INTÉRIEUR. 5e ANNÉE. - N° 473. DIMANCHE, 23 NOVEMBRE 184o. JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. lu aimiouirëux. On s'abonne Ypres, Marche au Beurre, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 0-00 Prix d'un numéro0-25 Le Progrès Tout ce qui concerne la rêdac* tion doit être adressé, franco l'éditeur du journal, Ypres. Le Progrès paraît le Diman che et le Jeudi de chaque semainet PRIX DES INSERTIONS, Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EUNDO. TPRES, le 22 Novembre. INCIDENT A PROPOS DE LA MODIFICATION DU MINISTÈRE. Vous ne connaissez pas la grave nouvelle. Non. quelle est-elle? Comment vous ne savez rien? En vérité, j'ignore si quelque terrible danger a menacé notre globe terrestre. Et dire qu'un ambassadeur venu d'outre-mer, a dû se sacrifier, pour empêcher que de pareilles énormités ne se commissent en Belgique Mais enfin expliquez-vous. Eh! mon cher, il s'en est fallu de bien peu, que S. M. le roi des Belges n'ait abdiqué virtuellement Voilà l'étonnante décou verte que les débats de la chambre viennent de mettre au grandjour. M. Rogier a failli se mettre subrepticement au lieu et place de Sa Majesté et tel est le motif qui a engagé M. Vande YVeyer accepter le porte feuille de l'intérieur. Le ministère de conciliationcomme on s'en aperçoit, débute on ne peut mieux. 11 n'a pas dépendu de M. Dechamps que le sénat ne fut intimidé par ce fantôme du radicalisme, que le ministère des affaires étrangères annonçait gravement avoir envahi les hôtels de ville de trois grandes communes. 11 fallait maintenant faire jouer d'autres ressorts, pour lâcher d'ef frayer la chambre des représentants. Or, 011 n'a rien trouvé de plus mirobolant, que d'accuser M. Rogier, le ministre libéral de 1840 d avoir voulu escamoter les prérogatives de la Cou ronne. A celle accusation au moins extraordinaire, M. Rogier, avec cette éloquence entraînante, qu'on lui connaît, a répondu que les allégations de M. le ministre de l'intérieur étaient fausses, que jamais S- M. ne l avait fait appeler pour le consulter sur la composition du dernier minis tère qu'à la vérité, dans une conversation offi cieuse et confidentielle, il avait été question que lui, M. Rogier, se chargerait de former un cabinet, mais qu il s'est expliqué franchement et qu il a décliné cet honneur, moins qu'on ne lui accordât le droit de dissoudre les cham bres, si le besoin s'en faisait sentir. Pour apprécier la condition mise par M. Ro gier, l'acceptation d'un mandatquele Roi aurait pu vouloirluiconfier, il faulserappeler cequiest arrivé dans la session de 1840-1841. Après une discussion politique, le ministère libéral obtint la majorité la Chambre, mais fut renversé par la fameuse adresse du Sénat. Une minorité nombreuse et tracassière harcelait continuelle ment le ministère et le mettait au défi de pou voir dissoudre les Chambres, si le cabinet se trouvait dans la nécessité de faire un appel au pays. Celle minorité, composée d'ullra-calho- liqueset en grande partie de fonctionnaires, tra vaillait ouvertement contre le ministère libéral, parce qu'on certifiait que le Roi n'aurait jamais consenti une dissolution de la législature. C était un des moyens qui fuient mis enjeu, pour faire tomber le ministère Lebeau-Rogier. Aujourd'hui M. Rogier est accusé d'avoir pris ses précautions, avant de se charger de for mer un cabinet, afin de lie plus reucontrer un obstacle de ce genre. Grande rumeur parmi le parti clérical et ministériel! Ces conservateurs qui ne veulent que conserver leurs positions, se montent la tète elles voilà eu train d afficher un ultra-royalisme éehevelé, après avoir, l'occa sion de la loi sur le jury d'examen, dépouillé la prérogative royale (1 uu droit qui luireveuait, du choix des membres du jury. Mais en supposant que les faits alfégue's charge de M. Rogier fussent vrais, en quoi cet homme d'étal n eut-il pas agi couslilulionnelle- meul? Quand on pose les conditions, aux quelles on veut accepter les fonctions de mi nistre on ne stipule pas seulement pour soi mais bien pour l'opinion laquelle on appar tient et qu'on représentera au pouvoir. Et dans l'hypothèse que M. Rogier eut demandé auto risation de dissoudre les Chambres, si une frac tion s y conduisait d une manière anti-gouver- nemenlule, en quoi la prérogative royale eut elle été blessée? Il était libre au Roi d accepter ou de rejeter ces conditions et de faire ailleurs des ouvertures qui n'avaient pas réussi auprès de M. Rogier. Par ces débats si malheureusement provo qués par les indiscrétions de M. le ministre de l'intérieur, le nom du roi, qui jusqu ici était resté en dehors des discussions des partis, se trouve, pour la première fois, compromis dans la lutte qui s'est engagée entre les partisans de l'ancien régime et les amis sincères de la Con stitution. L'incident qui a été soulevé, a prouvé que S. M. est entourée de personnes dévouées, non pas aux institutions du pays, mais au parti clérical, et qui, dans de graves occasions, ont surpris sa religion. Nous croyons que la per sonne du roi découverte par le ministère dans la discussion de l'adresse, est un acte bien plus inconstitutionnel que les stipulations imputées M. Rogier, qui peut invoquer, pour les justi fier, les coutumes anglaises et l'exemple de sir Robert Peel. Les débals qui ont eu lieu la Chambre sont des plus curieux. Le ministère surtout se dis tingue par ses explicationsenlorlilléeset ses agres sions cancanières. Mais sous tous les rapports, personne ne mérite plus d'attirer l'attention du public que M. Malou, le ministre des finances. Au sénat, l'honorable député d'Ypres avait fait une mirobolante protestation en faveur de la modération de ses opinions; soit, il est inutile de chicaner là-dessus tous les membres de la droite sont devenus des enragés modérés. Mais la chambre, a été bien mieux sommé de rendre compte de son entrée au ministère, M. Malou est venu annoncer la représentation nationale ébahie, qu il se réservait, dans le ca binet de conciliationle monopole de la défense de la Constitution et de nos institutions. Nous ne connaissions pas cet âpre désir M. Malou, mais il faut convenir, qu'en donnant ces explications la chambre, il a fait preuve d'une notable dose d'assurance (pour ne pas nousservir d'un autre mot) car ce défenseur des lois et des institutions a été l'auteur de la proposition de doter les villes d'une espèce de proconsul, le rapporteur de la loi sur les fraudes électo rales, de celle dite des céréales, et uu chaud partisan de la loi du fractionnement. ■GBâXâXSii— L'autorité communale vient d'organiser, sous la présidence de M. le Bourgmestre, un comité Feuilleton. (Suite.) Y. Ne demandez pas Léonce pourquoi il était heureux il n'aurait point su vous le dire; car cette émotion était aussi nouvelle pour lui que pour I.ise, et il bu pensait ni l'examiner ni la combattre; il se trouvait bien où il était, il voyait tout d'un œil bienveillant, et si parfois il nè réconnaissait pas une grâce complète dans la manière dont toutes les choses se passaient, il y trouvait une bonne foi qui le cha r niait: ces géns-là s'amusaient sincèrement. 11 essaya de lester loin du salon où était Lise mais, malgré lui, il revint et glissa son regard entre deux hommes qui barraient la porte. ïdsedansâiit, mais elle n'était pas la danse; car elle tenait les yeux baissés, ou faisait glisser autour du salon un ooup d'œil rapide "et furlif. Qui cherchait-elle Léôfice eut peur que ce ne fût pas lui; mais lorsqu'il vit que depuis qu il était là elle ne cherchait plus, il éprouva uu nouveau bonheur, ùnbonheur si vif qu'à son tour il eut peur. Cette peur ne pouvait rester une incertitude dans le cœur de Léonce, comme dans lé cœur de Lise; il se demanda ce qu'il éprou- yait ei rougit eu lui-même. Âh! ça, dit-il, mais je fais L'enfant; je deviens fort ridicule. Leur vin frelaté m'a monté la tête. Je suis gris, ou le diable m'em porte! Ce n'est pas possible! Et pour s'assurer qu'il n était pas homme se laisser dominer par une émotion d'enfant, il se mit regarder Lise. Lise dansait avec un beaujeuue homme, aussi beau que le lion, d'une élégance simple, el qui parlait sa danseuse avec une aisance parfaite, lui disant sans doute des choses assez intéressantes pour qu'elle l'écoulàt avec soiu, assez bieu dites pour qu'elle y répondit par de petits signes d assentiment. A cet aspect, il se passa toute une révolution dans le cœur du lion; il se compara quelquuu; il se compara un homme qui pouvait être, un marcbaud de cotounade, et il trouva que rien ne lui assurait un avantage sur cet homme. Léonce éprouva un désappointement bien plus cruel, quand il vit le visage do Lise tranquille, heureux. Le pauvre enfant n'avait d autre bonheur que d'avoir aperçu le regard de Léonce attaché sur elle, que d eu éprouver une joie, une fierté, uu ravissement qu'elle ne redoutait plus, car il n était pas ses côtés, et le contact de sa main, le son de sa voix ne le faisaient plus trembler. Un singulier doute pénétra dans le cœur de Sterny Est-ce que cette candide enfant serait une coquette d'arrière- boulique? se dit-il. Ah! vraiment, cest trop d'ambition, ma belle, vous êtes jolie, mais vos prétentions sont trop impertinentes, Comme il pensait cela eu regardaut Lise, le visage de Léonce prit une expression de hauteur et de dédain, et la douce enfant, l'ayant regardé ce moment, fut si surprise de se voir regardée ainsi, qu'elle en devint pâle, et que ses yeux fixés sur Léonce semblèrent lui dire Eh bien! qu'avez-vous qu'est-ce que je vous ai fait, mon Dieu Et tout aussitôt elle n'écouta plus son danseur et se trompa troia fois en dansant. Léonce vit tout cela et voulut voir si ce n'était pas un jeu. II ne voulut pas qu'un homme de sa sorte fut dupe d un manege de fausse Agnès. Eu conséquence, lorsque la contredanse fut finie, il prit son air le plus sûr de lui, le plus indifférent, le plus lion, et s'approchant de Lise et de sa mère, il dit Mme Laloine sans regarder Lise J'ai bien des pardons vous demander de mon étourderie^ madame. En rentrant chez moi, j'ai trouvé dans ma voiture ce cor don de cheveux et celte petite plaque d'or; ils doivent appartenir quelqu'un de vos invités, et j'avais oublié de vous les remettre. A ce mot Quelqu'un de vos invités, Lise regarda Léonce comme pour lui dire: N'aviez-vous pas compris que c'était moi Mme Laloine remercia Léonce et dit Lise Tu vois bien que j avais raison de te dire que M, le marquis te les rapporterait. Ah! ils appartiennent mademoiselle? dit Léonce d'un Ion froid, en lui présentant ce petit bijou d'un air dédaigneux,

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