de Londres marchandait sa vie souffle souffle
au peuple nouveau-néil s'accomplissait sans
bruit dans ce petit coin de terre où tout man
quait, l'autorité dans les hommes comme la
stabilité dans les choses, une expérience que
les plus audacieux osaient peine proposer chez
nous, une expérience tout aussi décisive poul
ies droits respectifs de l'église et de la société
que l'avait été notre révolution de 119 pour ceux
de la royauté et du peuple: la théocratie dans
la liberté.
Je me hâte de dire que cette expérience n'a
pas été favorable l'utopie de MM. Lamennais
et Lacordaire; les catholiques aussi bien que
les libéraux, le reconnaissent aujourd'hui.
A Monsieur l'Éditeur du Progrès,
Monsieur,
Votre N" de Jeudi dernier, i3, contient un ar-
ticle où il est rendu compte d'un déplorable
accident que je regrette plus vivement que qui
que ce soit.
Quelque répugnance que j'éprouve occuper
de moi le Public, je ne puis cependant passer sous
silence la fin de cet article car elle tend, invo-
lontairement sans doute, faire peser sur moi
l'imputation de maladresse et d'imprudence.
Or, il est prouvé, je crois, toute évidence, que
ce malheureux événement n'a été occasionné que
par une curiosité, une imprudence bien fatales de
la part de l'infortuné jeune homme lui-même,
lequel en se déplaçant, et, par là, en se portant
au-devant du coup, a été atteint par le pistolet
qui, bien qu'au repos, est parti de lui-même.
Voilà, Monsieur, l'exacte vérité. Elle a dû être
attestée, d'ailleurs, par les deux témoins présents.
J'ai tout lieu de croire que telle sera aussi la dé-
cision de la Justice, saisie de ce déplorable acci-
dent.
Cette décision, je l'attends avec respect, calme
et confiance. D'ici là, je prie les organes de la
Presse, qui auraient rendu un compte erroné de
ce triste événement, de rendre publique la pré-
sente rectification.
Agréez, Monsieur, etc.
B.-J. TERTZWEIL.
Wytschaete, 14 novembre 1845.
La Bibliothèque de la ville d'Ypres vient de
faire l'acquisition d'un ouvrage magnifique,
d'un véritable ouvrage de bibliothèque publi
que. Nous voulons parler de l'achat fait d'un
exemplaire de la Description de l'Egypte, publiée
par la commission de savants et d'artistes, qui
a accompagné Napoléon dans celle expédition
lointaine. C'est l'édition originale qui a été ache
tée et elle devient de plus en plus rare.
Par arrêté royal il est accordé la dame
Dumortier, Marie-Thérèse, veuve du sieur Spil-
liaert, Pierre-Romainen dernier lieu gardien
en chef de la Maison d'arrêt d Ypres, une pen
sion annuelle et viagère de 293 francs, payable
partir du lr Mars 18-45 et imputable sur la
caisse des veuves et orphelins du département
de la justice.
Cependant Lise ne fit aucune observation, et le gros mercier
reprit entre deux bouchées
N est-ce pas, mademoiselle Lise, que votre mère a raison, que
les hommes ne sont plus galants? Ainsi nous voilà deux cavaliers
côté d une jolie femme, et nous ne trouvons rien de mieux que de
parler de mêlasse, au lieu de lui dire de jolies choses Mais moi je
suis excusable... un papa... j'ai oublié; tandis que monsieur, qui est
un jeune homme, doit en avoir beaucoup débiter.
Trouve donc de jolies choses», animal, pensa Léonce, qui, ne
sachant que dire, et voyant la petite moue de dédain de la jeune
fille, fiuil par lui oflrir boire.
Elle accepta et le remercia, et la conversation n'alla pas plus loin.
Allons, se dit le lion, je deviens bête comme un pavé. Je pa
rierais que M. Tirlot s'en tirerait mieux que moi.
Alors il tenta un effort désespéré, mais des plus vulgaires. Il lui
fallut parler de lui pour qu'elle s'en occupât, et il lui dit
Vraiment, mademoiselle, je suis bien malheureux
En quoi donc, monsieur?
Voilà deux fois seulement que j'ai l'honneur de vous voir, et
j'ai déjà trouvé le moyen de vous déplaire trois ou quatre fois.
A moi, monsieur? dit Lise d'un air étonné.
A vous, d'abord ce matin en arrivant trop tard; la mairie en
n'étant pas mon gant; ici peut-être, ajouta-t-il tout bas, en arrivant
trop tôt... et...
Allons donc, noble lion, pour ne pas avoir voulu celte fois jouer
•n fin, vous avez réussi. Lise avait compris en effet ce qu il voulait
dire.
Eh... lui dit-elle en le regardant.
Eh, ajouta Léonce avec une vive expression de jeune homme,
Ct en voulant la place de M. Tirlot»
Lise rougit, mais en souriant.
D abord elle avait deviné juste, ce qui la flattait, et puis le marquis
axait fait pour être près d'elle un tour d'écoliery et cela la flattait
Le 10 de ce mois, le nommé Pierre Bilcke,
demeurant Oostkerke, a été trouvé noyé dans
un fossé près de sa demeure. D'après la décla
ration du médecin et d'autres personnes dignes
de foi, cet événement est accidentel et ne pré
sente aucune trace de crime.
Le 11 du courant, le cadavre d'un inconnu
et déjà en putréfaction a été retiré de la Lys,
au Houquet, hameau dépendant de Warnêton.
Aucune trace de violence n'a été remarquée
par le médecin qui en a fait la visite, ce qui
fait présumer que l'événement est le résultat
d'un accident.
On lit dans VImpartial de Bruges:
On nous prie d insérer les renseignements et
l'article ci-après, dont nous déclinons toute
responsabilité.
Le directeur-inspecteur-ingénieur en chef des
ponts et chausséesJ. De Brockdevenu
marchand de poisson.
Le hasard nous a mis en possession d'une
circulaire que ce haut fonctionnaire adresse
tous les marchands d'huîtres et homards du
royaume; nous la transcrivons littéralement,
en conservant avec soin le style et l'orthographe
de I original
grands parcs Ostende,le iT Novembre i845.
d'huîtres anglaises
J. DE BROCK, M.
Oslende.
Mon établissement étant abandonnement pourvu
d'excellentes Huîtres anglaises et de Homards pour
toute la saison.
J'ai l'honneur de vous annoncer qu'à dater de ce
jour les prix des Huîtres sont fixés comme suit,
savoir
Par \jï tonne francs 63-oo.
i/4 3i-5o.
i fë i5~75.
1716 8-00.
Prises ici aux parcs, tous autres frais pour trans
port etc., les risques peÀdani le voyage, ainsi que
l'emballage pendant la gêlée, sout pour le compte
des commettants.
Le prix des Homards est fixé suivant leur gran
deur de a, 3, 4 et 5 francs la pièce, le panier en sus.
J'espère par la bonne qualité de la marchandise
et les soins empressés avec lesquels les ordres sont
exécutés obtenir votre bienveillance.
Dans l'attente de vos chers ordres, veuillez agréer,
M. mes sincères salutations, et me croire,
Foire tout dévoué Serviteur,
J. DE BROCK.
Ainsi, il est donc bien vrai que M. De Brock,
le direcleur-inspecteur-ingémeur en chef du
corps des ponts et chaussées de la Flandre
Occidentale fait le commerce d'huîtres, com
merce qui, par la situation de son établisse
ment industriel, pourra très-souvent le mettre
dans la nécessité de sacrifier ses intérêts ses
devoirs quelque grande que soit la probité,
le désintéressement de ce fonctionnaire nous
encore; mais cette fois il y avait de quoi avoir peur, car dans quel
but ce beau marquis s était-il approché d'elle? Le sourire commencé
disparut aussitôt pour faire place un vif embarras.
Lise était trop innocente pour songer des projets de [séduction;
mais en sa qualité de petite bourgeoise, eu face d'un gant jaune, elle
se dit Il veut 6e moquer de moi et elle prit uu petit air prude
et pincé.
Vous voyez bien, dit'Léonce; que je vous ai déplu.
Ah mon Dieu, monsieur, dit-elle, vous ou M. Tirlot, c'était
la même chose.
Léonce fit la grimace, l'équation était cruelle, alors il ajouta im-
pertinemment
Je ne crois pas.
Ah! fit Lise, qui crut un excès de fatuité.
Oui, dit Léonce en tournant assez bien lécueil, je crois que
vous auriez préféré M. Tirlot.
Lise ne répondit pas.
C'est un de vos parents dit Léonce.
Non, monsieur.
C'est un de vos amis
Non, monsieur.
C est doue celui de Prosper
Oui, monsieur.
Tant mieux dit Léonce il y aura compensation, et on par-
donnera Prosper sou ami Steroy en faveur de sou ami Tirlot.
Oh fit Lise, vous n'êtes pas l'ami de Prosper.
•- Moi et pourquoi donc? Je l'aime beaucoup.
Oh 1 ça ne fait rien.
Je suis sout prêt lui rendre service.
Je n'eu doute pas; mais ce n'est pas cela que je veux lui dire»
Et je crois qu il a aussi pour moi beaucoup d'affection.
J'en suis bien sure, dit Lise; mais cependant voua savez bien
que vous n'êtes pas amis,
soutenons que c'est là un abus grave, qu'il est
du devoir de la presse de dénoncer au gouver
nement.
Par arrêté royal en date du 7 novembre, un
subside de 303 fr. 10 centimes est alloué au
bureau de bienfaisance de Brielen (Flandre oc
cidentale) pour le mettre même de couvrir
le déficit qui existe dans sa caisse.
On écrit de Courlrai, 11 novembre
L'instruction charge de De Metlere, accusé
de parricide, se poursuit avec grande activité.
Nombre de témoins ont encore été entendus
ainsi que l'accusé, mais ce qui en transpire
n'offre guère d'exaclilude. Ce qu'il y a de plus
vraisemblable, c'est que l'accusé n'a fait que de
semi aveux. La mère est toujours dangereuse
ment malade.
Deux attaques nocturnes et un vol avec effrac
tion ont été commis dans nos environs. Dans
une de ces attaqueson a volé un habitant
d'Aerseele une somme de 900 francs.
Un incident assez curieux a été sur le point
d'entacher de nullité la procédure de la pre
mière affaire jugée lundi la cour d'assises.
Parmi les jurés se trouvaient un monsieur
du nom De Vglderel un autre portant le nom
de De Wilde le nom du premier de ces mes
sieurs étant sorti de l'urne, le président des
assises le prononça la française et appela M.
De Vilde. A lappel de ce nom, M. De Wilde
se croyant désigné prit place parmi les jurés, et
le nombre des douze jurés ayant été complété,
M. De Vylder quitta laudience. Le greffier
donna ensuite lecture des noms des douze jurés;
il prononça le nom de De Vylder la flamande,
et ce ne fut qu'alors qu'on s'aperçut que ce
dernier n'était pas parmi les jurés heureuse
ment il n'avait pas quitté le local et il vint rem
placer M. De NVilde que le sort n'avait pas 1
désigné.
Dans la dernière séance da conseil communal
de Tournay, il a été donné connaissance d'une
réclamation de M. le ministre de l'intérieur
relativement au budget d 1 athénée.
M. Van de Weyer a renvoyé le budget de cet
établissement, en demandant qu'on en fasse
disparaître tout ce qui est relatif la philoso
phie, M. le ministre prétend qu'en présence de
la loi du 2 septembre 1835 sur l'enseignement
supérieur, le gouvernement ne peut reconnaî
tre d'autre faculté de philosophie que celles
établies près les Universités de Gand et de Liège.
Plusieurs membres font observer que les
observations du ministre sont un peu extraor
dinaires, quand on considère que depuis dix
ans que la loi existe, le budget de lathénée a
toujours été approuvé sans observation; tou
tefois il est fait droit aux scrupules de M.
Mais enfin pourquoi
Cest que, dit Lise, vous êtes M. le marquis de Slerny, et lui
Prosper Gobillou, plumassier.
C'est bien mal, mademoiselle Lise, ce que vous dites-là, fit
Léonce d'un air libéral.
En quoi douo
N'est-ce pas dire que ce titre que je porte me rend fier, orJ
gueilleux, impertinent peut-être?
Ah monsieur.
C est croire que je ne sais pas rendre justice l'honneur, la
probité de ceux qui n'ont pas un litre pareil; c est presque me faire
regretter d'être né dans ce qu'on appelle un rang éleyéf comme si
nous ne vivions pas une époque où chacun ne vaut que par son mé—
rite et ses œuvres.
Ah! lion, maître lion, qu'avez-vous fait de votre noble crinière
de gentilhomme? Comment, vous voilà débitant sentimentalement
des phrases du Constitutionnelou le mélodrame, et cela d'un loi*
sérieux Où sont doue vos amis, pour rire de vous comme vous en
ririez vous-même si vous pouviez vous voir
Mais voilà que vous prenez la chose au sérieux, car Lise vous ré
pond d un ton affectueux
Je vous remercie pour Prosper de oe que vous venez de me dire,
cela lui ferait grand plaisir.
Oh Prosper me connaît depuis longtemps; nous avons été
enfants ensemble, et il n'est pas comme vous, il ne me croit pas un
dandy, un lion.
Qu est-ce que c'est ça un lion dit Lise en riant.
Oh! reprit Sterny, ce sont des jeunes gens du monde qui s#
croient de l'esprit parce qu ils se moquent de tout, qui font semblant
de mépriser tout ce qui n'est pas de leur coterie, et qui n ont d'autrg
occupation que de rien faire.
Le lion reniait sa religion et ses frères.
Ah dit Lise, je sais ce que vous youles dire; mais je xou£ pr$t