5e ANNÉE. - N° 463. JEUDI, 9 OCTOBRE 1843. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. INTÉRIEUR. On s'abonne Ypres, Marché «u Beurre, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Y près. fr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-25 LePro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco, l'éditeur du journal, Ypres. Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine, PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EUNDO. YPRES, le 8 Octobre. On'aurait pu croired'après les expériences faites, qu'il fallait en finir avec les concessions douanières gratuites. Jusqu'ici les concessions sans réciprocité que nous avons accordées, soit la Prusse, soit la France, loin d'améliorer notre position, ont rendu les négociations plus difficiles et pour en finir avec nos voisins de l'Est, une rupture a été nécessaire. Il est vrai que peu de temps après, un traité a été conclu; mais pour ne pas mécontenter la Hollande, nous avons dû, d'un autre côté, lui octroyer quelques légères faveurs, car après avoir terminé avec la Prusse, c'était la Hollande son tour qui nous menaçait de représailles. Dans toutes les occasions où les droits et la dignité du pays se trouvaient pour ainsi dire compromisqu'ont fait les ministères qui se sont succédé depuis 1830? Presque toujours ils ont cédé et fait bon marché de la dignité de la Belgique. Un dernier fait doit prouver que c est un parti pris et que malgré le blâme qui s'élève de toutes parts contre cette faiblesse, pour ne rien dire de plus, on continuera suivre le système des concessions gratuites. La convention linière pour laquelle la Belgique a dû faire tant de sacrifices, est la veille d'être dénoncée. Elle a été loin cependant de pro duire les effets qu'on en attendait. La France plusieurs fois a restreint la portée de ce traité par des tracasseries et des mesures qu'elle n'était pas en droit de décréter, parce qu ils portaient atteinte aux dispositions du traité. La Belgique loin d'imiter la France dans sa conduite pu niquea loyalement exécuté la convention qui cependant n'a pas été favorable en proportion des concessions faites pour l'obtenir. Celte convention, dont le terme fatal arrive dans quelques jours, ne sera probablement re nouvelée que par suite de nouveaux sacrifices que la Belgique devra s'imposer et cependant dp jour en jour l induslrie linière prend de l'ex tension en France et le temps n'est pas éloigné où nos voisins du sud n'auront plus besoin de nos toiles, ni de nos fils. Accorder de nouvelles faveurs permanentes serait une duperie de la part de la Belgique, car l'industrie linière belge n'aura bientôt qu'un accàApominal au marché français. Le traité continu^p d'exister, mais ses effets seront nuls, tandis que les diminutions de droits consenties nous désarmeront presqu'en- tièrement vis-à-vis de la France. C'est sous ce point de vue que nous blâmons la concession temporaire faite la France, par arrêté du 2 octobre dernier. Les tissus de coton français avaient été exceptés de la surcharge de droits décrétée par arrêté du 13 octobre 1844. Ce n'était pas le moment, nous parait-il, de faire preuve de bonne volonté l'endroit des faveurs douanières; nous en avons trop fait et pour forcer la main au gouvernement français qui ne sait pas résister aux clameurs injustes des fabricants, il n'est pas inutile de faire com prendre que, si on peut faire du tort la Bel gique, nous possédons un marché qui n'est pas dédaigner. Les défenseurs des intérêts belges contre les criailleries des prohibitionnistes doi vent être les industries vinicole, séricole et co- lonnière. Celles-là seront plus écoutées du ministère français que nos plénipotentiaires, nos négociateurs, voire môme notre ministre des affaires étrangères, M. Dechamps. Monsieur le Rédacteur, L'époque des élections communales n'est plus Irès- éloignée et cependant jusqu'ici on s'en est assez peu occupé. Il nous paraît cependant qu'il serait temps d'y songer el de faire choix de candidats pour rem placer M. De Patin, décédé, et M. François lweins, démissionnaire. Vous voyez que je ne parle point des membres sortants, tous les électeurs paraissent d'accord pour leur confier un nouveau mandat. Mais le choix des candidats pour les places vacantes me paraît d'une certaine opportunité. Parmi les hommes honorables qui conviendraient, soit par leur position personnelle, soit par le com merce ou l'industrie qu'ils exercent, être con seiller communal, nous comptons M. Iweins-Fon- teyne, juge suppléant au tribunal de première in stance d'Ypres; M. Hammeliiath, en sa double qualité de docteur-médecin et de fabricant de den telles pourrait être fort utile dans les discussions des règlements qui toucheut de près l'hygiène publique. D'ailleurs comme négociant, il représen terait au Conseil l'industrie la plus prospère de al ville d'Ypres. M. Vanden Driessche, membre de la Chambre de commerce et fabricant-rubannier serait peut- être un choix qui ne serait pas dédaigner. Cet homme honorable fait vivre, l'aide d'une industrie qui est loin d'être dans une situation brillante, grand nombre d'ouvriers indigents qui, sans celte res source, devraient être inscrits sur les listes de la bienfaisance publique. M. Auguste de Ghelcke, propriétaire en cette ville, est un candidat honorable et qui possède la sympathie de quelques électeurs. S'il n'était pas nécessaire d'augmenter au moins d'un membre, la nombre des conseillers qui représentent le com merce et l'industrie au sein du ConseilM. De Ghelcke serait probablement un choix parfaitement estimable. Voilà, Monsieur, ceux dont les noms circulent dans le public. On entend bien de temps en temps eu prononcer d'autres, mais je pense que nous avons parmi ceux que j'ai nommés, de quoi faire un choix qui pourra satisfaire la grande majorité des habitants d'Ypres. Agréez, etc. Les administrations charitables sont convo quées ce matin dix heures l'Hôlel-de-ville, pour délibérer avec le collège des bourgmestre et échevins, sur la question des subsistances, et décider quels sont les moyens prendre pour adoucir la position des classes nécessiteuses, pen dant le rude hiver qu'elles auront subir. La Société Guillaume-Tell termineradi manche prochain, ses exercices d'été par un tirage organisé en lhonneur de ceux de ses membres qui naguère ont remporté de si bril lants succès au concours des fêtes de Septembre Bruxelles. La réunion aura lieu au local d'hiver (le grand Salon d'Apollon) deux heures de relevée. La première division active de la Société, après avoir reçu des mains de son chef-homme le nouvel étendard qui lui est offert par la com mission directricese formera en cortège pour se rendre au local d'été, précédé du corps de musique des pompiers, dont la jolie tenue s'har- JFeuilletoii du Progrès. LI UVIRlg OTiTOUS, NOUVELLE. DEUXIÈME PARTIS. II. Suite Dès qu'ils furent seuls, monsieur d'Ambez demanda George comment cette lettre d'Estelle était tombée entre ses mains et ce qu'elle renfermait. Voici comment cela s'est fait, répondit George. Estelle a reçu une lettre datée de Paris, dans laquelle elle a trouvé quelques dé tails sur les amours d'Albert et de Jeanne ces détails durent peu le flatter, car elle aime encore cet Albert, tout nous en donne la certi tude. Dans cette lettre, on lui donnait l'adresse de sa rivale, mais cette adresse n'était aulre que celle de la demeure de l'un de mes amisj vous comprenez de quelle manière la lettre d Estelle Jeanne m'est parvenue. Celle-ci n'écrivait plus son amie, la raison en est tout entière dans sa nouvelle passiou. Vous eussiez pu tout aussi bien employer un autre moyen, dit le marquis avec aigreurj était-il indispensable la réussite de vo* projets, d'aller troubler la solitude de ma ûlle? eu excitant sa ja lousie, ne savez-vous donc pas que vous ne faites que donner une force nouvelle oette affection qui a détruit toutes mes espérances? Eh quoi! s écria George, blessé du ton de reproche de M. d'Ambez, c'est donc moi seul de me sacrifier! N ai-je pas fait assez pour le succès de la cause que nous défendons? Après avoir tant fait pour elle, ne puis-je rien faire pour servir mes affections ou mes haines particulières? Donnez-vous doue la peine de récapituler le passé et prononcez lequel de nous deux a sacrifié davantage. Sans vos reproches, je ne vous parlerais pas de mes services, mais puisque vous me blâmez aussi amèrement, je suis bien forcé de vous les rappeler. Telles soot les conséquences naturelles et inévitables des liaisons fondées sur la déloyauté comme celle du marquis d'Ambez, de George de Pessac et de Feruand de Las Sierras. Et que Ton se per suade bien que George avait raison daus tout ce qu'il venait de dire au marquis!.. Eu effet, ne l avait-il pas servi d'abord dans ses projets sur sa bile? Ne 1 avait-il pas servi ensuite dans les intérêts de son parti? Ne s'était-il pas fait espion? N'avait-il pas subi un emprison nement fort dangereux daus ce moment d'effervescence générale?. Et, bien qu il eut été entraîné par sa haine contre Albert, daus la polémique déloyale qui frappait les Girondins, ne s'était-il pas fait l'écrivain le plus audacieux du parti royaliste? A ceux qui sont assez imprudents, pour acoepter les services de pareils hommes, il ne reste plus qu marcher les yeux fermés dans la voie ténébreuse qu'ont tiacée leuis guides sans foi. Le marquis comprit cette cruelle vérité et se tut George se re tira triompbaut. Cependant Jeanne rentrée chez elle, lut plusieurs reprises, et dans la plus douloureuse agitation, cette lettre d Estelle dont voici les termes ESTEJ.LE A JEANNE. Du chdteau de la Rèole, 23 Juillet 1792. Chère Jeanne, serait-il vrai qu'au milieu des plaisirs de Paris vous avez oublié la pauvre isolée de la Réole? Depuis si longtemps je suis sans nouvelles de vous, que vraiment j'en ai presque la con- viction. "Vous n'ignorez pas cependant quelles sont mes souffrances ici, et quels souvenirs, tristes et doux la fois, y remplissent ma solitude. Vous êtes bien cruelle, Jeanne, vous êtes instruite de ce que je désire si ardemment savoir, et vous vous taisez, et pas un mot de vous n'est venu m'apprendre si je suis oubliée jamais ou si Von doune parfois un regret tant d'infortune pourquoi ce silence ob stiné Oh! vous ne sauriez comprendre combien il est terrible ce calme qui m'enviroune, et répond si mal aux tumultueux orages qui bou leversent mou cœur.' Je vous l'avoue, je préférerais mille fois les bruits du monde, si calomnieux qu ils pourraient être, ce silence eternelv que rieu ne trouble, qui ne m'instruit de rien. Tel est le sort de cette affeotion qui naguère me semblait destinée faire le bonheur de ma vie et qui aujourd'hui remplit d appréhensions et d angoisses, celte même vie malheureuse et menaoee!.,.. Et comment ai-je mérité ce sort cruel? Victime de la plus odieuse perfidie, si j'ai paru oublier un jour celui auquel j aurais volontiers voué mon existence^ ne trouyais-je pas alors dans ma position tout exceptionnelle U

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