T "il V 5e ANNÉE. - N° 607. INTÉRIEUR. DIMANCHE, 15 MARS 1846. Hk WV B 1 ,BJBB H ^Bb j9 H MW ^8 JKJi JBL JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Feuilleton. YILLE D'YPRES. conseil communal. A BSg W& ~WÊ^ /k/IWA Tout ce qnîconcerne UridM- M J ^B ^B H ^B y l Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EUNDO. On s'abonne Ypres, Marché au Beurre, 21et chez lous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Ypres. fr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-25 Y PRES, le 14 Mars. La crise ministérielle ne paraît pas avoir fait vin pas vers une solution quelconque depuis quelques jours. Quelques journaux ont fait con naître une combinaison incroyable et que jus qu'à nouvel ordre, nous ne croyons pas sérieuse, quoique dans la situation actuelle l'impossible puisse devenir non-seulement le vraisemblable, mais le vrai. Carpour trancher les difficultés qu'on rencontre afin d'arriver au terme de l'en fantement ministériel, on ne veut pas suivre la voix rationnelle, celle que le bon sens invile suivre, pour se hasarder dans des combinaisons mixtes Réconciliation, dunion, etc. en un mot, on ne veut pas laisser gouverner le parti qui est moralement le plus fort et le plus influent, afin d'empêcher la décadence de 1 opinion catholique plus âpre de domination mesure que les échecs subis aux élections, devraient l'empêcher de croire son omnipotence. La difficulté qu'on éprouve composer un ministère ne provient que, parce qu'en haut lieu, on rêve un gouvernement représentatif de la façon de la camarillaqui entoure le roi et qu'on ne veut pas appeler l'opinion libérale aux affai- Et cependant rien ne démontre mieux représentatif, car on ne trouvera plus de mem bres de la chambre appartenants la nuance la plus modérée de l'opinion libérale, qui voudront encore se charger d'un portefeuille dans un mi nistère mixte. Et si par hasard on en trouvait, ou ce seraient des catholiques qui se sont mis un masque libéral, ou si ce sont effectivement des libéraux, au bout de deux mois ils seraient usés et bafoués comme l'ont été MM. Nothomb Mercier et tutti quanti. Le travail ministériel n'est si malaisé que par ce qu'on veut courber la nation sous le régime hypocrite des mixtures. Mais ceux qui entraî nent la couronne dans celle voie assument sur eux une grave responsabilité, car ils la rendront impopulaire. Jusqu'ici on s'était accoutumé voir la royauté dominer les partis, mais aujour d'hui quelle met des entraves au juste ascendant de l'opinion libérale, elle sera enveloppée dans la réprobation qui depuis longtempsa atteint l'opi nion catholique et dont elle ne se relèvera plus. res. l'ascendant que le parti libéral a su acquérir, que l'impossibilité de former un ministère né viable en dehors de sa coopération. Nous ne pouvons croire que la couronne soit assez mal informée, pour laisser composer un ministère catholique pur, car ce cabinet serait si impo pulaire et prouverait un tel mépris du résultat des élections des grandes villes du pays, que l'irritation, factice en 1841, deviendrait réelle tel point qu'on pourrait bien se laisser aller des démarches que le dévouement des campa gnes pour le clergé ne pourrait affaiblir ni con trebalancer. Quant aux cabinets mixtesleur temps est passé. On doit entrer forcément et malgré qu'on en ait, dans les voies normales du gouvernement Le dernier n° du journal était sous presse, quand nousatonsappris, mercredi dans l'après- midi, que S. M. venait d'annoncer l'honorable bourgmestre de la ville d'Ypres M. Vander- slichete de Maubus, qu'elle avait daigné lui con férer la croix de chevi4ier de sou ordreen récompense de ses longs et loyaux services. En décorant M. Vanderstichele de Maubus, le gou vernement n'a qu'un reproche se faire, c'est de n'y avoir pas songé plutôt, car notre hono rable bourgmestre a déjà plus de trente ans de services administratifs, tant comme sous-inten dant et commissaire d arrondissement que comme premier fonctionnaire communal. Cet acte du gouvernement a causé la sensa tion la plus agréable parmi nos concilovens. Tous manifestaient le contentement de voir no tre digne magistrat recevant enfin la récom pense de ses services. La nouvelle, peine con nue, volait de bouche en bouche et on se l'annonçait comme si un événement heureux pour la ville élail arrivé. Le soir, tout le voisinagede la maison habitée a,2 (a©a©sî22i a2 (Suite.) x. les lettres. La lettre que Mrae de Bi acciauo venait de recevoir était d'Herman. Elle contenait ces mots Madame, Yoici les dernières paroles d'un homme qui a en vain lutté contre la fatalité la force lui manque il avoue sa faiblesse, il se résigne il meurt avec calme et sérénité.... Quand j'étais enfant, j'ai quitté le bon ministre qui m'avait élevé, sans lui dire le douloureux secret de mon cœur je ne veux pas quitter la vie sans vous dire le secret du seul bonheur que j'aie jamais ressenti.... Dans ce moment su prême ma timidité s'etFace. Ne pas vous avouer la vérité,... toute la vérité,... me semblerait un crime. Peut-être ma sincérité,... me vaudra-t-cUe la dernière grâce que j ose espérer de vous. Du moment où le hasard me conduisit près de vous; je vous ai aimée, comme on aitne Dieu dès qu'il se révèle vous ...Je vous ai pieusement aimée, vous sur votre trône resplendissant, moi genoux les mains jointes, perdu dans la foule.... Cet amour saint ignoré recueilli, avait pour moi des douceurs ineffables que la religion oflïe ceux qui prient avec ferveur, avec conviction. J'aimais pour le bon heur d'aimer, comme on croit pour le bonheur de croire, sans espé rance folle et impie. Au moment de paraître devant Dieu, je ne fais pas de compa raison sacrilège. Dans ça pitié dans ses bontés infinies il choisit lésâmes les plus nobles, les plus pures parmi les plus pures il Jeur donne l'augélique mission de consoler ceux qui souffrent et qui l im plorent. OU je ne me suis pas mépris j'ai toujours vu en vous le saint Archange, qui, me montrant le ciel, me disait: Tes maux fini ront bientôt. Dieu m'a béni.... Au lieu de quitter la vie avec douleur et re grette la quitte avec ravissement.... Je me suis épuré parles pensées que j'ai puisées dans ma sainte adoration pour vous,... pour vous,... vivant symbole de la grandeur et de la rénumération divine Il me semble qu'une intelligence éthérée m'emporte vers des régions ineonuues.... A mesure que j'écris ces lignes, dout chaque mot est un pas vers l'éternité, les uuages qui obscurcissent mon es prit, semblent se dissiper.... Tout l'heure,... en commençant celte lettre, quelques faibles liens m'attachaient encore ici bas. Mainte nant ils se rompent,.., je suis dans un milieu qui n est déjà plus la terre,... qui nest pas eucore le ciel,., au-dessous de moi,... la vie,... l'humanité, ses passions vagues, confuses, amoindries.... Ainsi,quand on s'éleve dans les airs,... les grandes villes,... les lacs,... les forêts,... les montagnes se confondent en taches obscures,.,, peine visibles dans l'immensité.... Mon esprit monte vers Dieu,... votre voix m'ap pelle,... je vois l'aurore de l'éternité,... mes yeux se ferment,... Je suis ébloui Je dors d'un profond évanouissement.... Tout l'heure je me suis demandé si j'éxislais. J'ai regardé autour de moi,... j'ai passé mes mains sur mon front brûlant,... j'ai relu le commencement de cçtte lettre.... Je me suis souvenu de tout. par l'honorable bourgmestre avait illuminé et même quelques maisons assez éloignées de la demeure du chef de la cité avaient leurs faça des éclairées, en témoignage de réjouissance de la faveur que S. M. venait d'accorder M. Vanderstichele de Maubus. Des sérénades ont été données le même soir par la société des Chœurs et I Harmonie de la ville. Le lendemain, le Conseil communal en corps, les deux échevins en tête, a été complimenter son digne chef. Dans une allocution bien sentie, M. Alphonse Vanden Peereboom, premier éche- vin, a exposé M. le bourgmestre toute la joie que le Conseil ressentait de voir enfin son dé vouement la commune récompensé par S. M. Après y avoir répondu et remercié le Conseil de sa démarche, M. le bourgmestre a fait connaî tre, combien il était heureux d être entouré de conseillers qui lui rendaient le fardeau bien léger, et qui, par leur coopération active, le mettaient même de diriger la satisfaction de tous, les affaires communales. Toules les autorités civiles et militaires ont été rendre visite M. le bourgmestre, pour le féliciter. Le jeudi soir, la musique du corps des sapeurs-pompiers, celles du 5me et des lanciers ont été lui donner une sérénade. Enfin, hier après-midi, le corps professoral du collège com munal a été reçu pal- M. le bourgmestre et il a accepté les félicitations qui lui ont été présen tées sur la distinction que Sa Majesté venait de lui conférer. A celle occasion, un demi-jour de congé a été accordé aux élèves, en signe de ré jouissance de la marque d'honneur qui a été donnée par le gouvernement, au chef de la commune. On dit que M. VandeWeyer a déposé entre les mains du roisa démission d'ambassadeur Londres. Séance publique du Jeudi, 12 Mars 1846. Présents MM. Vanderstichele de Maubus, Bourgmestre, président, Alphonse Vanden "i J'ai en effet éprouvé une sensatiou étrange, profonde, indéfi nissable.... Tout en moi tressaille encore.... Il me semble que cela a été un rayonnement formidable,... auquel a succédé une nuit d'abîme,... une nuit épaisse et lourde qui m'oppressait L'esprit de l'homme est étrange!... Sa fantaisie le ramène du ciel la terre.... Tout l'heure il m'a semblé entrevoir les perspectives sans fin de l'immensité,.,, dans l'éternité.... Maintenant je pense avec délices aux moindres réalités charmantes que votre présence embellirait encore, comme l'éclat du soleil embellit un site déjà merveilleux.... Vous ne savez pas les rêves enchanteurs qui m'ont conduit au terme où j'arrive.... Vous ne savez pas que vous m'avez rendu la vie impossible,., par les songes d'or que votre pensée évoquait dans mon esprit.... Vous ne connaîtrez jamais, bêlas le paradis dans lequel je vivais auprès de vous.... J'ai comme un pressentiment que ces visions m'apparaîtront de nouveau quand je vais dormir du sommeil éter nel.... J'ai toujours cru que, dans sa mansuétude Dieu donnait ceux qu'il voulait récompenser, le rêve de leur vie pour 1 éternité.... Le songe d'or de ma vie, c'était une retraite cachée comme un nid d'oiseau, au milieu de grands bois, de fraîches eaux, de solitudes profondes; c'étaient de longues rêveries sur ces lacs que la lune ar- genlait, et où nous glissions dans un frêle esquif, comme deux om bres heureuses. C'étaient les douces et riantes causeries des veillées d'hiver quand la flamme du sarment pétille gaimeut dans l'âtre, et que la

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Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 1