
bourgmestre, président; Alphonse Vanden
Peereboom et Iweins-Hynderick, échevins; Gé
rard VandermeerschLouis Annoot, Théodore
Vanden Bogaerde, Boedt, avocat, Martin Smae-
len, Legraveiabd, Ernest Merghelynck, Pierre
Beke, conseillers.
M. le secrétaire donne lecture du procès-
verbal de la séance précédente. La rédaction en
est approuvée.
Il est donné communication d'une demande
de la Chambre de Commerce, qui consulte le con
seil, pour savoir s'il ne serait pas utile de faire une
nouvelle démarche près du ministre des travaux
publics, afin qu'il engage, dans l'intérêt de nos
classes indigentes, les concessionnaires du che
min de fer de la Flandre centrale commencer
les travaux sur la ligne d'Ypres Courtrai. Le
collège des bourgmestre et échevins, d après le
vœu de rassemblée, se mettra en rapport avec
la Chambre de Commerce, pour se concerter sur
les efforts faire, afin d obtenir du travail pour
la population nécessiteuse.
M. le secrétaire donne lecture d'une missive
de M. le ministre d etat-gouverneur, qui désire
connaître quelles ont été les mesures prises en
1816 et 1817, pour assurer les subsistances des
habitants d'Ypres. Le collège fait rapport au
conseil, qu'on fera parvenir ce document au
plutôt ce haut fonctionnaire.
Le conseil entend la lecture du Rapport sur
la situation des affaires et de l'administration de
!a ville, pendant l'année 1845, et en vole l'im
pression.
M. l'échevin Vanden Peereboom, spéciale
ment chargé de la surveillance de l'instruction
primairefait connaître au conseil que l'école
gardienne est fréquentée par 210 élèves. L'éeole
journalière comptera la rentrée des classes,
76 élèves nouveaux, ce qui avec les 303 déjà
inscrits, fait un total de 381 élèves. 180 élèves
de 12 17 ans assistent aux leçons du soir et
seulement'20 àl'écoledominicale exclusivement.
M. le secrélaire donne lecture de la liste des
jurés pour l'année 1846. Elle est arrêtée par le
conseil au nombre de 136 personnes qui pos
sèdent les conditions requises, pour remplir ces
fonctions.
Le conseil approuve deux radiations d'inscrip
tions hypothécaires prises au profit des hos
pices et du bureau de bienfaisance, en garantie
des fonds empruntés ces administrations cha
ritables.
La location publique du droit d'entrée et de
sortie des portes de la ville, est approuvée par
le conseil. Le prix de 1 adjudication de la taxe
pour les4 portes s'élève la somme de 640 fr.
Le procès-verbal de la location publique des
propriétés de la ville, dite barm-landenfournit
la preuvequ on a obtenu, au profit de la ville, un
résultat plus favorable. Elles sont louées, pour
neuf aus, au prix de 2,700 francs environ le
revenu annuel du bail précédent ne s'élevait qu'à
2,200 francs. Elles n'ont pas encore atteint le
prix de 30 francs pour 43 ares 79 centiares,
constituant l'ancienne mesure d'Ypres.
L'achat fait par la ville de trois cents mètres
de terrain situé le long du quai et destiné
servir de place de dépôt pour les marchandises,
est approuvé. M. le bourgmestre communique
au conseil qu'il a en outre, pour la somme de
trois cents et dix francs, acquis les arbres plan
tés dans la haie du terrain acheté.
Dans le temps, il avait été question de s'a-
Ceuillctou.
y 11 Kl H M IL Ika
Suite et fin.)
XI.
une mascarade.
Quinze jours plus tard, Venise la belle était devenue Venise la folle.
On était la fin de février. Le carnaval courait les rues plus aban
donné, plus hardi que jarilfîs. La police, qui sans doute avait ses
raisons pour agir en empereur romain, voulait que le peuple s'amu
sât. Aussi afi'ectait-elle de fermer les yeux avec une indulgence
inouïe, persuadée peut-être de cette vérité qu'il faut que le carnaval
se passe. Peut-être même la contagion du plaisir avait-elle endormi
sa vigilance. Quoi qu'il en soit, le peuple profitait de cette licence
sans en rechercher les causes, et riait, selon l'usage, aux dépens des
maîtres qui la lui avaient accordée. L'allusiou politique était l'or
dre du jour. L'Italien, on le sait, se venge avec des caricatures,
comme le Français avec des chansons. La noblesse, dans cette occa
sion, avait fait cause commune avec le peuple tout le jour, les fe
nêtres ouyerles, les balcons décorés, comme pour une fêle, se gar
nissaient de femmes riantes et parées, applaudissant aux plus
grotesques parades, aux lazzis les plus effrontés, excitant 1 ivresse,
et répondant, parfois, aux. sourires par un sourire, aux baisers par
un baiser.
Vers la fin du jour, une brillante mascarade déboucha sur la place
St-Marc,aux acclamations de la multitude qui l'escortait. Un énorme
vaisseau porté sur six roues, s'avançait majestueusement traîné par
seize chevaux superbement caparaçonnés. Un groupe de masques
vêtus du costume déjugés se tenait sur le pont. De vifs applaudisse
ments saluèrent le cortège lorsqu'il se dirigea lentement vers un
balcon sur lequel se faisait remarquer, au milieu d'une société élé
gante, une jeune fille d'une rare beauté. Près d'elle était son père,
le marquis de Gaslauo. Arrivés en face et peu de dislance du bal-
cou privilégié, le vaisseau s'arrêta et bi>sa le pavillon de la républi
que. Aussitôt on vit paraître sur le pont Arlequin et Polichinelle,
ces deux éternels représentants de la gaîté italienne, marchant la
rencontre 1 un et l'autre avec forces gambades et contorsions. Arle
quin portait les couleurs nationales. Sur son bonnet était peinte la
figure d'un lion. Polichinelle avait un aigle sur ses deux bosses. Il
traînait un grand sabre son côté et cherchait se donner une con
tenance de matamore. Arlequin, au contraire, n'ayait pour arme que
sa batte, et marchait de ce pas dégagé et sautillant que chacun lui
connaît.
Après une passe d'armes dans laquelle la balte d'arlequin eut tou
jours l'avantage, les deux champions convinrent de s'en rapporter
au jugement du tribunal qui siégeait sur le pont. Arlequin, ayant
demandé produire ses témoins, amena trois dames dont l'apparition
excita une émotion profonde parmi les spectateurs. Toutes trois
étaient vêtues de noir et enohaînées. La première avait des joncs
entrelacés dans ses cheveux et des coquillages eu forme de collier.
Je suis 1 Adriatique, dit-elle; je porte le deuil du doge, mon
époux. Venise m a dû longtemps sa gloire et sa prospérité. Une in
juste violence m'a séparée du doge. Voici le dernier anneau que j'ai
reçu de lui en témoignage d'une alliance qui devait être éternelle.
En disant ces mots, la belle jeune femme détacha en pleurant
l'anneau d'or qui brillait sou doigt.
Ve nise saura te reconquérir, s'écria le peuple.
La seconde femme portait un bonnet phrygien et une lance bri
sée. Je suis ia Liberté, dit-elle. Le peuple n'est heureux et grand
qu'avec moi. J ai fait respecter Venise et je lai rendue l'égale des
plus fières républiques. Mais j'ai été vaincue et chassée par les
tyrans... j'altends que Venise me rappelle.