NOUVELLES DIVERSES. excentricité ce que l'on a vu jusqu'à ce jour. Des habitués ont lésolu de décerner deux prix, consistant en effets d'habillements, aux mar chandes de noix, œufs, etc., qui parcourent les cabarets et qu'on appelle vulgairement mar chandes de crabesqui chanteront le mieux un solo; chaque concurrente se fera entendre iso lément et les prix seront décernés immédiate ment après, par trois membres choisis cet effet. La Gazette de Cologne et Y Observateur Rhé nan du 8, publient la réponse faite par le roi de Prusse l'adresse du conseil communal de Ber lin, mais la version de chacun des deux journaux diffère en quelques points de celle de l'autre. Voici la version de la Gazette de Cologne: J'ai différé quelque temps de recevoir votre adresse, parceque j'ai voulu vous laisser le loisir de réfléchir, j'ai voulu voir si la première auto rité de ma capitale oserait faire une pareille démarche car je ne puis aucunement vous ac corder le droit de vous présenter ainsi chez moi, si je questionnais chacun de vous comme indi vidu, vous devriez m'avouer que la présentation d'un écrit théologique par la première autorité de ma capitale a quelque chose de singulier, mais la démarche étant faite, je dois supposer que vous n'ignorez pas la question de droit. Lorsque par la réformation on a retranché l'église son chef, les réformateurs ont accordé les droits de ce chef aux souverains. Ces droits sont donc des prérogatives de la couronne dont elles ont augmenté le poids si lourd pour moi. Je voudrais voir le moment où je pourrais m'en décharger sur l'église elle-même; car je suis d'avis que l'église doit s'administrer elle-même. Feu mon père, a rendu un très-grand service l'église en instituant les synodes. Il est vrai que le ministre des cultes, décédé, M. d'Alten- stein n'a pas su les apprécier leur juste valeur, ce qui lui a fait négliger de les convoquer; mais ni moini le ministre des cultes actuels ne craignions le grand jour de la publicité. Quant les synodes se prononceront, je me prononcerai aussi, tant qu'ils se taisent, je me tais aussi. Je ne puis d'ailleurs vous reconnaître, vous le droit de faire une démarche pareille celle d'aujourd'hui, car d'une part, comme conseil communal vous n'avez pas suffisamment pro tégé les intérêts de l'église, d'autre part vous n avez pas soutenu les liens de l'unité frater nelle entre les protestants. Sous le premier de mes ancêtres Frédéric I, Berlin avec ses 70,000 habitants avait un plus grand nombre de pasteurs qu'il n'en a aujour d'hui pour ses 400,000 âmes, alors même que les besoins de l'église étaient évidents, incontes tables, le conseil communal a toujours soulevé champ son parti est pris. L'intrépide tribun s'élance au-devant des fuyards, les rallie, les ranime aux éclats de sa voix terrible. Tous se précipitent de nouveau bouillants d'ardeur, vers le château qu'ils attaquent avec fureur. Un grand nombre de ces braves gens tombent expirants sur le seuil du palais, mais le canon gronde, les portes sont brisées, tout cède aux efforts des insurgés, et bientôt l'antique demeure des rois est livrée au plus affreux pillage. Dans les escaliers, dans les appar tements, dans les coins les plus obscurs du palais, partout un courage épouvantable annonce l'ivresse des vainqueurs, la rage impuissante des vaincus. Les Suisses, les courtisans, les serviteurs du château, tout est égorgé sans merci! Des meubles précieux sont brisés et jetés par les fenêtres, tout l'or, les objets de valeur sont portés dans la salle de l'Assemblée Législative. Le peuple, massacrant sans pitié les dé fenseurs de celui qu'il nommait son tyran, montrait ainsi le plus noble désintéressement au milieu de la plus affreuse cruauté. Danton, auquel sa qualité d'officier municipal ne permettait pas de prendre une part active ces scènes terribles, retournait siéger l hôtel-de-ville, après avoir remis les fuyards aux mains de Wester- man, lorsqu il s'arrêta tout-à-coup, frappé détonneraient Non, je ne me trompe pas s'écria-t-il, en s'approchant vive ment d'un jeune homme qui, couvert de sang et de sueur, se repo sant sur son fusil, fixait avec une douleur profonde, ses regards sur la demeure des rois envahie par le peuplé; c'est toi, Albert que je retrouve ici, armé contre ce pouvoir que tu servais dans la personne du ministre de la justice Tu reviens dono entièrement tes anciens des obstacles et des difficultés avant d'y satis faire. V ous n'avez pas non plus resserré comme vous auriez dû le faire, les liens de la fraternité pro testante, car lorsqu'une communauté anglicane vous a demandé la jouissance en commun dune église placée sous I autorité de la ville, vous avez répondu par un refustandis qu'en même temps vous avez accordé deux églises aux catholiques dissidents, sans même qu ils vous en eussent fait la demande, ce que je crois. Enfin, quant au contenu de I adresse même, je n'ai pu qu être bien douloureusement afFeclé de vous voir appeler un partiles croyants de 1 église, tandis que vous ne mentionnez pas seu lement leurs adversaires, vous êtes les premiers, Messieurs qui ayez osé qualifier officiellement les piétisles de parti, et pourtant ce ne sont que des hommes qui ont fait un serment et qui veulent le tenir, qu'ils veuillent trop restreindre les limites de leur serment, j'en conviens. Mais il y a d'autres ecclésiastiques quieux aussi, ont juré volontairement, publiquement, dans le lieu saint, devant 1 autel et en présence de Dieuet qui maintenant ne veulent plus rester fidèles leur serment et préfèrent de parcourir le pays et de soulever le peuple. Messieurs, vous êtes mes amis, je suis véritable ment le vôtre, le bien qui depuis 4 siècles a uni votre ville aux princes de ma maison nous tiendra unis plus longtemps encore, voilà ce que j'espère et je prends congé de vous, en vous assurant ma bienveillance. La version de Y Observateur Rhénan diffère enlr'autre point de celle delà Gazettede Cologne sur celui de la convocation des synodes. Le roi aurait dit que tout en étant disposé admettre la coopération du peuple et des communautés dans les affaires de l églisecette coopération ne pourrait être aussi prompte, aussi immédiate que le demandait l'adresse du conseil commu nal. Les deux journaux s'accordent dire que la régence de Berlin se propose d adresser au roi un mémoire pour se disculper du reproche que lui a adressé sa majesté d'avoir négligé ou ruai rempli ses devoirs comme patron des églises. Deux bâtiments russes, dont l'un est une frégate vapeur, de seize Canons, viennent d'arriver Gènes ils sont envoyés par le gou vernement pour être aux ordres de l'impéra trice pendant son séjour Balerme. Le corps défiguré du lieutenant de vais seau Nicolas Lemoine, commandant de la goé lette la Doris, qui après Une longue traversée, a échoué au port de Brest, a été rejeté par la mer; on n'a pu reconnaître le jeune officier qu'à ses vêlements et une montre d'or qu'il portait sur lui. 11 a reçu les honneurs militaires dus son rang. Ses obsèques ont causé dans Brest une émotion générale. Toutes les autorités et une nombreuse population y assistaient. En amis? Oui, pour sauver un ennemi! Ces paroles prononcées avec simplicité étonnèrent Danton; il voulut en apprendre la signification, et Albert s'empressa de le satis faire en lui faisant le récit des scènes qui veuaient de se passer J'ai vu tomber le marquis mes côtés, dit-il en terminant, j'ai pensé que de prompts secours pourraient encore le sauver, mais pendant que je l'emportais une balle vint me frapper au bras, et je me vis forcé d'abandonner mon fardeau, si je ne voulais succomber moi-même en persistant l'emporter. Tu as fait beaucoup plus que bien d'autres n'en feraient en pareille circonstance; car dans un semblable tumulte on n'a pas le temps de songer la vie du prochain.Mais je ne puis rester près de toi plus longtemps, je suis attendu la municipalité. Albert, les hasards de cette journée ne seront pas sans résultat pour toi peut- être; car de grands changements vont s'opérer, de grandes décisions vont être prises, et, crois-moi, ceux qui aurout été vus aujourd hui dans les rangs du peuple, armé pour la défense de ses droits, n'y perdront rien assurément. Crois-tu que le ministre de la justice conservera son ministère? demanda Albert, naïvement. Danton ne put retenir un sourire: Dans quel dessein supposes-tu que l'on renverse un gouverne ment dit-il. Pour le remplacer par un gouvernement qui réponde mieux au bouheur général» tête du funèbre cortège marchait le reste de l'équipage de la Doris. Le cabinet de Berlin vient d'intimer l'or dre aux pères rédemplorisles, sujets prussiens et dissiminés en Belgique, de rentrer [immé diatement sur le territoire du royaume. LA DOUANE ET LES FOURGOBS DU ROI DES BELGES. On lit dans l'Impartial du A'ord: Ven dredi le dernier convoi du chemin de fer ame nait la station de Valeneiennes les bagages du roi des Belges, qui consistaient en deux fourgons couverts et trois voitures de poste. Deux per sonnes de notre ville, se disant parfaitement renseignées, allèrent déclarer aux employés de la douane que les fourgons du roi Léopold contenaient des objets prohibés pour une som me d'environ 300,000 fr.les sommant de pro céder la visite de rigueur. Les employés, connaissant tous les égards qu'on doit aux têtes couronnées, répondirent qu'ils n'agiraient que sur les ordres de M. le directeur. Les dénoncia teurs qui se voyaient déjà en possession d'une somme de lt,0,000 fr., car le tiers de la saisie revient celui qui l'a rendu possible, allèrent trouver M. de Bellegarde. Grand embarras de ce dernier! Enfin, après des pourparlers fort longs, M. de Bellegarde décida qu'il ne décidait rien, ajoutant que les employés avaient le droit dagir leurs risques et périls. Nos spéculateurs crurent devoir recourir au ministère de l'huis sier pour mettre les employés de la douane eu demeure d agir, mais l'huissier refusa. Persistant néanmoins dans leur entreprise, ils se rendirent le soir l'arrivée des fourgons suspects. Une espèce de vérification eut lieu, un fourgon fut ouvert, mais pour la forme, sans toucher aux paquets qui portaient les armes de S. M. Belge, saus même vérifier le second fourgon et s'assu rer si tous les paquets portaient le sceau qui pouvait assurer leur entrée en franchise; puis tout fut dit. Encore les employés demaudèrent- ils la permission du domestique qui accompa gnait ce convoi.Voilà ce qui s'est passé vendredi Valeneiennes. Il paraît décidément que la loi n'a de rigueur que pour les pauvres, et que MM. les douaniers savent s'humaniser devant les têtes couronnées. Nous n'hésiterons pas blâ mer M. le directeur des douanes de Valeneien nes. Si les lois affranchissent les ambassadeurs ou princes étrangers de toute visite la fron tièreil devait assurer l'exécution de cette loi. Si, au contraire, l'immunité n'existe pas, il devait accueillir la dénonciation qui lui était faite, et faire procéder aux recherches usitées en pareil cas. L'autorité s'occupe sérieusement enfin de la voirie de Bondidestinée remplacer celle de Montfaucon, qui empeste la capitale depuis un demi-siècle. Une série d'adjudications pour l'exécution de travaux l'embarcadère des vi danges, va avoir lieu ce mois d'oclobre. Très-bien, mais tu devrais ajouter que pour cela il faut aussi d'autres hommes. Ah je commence comprendre, dit Albert, oui, ceux qui renversent un gouvernement pour servir les intérêts publics, peu vent en même temps songer leurs intérêts particuliers. Il serait difficile de mieux résoudre une question politique; reprit Danton en souriant encore, et si tu veux savoir comment des hommes nouveaux remplacent des hommes dépopularisés, viens me voir demain ou après, je te ferai toucher la chose au doigt. 11 n'y aura plus de royauté, et les ministres d'aujourd'hui seront redevenus de simples citoyens. Et de simples citoyens d'aujourd'hui seront ministres bientôt dit Albert, en jetant sur Danton un regard significatif. Cela pourrait arriver Danton fit quelques pas pour s'éloigner, mais se ravisant tout-à- coup, il revint vivement vers Albert, lui prit la main, et le regar^ dant fixement: Tu sais que j'ai toujours eu pour toi beaucoup d amitié, lu^ dit-il, viens me voir, je t'en donnerai des preuves. Le gouverne» ment va marcher dans une voie nouvelle, mais les hommes qui n ont pas démérité de la patrie seront encore employés la servir j tu m'entends, adieu. Et il s'éloigna précipitamment dans la direction de l'hôtel-de- ville. La suite au prochain IV9.) H.-Ta, PxROitoif*

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Le Progrès (1841-1914) | 1845 | | pagina 3