5e ANNÉE. N° SOS.
DIMANCHE, 8 MARS 1846.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
Feuilleton.
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[YPRES, le 7 Hars.
DISSOLUTION DU MINISTERE.
Quoique le cabinet jusqu'au dernier moment,
par l'organe de M. Malou, n'ait pas youIu
avouer la chambre que les ministres avaient
tous remis leur démission entre les mains de Sa
Majesté, le fait paraît certain et le ministère est
en pleine dissolution. Ainsi est démontré main
tenant toute l'inanité de la mixture. Avec M.
Nolhomb, qui se soumettait humblement aux
injonctions du parti catholiquecelle comédie
a pu durer quatre ans, mais du moment qu'il
est entré au cabinet, un homme libéral, qui a
voulu stipuler au nom du parti auquel il ap
partenait le masque est tombé et l'entente cor
diale entre les deux éléments hétérogènes qui
composaient le ministère, s'est évanouie.
Jusqu'ici toutes les lois sur l'enseignement
ont été faites exclusivement au profit du parti
catholique. Reste encore voler celle de l'en
seignement moyen qui a lin caractère d'ur
gence reconnu La question devait être décidée
par le cabinet mixte, dont M. Vande Weyer était
supposé le ministre dirigeant. Le projet pré
senté par lui, quoique très-modéré dans ses
dispositions libérales, n'a pu obtenir l'assenti
ment des chefs du parti catholique, c'est-à-dire
des évêques belges, dont les députes catholiques
la chambre ne sont que les hommes-liges.
Voilà donc en moins d'un an deux interrè
gnes ministériels, et tous les deux ont pour
cause efficiente la prédominance politique que
les chefs mitiés du parti catholique veulent
exercer en Belgique. Les élections sont contrai
res aux candidats cléricaux, les villes ne veulent
plus les admettre au sein des conseils com
munaux l'élément libéral voit croître son in
fluence et acquiert de jour en jour plus de
forces au sein du pays, rien ne peut y faire, ces
symptômes non équivoques de déclin ne peuvent
arrêter nos ambitieux prélats, qui depuis long
temps ont pris pour devise tout ou rien.
La majorité factice dont dispose la chambre
des représentants le parti clérical, se réduirait
une trentaine de voix au plus, si un minis
tère libéral prenait la direction des affaires. Car
il est de fait que sans le bagage ministériel, les
catholiques se trouvent en minorité et comptent
même moins de députés la chambre que l'o
pinion libérale. D'un autre côté, nous avons lieu
a a scdsosîssi aa
(Suite.)
IX. une visite»
M»' de Bracciano n'avait pas senti sélever dans son cœur le
moindre soupçon contre Herman en suite de son entretien avec le
colonel. Douloureusement affectée de voir calomnier celui qu'elle
croyait si digne de sou amour elle avait attribué les paroles de
Raoul la jalousie, 1 envie. L'affection de Jeanne pour lieruian
avait, pour ainsi dire, atteint son paroxisrne depuis qu'il lui avait
racouté sa vie avec tant de candeur. Depuis ce jour la veille de
celui où Boisseau avait été enfermé dans la maison du faubourg du
Roule) Mme de Bracciano méditait une giande résolution. Incapa
ble de commettre une faute le divorce lui parut le seul moyen
d'arriver ses tins et de concilier son amour et ses devoirs. Elle ne
voulait prévenir Herman d'aucun de ses projets; elle le croyait d une
délicatesse et d nue susceptibilité si grandes qu'elle ne doutait pas
qu'il ne s'opposât de tout sou pouvoir la détermination qu elle
voulait prendre. Dans quelques circonstances où Mrat de Bracciano
avait indirectement soulevé cette question, lieruian s'était prononcé
si formellement ce sujetqu'elle le savait capable de s'éloigner
jamais, plutôt que d être la cause d'une démarche toujours extrê
mement grave pour une femme» Quant 1 amour d'Hermau, elle y
de croire que le Sénat ne s'aviserait plus de voter
des adresses, comme en 1841.
Mais pour avoir un ministère libéraliUfaut
l'assentiment de la couronne et, nous nejpouvons
le cacher, la Royauté se trouve entourée d une
camarilla qui est loin de lui exposer les vérita
bles sentiments du pays Tous au palais ne ré-
lèvenl que du parti catholique et ne sont placés
et soutenus dans leurshautes fonctions, que sous
condition de saisir toutes les occasions possibles
d'être utileau parti clérical. Il est donc peu pro-
bableque la Couronne donne mission un libéral
de former un ministère. Cependant puisque la
cause du dissentiment vient du parti catholique,
c'est lui qu'on devrait convier saisir les rênes du
pouvoir. Mais si l'arrogance dont il fait preuve est
manifeste, l'impuissance dans lequel il se trouve
de composer un ministère qui ne soulève pas
la répulsion unanime de l'opinion publique, est
tellement flagrante que lui-même recule devant
cette épreuve. C'est celte conviction du parti
cléricalque nousavonsdû les ministères mixtes
qui se sont succédés et nous ne sommes pas bien
certains d'en être débarrassés toujours.
Mardi matin, il y a eu chez M. de Gerlache,
premier président de la cour de cassation et
intermédiaire ordinaire du parti calholiqueavec
l épiscopat, une longue conférence sur la crise
ministérielle.
On lit dans F Émancipation, journal minis
tériel et en position d être bien informé
La nouvelle donnée hier, par 1 Indépen-
dance relativement M. Vande Weyer, était
exacte. M. Vande Weyer a, en effet, reçu du
Roi la mission de former un cabinet. Reste
savoir si M. Vande Weyer a accepté celle
mission.
M. Vande Weyer a été reçu deux fois par
Sa Majesté. Nous n'avons rien pu apprendre
encore de sa résolution.
Quoique cette nouvelle soit donnée par un
journal vendu au parti clérical, rions ne croyons
pas que la Couronne ait pris une décision
aussi étrange après tout ce qui est arrivé jus
qu'ici. Il est de fait que si le Roi veut faire en
tendre, que s'il ne peut venir bout des pré
tentions du parti clérical, il aura recours une
dissolution des chambres, cette menace seule
engagera le synode épiscopal rabattre de ses
prétentions.
croyait sincèrement. Lorsqu'on aime avec candeur, avec dévouaient,
avec héroïsme ou est si heureux de ce sentimentqu'ou ne peut
croire qu'il ne soit pas partagé. D'ailleurs les regaids furtifs, les
demi-mots, les soupirs, les distractions, les rêveries d lieruian n'a-
yaieut pas échappé a Jeanne, et puis sans outrecuidance, la seule
couscit nce.de ce qu elle valait et de ce qu'elle était, lui suffisait pour
être sure de voir Herman accepter sa main avec ivresse, dès qu'elle
la lui offrirait.
Mme de Bracciano n'avait aucun reproche se faire son mari
vivait loin d'elle; aucune sympathie aucuns rapports d'âge et de
caractère n existaient entre eux. Elle I avait épousé par dévouaient
pour sa famille; le divorce était établi pour remédiera ces incom
patibilités profondes qui succédaient au mariage. Quoi de plus loyal,
de plus rigoureusement juste, que de demander a jouir du bénéfice
de cette loi
Les femmes seules sont capables de cette persistance opiuiâtre de
Volonté. Elles seules sont capables de s'aventurer si courageusement
au milieu des événements les plus incertains, sans conseil, sansappui,
avec t unique espérance pour guide.
M™0 de Bracciano élan d'un caractère singulier. Elle n'avait pas
d amie intime, elle baissait les confidences. Le véritable autour vit
de lui, |)Our lui el par fui. Elle lie pailail doue de ses projets per
sonne, attendant avec oaline le moulent d agir.
Le lendemain de I incarcération de Boisseau par Herman et par
Pierre Herbiu, M"'» de Bracciano vit entrer chez elle d'assez bonne
heure la princesse de Montlaur. Celle-ci n'avait pas le moindre
Une brochure intitulée: Réflexions sur les pro
jets de loi déterminant les traitements et F avance
ment des officiers de santé de F armée, présentées
la chambre des représentantspar le médecin
de garnison Alexis, vient de paraître. C'est une
question tout d'actualité, car si on ne s'empresse
d'introduire des améliorations la position des
officiers de santé de l'armée, on risque fort de ne
plus pouvoir tenir les cadres du service au com
plet; moins quelegouvernempnlneserésigne
prendre des sujets qui n'ont pas les qualités
voulues pour exercer ces fonctions A coté de
quelques idées neuves sur l'organisation du ser
vice de santé, M. Alexis traite la partie pratique
de ce service avec autant de mérite que de sim
plicité et de chaleur.
EXPERTISE DES TAUREAUX DANS LA FLANDRE
OCCIDENTALE.
L'expertise ordinaire des taureaux pour l'an
née 1846, aura lieu dans notre arrondissement
aux jours et lieux indiqués ci-après, 10 heures
du malin, savoir
Dans le 6e district agricole Provenle 31
mars, pour les communes de Crombeke, Harin-
ghe, Oostvleteren, Poperinghe, Proven, Walou,
Westvleleren.
A Ypres, le 30 mars, pour les comunes de
Bixschote, Boesinghe RrielenElverdinghe,
Langhemarcq. PasschendaeleSt-Jean, Vlae-
meriinglie Woesten Ypres Zonnebeke
Zuydschole.
Le concours aura lieu dans ce district Pro
ven le 31 mars, immédiatement après l'exper
tise.
Dans le 7e district agricole, Gheluvelt, le
16 mars pour les communes de Becelaere, Com-
miues, Gheluvelt, Gheluwe, Hollebeke, Hout-
hem Wervicq. Zandvoorde, Zillebeke, Dicke-
busch Dranoutre, KemmelLocreMessines,
JN'euve-Eglise, Reninghelst, Westoutre, Voorme-
zeele Warnéton Wulverghera, Wytschaete.
Le concours aura lieu dans ce district Mes
sines le 17 mars, immédiatement après l'exper
tise.
Nous avons annoncé que ie typhus règne
Iseghem et Meulebeke dans cette dernière
commune il y a eu depuis le mois de janvier
plus de 100 décès; Iseghem, l'un des jours de
la semaine passée, il y avait dix cas de mort.
La température douce de cet hiver a porté
quelques personnes rechercher, dans les an-
soupçon de l'amour de Jeanne pour Herman. Sûre de la solidité des
principes de sa nièce, elle blâmait seulement chez elle un excès de
pitié qu'elle trouvait mal placée sur cet étranger. Néanmoins depuis
quelque temps Mrae 'e Montlaur avait remarqué un certain change
ment dans les habitudes de Jeanne, ses accès de tristesse et de gaîté
folle, ses mélancoliques rêveries, et surtout la continuelle préoccu
pation où elle semblait plongée depuis le départ du colonel de Sur
ville.
Raoul n'avait jamais caché 1 admiration que lui inspirait Mroede
Bracciano; mais il s était toujours montré si respectueux, si sincère
ment dévoué pour elle, que la princesse de NJoullaur ne doutait pas
qu il ne fût aussi épris de Jeanne que résolu a contenir son amour
dans les bornes de la plus tendre amitié. Mu,e de Montlaur connais-
tait tiople cœur humain pour ne pas avoir souvent songé aux diffi
cultés, aux dangers de la po»ilion de sa nièce, belle, jeune, charmante
et mariée un bouime qu'elle ue pouvait aimer.
Ou a dit comment, indiscrètement instruite, l'insu de sa tante
que le mariage qu ou lui proposait, pouvait rappeler d'un cruel exil
deux de ses vieux pareuts et faire rentrer la princesse de Montlaur
dans ses grands biens, Jeanne avait formellement, impérieusement
voulu cette union Ignorant la cause secrete de Cette détermina lion,
sa famille ne vit daus celte conduite que le vif désir, assez commun
aux très-jeunes peisonnes, de se mai 1er et d avoir un grand état daus
le monde; et puis entiu sans cette union, Jeanne restait très-pauvre
l'empereur ne consentant a rendre les biens immenses de la famille
de Souvry qu'à la condition expresse que leur héritière épouserait