INTÉRIEUR. 5° ANNÉE. - IVe 482. JEUDI, 18 DÉCEMBRE 1845. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Feuilleton» On s'abonne Ypres, Marché au Beurre, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Ypres. fr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 Le Pr» Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco, l'éditeur du journal, Ypres. Le Pkogkès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine, PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EUNDO. YPRES, le 17 Décembre. On est venu présenter la rédactionune protestation delà part de la Société des Chœurs, qui déclare que la commission est étrangère aux articles qui ont paru dans les Journaux de la villele 4, 7, 11 et 14 du courant, et tout ce qui pourrait se trouver d'inconvenant dans les articles insérés dans ces feuilles. Nous avons lieu d'être étonnés de voir que le journal le Progrès se trouve mêlé dans ce dé saveu. Nousavons cru, jusqu'ici que notre feuille, fidèle ses antécédentsavait pris tâche de défendre nos concitoyens insultés grossièrement par un léger troubadour. Il nous a paru, que, comme nous étions tout fait en dehors des dissensions qui ont agité la Société des Chœurs, la commissiou'aurait agi très-convenablement en nes'occupant aucunement du Progrès, dont la rédaction n'a rien de commun avec la direc tion de la Société des Chœurs. Si on a trouvé juste et nécessaire de se moquer des vers d'un misérable rimailleur, dont le moindredéfaut est de faire de la mauvaise poésie, on s'est tenu dans le programme adopté depuis longtemps par le journal et on a défendu les habitants d"Ypres attaqués par un individu que nous ne voulons pas qualifier et cela au nom de nous ne sa vons quels intérêts, que nous ferons connaître cependant, si on nous y pousse. 11 ne s'agissait donc nullement de déclarer qu'on était étranger des articles, dont la res ponsabilité ne pouvait jamais incomber la commission de la société des Chœurs, ni une partie de cette commission. On avait imprimé dans le journal même, que les articles concer nant celle société appartenaient la rédaction et qu'on en assumait par conséquent la respon sabilité. Mais quelques membres, après avoir de com mun accord fait insérer dans un journal un compte-rendu dont ils n'avaient pas pesé toute la portée, n'ont pas voulqen avoir le démenti seul et pour ne pas froisser l'àmour-propre de quel ques individus, on a guéri les plaies sur le dos d'aulrui, c'est dire que ceux de qui étaient venus les premiers torts, ont fait amende hono rable, mais condition que d'autres consentis sent faire acte de faiblesse. On a donc jeté un désaveu un journal qui n'était pas l'organe de la société, ni d'une fraction de la société et on l'a placé sur la même ligne que la feuille qui a été la cause de tous les germes de discorde qui se sont élevés entre les membres de la So ciété des Chœurs. Dans ces circonstances, la rédaction a cru ne pouvoir admettre la réclamation de la Société des Chœurs et n'en aurait pas parlé, si celle dé claration n'avait été présentée l'insertion dans la feuille du parti clérical. La distribution de pains dont nous avons parlé dans notre dernier n", a été faite hier l'Hôlel-de-Ville. Il a été distribué 11116 pains aux indigents, et celle manière de célébrer l'an niversaire du jour de naissance du roinous paraît très-louable et digne d'être imitée. Aussi MM. les officiers recueilleront-ils les bénédic tions d'un grand nombre de pères de famille, dont l'indigence a été soulagée par ce secours inattendu. Programme d'une Exposition de produits des beaux-artsproposée par l'Académie royale de peinture, sculpture et architecture Bru ges pour l'année 1846. La Direction appelle l'attention des Artistes sur quelques-unes des dispositions de ses règle ments 1° L'ouverture du Salon se fera solennelle ment le premier Lundi de Juillet 1846. 2° Le Salon d'exposition sera établi au local des Hallessur la grand'place. 3° On y recevra tout objet de peinture Sculpture, Architecture, Gravure, Ciselure, Lithographie ou Dessin, exécuté par des artistes vivants quelles que soient leur patrie et leur résidence. On n'admettra aucune copie. On entend par copietableau d'après gra vure, ou dessin d'après dessin, et non tableau d'après sculpture, sculpture d'après tableau, etc. etc. Les objets quid'après l'avis de la Commis sion seraient contraires aux bonnes mœurs seront également exclus. Les tableaux qui ne sont pas encadrés ne se ront pas reçus. Aucun objet d'art ne pourra être exposé que du consentement de l'auteur. 4° Les objets destinés l'Expositionseront adressés l'Académie Royale de Peinture Sculpture et ArchitectureBrugesfranc de port, avant le quinze Juin. L'artiste ou l'amateur donnera avis de sou expédition au Secrétaire, par une lettre [affran chie, où il fera connaître son nom, ses prénoms et sa demeure; si c'est l'amateur qui fait l'envoi, il désignera le nom de l'auteur. Cette lettre con tiendra de plus une note explicative des objets expédiés. 5° Les artistes qui désireraint vendre leurs productions exposées au Salon, sont invités indiquer les prix dans leur lettre d'avis. Arrêté en séance dè la Direçlion de l'Acadé mie, Bruges, le 20 Octobre 1845. LE PRÉSIDENT, A. YAN CALOEN-DE CROESER» LE SECRÉTAIRE, ROELS. Les journaux de Londres nous apportent une importante nou velle.Le ministère anglais n'ayant pu se mettre d'accord sur la question des céréa les a donné sa démission. Lord John Russeli aurait été appelé pour constituer un nouveau cabinet. (Nous donnons plus loin les détails que nous trouvons dans les journaux sur cet évé nement.) LE tmm «©uiaiiysL VII. - {Suite.) Les Laloine n'avaient rien vu de oette scène, tout cela leur avait paru très-simple mais lorsque Sterny retourna près de Lise qui était partie en avant, il la trouva en larmes. Je vous le disais bien, monsieur, dit-elle aussitôt. Comme cette femme m'a regardée... Laissez-moi, monsieur, laissez-moi... retournez vers vos amis... je vous en prie... je le veux. Et comme Sterny voulait répondre, elle mit son cheval au galop pour s'éloigner de lui. Sterny la suivit d abord, mais comme me sure qu'il s'approchait d'elle, elle le lançait plus vivement, il eut peur qu'elle ne finît par se blesser et s'arrêta. Lise disparut ses yeux, et il resta au milieu de la route. Il était hors de vue de tout le monde mais il entendait la voix de M. et M™ Laloine qui appelaient Lise en criant: II va pleuvoir, retournons. Il imagina l'alarme de M»» Laloine si elle le trouvait ainsi tout seul, et voulut tout prix rejoindre Lise, il courut toute bride pendant cinq minutes eufiu, au coin d'une allée, il vit le cheval de Lise libre; il s'élança en criant son tour Mademoiselle Lise mademoiselle Lise Elle sortit du bois en lui disant Eh bien monsieur, me voilà. Oh! reprit-il, que vous m'avez fait peur 1 Il y avait tant de vérité dans son émotion que Lise en fut presque touchée mais son parti était pris et elle répondit u De quel côté est ma mère? Par ici, mais bien loin. J'y vais. Ne montez-vous pas cheval Non, dit-elle, non... d'une voix entreooupée cette course m'a brisé le cœur. Et Sterny remarqua seulement alors que sa poitrine haletait, et qu'une pâleur effrayante couvrait son visage. Il sauta bas de son cheval, et courut elle. Oh! mou Dieu!... c'est moi qui ail fait ce mal, s'écria-t-il} Pardonnez-moi, pardonnez-moi, Lise!... Non, ce n'est pas vous... j'ai eu tort... j'ai... Et en prononçant ces paroles elle défaillit, et serait tombée par terre, si Léonce ne l'eût prise dans ses bras. A ce moment l'orage éclata avec violence et Lise tressaillit comme frappée par la foudre, mais son évanouissement n'était qu'une fai blesse passagère, elle se remit et entendit la voix de sa mère qui l'appelait. Allons la rejoindre. Mais vous pouvez peine marcher. Oh! allons, allons! lui dit-elle tandis que ses dents claquaient... je peux marcher, je le peux, je le veux. Et elle prit un sentier en répondant avec nne voix éclatante: Me voici, maman, me voici. Mais avant qu'ils fussent arrivés, elle dit Sterny m Vous nous quitterez, n'est-ce pas je le veux,.. •x Je vous obéirai, dit Sterny. Cela dit, il n'y eut plus un mot de prononcé, et lorsqu'ils arrivè rent près des grands parents, elle était calme et remise en apparence. Mais pendant leur absence la grande résolution d'inviter Sterny avait été prise et elle lui fut solennellement adressée par M. Laloine. Il s'y refusa d'abord, mais aveo un embarras triste comme celui d'un enfant qui a peur. Il obereba vainement un encourage ment dans un regard de Lise elle détournait la tète. Ah! je comprends dit M. Laloine, ces messieurs et ces dames qui viennent dépasser vous attendent. Non... non, monsieur, dit vivement Sterny, je|n'ai rien faire avec ces gens-là. Ces gens-là! sa société habituelle. Oh! pauvre Sterny! Mais alors pourquoi ne pas accepter? dit Mm* Gurauflot qui s'était éprise du beau Léonce. Ma préseuce ne plairait peut-être pas tout le monde, madame, reprit Sterny en s'inclinant; permettez que je me relire. Mais, voilà la pluie qui va tomber, dit M"" Gurauflot, vous accepterez au moius un parapluie Merci, madame, merci, dit Sterny d'une voix douloureuse. Adieu, monsieur Laloine, adieu, madame j'ai l'honneur de vous saluer, mademoiselle, dit-il enfin en se tournant vers Lise. Elle le laissa partir; mais il n'était pas vingt pas, que feignant de se retirer l'écart, elle pleurait chaudes larmes. Quant Sterny, il s'éloigna avec rapidité, gagna le chemin de fer et revint Paris^ Il courut s'enfermer chez lui. Il était désespéré, il était en colère, il s'en voulait, et en voulait Lise et cependant il ne pouvait penser elle sans se sentir pris d'un frisson d'amour qui l'enivrait. (La suit» au prochain h'.)

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Le Progrès (1841-1914) | 1845 | | pagina 1