NOUVELLES DIVERSES.
Il est d'usage, lorsque la famille royale doit
retourner le soir au château de Laeken, de faire
reconnaître la route par une patrouille de ca
valerie. Mercredi 24, le Roi et la Reine, rete
nus au palais parsuile d'un dîner d'&pparat, ne
sont retournés Laeken que vers dix heures et
demie ou onze heures du soir. Quatre sous-
officiers du régiment des guides venaient de
reconnaître la nouvelle route royale de la place
de la Reine au pont de Laeken, lorsque l'un des
cavaliers de la patrouilleséparé de quelques-
uns de ses compagnons, essaya un coup de feu
parti de l'endroit de la chaussée que traversent
les deux lignes du rail-vvay allant la station
de l'Allée-Verle et celle de la porte de Colo
gne. Le maréchal des-Iogis, sur lequel le coup
paraissait être dirigé, entendit distinctement le
sifflement d'un projectile d'arme feu. Son che
val s'effraya et prit le galop mais presqu'au
même instant un second coup dé fusil se fit eu-
tendre et manqua d'atteindre la tête du cheval.
Tout ceci avait eu lieu dans l'espace d'une demi-
minute.
Les autres cavaliers de la patrouilleaccou
rus au bruit de celte double délonnation, se
mirent en devoir d'explorer les accotements de
la chaussée pour chercher saisir l'auteur de
l'attentat j mais toutes les recherches furent
inutiles. Le coupable avait dû prendre la fuite
dans une direction opposée vers le pont de
Laeken. Deux gendarmes cheval postés contre
ce pont ne bougèrent point, et lorsque les sous-
officiers les interpellèrent ce sujet, ils décla
rèrent que leurs chevaux sélaient effrayés et
qu'ils n'avaient pu se diriger vers l'endroit d où
partaient les deux coups de feu successifs.
Tout ce qu'on put découvrir de celte mysté
rieuse et criminelle tentative, c'est que Ion
avait vu rôder dans cette localitéquelques
instants avant, un individu la démarche équi
voque, et qui semblait être porteur d'un grand
bâton, qui pouvait bien être un fusil.
Un quait-d heufê après l'événement, la voi
ture conduisant Lt,. MM. Laekeq passait sur
la chaussée, sous l'escorte des cavaliers qui
avaient reconnu la roule, et aucun nouvel in
cident ne s'est reproduit.
La ville de Marche (Luxembourg) vient d'é
prouver une terrible catastrophe. Le 27 dé
cembre, vers 3 heures du malin, un incendie
épouvantable y a éclaté. Les deux pompes de
la ville ont été impuissantes arrêter I action
du feu, favorisée par un grand vent ou plutôt
par une espèce d ouragan. Dans la rue des Car
mes, trente bâtiments ont été consumés. Tonte
la rue d'un bout l'autre est brûlée. Douze
maisonshuit granges remplies de graincinq
écuries et cinq élables et bergeries ont péri en
tièrement. Rien n'a été sauvé dans les maisons.
Le feu a commencé près du couvent des Carmes,
et s'est arrêté après sept heures de durée, vis-à-
vis la maison de M. de Labeville.
D'après les ordres du ministre de la guerre,
on exécute en ce moment dans diverses villes
de garnison les travaux de fortifications, de
campagne. Ces travaux sont exécutés par la
troupe d'infanterie, sous la direction d'officiers
du génie. Les officiers de toutes les armes as
sistent ces travaux, qui ont pour leur princi
pal but leur instruction personnelle.
Par arrêté royal en date du 20 décembrele
sieur Delfosse (Félix-Adolphe) inspecteur-gé
néral des postesest nommé chevalier de l'Or
dre de Léopold, il portera la décoration civile.
Par arrêté royal de la même date, sont nom
més chevaliers de l'Ordre de Léopold MM. Bis—
serot, ingénieur des ponts et chaussées; Bareel,
directeur de la division des postes au ministère
des travaux publics: et De Meren, directeur des
postes de la province d'Anvers.
On écrit de Liège, te 30 décembre
Un malheur est arrivé hier, rue du Sémi
naire: le nommé Alexis Gateau, peintre en bâ-
limens, était occupé badigeonner une maison
sise dans la dite rue, lorsque loul-à-coup il
manqua un échelon de l'échelle sur laquelle il
était monté et tomba sur le pavé. Les secours
les plus prompts furent prodigués ce malheu
reux, mais sans succès; il est mort immédiate
ment.
Il y a quelques semaines un pareil malheur
est encore arrivé dans la même rue.
D'après une lettre de Hanovre, publiée par
la Gazette de Cologne, le système suivi depuis
quelque temps par le gouvernement hanovrien
de ne plus nommer que des nobles aux fonc
tions administratives qui ont quelque peu d im
portance excite un vil mécontentement dans
la bourgeoisie; il paraît en effet, qu on ne se
bovnepas donner les places devenues vacantes
accidentellement des membres de la caste
nobiliaire, mais qu'on destitue les employés les
mieux méritants pour donner leurs places aux
premiers et cependant, ajoute le correspondant
de la Gazette de Cologne, on a beaucoup de
peine trouver parmi la classe privilégiée des
hommes capables de remplir des fonctions im
portantes.
Le mécontentement est d'autant plus fondé
que ce système est en contradiction flagrante
avec la constitution donnée par le roi actuel
qui dit formellement que la naissance ne doit
donner aucune préférence pour la nomination
aux fonctions administratives.
L'Observateur rhénan publie une corres
pondance de Rome qui contient, sur l'entrevue
du pape et de l'empereur, peu près les mêmes
déLajL qui se trouvaient dans 1 Univers, mais
la correspondancedelafeuillede Cologne ajoute
que l'empereur paraissait fort peu son aise
lorsqu'il a quitté le cabinet du pape, et que
rien n'indique que le czar soit disposé rien
faire de ee que le pape aurait demandé de lui,
U UJ.ll 1 L -Il
malgré l'impression qu'ont paru produire sur
lui les paroles du chef de l'église catholique.
Le correspondant de Y Observateur rhénan
fait remarquer en outre, que le pape n'a pas
rendu l'empereur sa visitebien qu'il n'eût
pas gardé la même réserve pour le roi de Naples
et le rc»i de Wurtemberg; puis il ajoute: aucun
des membres du sacré collège n'est allé pré
senter t?* hommages l'empereur Nicolas, si
ce n est le cardinal Lambruschini qui devait le
faire p«iur ne pas manquer l'étiquette diplo
matique et le cardinal Bernetli que le czar avait
connu i Saint-Pétersbourg, et auquel il a fait
témoigner qu'il le verrait avec plaisir.
Le cardinal Lambruschini a fait de nouvelles
représentations l'empereur concernant la fâ-
eheuse situation de I église catholique en Russie,
mais il n'a pas eu plus de succès que le pape
lui-mê»»e: au contraire il paraît que l'empereur
s'est prononcé plus nettement encore avec le
secrétaire d élai qu'avec le pape, car on rapporte
que M Lambruschini sortant de l'audience de
I empereur aurait dit 11 n'y a rien espérer
de cet homme-là. L'empereur a agi Rome
avec s£» générosité ordinaire, ila en quelquesorte
semé l'Or pleines mains. Ainsi les domestiques
du palûis du Vatican ont reçu 12,000 écus ro
mains.
AMnt-hier, vers midi, les personnes qui
se troi»f<iient sur le port au blé, remarquèrent
avec si1 rprise une femme d'une mise simple, qui
s'avançait lentement sur la berge de la direction
de la r»ûère,en croisant les bras sur sa poitrine
et en lôvant au ciel des regards inspirés. Mais
leur surprise redoubla quand ils la virent entrer
dans l tau sans rien déranger son attitude et
savant'tr graduellement sans que la rapidité
du fleuve qui menaçait déjà de l'entraîner lui
inspirât le moindre effroi.
Celttifemme, évidemment, allait se noyer, et il
était gi'and temps que quelqu'un se décidât la
secouru. Ce fut ie nommé Laporle, charbonnier,
rue Sa tut-An loi ne. qui, revenu un peu de son
étonne'nent, se dévoua lui rendre ce service,
II en li a courageusement dans l'eau, derrière
elle, et saisit cette malheureuse par les cheveux
au moment où elle allait disparaître.
Ce|U>C|ui venait de courir un si grand danger
est un^ femme Boque, piqueuse de coiffes de
chapeaux, demeurant rue d'Orléans, 5, au
Marais- La femme Boque a lu le Juif-errant,
et elle s'est tellement impressionnée de celte
lecture" qu'elle est devenue folle. Un ange
m est hpparu, disait-elle au commissaire de
police du quartier de l'hôtel de ville, devant
lequel en lavait conduite, il m'a dit: Le Juif-
errant o,t mort, tu vas reprendre sa mission.
Ou saiM> en effet, que dans son roman, M.
Lugèa^Sue fait mourir le touriste perpétuel de
I Ecriture. L'ange a ajouté, continua la femme
Boque Marche! marche! traverse la terre,
traverse les fleuves; les flots le porteront, la
terre a* le manquera pas. J ai voulu aujourd'hui
comtancer ma mission, vous avez eu tort de
mettre obstacle la volonté du ciel
—Vous voilà, me ci il-il j'avais peur que vous ne vinssiez pas.
Oh! mon amiqu'elle m a semblé triste et malheureuse pendant
toute la durée du quatrième acte! je ne l'ai pas quittée des yeux j
elle était eucore plus pâle, si cela est possible. Un tremblement dou
loureux semblait faire tressaillir tout son corps, et ses mains étaient
jointes comme si elle eût voulu prier. Viens nous asseoir, dis-rje
Gaston Où en étais-je de mon récit? Osrnond venait de quit
ter la comtesse de Saint-Géran... -« Oui, c'est vrai; et Hélène était
resiée appuyée la cheminéeles yeux secs et fixes; mais sa pâleur
était elFrayanle. Celui qui l'eût regardée quelques instants eût com
pris quelle douleur terrible était cachée sous cette pâleur et com
bien mentaient aux yeux ce calme et cette tranquillité apparente.
Elle écouta jusqu'à ce que le bruit des pas du jeune homme se fu|
éleiut dans le silence alors elle jeta autour d'elle un regard in
quiet et désolé, et se cachant le visage de ses deux maius entrelacées,
elle sanglota amèrement. Maintenant qu'elle était seule aveo elle-
même, sa force et son courage 1 abandonnaient; ce n'était plus celte
femme tout l'heure si calme et si résignée dont aucune parole
n'avait trahi l'émotion soutenue par [immuable pensée de son de-r
voir et par la pureté de sa conscience maintenant c'était la pauvre
jeune fille faible et soutirante, brisée sous sa douleur et sous ses lar
mes. k*m
Elle se laissa tomber daijs un fauteuil. Qh! mon Dieu mon
Dieu !..,dit-elle. Puis elle se baissa, prit son enfant qui jouait sur le
lapis et le regardant avec des yeux humides Pauvre enfant dit-
elle en le serrant sur sa poitrine ma seule joie, mou seul bonheur
oh! reste aiusi dans les btas de ta mère lève sur elle ton regard si
pur ei si radieux loi seul peux lui donner de la force pour vivre et
pour souffrir. Oui, douce et innocente créature, tends-lui les deux
petites maius, qu elle lesjoigne avec les siennes dans la même prière.
Enfant tout l'heure, tu me donnais du courage maintenant tu
me donnes de la résignation. Tu es toute la force et toute la vie de
ta iqère.
Au même moment le général rentre.-* Vous êtes seule, Hélène
dit-il.
Le son de cette voix fit tressaillir la jeune femme; mais elle passa
ses mains sur ses yeux et ses larmes s'y cachèrent comme par en
chantement.
Je pensais trouver Osmond ici, ajouta le général. """Il est venu
ce soir, dit-elle, mais il est reparti. A-t-il dit s'il reviendrait?
Je ne pense pas.— J'avais besoin de le voir, reprit le géuéral avec
mauvaise humeur après un instaut de silence, ne pouvait-il attendre?
Et il sonna. Un domestique entra.
Vous passerez chez M. de Sérigny lui dit le général a le prier
de se chez moi l'instant même; s'il n'est pas chez lui, qu'oo
lui fasse ^3Yoir que je l'attends demain avant huit heures.
Le alla eusuite s'asseoir dans un coin du salon, il y resta
pendant ^tiques minutes, puis il se leva, et se rapprochant d'Hé
lène, il l A prit la main avec affection. Pardon, mon enfant, dit-
il, je Bui^eocore tout préoccupé d'un travail fort long et fort cn-
nuyeuxal^e je viens peine de terminer.
Et il ^flbrassa sur le front. Votre front est brûlant, Hélêiio
et vos ir/Vqs gont glacées; vous êtes souffrante ce soir.
La hg du général prit une expression subite d'inquiétude.
*c|it Hélène, un peu souffrante.
Vc^evez la fièvre
retira vivement sa main.
La ^vreL... oh non, je ne crois pas. Je me sens même beau*
coup m»maintenant.
•- Taj^' mieux, tant mieux, dit-il.
Et hr^'^bt un numéro du Spectateur militaireil se mita le lire
avec la sérieuse attention, Hélène courba lentement sa tête suf
sa poitr^bet ses cheveux si blonds se mêlèrent aux chevenx nais-
sans dç enfant.
[La suite au prochain n®.)