5e ANNÉE. N° 498.
INTERIEUR.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JEUDI, 12 FÉVRIER 1846.
VILLE D'IPREis. conseil communal.
Séance publique fixée au Vendredi13 Février
1846, 9 heures et demie du matin.
On s'abonne Ypres, Marché
au Beurre, 21et chez lous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre.
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Prix d'un numéro 0-25
Tout ce qui concerne ta rédac
tion doit être adressé, franco, k
l'éditeur du journal, Yprc».
Le Progrès parait le Diman
che et Le Jeudi de chaque semaine.
PRIX I1ES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
VIRES ACQUIRIT EUNDO.
YPRES, le II Février.
un vote scandaleux.
La donation Ilahets a pu servir de pierre de
touche de la modération du parti clérical et de
la sincérité de ses invocations si ardentes
Y Union. Le vole scandaleux qui a ratifié la
vente illégale faite par M. le ministre des finan
ces, a démontré que le parti soi-disant catho
lique n'a rien perdu de son audace, malgré ses
échecs aux élections. Quoiqu'il paraisse se
complaire tendre la main ses adversaires,
du moment que ses intérêts sont en jeuil
oublie les appels la conciliation et avec une
violence inouïe, il veut emporter de haute lutte,
ce qu'une politique prudente devrait l'empê
cher d'exiger.
Mais on ne peut se le nier, le parti clérical est
en décadence et sent bien que malgré les appels
Y Union, elle est devenue impossible. La ma
jorité, animée d'une ardeur factice, veut faire
acte d'omnipotence et grâce au ministère, dont
l'attitude dans ces débats a été pitoyable le
parti catholique l'a emporté. Ce sont là des
voles de parti qui loin d'apporter quelque force
une opinion, la ruinent; car si aujourd'hui il
est permis de transgresser les lois, de les violer
et qu'une majorité soit prèle ratifier quand
même les actes illégaux accomplis en dépit de la
loi et sans nécessité, c'est là faire de l'anarchie
légale et il n'est pas impossible, que dans un
temps peu long peut-être, l'exemple qu'on aura
donné au pays, n'ait fructifié et qu'alors ceux
qui auront ouvert celte voie aient lieu de s'en
répenlir.
Il est de fait que, dans la discussion de la
donation Habelsl'Union, que M. Vande Weyer
appelait de tous ses vœux a été totalement
oubliée. Cependant Y Union était possible dans
ces débats, c'est sur le terrain de la légalité que
les deux fractions de la chambre devaient s'unir
et prouver par leurs voles, qu'il ne doit pas être
permis un ministère, même dans un intérêt
de parti, de violer la loi sans une nécessité évi
dente, absolue et actuelle.
ITeiiilIetoii.
ordre du jour
i° Communication de pièces.
a*" Fixer le taux de rachat des cédules de la dette
différée pour l'année 18^6.
3° Entendre les rapports de la commission des
finances: a. Sur la comptabilité de l'administration
des Hospices civils; b. de.l'élablissement syphili
tique.
4° Discuter un projet dérèglement de police sur
les cabarets, etc.
Dans la nuit du 6 au 7 de ce mois, un vol
de cinq jambons et autres pièces de lard, d'une
valeur de 40 francs, a été commis l aiile d'ef
fraction au domicile de Joseph Candelaere
barbier, demeurant Langemarck.
Dans la nuit du 3 au 4, la maison et une
partie des meubles appartenant Charles Lava,
cultivateur au hameau Terres!(commune de
Clercken), ont été réduits en cendres; la perle
est évaluée 1,700 francs.
La cause de l'événement n'est pas encore
'connueet la maisou était assurée pour une
somme de 1.600 francs.
Le 8, vers les huit heures du malin, une pe
tite écurie située en dehors de la ville de
Foperinghe et appartenant Pierre Labaeie,
cultivateur en ladite ville, a été incendiée. La
cause du sinistre est inconnue et le moulant
du dommage est évalué de 80 100 francs.
Vendredi M. le procureur du roi et le juge
d'instruction près le tribunal de Termotide se
sont rendus de nouveau Sainl-i\icolas dans
les bureaux de M. De Ridderet y oui procédé
l'ouverture du coffre-fort de la société con
cessionnaire du chemin de fer d'Auvers Gand.
Une nouvelle perquisition a été faile parmi les
papiers existants dans les bureaux de I adminis
tration et l'autorité judiciaire s'est retirée après
avoir apposé les scellés sur une chambre où se
trouvent d autres papiers appartenant JM. De
Ridder.
Hier MM. Borguel et De Ridder ont été ex
traits une secoude fois de la prison des Petits-
Carmes et conduits dans le cabinet du juge
d'instruction, où ils ont été retenus depuis 10
heures jusqu'à 4. Ces messieurs sont toujours
au secret.
M. Borguet paraît, dit-on, très-tranquille. IL
en est de même de M. De Ridder, qui continue
recevoir la visite de son médecin.
L'audition des témoins commencera dans les
premiers jours de la semaine prochaine.
A u moment de son arrestationMDe Ridder
venait du tunnel de Cumptich, où il s'était
rendu parce qu'il avait appris que de nombreux
ouvriers étaient occupés démolir et combler
les deux tunnels, l'ancien et le nouveau, et
faire disparaître ainsi les pièces de conviction
qui doivent, selon lui, prouver son innocence.
Immédiatement après son arrestation. M. De
Ridder a écrit M. le ministre des travaux
publics pour le prier de faire suspendre les
travaux de démolition jusqu'à ce qu'une exper
tise contradictoire ait constaté la nature des
matériaux employés dans la construction dix
premier tunnel. Nous ignorons s'il a été fait
droit celte demandemais c est cependant
assez probable.
P. S. Samedi des ordres sont partis du mi
nistère des travaux publics pour arrêter les
travaux de démolition des tunnels. La partie
encore debout sera conservée jusqu'à la fin de
l'instruction judiciaire.
r ri n n n 1
Nous apprenons, dit la Gazette de Liège, que
M. Carluyvels, juge d'instruction, et M. Kap-
pene, substitut du procureur du roi près le
tribunal de Liège, se sont transportés vendredi
chez MI ingénieur Stevensdomicilié Chaud-
fontaine, l'effet de visiter ses papiers et de
saisir tout ce qui est relatif la construction du
tunnel de Cumptich. M. Stevens était alors ab
sent. Un mandat de comparution lui a été notifié.
[Indépendance.)
On lit dans YIndépendance
Les journaux de Bruges annoncent que le
conseil d'administration du chemin de fer con
cédé de la Flandre occidentale, vient de révo
quer I ingénieur anglais chargé de la direction
des travaux de ce chemin de fer. Aujourd'hui
S3 32
(iSuzfe.)
Y. m. le duc de bracciano.
Les ennemis de M. de Bracciano disaient qu'il ressemblait une
fouine qui aurait eu la jaunisse. Ses traits tins et rusés, ses petits
yeux perçants, qui regardaient toujours par-dessus ou par-dessous
ses bésicles d'or, son teint bilieux, rendaient cette comparaison assez
raisonnable. Celte apparence chétive était loin d'annoncer la volonté
de fer, la froide et impitoyable énergie de cet liomine, un des plus
puissants leviers qu'eût employés l'empereur 1 Pour ajouter ce
contraste, la voix de M. de Bracciano élait faible son acceul grêle
et toujours d'une égalité parfaite. On racontait que, revêtu d un
pouvoir presque dictatorial en Tyrol, il avait ordonné, sans témoi
gner la moindre émotion, le supplice de buit condamnés nécessaire
et terrible exemple!, de cette petite voix aiguë comme le cri d une
cigale.
Après avoir respectueusement salué Mm« de Moutlaur, avoir dit
bonjour sa femme avec cordialité, le duc, s'adressant au oolonel
Est-il vrai, mon cher colonel, que vous parliez pour 1 Allemagne?
J arrive du coiucil'd étatj on in a dit que vous devanciez Vienne
le prince de Ncufehàtel. Il est vrai, monsieur, je venais faire
mes adieux M,no la duchesse et prendre ses ordres. Vous savez
l'objet de votre mission... Ce n'est, d'ailleurs, plus un secret... L'em
pereur l'a officiellement annoncé au conseil... Il divorce avec l'impé
ratrice Joséphine, il s unit l'archiduchesse Marie-Louise, et le
prince de Neufchâtel va épouser Sa Majesté Impériale au nom de
Sa Majesté. Voilà l'impératrice délivrée du poids de sa cou
ronne, se dit M®« de Bracciano. Votre empereur épouse la fille
des Césars! s'écria la maréchale après quelques moments d'étonné—
ment et de silence... Puis elle reprit avec une sorte de comparaison:
Pauvre soldat il n'a pas lu Molière... 11 fait là un mariage de
Georges Dandiu. Ah! madame! dit le colonel. EU! sans
doute, reprit la maréchale est-ce que le grand philosophe du grand
siècle n'a pas dit Et) aurais bien mieux faittuut riche que je suis
de v\ allier en bonne et franche paysannerie Ah les hommes... les
hommes Les exemples ne leur servent jamais de rien. Madame
la mméchale, dit gai ment Raoul, avouez au moins que M. de Sol-
teuville serait, je crois, mal venu dire... Silence, mon gendre, un
pareil gendre! Eh! mon Dieu votre empereur croit, en s'alliant
avec l'Autriche, quelle lui sera fidèle, vous verrez... vous verrez si,
un jour ou l'autre, ce sournois de miuistère anglais, que je déleste,
car j'ai toujours exécré l'anglomanie qui nous a perdus, ne jouera pas
auprès de celte puissance le rôle de Clitandrer.. ajouta la maré
chale eu aspirant de nouveau une forte prise de tabac. Eli! alors
mon pauvre soldat de dire Tu las vouluGeorges Dandin mais il
sera trop tard. Vous voyez loin! madame la maréchale, dit le
duc de Bracciano d'un air sérieux et en paraissant frappé des paroles
de la princesse de Moutlaur. C'est que j'ai vu longtemps et beau
coup,... dit celle-ci avec mélancolie.
Pendant un moment, les acteurs de cette scène demeurèrent
muets, absorbés par des pensées différentes. Le duc de Bracciano
rompit le premier le silence, et dit au colonel Puisque vous allez
ienne, seriez-vous assez bou pour vous charger de quelques récla
mations auprès de la chancellerie de l'empire. II s'agit d'un pauvre
garçou que j'emploie comme secrétaire-interprète... Il a été com
promis dans je ne sais quellî affaire politique. C'est une tête folle,
ardente, un Brutus de dix-huit ans qui prend ses souvenirs de col
lège pour ses idées, et ses amplifications pour des convictions politi
ques j... un eufanl qui ne rêve que révolutions et régénérations...
Tout le monde a été comme ça... son âge. Tout le monde, mon
sieur le duc, dit la maréchale duo air glacial; je ne le crois pas.
Nous sommes convenus, madame la maréchale, de ne jamais
parler politique, car j'aurais le clingrin de ne pas toujours partager
vos idées, dit M. de Bracciano d un air impassible puis il reprit en
s'adressant au colonel En un mot, il s'agit de ce pauvre diable
d'Hcrmaa, que vous ave* vu souvent ioi j il est malheureux couimo