SUR LE PROJET D'UN NOUVEAU CANAL H" en fonctions définitives, avec un supplément de traitement. Voilà donc que les choses mar chaient précisément comme j'en concevais la possibilité, lorsque je vous parlais de l'avantage de réunir les deux recettes. Cela dura ainsi quel ques mois. Mais un beau jour, arrivechez lesieur Qua- gebeur un messager féminin* réclamant verba lement les registres, afin de les emporter chez le secrétaire communal. On peut s'étonner que M. le receveur de l'octroi ait cru devoir déférer une requête faite par un pareil messager; mais certes, la démarche est encore plus étrange; et ^ji^peut en conclure, combien nous sommes ici peu" avancés dans l'emploi des formes. NOTICE DE LA. KNOCI^E A HIEUPORT. L'insuffisance des travaux hydrauliques, surtout au point de vue de l'écoulement des eaux, n'qst p|us une question. Les défectuosités de la plupart de ces constructions, faites, en général, sur une trop petite échelle, nommément quant la profondeur de leur creusement, ces défectuosités sont pratiquement démontrées. Cet état de choses existe, principale ment dans les deux Flandres. Dans la Flandre- occidentale, c'est l'arrondissement de Furnes, et la partie limitrophe de celui d'Ypres, qui en ont le plus souffrir. En effet, les canaux existants sont loin de suffire l'écoulement des eaux, dont la crue et la débâcle, surtout en hiver, après les fortes pluies, la fonte des neiges, etc., sont tant redouter des riverains de ces localités!... Ces appréhensions, ces alarmes, ne sont que trop justifiées par le retour, presque périodique, d« l'imminence du danger, et des catastrophes qui sou vent en sont l'inévitable suite!... A ce moment encore, la crue des eaux est vrai ment effrayante, sans la coupure pratiquée, heureu sement temps, 4a -digue qui sépare l'Yzer de la crique Nieuwdamme, qui sait les malheurs, les per tes, etc., que l'on n'aurait pas eu déplorer Mais les périls, et par suite, les perles, les mal heurs, n'en restent pas moins possibles, probables et menaçants même!.. En résumé, les inondations périodiques des terres, l'interruption des voies navigables, etc., ne sont encore que le moindre mal, comparativement aux calamités, aux sinistres qui peuvent avoir lieu. Et les travaux partiels, quelque habiles, quelque op portuns et spontanés qu'ils soient, ne sont, ne peu vent être, après tout, par la force même des choses, que des atermoiements, des haltes, des palliatifs. C'est donc toujours recommencer, non-seulement nouveaux frais, mais en inspirant de nouvelles craintes, sinon en exposant le pays de nouvelles calamités C'est donc toujours comme une épée de Damoclès qui demeure périodiquement suspen due sur les habitants et sur les propriétés de ces contrées. 11 s'en suit que cet objet est digne, au plus haut point,.de toute l'attention et de toute la sollicitude du gouvernement. Nous estimons qu'un nouveau canal peut, seul, remédier efficacement au mal, et faire cesser, du moins en très-grande partie, cet alarmant et triste état de choses. Et c'est un canal du fort de la Knocke, où passe l'Yzer, directement Nieuport. Le canal projeté, nécessairement courbes inévi tables, et approximativement d'une longueur de i8,5oo mètres, (i) traverserait Nieuw-Capelle longeant l'est, Oude-Capelle, Oostkerke, Pervyse de là, par Ramscapelle, il aboutirait Nieuport. Ces cinq communes font partie du Furnes-Am- bachl. Elles sont des plus exposées au fléau de l'inon dation. Les avantages, les bienfaits qui résulteraient de ce canal, sont aussi nombreux que certains. Pour que l'on puisse s'en former une juste et saine idée, il suffira d'apprécier sérieusement les quelques considérations suivantes, que nous choi sissons et résumons entre beaucoup d'autres hy drauliques, commerciales et même stratégiques. Du reste, et au besoin, nous pourrions succinctement revenir là-dessus. D'abord, l'Yzer, qui passe près de la Knocke, s'écoule latéralement au canal d'Ypres Dixmude, (1) Un savant illustre, François Arago, estime ta dépense d'un canal, terme moyen, 500,000 francs par lieue de France, et 5,000 francs d'entretien annuel, aussi par lieue. et préserve d'inondations les terres du Furnes-Am- bacht,bien que lelit de celte rivière ne soit pas plus profond (t) que le niveau du terrain de Furnes, tandis qu'au contraire les Broeckages, ou terres situées droite dudit canal, dest-à-dire, l'autre rive de l'Yzer, sont de x mètre, 90 centimètres plus élevées. Ces terrains inondés, ou Broeckages, ont, certai nement pour I3 plupart, cette heure, 1 mètre, 90 centimètres d'eau. D'où il résulterait que si l'Yzer venait déborder et rompre ses digues, le Furnes-Ambacht tout en tier se trouverait inondé d'au moins 2 mètres 7^ centimètres. Approximativement, la pente de la Knocke Nieuport,peut être évaluée 2 mètres 4G cen I i mètres. Le creusement du nouveau canal de Nieuport, serait d'une profondeur de 3 mètres 85 centimètres, sur une largeur d'au moins 10 mètres 75 1 ira. Les terres provenantes du creusement ou de l'ex cavation, serviraient remblayer les rives ou acco tements sur la plus grande largeur possible, et la hauteur des bords ou berges de l'Yzer, c'est-à-dire, 2 mètres 75. Par là, le débordement,l'inondation serait rendue presque impossible, le canal nouveau ayant 3 mé trés 85 de profondeur de plus que le niveau du sol dans le Furnes-Ambacht, et étant situé 1 mètre 90 plus lias que les Broeckagesou terrains inondés, situés vis-à-vis du canal de Dixmude. On établirait la Knocke, une écluse 011 sas, afin de pouvoir se rendre, par le bas-canal d'Ypres, tra versant le petit canal de Rousbrugge et l'Yzer, dans le nouveau canal projeté. Au moyen de cette écluse, on pourrait toujours baisser, assécher même le cas échéant, le canal d'Ypres et l'Yzer. De celte ma nière, ni en été ni en hiver, les crues ou débâcles d'eau ne seraient plus craindre, surtout si vers le plein de la lune, on avait soin de tenir les eaux du nouveau canal la cote d'été. Ainsi viendrait tom ber l'objection qu'on pourrait élever que lors de la pleine lune, la mer qui suit dans ses marées les di verses phases de celte planète, se refuse recevoir des eaux; objection qui ne repose que sur un cas exceptionnel: car l'accumulation des eaux pluviales ou torrentielles arrive rarement alors, mais bien plus souvent au commencement ou la fin de la iune. Du -reste, ce canal, cause de sa longueur, de sa largeur et de sa profondeur, ainsi que par sa situa tion en ligne droite, n'en serait pas moins, même pour les quatre ou cinq jours de faible décharge de ses-eaux dans la mer, chaque pleine lune, un ré servoir immense, propre recevoir sans dangers, leseaux qui aujourd'hui occasionnent de si fréquents et de si réelles alarmes... Et, certes, elles ne sont pas dénuées de graves, de terribles motifs car, après tout, s'il n'était porte remède au déplorable état de ■choses actuel, qu'en résulterait-il immanquable ment? (2) Tôt ou tard l'engloutissement, la dispa rition complète sous leseaux d'un grand nombre de communes, et l'on verrait se renouveler dans le Furnes-Ambacht la catastrophe qui, en ifai, par la rupture d'une des grandes digues près de Dordrecht, engloutit en une nuit, 72 villages florissants, et convertit Dordrecht en une ile Ces avantages sont grands, ces considérations sont puissantes; mais ce n'est pas uniquement en faveur des territoires et communes de l'arrondisse ment de Furnes et de la partie adjacente de celui d'Ypres. Ces avantages et ces constructions auraient des effets immédiats pour d'autres villes et communes, entre autres, pour Courlrai et même pour Gand. En effet, au moyen du canal projeté, et si la jonc tion de la Lys au canal d'Ypres venait s'effectuer, ce qui, tôt ou lard, doit avoir lieu, ces locali tés, elles aussi, ne seraient pas exposées des inon dations presque annuelles. Sans nuire au Furnes-Ambacht, ni aux commu nes dites des Broeckages, une grande partiedes eaux accrues pourraient se saigner, s'écouler par Nieu port. Ce qui, certes, ne pourrait se pratiquer, si, avant la jonction dont if s'agit, on négligeait impru demment le creusement et la construction du nou veau canal de la Knocke Nieuport. Cela est sensible, évident car, dans cette hypo thèse, que ferait Ypres de la surabondance des eaux, auxquelles s'ajouterait encore une grande partie de celles de la Lys? Et comment surtout, porlerait- (1) A partir de la Knocke, on appelle Broeckages les terres situées a droite du canal de Dixmude- et Furnes-Ambacht.proprement dit, toutes celles gauche de ce canal, ainsi que de l'ïxer. (2) Il est notoire que telle était l'opinion de feu 1 ingénieur en chef-Directeur (M. De Broch). elle secours comme elle le fait présent, leur instante prière, en tenant ses écluses fermées, aux communes menacées du Furnes-Ambacht,et notam ment des Broeckages, jusqu'à ce que celles-ci aient pu avoir le temps de porter au moins quelque re mède l'inondation, en faisant écouler une partie des eaux afiluées?... Du reste, il est connu que Nieuport, dans les grandes crues, ne décharge par Dixmude que le trop plein seul du canal d'Ypres, tandis que tontes les eaux aflluées d'ailleurs, ne trouvant pas d'issue immédiatement, débordent, et causent nécessairement les inondations. Cela deviendrait impossible pour Ypres, quelque bonne volonté, quelque dévouement même qu'elle y mît. Et les désastres qui nécessairement en résulteraient pour les localités sus-indiquées, re doublant d'intensité, seraient incalculables!... Nous le répétons c'est essentiellement quoi tend remédier et parer le canal projeté. Mais ce 11e sont pas là tous les avantages, tous les bienfaits inhérents sa construction. Énumérons-en au moins quelques-uns encore. D'abord, de Rousbrugge toute l'étendue du cours de l'Yzer, on peut évaluer cinq mille hecta res les terres qui seraient délivrées de l'inondation, deviendraient arables, favorables la con struction des maisons, et par suite, a la forma tion de communes nouvelles. Ensuite, combien de métairies ou fermes, aujourd'hui littéralement en vironnées d'eau, ne seraient pas débarrassées de ce voisinage incommode, malsaint, alarmant?... Nieuport, qui, comme rade est présent séparé de la terre ferme, recevrait des navires marchands qui correspondraient ainsi directement delà mer avec Y'pres. Les avantages qu'en retirerait cette dernière ville, jadis l'une des principales des Flandres, sont telle ment évidents, qu'il serait aussi oiseux que superflu de s'arrêter les énuuiérer. Enfin, tout porte croire que nos ancêtres avaient conçu l'idée de creuser un jour, le nouveau canal projeté, du fort de la Knocke directement Nieu port. C'est ce qui semble conster autant de la lar geur et de la profondeur primitivement données au canal de celte ville, l'ample sas de Boesinghe, que de la largeur du pont de la Sleenstraete. Bien que du sas a la Knocke, le bas-canal soit beaucoup moins large, ou serait étrangement dans l'erreur, si l'on en concluait qu'originairement, celte partie du canal ne fut jamais plus large. 11 est évident que ce rétré cissement provient des affaissements et comblements successifs et laissés dans fin état de détérioration ou de ruine. Aussi, en construisant le canal nouveau, devrait-on, comme chose indispensable, suffisam ment élargir et approfondir cette section du canal ancien. Quant la dépense que nécessiterait le canal projeté, d'abord comme œuvre urgente d'utilité, de salubrité et de sécurité publiques, celte dépense ne saurait arrêter, osons l'espérer, la prévoyante sagesse, la constante, la paternelle sollicitude du gouver nement D'ailleurs, outre beaucoup de dons gratuits de terrains incorporer dans le nouveau canal, il est d'autres moyens pratiques et administratifs pour concourir couvrir les frais dont il s'agit. Outre l'état, la province, ou plutôt les provinces, les deux Flandres, et les villes et communes les plus directement intéressées dans la question, ne pourrait-on pas, par exemple, faire contribuer du- l'ant un nombre d'années déterminer, 10, i5 ou davantage, raison d'un impôt extraordinaire de 3 5 francs par mesure, les 10 12,000 mesures désignées plus haut et au 1res du Furnes-Ambacht les plus fréquemment inondées, et, eu égard leur po sition exceptionnelleun impôt moindre les autres terrains de Furnes, ainsi que ceux des Broec kages et ceux de la Lys, périodiquement assujettis l'inondation. Finalement, il est essentiel de prendre ici en con sidération, et de porter en ligne de compte, que, par suite de la construction du nouveau canal, et par conséquent de la grande diminution, sinon de la disparition totale des inondations, les frais considé rables et grevants des administrations des waterin- gues seraient de beaucoup diminués. Par là, serait nécessairement facilitée et allégée la charge du nou vel impôt temporaire établir pour la confection du caual de la Knocke Nieuport. Concluant, nous n'hésitons pas le dire: Ce ca nal, aussi utile que nécessaire, indispensable même, non-seulement serait un des plus beaux et des plus féconds travaux qui, depuis des siècles, eussent été concédés aux provinces des deux Flandres, mais il

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Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 2