5e ANNÉE. - N° 499. DIMANCHE, 15 FÉVRIER 1846. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. INTERIEUR. On s'abonne Ypres, Marché au Beurre, 21, et chez lous lés per cepteurs des postes du royaume. prix de l'abonnement, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro0-25 LePro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco l'éditeur du journal, Yprêt. r Le Progrès parait le Diman che et le Jeudi de chaque semaine, PRIX des INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. TPRE8, le 14 Févriers Il circule Bruxelles ries bruits de dislocation ministérielle. Le conflit se serait élevé entre MM. Vande Weyër et Malou. Il n'y a pas là de quoi s'étonner, certes ces deux ministres ne sont point faits pour s'entendre. La question qui paraît avoir mis le feu aux têtes ministérielles, est celle de l'enseignement moyen. M. Malou, très-humble serviteur des évêques, ne voudra jamais consentir ce qu'on présente une loi, qui pourrait circonscrire dans de justes limites l'om nipotence que le clergé veut s'arroger en ma tière d'enseignement. D'un antre côté, si M. Vande Weyer fléchit, il est perdu comme hom me politique; il rentrera dans cette classe d'hommes d'état sans convictionl'égal de M. Nothomb dont il s'est si plaisamment raillé. Il faut que l'un ou l'autre parti cède et il est juste que ce soit le parti clérical qui n'a déjà que trop empiété, si 11011 on trouvera moyen de se soustraire légalement celle tyrannie mona cale qui devient insupportable. On n'a pas oublié l'arrestation opérée pour défaut de papiers, d'une marchande de dentelles nommée Dupas. Sou mari qui était établi Paris et faisait des affaires avec nos fabricants de dentelles, avait trouvé bon de se déclarer en faillite, deconclure un concordai avec sescréan- ciers au nombre desquels se trouvaient pres que lous les fabricants de dentelles d'Ypres et de leur garantir 23 pour °j0 de leur créance, payable en trois termes. bepuis, sa femme était venue Ypres et con tinuait acheter des dentelles. M. II. l'avait aperçue, et comme il était créancier de la fail lite Dupas pour une somme d'environ 2 300 francs, il a fait pratiquer une saisie sur les efFets de celte femme cl était parvenu ainsi se faire payer intégralement. Mais la légalité de celle saisie et la question de savoir si le concordat exécutoire en France, était valide en Belgique, ont été portés au tribunal de première instance qui a cru devoir prononcer contre le régnicolc en faveur de l'étrangère, quoique la saisie eut été opérée dans le pays même et probablement feuilleton. aa ça© a ©a a a aa aaa^a&aa. (Suite.) yi. récits. Deux ou trois jours après le départ du colonel, M^e de Bracciano était assise dans son boudoir; Ilerman Forster, quelques pas d'elle, avait les yeuX timidement baissés. Quoiqu'il fut âgé de vingt-cinq ans, sa 6gure était si juvénile qu'il paraissait avoir dix-huit ans peine. Ou ne pouvait voir des traits plus uandides, une physionomie plus enchanteresse; ses longs cheveux blonds séparés sur son front la mode des étudiants allemands, tombaient en nombreuses boucles sur son col un profil d'une pureté auiique, de grands yeux bleus chargés de mélancolie, une bouche toujours effleurée par un triste et doux sourire complétaient celte ravissaute figure. Sa taille mince, svelle, aisée, ne perdait rien de sa grâce sous les simples vêlements qu'il portait. La seule chose qui déparait ce séduisant ensemble étaient des mains courtes aux ongles plats et livides mains fatales qui semblaieut la princesse de Monliaur d'un fâcheux pronostic. Conservant le costume des universités allemandes, il portait une re dingote bleue un pantalon de pareille étoile et des bottines noires qui lui montaient au-dessous du genou. sur les fonds, que le failli avait eu le talent de mettre hors de l'atteinte des créanciers. Appel a été interjeté par M. H.La cour d'appel deGand vient par un arrêt longuement motivé de réformer le jugement du tribunal de première instance d Ypres, donnant gain de cause M. H. et condamnant M. Dupas aux frais des deux instances. Cet arrêt est d'autant plus remarquable que la question qu'il a résolue, est entièrement neuve cl ne s'était pas encore présentée devant les tri bunaux belges. SPECTACLE FLA.tia.pin. Un oubli involontaire nous a fait omettre de rendre compte de la soirée dramatique donnée par la société flamande, sous la devise: De Kunst is ons vermaek. Ainsi que nous l'avions espéré, la salle n'était pas trop grande, elle était bien remplie, on s'était rendu avec empressement celle représentation dont des amateurs faisaient tous les frais et ils s'en sont bien tirés. M. Ilauloy, qui a de grandes dispositions scéniqucs natu relles et beaucoup d'aisance, a déclamé un mo nologue intitulé; le valeureux Soldat. Ensuite le Charlatan a été représenté avec verve, par M. Gérard fils. La partie sérieuse ou les scènes tra giques ont eu pour acteurs MM. Rapalier et Jluseel, qui ont fait preuve de talent dans le monologue du Comte dEymont se préparant la mort et dans la pièce intitulée; le Suicide. Ces amateurs ont fait voir que ce n'était pas leur premier pas sur la scèneque déjà ils avaient vieilli sous le harnais tragique et que plus d'une palme avait été remportée par eux dans les concours, que les antiques sociétés fla mandes avaient I habitude d'ouvrir dans des oc casions solennelles. Une petite pièce intitulée la Famille Wli bers (on a très-bien marché et a clos la soirée qui a été bien remplie. L'acteur principal de la comédie était M. Ilauloy. qui est revenu sur la scène sous quatre costumes différents et qui cha que fois, a saisi avec tact le jeu qui convenait au personnage qu'il représentait. Somme toute, les spectateurs n'ont pas eu se plaindre. La société non-sculeyrient a fait une bonne action, en don nant cette représentation, mais encore elle a par faitement réussi dans le choix des morceaux et Ilerman semblait résister une prière que lui faisait Jeanne. M. Ilerman, disait-elle d'une voix attendrie pourquoi me refuser oetle preuve de confiance Ne voyez-vous pas, je vous en conjure dans ma demande, un sentiment de curiosité indiscrète c'est l in térêt le plus vrai qui me guide...— Hélas! madame la duchesse, ré pondit Herman d une voix enchanteresse, avec un accent d'indéfi nissable mélancolie. Que vous dirai-je? Bien dans ma vie passée ne mérite votre attention. Ce sont des malheurs vulgaires, monotones, arides; c'est la vie du pauvre et de l'orphelin dans sa triste unifor mité. Il n'y a dans ces douleurs, madame, ni poésie, ni grandiose,., ajouta Herman avec amertuue. Est-ce donc un reproche que vous me faites? dit doucement Mme de Bracciano. Pouvez-vous inter préter ainsi mes questions Puis, après un silence elle ajouta Vous avez raison j'ai eu tort de vous faire cette demande. Ce sont les gens heureux qui peuvent jeter un regard satisfait ou iudiflerent sur les temps qui ne sont plus... Hélas! pour l'infortuné, chaque souvenir est un chagrin. Oui, mais le malheureux qui compte ses années par les soufl'ian- ces, se console en pensant que chaque jour sa tâche avance,... ré pondit Uei mail. Il y eutdans l'accablement douloureux dans le regard vague dont il accompagna oes mots, quelque chose de si désespéré, que les yeux de Jeanne se mouillèrent de larmes. les amateurs qui ont bien voulu prêter le con cours de leurs talents, ont mérité de chauds ap plaudissements. La commission royale des monuments a pris dans ses deux dernières séances, la résolution suivante Elle a arrêté les dessins détaillés pour la res tauration du cloître de Nivelles, et la réparation des grandes fenêtres gothiques de l'église Saint- Martin, Ypres. Le sieur Amcye Joseph, receveur des contri butions directes et accises Waesmdnster (Flandre occidentale), est nommé receveur des contributions directes, douanes et accises Popéringhe, par arrêté royal du 6 février 18-56. Par arrêté royal du 27 janvier 1856, il est accordé au colonel de Guaila (Louis-Bobcrl), une pension de retraite annuelle et viagère de 3,200 francs. VILLE D'YPIVEs. conseil communal. Séance publique du Vendredi13 Février 1846. Présents MM. Alphonse Vanden Peereboom, échevin. en l'absence de M. le bourgmestre,' président: M. hveins-Hynderick, échevin,Gérard Vandermeersch, Louis Annoot, Boedt. avocat., Martin Smaelen, Boedl-Lucien Martin Legra- verand, Charles Vande Brôuke, Ernest Merghe- lynckHenri Iweins-FouteyneAuguste De Ghelcke, conseillers. M. le secrétaire donne lecture du procès- verbal de la dernière séance. La rédaction en est approuvée. M. l'échevin président informe le conseil que le compte du Monl-de-Piété pour l'exercice écoulé, lui est envoyé fin d'approbation. Il est décidé que la comptabilité de cet établissement charitable sera examinée par la commission des finances, qui en fera son rapport. Lecture est donnée d'une missive de M. le ministre de la guerre, qui, aux termes d'un décret de 1810, demande la mise la disposi tion du déparlement qu'il dirige, pour servir de magasin de fourrage, le bloc d'écuries ac tuellement loué par l'entrepreneur qui en fait le même usage. M. le ministre, n'ayant pas Après tuut, dit Ilermu), je ne pourrai jamais, madame, m'ac- quilter envers vous.... Vous êtes la première, la seule personne qui ayez daigné me dire quelques paroles tic pitié. De pitiéI!!.. mur mura Jeanne.— Quelque cruelle que me soit cette triste confidence, je la dois ma bienfaitrice. Ah je comprends si bien la suscep tibilité des âmes délicates! Mais rassurez-vous,., je suis digne de vous entendre,... les âmes souffrantes ne sont-elles pas sœurs? ajouta Mme de Bracciano, en baissaul la voix et les yeux. Hennaii ne parut pas l'entendre, et commença son récit en ces termes Je perdis mon père, étant tout enfant. Il occupait les mo lestes fonctions de receveur dans un bourg voisin de Vienne; ma mère ne lui survécut que peu de temps; elle avait concentré sur moi toute sa tendresse. Les ?euls souvenirs de mon eufauce datent de cette fa tale époque. La nuit je m'éveillais quelquefois je trouvais presque toujours ma mère en larmes, vêtue de ses vêtements de deuil, assise auprès de moi et me contemplant avec une auxiété douloureuse. J.ai conservé pieusement quelques lignes tracées de sa main pen dant ses longues iusoiuniesJe ne devais les lire que plus lard.... Un secret pressentiment I avertissait, écrivait-elle, qu'il lui restait peu de temps vivre; elle voulait passer ce temps regarder son enfant,... se privant pour cela de son sommeil... Bientôt elle ne dormirait que trop

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 1