NOUVELLES DIVERSES.
Romb, le a janvier. Depuis quelques jours
le pape négocie en personne et aidé du con
cours du cardinal Lambruschinisecrélaii ed Etat,
avec le comte Nesselrode, afin d éviter autant
que possible les longueurs des pourparlers di
plomatiques. Le S'-l'èie demande que les huit
évèchés polonais qui sont pour ainsi dire sécu
larisés soient rétablis sur un pied convenable.
Mais on croirait avoir remporté un grand triom
phe si l'on arrivait obtenir seulement une
partie de ce qu'on demande on raconte ici un
bon mot du pape.au sujet du comte de NesseU
rode: celui-ci ayant-affiché un certain laisser-
aller presque familier dans les négociationsle
pape aurait dit 11 faul se tenir bien en garde
contre le. comte, car il représente la Quadru
ple Alliance. En effet, le comte est né sur un
navire anglais, dans le port de Lisbonne, de pa
rents allemands et il se trouve aujourd bui au
service de la Russie.
On écrit d'Anvers. 20 janvier Ilepuis quel
ques jours une dizaine de navires hollandais de->
l'intérieur qui ont pris charge Anvers ou
Bruxelles, se trouvent l'ancre Lillo et at
tendent avec impatience un arrangement de
tarifs entre les deux pays, pour continuer leur
route.
François Delwiche, tailleur, avait disparu de
son domicile afin d'éviter les nombreuses ré
clamations des personnes qui lui avaient confié,
l'une du drap pour un paletot et un habit,
l'autre pour des pantalons et des gilets et pinsi
de suite..En découvrant la retraite de Delwiche,
la police trouva sur lui les billets de lombard
des objets engagés.
A l'audience où Delwiche est traduit du chef
d'abus de confiance et de vagabondage, il s'em
presse de rechercher dans un énorme tas qui se
trouve devant lui, les objets appartenant cha
que témoin qui vient déposer et reconnaître les
coupons ou effets détournés son préjudice.
Le tribunal en présence de tant de preuves
de culpabilité ne pouvait guère prendre en con
sidération la bonne moralité que le prévenu
invoquait avec tant d'instance et l'a condamné
un emprisonnement de treize moisune
amende de 2a francs et aux frais.
On écrit de Rome, H janvier
Le consistoire qu'on avait annoncé comme
très-prochain a été définitivement fixé au lundi
19 janvier. Trois prélats étrangers y seront créés
cardinaux le patriarche de Lisbonne, l'archevê
que de Naples, neveu du cardinal Riario-bforza,
et l'archevêque d'Aix. Le pape n'a pas voulu,
ce que l'on dit, accorder au gouvernement
français le second chapeau que celui-ci avait de
mandé.
Les nouvelles des légations sont toujours
fâcheuses. On a arrêté plusieurs personnes
Rimini, entre autres un prêtre, professeur de
Gymnase de celle ville.
On a tué d'un coup de pistolet le commis
saire de police de Forli.
On se flattait d'obtenir de Rome la permis
sion pour établir des chemins de fer. Jusqu'à
présent il n'en est rien. On raconte même que
M. Paggi de Cesène avant demandé un passeport
pour la Toscane, où il doit être employé dans
les chemins de fer de cet État, les autorités lui
ont répondu qu'on lui donnera le passeport
condition de ne plus rentrer dans les États pon
tificaux sous peine de trois années de prison.
On écrit de la même ville que les Anglais
qui résident danscetlecapitaleont lait de nom
breuses démarches pourêtreautorisésà y établir
une chapelle destinée la célébration du culte
anglican, mais qu'ilsn'onfencorerien pu obtenir.
Un journal de Lille, l'Écho du TVorrf, du
lfl, rapporte ce fait
Hier soir, peu s'en est fa11 u qu'une violente
émeute féminine n'éclatât dans l'église Saint-
Sauveur, voici quelle occasion Le vénérable
curé de celte paroisse réunit jours fixes, dans
son église, grand nombre de vieilles et pauvres
femmes, auxquelles il lit des passages soit du
catéchisme, soit de tout aulre livre pieux, et,
pour récompenser les plus sages et les plus at
tentives d entre ces femmesil leur donne du
pain.
Il paraît qu'hier plusieurs de ces femmes ont
douté de la justice de M. le curé; elles se sont
cru frustrées lors de la distribution des récom
penses, et ces malheureuses n'ont pas craint de
porter la main sur leur pasteur et de déchirer
son surplis. On est parvenu heureusement les
faire sortir de l'église; mais bien longtemps
après elles stationnaient encore pargroupes aux
abords du temple, et se livraient de chaudes
discussions.
Nous croyons savoir que sir Robert Peel
annoncera la chambre des communes, jeudi
soir, qu'il a l'intention de présenter la cham
bre le lbndi-»uivant un-exposé complet de ses
plans financiers et autres pour la session. Le
pays connaîtra donc bientôt les changements
projetés par le gouvernement au sujet du tarif.
Voici un fait curieux c'est la prise d'un
négrier anglais par un croiseur portugais Ce
négrier vient d'être conduit Loanda par le
capteur, la Constiluçao. On a trouvé son bord
de grandes provisions d eau des chaudrons
semblables ceux dont on se sert pour prépa
rer la nourriture des esclaves, des planches, des
menottes, en un mol tous les indices qui carac
térisent la traite.
Le Standard, qui donne cette nouvelle, pré
tend qu'il y a là-dessous quelque malentendu
ou quelque plaisanterie dont il ne peut se ren
dre compte. Nous verrons bien. En attendant,
le brick Lady Sale(c'est le nom du négrier),
devra subir les conséquences de la capture; le
commandant et son équipage seront mis en
jugement, et l'on saura bientôt ce qu'il y a de
sérieux dans cette philanthropie qui se montre
si impitoyable pour les méfaits d autrui
carré, nous lui avons tous démandé... Eh bien! colonelcomment
nous trouvez-vous Sommes-nous des lâches llein —Vous vous
êtes tous bien battus, c'est tout simple mais ce n'est pas assez il
faul que ceux qui ont tiré sur le colonel Picot se déclarentsinon
ils feront fusiller cinquante ou soixante de leurs camarades..... Et
je défie ceux qui ont commis ce mauvais coup d'avoir le conrage de
celte lâclieté-là.
Un dragon qui était par terre avec un biscayen dans les reins,
entend ça et dit: C'est moi, colonel. C'était vrai et il crève. Un
autre dragon qui n était pas blessé, voyant ça, avoue aussi c'était
encore vrai. Le colonel le fait arrêter; le lendemain le dragon passe
lin conseil de guerre et est fusillé. Depuis ce jour-là, monsieur le
oolonel a fait du régiment tout ce qu'il a voulu nous nous serions
fait hacher pour lui jusqu'au deruier; d un mot il nous aurait fait
entrer dans un trou de souris. Le 17e dragons a toujours été l'ordre
de l'armée; et pour la tenue, c'était un régiment si ficelé pour la pro
preté dt'S personnes, que nous avions tous des brosses dents dans
noire paquetage. Yoilà comme le colonel a fait des marquis avec des
sangliers.
A ce moment du récit de Glapisson, le colonel entra dans le salon.
II. LES DEUX AMIS.
Raoul Anacharsis
Ces deux exclamation! échangées, Us deux amis s'embrassèrent
cordialement.
Raoul de Surville avait vingt-buit ans environ. Après la bataille
de Wagram il avait quitté son régiment pour revenir auprès de
l'empereur, comme aide de camp. Simple cavalier pendant le con
sulat nommé officier sur le champ de bataille, il avait été bientôt
remarqué par Napoléon qui le prit pour officier d'ordonnance.
Ce premier pas fait, la carrière de M. de Surville fut aussi rapide
que brillante de grands biens appartenant sa famille lui furent
rendus. On a vu qu il justifia tant de faveurs par un courage toute
épreuve. En outre, souvent chargé de missions délicates, il les rem
plit avec autant de supériorité que de bonheur. Le colonel de Sur
ville était d'une loyauté chevaleresque, d'un esprit plein de charme
et de gai té; il chantait avec une grâce parfaite dessinait ravir et
dansait comme on dansait sous les règnes de Tréiiis et de Vestris
généreux jusqu'à la prodigalité, rempli de goût et d élégance, ilavait,
chose rare alors ,les manières les plus exquises, précieuse tradition
du dernier siècle.
Il devait cet avantage un séjour de deux ans fait en Touraine
pendant sa première jeunesse chez madame la maréchale princesse
de Monllaur alliée de sa famille, qui, l'âge de soixante-dix ans
avait conservé toute la vivacité toute la fermelé de sou rare et ex
cellent esprit.
Tant et de si séduisantes qualités, jointes une figure enchanteresse*
Les nouvelles de la. Grèce sont du 3 jan
vier. Elles sont entièrement favorables au mi
nistère. Pendant les huit jours qui ont suivi
l'ouverture de la session, l'existence du minis
tère a été en danger, et la majorité qui appuie
M. Colelti en demandait elle-même la recom
position. D'un autre côté une alliance allait se
conclure, sous le patronage du représentant de
la Grande-Bretagne, entre M. Metaxas et MM.
Maurocordato et Zographos. On en était dis
cuter les conditions de celle alliance. M. Me
taxas a voulu être porté la présidence; MM.
Maurocordato et Zographos demandaient au
contraire que M. Metaxas s'unit eux pour faire
passer un candidat agréable l'Angleterre, le
général Dellyani.
En définitive, la majorité a fini par se désis
ter de ses prétentions au sujet de la reconstitu
tion du cabinet, et l'alliance de MM. Metaxas et
Maurocordato n'a pu être accomplie; on a dés
espéré du succès.
Tous les candidats ministériels ont passé au
premier tour du scrutin.
Le steamer YAcadia venant de New-York
est arrivé le 15 janvier Liverpool. Les nouvelles
qu'il a apportées vont jusqu'au 31 décembre ce -
pendanl elles ne nous apprennent encore rien de
définitif sur la question de l'Orégon.
On se souvient de la proposition qui avait été
faite au Sénat par le général Cass dans le bulde
mettre les forces navales et militaires des Étals-
Unis sur un pied respectable. Celte proposition a
été adoptée par le Sénat.
Dans la séance de cel te assemblée du 30 décem
bre, M. Hannegan. sénateur de l'Etat d lndiana,
avait présenté les résolulionssui vantes relatives
l'Orégon.
Le Sénat déclare que le pays compris entre
les parallèles du 42e, et du 5ie degré de latitude
nord et qui s étend depuis les Montagnes Ro
cheuses jusqu 1 océan pacifique, connu sous le
nom de territoire de l'Orégon, est la propriétéet
forme partie du territoire et des possessions des
États-Unis; que ce gouvernement n'a pas le
pouvoir de transférer son sol et l'allégeance de
ses citoyens l'autorité, au contrôle et la do
mination d aucun État, prince, souverain étran
ge1'; que l'abandon ou la cession de toute
partie du territoire de l'Orégon serait l'abandon
de l'honneur, du caractère et des plus précieux
intérêts du peuple américain.
Le débat suscité par ces propositions a été
très-animé. M. Calhoun a présenté un amende
ment tendant déclarer que le président a le
pouvoir deconclure des traités avec l'avis du Sé
nat cl que les délimitations de frontières résul
tent de ce pouvoir, qu'en offrant, dans un esprit
de paix et de concorde, de prendre pour déli
mitation le 49e degré de latitude, le président
a exercé légitimement une autorité qui lui ap
partient et qu'il a agi dans l'intérêt bien entendu
du pays.
M. Calhoun, après avoir développé son amen
dement, a conclu en disant que si les proposi-
avaient assuré de nombreux et éclatants succès au colonel de Sur
ville. Un des traits les plus saillants de sou caractère était une bonté,
une délicatesse adorables; la plus fervente amitié avait toujours sur
vécu ses passagères amours; d'une discrétion profon.le, nul ne por
tait plus loin que lui le respect, la reconnaissance, la religion pour
les femmes qu'il avait aimées. Ce qui le distinguait surtout de celte
classe vulgaire et méchante des Roués du dernier siècle c'était ces
sentiments d honneur et de probité envers les femmes, poussés j us-
qu'au rigorisme, sentiments d'autant plus rares qu'ordinairement
les hommes traitent la femme qui leur a tout sacrifié beaucoup plus
mal qu'ils n'oseraient traiter un de leurs compagnons de plaisir les
plus indifférents sans aulre excuse celte brutalité que le dévoû-
meut et la faiblesse d'une pauvre créature qui ne peut se plaindre.
M. de Surville croyait au contraire que la femme qui vous deviez
un moment de bonheur, devait être sacrée pour vous. S'il était infi
dèle, il faisait oublier son inconstance force de dévoûment si on
lui était infidèle, il trouvait dans le souvenir de la félicité passée et
dans l'espoir d'uu plaisir nouveau, le moyen d'excuser la déception
présente, et puis les consolations ne lui manquaient jamais, il ne
pouvait avoir de ces rancunes ingrates et impitoyables des gens qui
ont plu par accident une fois dans leur vie.
[La suite au prochain n°.)