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VILLE D YPREb. CONSEIL COMMUNAL.
Un vol a l'examen. 11 y a dix jours, deux
étudiants Verviétoîs prirent place sur le convoi
de Bruxelles: Liège un monsieur d'un exté
rieur fort distingué, vint s'asseoir côté d'eux.
La conversation ne tarda pas s'engager l'un
des étudiants lui apprit qu'il allait Bruxelles
pour y passer son examen, et qu'il avait une
lettre de recommandation pour un des mem
bres du jury. L'officieux voisin demanda la
voir, et avec un aplomb merveilleux, il dit aux
deux jeunes gens qu'il était précisément M... II
décachète la lettre et continue la conversation;
il fait espérer sa protection donne force con
seils et tient des discours empreints d'une cou
leur tellement académiques, qu'il semblait im
passible de douter de son idendité. Le prétendu
professeur est retenu iMalines pour ses affaires;
arrivé sa destination, il faisait ses adieux ses
monisesi parfaitement avec le brillant uniforme
de nos arbalétriers. -<j
On prétend qu'un assassinat vienne! être com
mis dans les environs de AYarnêton. La justice
s'est transportée ce malin sur les lieux. Nous
ne connaissons pas de plus amples détails.
Le Général-major de Bormans est arrivé en
ville pour passer l inspection du 5° régiment
d'infanterie. 11 est logé Y Hôtel de la Tète d'Or.
Lundi dernier est descendu YHôtel de la
ChàtellenieM. le Général-major de cavalerie
Ki uszewski, pour faire l'inspection annuelle du
lr régiment des Lanciers:
Séance publique du Jeuài, 9 Octobre 1845.
ORDRp DU JOUR 1
Délibérer sur le budget des recettes et dépenses
de la ville, f Our l'exercice 1M6.
Le 2 courant, un déserteur du 5e de ligne,
en voulant passer la Lys la nage entre les
communes de Comines et Wervicq, pour se
rendre en France, s'est noyé; jusqu'à ce jour le
cadavre n'a pas encore été retrouvé.
Nous sommes heureux d'avoir citer un fait
qui honore infiniment deux négociants de notre
ville, et qui, nous l'espérons, ue manquera pas
d imitateurs. Ils ons ordonné en Danemarck,
une cargaison de pommes de terre quison
arrivée Anvers', sera vendue en détail et au
prix de revient aux consommateurs seulement.
Journal de Commerce d'Anvers.
ENCORE UNE CAPTATION.
Malgré la meilleure volonté de ne pas nous
occuper du clergé qui, au lieu de se faire re
marquer par sa charité et son désintéressement,
s'attire le mépris et la haine générale principa
lement par sa cupidité et sa soif de l'or nous
»ous voyons forcés de dénoncer au public une
de ses nouvelles fourberies.
Voici le fait
Depuis plusieurs années une dame veuve
Adam, née Baudouxhabitait notre ville; on
lui savait une assez jolie fortune aussi devait-
elle tenter l'appétit glouton de notre ex-doyen,
de jésuitique mémoire, le vertueux Eliart, Ko-
din au petit pied digne sous tous les rapports
de figuter au premier rang de l'armée de Loyola.
Bien ne fut épargné pour entraîner notre veuve
dans le piège grossier qu'on lui tendait: prières,
supplications, exhortations chrétiennes, me
naces enfin tout le répertoire employé d'ordi
naire en matière de captation religieuse. La
pauvre vieille avait beau objecter la position
peu heureuse de certains de ses parents que son
héritage devait un jour sauver; rien ne fut écouté,
le salut de son âme en dépendait, 1 Église devait
engloutir une partie de son bien
Eliart, en possession du testament, le déposa
chez le doyen actuel de notre ville.
Il y a un mois, cette dame mourait âgée de
82 ans grande rumeur chez nos tartufes;
Tournay s'émeut, car c'est là que doit aller
dormir le magot, peut-être en haut lieu, notre
chanoine honoraire n'est pas encore assez puis
sant pour se l'accaparer; le'prix de ses anciens
services non-seulement comme doyen, mais
surtout comme cnplaleur, était le siège hono
raire de la cathédrale; quand il aura mieux mé
rité encore par ses œuvres de piétépeut-être
partagera-t-il avec les autres 1p butin de leurs
triomphes religieux, I or des malheureux qu'ils
dépouillent en invoquantjesaint nom du Christ
qu'ils blasphèment.
11 y a quelques jdAirs enfin, on fit l'ouverture
du testament, et lafamille ne fut pas peu sur
prise d'y entendre énoncer les volontés sui
vantes
la Elle lègue M. Eliart (1), ancien doyen
de Soigiiiesaujourd'hui chanoine honoraire
Tournay (qui n'est nullement parent de la dé
funte), la somme de fr. 10,353-43 c.
2° 1,000 messes, obits, saluls, etc., cotés
chacun fr. 1-50 e.
Inutile de dire quelle indignation s'est ré
pandue dans la ville. Nous le demandons main
tenant nos lecteurs, comment qualifier un
acte d immoralité semblable! Est-ce de la charité
chrétienne que de spolier ainsi une famille, ex
citer son juste courroux, son désespoir, sa ven
geance? n'est-ce pas assez pour vouer une haine
implacable aux ministres de la religion, n'est-ce
pas faire un mépris du caractère sacerdotal et
des choses les plus saintes? Et vous vous éton
nez, Messieurs, que le peuple s'éloigne de l'église,
quand vous leur mettez sous les yeux des ex
emples d'une immoralilé aussi perverse, lorsque
pour assouvir votre soif d'argent vous n hésitez
pas de compromettre les divins préceptes en
seignés par le Christ!
L'Annonce de Soignies
On compte dans la ville de Gand 427 rues et
14.372 maisons, y compris les églises et les ma
gasins, 3,686 maisonssont situées dans des en
clos. Il existe en outre dans celle ville 226 caves
habitées.
Par arrêté royal du 26 septembre, l'établis
sement de la société anonyme dite du Canal
de l'Espierre, est autoriséet ses statutstels
qu'ils résultent de l'acte public du 13 septembre
1845, par M® P.-A.-J. Coppyn, notaire la ré
sidence de Bruxelles, sont approuvés.
(1) II y a quelques années, le même M. Eliart a été fortement
compromis lors de la succession de Mademoiselle de Saint-Moulin,
et il est la connaissance de toute notre ville que c'est cause des
vexations de toute espèce qu il eût subir de cet acte, qu'il a dû
abandonner son doyenné de Soigniès.
On sait que c'est le lundi 20 de ce mois que
le district électoral de Bruxelles aura nommer
un membre de la chambre des représentants
en remplacement de M. Ch. Rogier, qui a opté
pour Anvers.
M. Ducpéliaux, inspecteur-général des pri
sons de l'état et des établissements de bienfai
sancese porte candidat pour le mandat de
député, concurremment avéc M. Léon Cans
président du tribunal de commerce et membre
du conseil communal de Bruxelles.
Nous avons annoncé qu'un individu d'Esca-
naffles avait été écroué la prison de Tournay.
Voici sur celte malheureuse affaire, quelques
détails que nous empruntons une feuille de
cette ville
La semaine dernière Escanaffles dans la
nuit de vendredi au samedi, trois individus se
présentèrent la porte d'un cabaret qu'ils ten
tèrent de se faire ouvrir en frappant coups
redoublés. Le maître du logis s'étant mis la
fenêtre, s'informa de la cause du bruit, et comme
on lui répondit en demandant boire, il objecta
l'heure avancée et refusa d'ouvrir. Cependant
les trois hommes insistèrent. Alors le cabaretier
se mit en devoir de descendre mais il s'arma
d'un fusil, ouvrit la porteNous n'osons dire
qu'il tira, parce que ce point est encore obscur.
Ce qui ne l'est malheureusement pas, c'est que
l'arme ayant fait feu un des trois hommes est
tombé et ne s'est plus relevé. Le meurtrier,
peut-être plus malheureux que coupable, est
entre les mains de Injustice et l'affaire s'instruit
activement. [Franchise Belge.)
Les féveroles pigeons se vendent mainte
nant Bruxelles jusqu'à 20 fr. l'hectolitre et 22
fr. chez quelques marchands en détail. Ceci
prouve plus que jamais qu'on emploie largement
ces féveroles pour en mélanger la farine avec
celle du froment.
meilleure des excuses? Sur qui tout cela devait-il retomber? Était-ce
Sur moi, jouet des passions indélicates de deux hommes perfides, ou
sur ces hommes qui, pour me tromper et vaincre ma résistance, ont
osé représenter cette horrible comédie? Sur eux sans doute.... voyez»
s'il en élé ainsi! Ils sont libres et heureux; je suis esclave et dé"
solée! Où est la justice humaine, où est la justice divine?
Vous Jeanne, vous si bien iuslruite de ce passé si court et si dou
loureux, vous me pardonnez, car vous savez si je fuscoupable, et si
cette situation déplorable que je maudisebaque jour, est mon ouvrage
ou celui de George et de votre frère Fernand... Oui, j'aime Albert,
je 1 aime malgré ses ennemis, malgré Dieu et les lois, Jeanne, je
1 aime maigre moi-mêmeEt si la voix da devoir m'accuse, la
Toix de mon cœur repousse cette accusation....
Je ne voulais pas vous parler d'une lettre que je viens de recevoir
de Paris, et cependant voici que je m'y sens entraînée par le désir
que j'éprouve de vous justifier contre vos calomniateurs. Oui,
Jeanne, 1011 m écrit que vous aimez Albert, que vous trahissez celui
qui fut l'objet de votre première affection, et aussi celle qui vous a
aimée d'uue amitié si confiante et si sincère. Mais je ne saurais ajouter
foi ces mensonges, votre cœur m'est trop connu poor que je ne me
bâte pas de les repousser, même avant que vous les ayez démentis.
Si je romps la première ce long silence décidé par votre volonté,
c'est parce que je crois urgent de vous avertir que vos démarches
«mi observées, vos paroles interprétées... Vous êtes environnée d'en:
Demis ou d'amis dangereux, veillez sur vous, c'est une amie bien
dévouée qui y ous donne ce conseil.
N'allez pas surtout vous persuader que c'est la jalousie qui nie
décide faire cette démarche; vous vous tromperiez étrangement;
je veux vous en donner la raison. J'ai bien jugé Albert et je suis
entièrement rassurée son égard: cest un de ces hommes remar
quables, auxquels une seule passion suffit pour remplir leur vie en
tière et si, par l'une de ces circonstances qu'il n'est pas donné
l'homme de prévoir, ni d'éviter, ils se laissent entraîner vers quel
que liaisou nouvelle, ce penchant n'est que le reflet d'une première
affection, qui n'a pas cessé de rayonner dans leur cœur; et alors
Jeanne, malheur celles qui ont élé assez folles et assez audacieuses
pour former le projet d'effacer un passé tout vivace, tout brûlant
encore, pour y substituer l'éclat éphémère dont elles s'efforceront
Vainement de prolonger la durée les astres qui accompagnent la
nuit froide et noire, rivalisent-ils avec l'astre ardent, dont les feux
créent le jour? La feuille jaunie et desséchée par lé vent aride de
l'automne, peut-elle faire oublier la feuille verte et pleine de sève,
qu'agitait la brise vivifiante du printemps? Je n'ignore pas que dans
le monde où l'on caohe avec tant d'habilité sous uneécorce polie et
séduisante, une sève maligne et corrompue, je n'ignore pas qu'il s'y
trouve des femmes assez indélicates pour voiler d'un langage exquis
leurs passions grossières, et des hommes assez oublieux de leur di
gnité pour tourner ces mauvais penchants leur projet; mais je
me garde bien, chère Jeanne, de vous confondre, ni vous ni Albert,
dans cette catégorie qui forme malheureusement le complément des
degrés, sur lesquels sont échelonnés les mœurs, non, je crois que si
vous aimiez Albert, tous l'aimeriez noblement, et je doi3 vous le
dire,, vous en seriez doublement plaindre, car je le sens, il ne
saurait répondre cet amour.
Telle était la lettre d'Estelle d'Ambez.
Jeanne, éperdue, désespérée, fixait avec douleur les caractères
mal assurés de cette révélation fatale, car, elle 11e pouvait se le
dissimuler plus longtemps, l'amour d'Albert appartenait une autre,
et celle autre était son amie, sa sœur! Il faut pourtant en convenir,
la situation dans laquelle la plaçaient ses affections, était bien
cruelle pour Jeanne... Elle éprouvait avec une rare délicatesse, le
noble sentiment de l'amitié, et o était pour une femme devenue sa
rivale! Elle ressentait avec ardeur le sentiment passionné de
l'amour, et c'était pour un homme qui ne pouvait lui donner en
échange que le respect, qu'une parfaite estime!.. Quelle destinée
singulière! Une jeune fille qui possédait l'excès les dons tant enviés
que dispensent la nature ou le hasard; la beauté, l'esprit élevé, la
fortune, le nom, toutes ces chôses précieuses, dont une seule sufli^
communément pour rendre une créature si heureuse ou si vaine, cb
bien, cette jeune fille se désespérait de ne pouvoir inspirer un pen
chant aussi vif que celui qui tourmentait son cœur, tandis que tant
d'autres hommes se fussent trouvés si heureux de déposer ses pieds
leur amour et des richesses supérieures aux siennes! Cette anomalie
bizarre exige-t-elle d'autres explications? Et ne suffil-il pas de dire
encore que le cœur des femmes est inépuisable en contrastes et eu
penchants merveilleux?
(La suite au prochain iVv)
R.-TH. PiKonoN»