3 Henri LXXIL R,-Th. PlAONOlf» donner la mort dans sa chambre ['aide de son fusil de chasse. On trouva en effet cette jeune femme tout habillée et morte la charge du fusil avait pénétré au-dessus de l œil gauche. Nous nous abstenons de tout autre détail; nous devons ajouter seulement que le jeune commis a été arrêté, et qu'il a assisté hier a une première instruction faite sur les lieux. On nous écrit de Grasse (Var), 18 sep tembre Le sieur Beaussy, propriétaire Brée, près Grasse, avait eu l imprudeuce, il y a quelques mois, de recevoir dans sa maison et dy garder pendant quelques jours un jeune homme se donnant sous le nom de Baptiste et déserteur des armées du roi de Sardaigne. Dimanche der nier, le sieur Beaussy étant absent de chez lui, ce jeune homme se présenta comme pour faire une visite la dame Beaussy, qui s'empressa de lui offrir manger. Après avoir pris le repas qui lui avait été généreusement donné, Baptiste s'approcha par derrière de son hôtesse, la saisit, la renversa et lui porta des coups qui détermi nèrent son évanouissement. Revenue elle-même après un espace de temps assez long, elle ressentit une grande dou leur dans plusieurs parties du corps, et notam ment au bas ventre; elle y porta la main et sentit une plaie dont le sang sortait en abondance, et qui donnait issue une partie de l épiploon son cou et sa figure étaient couverts d ecchy moses. Le meurlrier, croyant avoir tué sa vic time, enleva le linge et les bardes qui lui tom bèrent sous la main puis s enfuit en fermant la porte dont il emporta la clé. Pour rentrer chez lui, le sieur Beaussy fut obligé de passer par-dessus le mur d un voisin, et la première chose qui le frappa en entrant dans sa cuisine fut sa femme étendue sans mou vement et baignée dans son sang Après les pre miers soins, on s aperçut que le meurlrier avait commis son crime avec le couteau qui lui avait été donné pour faire son repaset qu'il s'était emparé d'un fusilîle la poudre et du plomb ce qui fait craindre que ce crime ne soit le pré curseur d autres crimes. Les recherches de la justice n'ont pas en core produit aucun résultat. Les médecins appelés pour donner leurs soins la dame Beaussy ont réussi remettre en place l epliploon, et tout fait présumer qu'elle ne succombera pas celte terrible blessure. On écrit de Saiule-Meiiehould (Marne), 27 septembre On vient d'écrouer dans la maison d'arrêt de Sainle-Menehould le sieur Le naire, prévenu d'assassinat sur la personne de Marie Gallois, sa femme. Voici dans quelles circonstances le crime a été commis Le sieur Lemaire épousail y a près d'une année, Marie Gallois, d une figure agréable et d une conduite irréprochable; cependant quatre jours après le mariage, Lemaire se livrait déjà des sévices sur celle malheureuse; laquelle il imputait bien tort, une mauvaise conduite. Marie montra longtemps une grande résigna tion, évitant tout ce qu'il pouvait porter om brage son mari. Elle passait quelquefois des nuits entières sur une chaise, parce que son mari la chassait de son lit. La douceur de la femme, au lieu d'apaiser le mari, ne fit que doubler la violence de ses accès de jalousie. Un jour il la poursuivit avec un couteau, un autre jour il la précipita dans un foyer allumé. La vie coiiimuue n étant plus possible, la femme Le maire, enceinte de six mois, et craignant pour sa vie et de celle de son enfantabandonna le domicile conjugal. Lemaire, voyant sa femme se dérober sa tyrannie, se répandit en menaces de mort, qu il mit bientôt exécution. La daine Lemaire s était retirée chez la dame Ve Gallois, sa mère, qui habite une ferme près Sainte-Menehould. Le 7 de ce mois, dès que la uuit fut venue, Lemaire se dirigea vers 1 habitation de sa belle-mère. Au lieu dy venir par la route ordinaire, il traversa la rivière qui borde la propriété, pénétra dans le jardin s y cacha quelque temps puisvers dix heures et demie, lorsqu il jugea que tout le monde dormait, il se rapprocha de la ferme, parvint, laide d'un crochet, en ouvrir la porte, puis monta saus bruit dans la chambre où dormait sa femme, il chercha talons le lit, toucha légèrement sa femme, et lui plongea par trois lois un long couteau dans le corps. Puis, comme elle se mit crier assassin et se dé battre il 1 enleva la jeta terre et chercha l'étouffer. L'approche de la dame Gallois empê cha l assassin d acbever sa victime, qui fut re levée sanglante et respirant peine. Quant Lemaire, qui avait pris la fuite travers le jardiu et s était retiré daus les bois qui entourent Ste- Meuehould, il fut arrêté après quaranle-buit heures de recherches. Les blessures de la dame Lemaire sont gra ves les coups de couteau oui tous porté dans le dos et une très-grande profondeur. On es père cependant la sauver. On écrit de Fécamp, le 28 septembre: Avant-hier, une chaloupe sortie duporlpour mettre un pilote bord du brick norwégien Briyillea ramené terre quatre naufragés que ce navire avait recueillis en Manche par le tra vers de Calais. Ils étaient partis de Shroinslad, en Suéde, sur le sloop Oscarchargés de bois la destination de Saint-Valéry-sur-Somme. Dans la nuit du 22 au 23, une voie d eau s étant déclarée au-dessous de la flottaison ils furent forcés de bisser bout de mât le signal de dé tresse. A peine se trouvaient-ils recueillis par la Briyilleque Oscar sombrait sous voiles. La Gazette de Coluyne du 27 septembre contient une ordonnance ministérielle très- curieuse au sujet des pédicures. Comme l'expé rience, dit cette ordonnance, a prouvé que des opérations maladroitement faites ont mis eu danger la vie des personnes qui se faisaient cou per les cors aux pieds tout individu qui veut exercer la profession de pédicure doit désor mais se munir préalablement d'une autorisation de police, qui sera pour lui en quelque sorte un diplôme. Voici un souverain qui se révèle par un arrêté assez curieux. Le prince de Reuss-Ebers- dorf, vient de publier lacté suivant, dans le bulletin des lois de sa principauté Depuis vingt ans, je suis cheval sur un principe c'est-à-dire j'exige que chacun soit désigné par son litre orc'est précisément ce qui ne se fait pas. En conséquencej'établis une amende (l'un lhaler contre toute personne se trouvant mon service, qui ne donnera pas une autre personne, également mon service, son titre eu le nommant. Il existe Saint-Pétersbourg peut-être le plus vaste établissement manufacturier du monde. MM. Easturick et Harrisson, fabricants de locomotives et de chaudières de Philadel phie, ont passé un contrat avec le gouvernement russe, pour la construction et la fourniture de toute la machinerie nécessaire la construction et l'exploitation du système des chemins de fer projeté dans l'empire. Ils se sont établis Saint- Pétersbourgont bâti une manufacture d'une étendue immense, dans laquelle 3,500 ouvriers sont co nstamment employés. Pour tenir en ordre celte population, composée d'Américains, d'Anglais, d'Allemands et de Russes, il y a tou jours une compagnie de soldats en garnison la fabrique, et une force de police spéciale pour rétablissement. Les hommes de mauvaise con duite et les turbulents, s'ils sont étrangers, sont congédiés la première contravention au rè glement s'ils sont Busses ils sont attachés un triangle de bois, rudement fouettés et ren voyés leur travail. Messieurs Easturick et Harrisson se sont déjà plusieurs fois élevés con tre ce régime, mais toujours sans succès. On écrit de Madrid, 26 septembre: Le général Mazarredo qui passe en France pour prendre les eaux, va quitter Madrid. Il doit être remplacé dans les fonctions de capi taine général de Madrid par le général Cordova. MM. Annibal Alvarez et Amador sont partis de Madrid pour Alcala ils sont chargés par la commission centrale des monumens artistiques de reconnaître le tombeau du cardinal Ximénès de Cisneros, et de tout disposer pour sa transla tion de Madrid. Le chef politique a fait annoncer parunbando qu'il était décidé sévir de la manière la plus rigoureuse contre les gens tenant des maisons de jeu ou les individus qui s'y trouveraient. Les peiues portées contre ces individus consisteront en uue amende de 50 200 ducats, emprison nementetc.; la plus stricte surveillance est recommandée la police cet égard. Voici un déplorable exemple de la position des officiers sans emploi eu Espagne Il n'y a pas longtemps, qu'un commandant alla chez un de ses amis du même grade lui demander un et remplie d'amour pour celui qui eu était l'objet, résolut d'inter venir dans celte lutte, où le désavantage semblait cire du çôté d'Albert. Celte fois, son instinct qui jusque là l avait si heureuse ment servie,lui fit défaut: elle n'apprécia pas tout ce qu'il y avait de véritable dignité dans le silence d'Albei t. Elle se rendit chez le marquis d'Ambez, dont elle connaissait les relations intimes avec le parti de la Cour, et après avoir exprimé toute son indigualion contre le journal, organe de ce parti, elle accusa directement George de Pessac d'être l'auteur des attaques dirigées contre les Girondins. A peine eut-elle achevé sa diatribe énergique que George, qui Venait voirie marquis chaque matin, parut devantelle. Quelle que fut la résolution de Jeanne, cette présence inattendue l'embarrassa. Elle avait bien voulu dire au marquis toute sa pensée, mais de quel droit l'aurait-elle dite George lui-même? Celui-ci comprit dès la première parole de M. d'Ambez, l'objet de la visite de Jeanne. Sa colère égala son étpnuement, car celte démarche de la jeune fille, sans doute très-imprudente, devait lever ses derniers doutes, si toutefois il lui en restait encore. 11 srnlit la fausseté de la position où Jeanne s'était placée, et voulut se donner le lâche plaisir de la vengeance, en humiliant celle dont il ne pouvait se faire aimer, Eh quoi! séciia-t-il d'un ton railleur, monsieur Fortin eu est-il arrivé ce point d impuissance, qu'il soit force de se servir de l'intermédiaire dune femme, pour calmer la juste répulsion que sa conduite inspire? Voilà de quoi justifier les plus violentes critiques dont ce pygmée politique est l'objet dans l'Ami du roi! Monsieur Fortin ne m'a pas chargée de le défendre devant vous, dit Jeanne avec fierté. George sourit amèrement, et jetant sur la jeune fille un regard de haine Comment donc? dit-il, celle qui me fui fiancée naguère au rait-elle déjà acquis le droit de prendre publiquement et sans son autorisation, la défense d un homme que lou sait aimé d'elle? Eue rapide rougeur monta au front de Jeanne, ses yeux brûlèrent d'indiguation. Elle se tourna vers le marquis d'Ambez qui par ses gestes, semblait faire entendre George qu'il allait trop loin N'est-il pas vrai, monsieur, lui dit-elle, qu'une pareille inso lence est bien digne de celui dont la vie entière a été consacrée Tétude de la pertidie? Pour ceux qui se rappellent la scène qui se passa la Réole la veille du départ de M. de Pessac, celle-ci n'en paraîtra que le corollaire. L inventeur du bulletin de la prise de la Bastille et de la vengeance personnelle par la voie de la presse poli tique, a bien acquis le droit d'insulter une femme asse% hardie pour ne pas 1 aimer. El vous! s'écria George, furieux de se voir ainsi dévoilé; vous, parjure vos premiers serments, vous avez acquis celui de vous faire la rivale de votre meilleure amie.... et de n'être pas la préférée! Ces dernières paroles frappèrent si douloureusement la jeune fille, qu'elle ne put répondre cette nouvelle humiliation. George s'en aperçut, et voulant combler sa vengeance, il poursuivit ainsi Une lettre qui vous était adressée, est tombée par hasard entre mes mains. Je voulais vous 1 envoyer, mais vous êtes sans doute très- impatiente d en connaître les termes. Je ne veux pas vous faire lan guir davantage; la voici Et George tendit Juana une lettre, dont elle s'empara vivement. La précipitation avec laquelle elle en brisa le cachet, ne lui permit pas de s'apercevoir, qu une main habile l'avait déjà rompu. Eue douce émotion se répandit sur son visage, quand elle reconnut 1 écri ture d Estelle, mais dès les premières lignes, elle pâlit, son regard se détourna du papier, et incapable de poursuivre celte lecture, elle replia la lettre avec précipitation et s enfuit pour cacher aux deux hommes qui l'observaient avec une pitié railleuse, le trouble morlej qui venait d'attrister soii cœur. [La suite au prochain A7*.)

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Le Progrès (1841-1914) | 1845 | | pagina 3