INTERIEUR.
5° ANNÉE. N° 489.
DIMANCHE, 11 JANVIER 184G.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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Y PUES, le 10 Janvier.
MESURES DE REPRÉSAILLES DE LA BELGIQUE A
L'ÉGARD DE LA HOLLANDE.
Au moins si les mesures douanières prises par
la Hollande et qui ne sont formulées qu'à notre
intention doivent atteindre les relations que
nous entretenons avec nos voisins du nord
elles ne seront pas sans exercer une funeste
influence sur le commerce du pays qui a com
mencé celte guerre de tarifs. Le ministère vient
deretirerjparun arrêtéj,en date du 11 janvier, la
concession faite la Hollande par celui du 29
décembre 11145.
La loi dite des droits différentiels qui devait
avoir des résultats incalculables pour notre
commerce et notre navigation, jusqu'ici ne nous
a suscité que des difficultés douanières. Nos
démêlés avec la Hollande datent de celle loiqui
est loin cependant d'avoir eu sur les relations
commerciales des deux paysles effets que le
gouvernement hollandais a relatés dans son
manifeste. Du reste, la loi était généraleet les
peuples avec qui il n'existait pas de stipulations
contraires, y étaient soumis, tandis que par les
mesures douanières hollandaises, la Belgique
est seule atteinte et on déclare les avoir prises
dans le but de faire supporter noire com
merce des charges, dont n'ont pas élédégrévées
gratis certaines marchandises hollandaises.
Quoiqu'il en soit, le gouvernement belge a
montré de l'énergie et la réponse aux mesures
hostiles de la Hollande ne s'est pas fait attendre.
Mais le ministère ne doit pas en rester là, d'au
tres ordonnances doivent compléter celui du 8
janvier. 11 s'agit de montrer que la Belgique est
digne d'être un pays indépendant et qu'elle a
le sentiment de la dignité nationale.
Hier, a eu lieu la première distribution ordi
naire d'argent aux personnes indigentes inscrites
sur leslistesofficielles du bureau de bienfaisance.
Une somme de 750 francs sera repartie tous les
quatorze jours par les soins de MM. les admi
nistrateurs, jusqu'au 17 avril. Un certain nombre
de pièces de toiles ont été partagées entre les sec
tions de celle administration. On a prié les per
sonnes charitables de vouloir en faire confection
ner des chemises d'hommes et de femmes. Elles
ont été distribuées le même jour que celui fixé
pour la distribution da 1er secours en argent.
Dans la journée du 8^e ee mois, deux fa
milles indigentes delà commune de Zarren
l'une composée du père, de la mère avec deux
enfants en bas âge, et l'autre du père et de deux
fils fort jeunes, ont été arrêtées par la gendar
merie S'-Jean, sous suspicion d'avoir rodé
et commis plusieurs petits vols en comestibles
dans la ville d'Ypres. Les deux chefs de famille
ont été écroués en la prison civile de celle ville
et la femme avec les quatre enfants ont été dé
posés provisoirement la Bourse par ordre de
l'aulorilé compétente pour être reconduits et
mis la disposition du bourgmestre de Zarreu.
Dans la nuit du 6 au 7, un vol d'onze
pains et de 30 livres de viande a été commis au
domicile de la veuve Leuridan, Elverdinghe.
Le discours prononcé par M. Verhaegen pen
dant la discussion du budget des voies et moyens
continue faire l'objet de la polémique et des
observations de tous les journaux non-seule
ment de Bruxelles niais aussi des provinces.
C'estqu'en effet, la matière traitée parl'honorable
député est une de celles qui touchent l'Etat so
cial jusque dans sa racine on peut dire sans la
moindre exagération, que ce pays-là est bien
administré où l impôt est établi sur une base
équitable et juste. Nous ne croyons pas que
dans aucun pays celte base soit plus vicieuse
plus inique que dans le nôtre. Nous le démon
trerons du reste, et sous peu, en nous occupant
plus spécialement du discours du représentant
de la capitale. Si nos adversaires étaient de
bonne foi dans leurs protestations en laveur des
améliorations sociales ils saisiraient avec em
pressement l'occasion qui se présente pour mon
trer leur ardeur détruire un système dont
personne n'oserait contester le vice fondamen
tal et ils se réuniraient avec nous sur un ter
rain qui n'a rien de commun avec la politique
proprement dite. Mais chaque fois qu'on parle
seulement de détruire un abus quelconque, on
entend ces gens se récrier comme si on leur
arrachait une partie de leur propriété, et ils la
défendent avec un acharnement tel qu'ils de
viennent des obstacles presque insurmontables
pour la marche du progrès. Franchise Belge.)
Le Journal de La Hayecontient un longp
exposé suivi d'un arrêté royal en date du 5
janvier par lequel un grand nombre d'articles
de provenance Belge sont frappés d'une surtaxe.
Parmi ces articles nous remarquons les machi
nes, les verreries, les chapeaux, le fer, les clous,
les habillements, la houille, les tissus de coton,
de lin et de laine, les meubles, le papier, les
pierres, les savons, etc. D'après l'art. 2 de cet
arrêté les dispositions comprises dans l'article
précédent ne sont pas applicables aux mar
chandises provenant des États avec lesquels des
traités de commerce et de navigation ont été
conclus, ainsi qu'à une quantité de vingt mil
lions de livres de charbons de terre (la rasière
du charbon menu calculée pour quatre-vingt-
cinq livres) qui jusqu'au 21 juillet 1846 sera
importée de Belgique par la Meuse, en passant
par le bureau de douanes d'Eysden.
D'après l'article 3les droits de sortie pour
les articles désignés ci-après, sont augmentés
de la manière suivante, lorsque leur exportation
a lieu pour des pays où ces mêmes articles sont
prohibés la sortie, savoir
Pommes de terre, 4 fl. la rasière; millet,
25 fl. les 100 liv. fèves, pois et lentilles, 200 fl.
par last; farines, 20 fl. les 100 livres; froment
et épeautre mondé, 6 fl. la rasière seigle, 5 fl.
la rasière; orge, 4 fl la rasière; avoine et
épeautre non-mondé, 4 fl. la rasière.
È^ijaQ
On écrit de Bruges, le 5janvier:
Nous apprenons que cette nuit, un criminel,
du nom de Van Eeirsbilck, s'est échappé de la
maison d'arrêt. Nous n'avons pas encore de dé
tails sur celte affaire. La gendarmerie est sa
recherche.
L'évasion du prisonnier que nous annonçons
s'est opérée au moyen d'une échelle qu'on avait
eu l'imprudence de laisser dans l'une des cours
de la maison.
Jnsqu'à ce moment, toutes les recherches ont
été infructueuses.
Nousavonsreçudesrenseignemens très-exacts
sur la récolte des pommes de terre dans la pro
vince de Luxembourg, que nous croyons devoir
Feuilleton.
SîcS Jj-îiïJ 2a
histoire d'une loge d opera.
(Suite,)
Nous sortîmes de l'Opéra et nous ne tardâmes pas rencontrer
ces messieurs qui attendaient en se promenant dans la rue Lepelle-
tier. On alla chercher des épées chez un armurier du passage de
l'Opéra, et le lieu du combat ne fût ni long ni difficile trouver, car
les deux combattans étaient irrités et également décidés rendre
ce triste combat fatal pour l'un des deux. Nous nous arrêtâmes dans
une rne qui nous parut assez déserte et au milieu de laquelle il y
avait des bâtisses de maisons commencées. Un réverbère jetait sur
les deux combattans sa lumière pâle et indécise. Ils mirent l'èpée
la main. Ce fut le plus affreux spectacle auquel j'ai assisté de ma
Vie ces deux hommes, que nul moyen de conciliation ne pouvait
réunir, et qui tous deux, pâles et crispés, placés en face l un de l'au
tre, se frappaient déjà du regard et de la pensée puis ce silence
calme et froid interrompu par le bruit aigu du fer qui froissait le
fer et par la respiration pressée et haletante qui s'échappait de ces
deux poitrines, mon sang se glaçait dans mes veines. Je ne pou
vais suivre des yeux les chances de ce cruel combatcar tantôt
tous deux réapparaissaient sous un rayon de lumière tantôt ils
disparaissaient dans l'ombre. Enfin, comment cela arrivait-il
Je n'en sais rien mais Osmond chancela. Je me précipitai vers lui
et je le soutins dans mes bras. Il avait été atteint dans la poitrine.
»- Je suis blessé mortellement, me dit-il.
Cela n'est pas, repris-je aussitôteu essayant de donner ma
voix une expression de calme et de conviction que j'étais loin d'a
voir j'ai été aussi traversé d uu coup d épée daus la poitrine; et ce
pendant me voilà.
Cela n'était pas vrai, mais je cherchais écarter de lui toute pen
sée de mort.
Non me répondit-ilc'est fini, je le sens bien.Il me reste
peine quelques minutes vivre.
Et comme le témoin et son adversaire s'approchaient Je lui il
me dit: faites éloigner ces personnes, j'ai bien peu de temps.
Faites avancer une voiture, messieurs, je vous prie, pour trans
porter M. de Sérigny, dis-je au témoin»
Aussitôt que j'eus prononcé ce nom tous deux se regardèrent
avec un mutuel élonnement ce nom venait de leur apprendre la
véritable cause du combat.
Monsieur de Sérignylui dit son adversaire, votre nom m'a
appris l'instant seulement le véritable secret de ce fatal combat!
permettez-moi de vous faire ici toutes mes excuses sur des paroles
coupables et que je n'aurais jamais dû prononcer. Je les regretterai
toute ma vie.
Le pauvre Osmond lui tendit la main.
Quand nous fûmes seuls, il s'appuya sur moi et tirant de sa poche
un papier plié: Vous êtes un hounête homme monsieur, me
dit-il; je vais vous charger d'une dernière mission o'est la volonté
d'un mourant. "Vous l'accomplirez, n'est-ce pas? Prenez ce papier..»
il est adressé M®® de Saint-Geran demain..... vous le lui remet
trez.... Lisez avant ce qu'il contient et vous verrez que la mort a
ses pressentiments.... N'est-ce pas?... n'est-ce pas, vous le... remet
trez Mrae de Saint-Géran? Oh j'étouffe... Adieu
Je pris le papier. Osmond était sans connaissance dans mes bras.
Nous le transportâmes dans une voiture, et de là chez lui. MaÎ9, hé
las il ne reprit pas connaissance. Un instant, la suite d'une sai
gnée abondante il sembla respirer un peu et revenir lui ce ne
fut qu'un éclair passager une heure s'était peine éooulée qu'il
n'existait plus.
Pauvre jeune homme dit Gaston car j'avais cessé de parler,
ce souvenir de mort me faisait mal.
•- Pauvre jeune homme! répéta-l-il une seconde fois. C'est af
freux Et Mmr de Saint-Géran?