INTÉRIEUR.
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
5e ANNÉE. N° 508.
On s'abonne Ypres, Marché
an Beurre, 21et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre.
Pour Ypresfr. 5-00
Pour les autres localités 6-00
Prix d'un numéro 0-25
JEUDI, 19 MARS 1846.
Tout ce quf concerne la rédac
tion doit être adressé, franco,
l'éditeur du journal, A ïprea.
Le Progrés parait le Diman
che et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
VIRES ACQUIRIT ECNDO.
TPRES, le 18 ftfnrs.
On doit en convenir, M. Vande "VVeyer, qui,
pour la plus grande gloire des ministères mix
tesa élé rappelé de Londres, afin de sauver la
Couronnea rendu le service le plus signalé
l'opinion libérale, en ne faiblissant pas devant
les instances de la camarillani les intrigues
des despotes mitrés de la Belgique. En tenant
fermement ses principes libéraux et en insistant
pour les faire admettre dans la loi sur l'ensei
gnement moyen il a porté le dernier coup
ces mixtures qui n'existaient que pour autant
que l'opinion catholique dominât dans toute la
plénitude de son arrogance.
Maintenant il est question de voir arriver le
parti libéral aux affaires; nous y ajoutons foi, par
la bonne raisonqu'il est impossible de sortir
d'une autre manière de la crise ministérielle.
Mais que les hommes qui stipulent dans intérêt
de l'opinion libérale, prennent leurs précau
tions. Ce n'est qu'à contre-cœur qu'on verra des
libéraux tenir en mains les rênes du pouvoir et
tout en ayant l'air de les soutenir officiellement,
on tâchera de les desservir officieusement. Les
hauts emplois politiques sont garnis d hommes
qui, dévoués corps et âme la coterie cléricale,
travailleront secrètement renverser un cabinet
en dehors de l'influence de leurs patrons. 11 est
nécessaire que les hommes qui seront appelés
former une administration libérale, ne laissent
plus exploiter la franchise et la générosité de
sentiments qui distinguent l'opinion libérale.
Souvent nos adversaires en ont profité pour
nous jouer et se moquer de ceux qui avaient
foi dans leurs protestations et leur candeur.
Démontrons que maintenant nous les avons ap
préciés leur juste valeur et que le temps de
duper l'opinion libérale par des protestations
feintes, est passé.
Monsieur le rédacteur,
L'abricotier présente celte année celte singulière
particularité qu'il porte un grand nombre de fleurs
digyneset même trigynes,et qui donneront des f ruits
doubles ci triples. Je sais qu'il n'est pas rare de voir
la nature dévier sousce rapport, de ses lois primor
diales mais ce qui communémentn'est qu'une
exception, semble être devenu la règle.
Un fait non moins remarquable, c'est le dévelop
pement inusité de ces fleurs, ainsi que de celles
du pêcher: J'ai mesuré un grand nombre de corolles,
et me suis assuré, qu'elles ont généralement de 3o
35 centimètres de diamètre.
Ces phénomènes se rattachent probablement des
influences athmospliériques dignes d'êlre étudiées;
c'est pour celle raison que j'ai cru devoir les signa
ler, dans le but d'attirer sur eux l'attention des na
turalistes, persuadés que les remarquesquisemblent
en apparettee les plus futiles, ont quelquefois des
résultats avantageux pour la science, en ce sens
qu'ils peuvent recéler le germe de découvertes im
portantes.
Agréez, Monsieur, l'expression de ma parfaite
estime.
UN DE VOS ABONNÉS.
Liste des personnes désignées pour faire partie du
juryde la 5° session du i" trimestre 1846, qui
résident dans l'arrondissement d'Ypres.
i° CartondeVYinnezeele,propriétaire,àZillebeke.
20 Pierre Victoor, notaire, Messines.
3° Pierre Bonté, cultivateur, Boesinghe.
4° Jean-Baptiste Lambin, notaire Ypres.
5° Louis Delefbrtrie, notaire, Gheluwe.
6® Alphonse Vauden Peereboom, propriétaire,
Ypres.
7" Van Alleynes-Schockeel, tanneur Ypres.
d" Pierre De Haene, négociant, Boesinghe.
Les nommés 1° Henri Bruneeîâgé de -42
ans. domicilié Voormezeele, ouvrier 2° Ber
nard Ulain, âgé de 51 ans, né et domicilié
Sladen, élageur 3" Jean-Baptiste Verslype, âgé
de 51! ans: 4® Louis Yerslype, âgé de 46 ans,
nés et domiciliés Clercken, faiseurs de balais;
5° Pierre-Jacques Verslype, fils de Louis, âgé
de 23 ans, né et domicilié Clercken, ouvrier;
6° Augustin Vervisch, âgé de 311 ans, fraudeur,
né et domicilié Wytschaele; et 7° Pierre-
Bernard Van Tournout, marchand de balais,
né et domicilié Clercken, convaincus d'avoir,
dans la nuit du 15 au 16 août 1835, Voor
mezeele, dans la ferme et au préjudice de
Jeanne Paleau veuve de Pierre-Jacques Gee-
rardyn l'aide des cinq circonstances aggra
vantes, Volé une somme d'environ 1,800 fr.,
deux blouses, deux mouchoirs, deux sacs et
plusieurs morceaux de viande, ont été condam
nés vendredi dernier par la cour d assises de la
Flandre occidentale, les six premiers la peine
de mort et le septième six années de travaux
forcés, l'exposition et six années de surveil
lance.
On lit dans Y Impartial de Bruges'.
Tout annonce que les travaux des chemins
de fer de la Flandre occidentale soatJfsérieuse-
menl entrepris.
Il y a peu de temps, nous annoncions que
les travaux de terrassements étaient commencés
sur la première section de Bruges Thourout.
Nous savons qu'ils sont conduits avec activité et
que quatre cents ouvriers environ y sont occupés.
Nous apprenons que la compagnie conces
sionnaire, secondée aujourd'hui par des ingé
nieurs capables et d'un mérite reconnu, a donné
ses instructions pour que les autres sections
soient étudiées simultanément.
Déjà un sous-ingénieur et son personnel sont
au travail sur la section de Courtrai Ypres;
ils doivent, sans désemparer, terminer tout ce
qui est relatif celte ligne, et la semaine pro
chaine, il est très-probable que la section de
Thourout Courtrai sera mise également
l'étude.
Nous nous empressons de faire connaître les
progrès d'avancement de ces travaux que nous
suivrons avec un vif intérêt pour le bien-être
de la classe ouvrière et pour les avantages gé
néraux de notre province.
Lundi, un incendie attribué la malveillance,
a éclaté Rouiers dans une maison qui devait
être mise en vente le lendemain. Une femme
soupçonnée d'avoir commis ce crime a été ar
rêtée.
Le 13 du courant, vers les huit heures du
soir, un incendie s'est manifesté en la commune
de Meulebeke, chez le sieur De Vos, fermier et
meunier.
La grange, les écuries ont été réduites en cen
dres, mais les bestiaux ont été sauvés le froment,
le seigle et le foin ont été la proie des flammes.
Rien n'était assuré.
Les pertes sont évaluées 7,600 francs.
II paraît que le vent souffle enfin de bon côté.
Si nos renseignements sont exacts, on aurait
enfin reconnu que toute combinaison catholi
que, toute combinaison mixte, comme l'enten
dent les catholiques ne peut plus rencontrer
aucune sympathie dans le pays. Aussi l'on nous
assure qu'il serait follement question d'un ca
binet libéral et dans lequel entreraient MM.
Rogier, Delhoungue, De Brouckere et Chazal.
Feuilleton.
a,a <22»©sua2» 2>a 32ta^22i2ia»
(Suite.)
XI. le divorce.
La princesse de Montlaur était restée três-inquiète de la subite
disparition de sa nièce* elle ne put réprimer un mouvement de joie
orsqu'elle la vit reparaître dans le boudoir. M. de Rracciano arrivait
des Tuileries. Il était en habit de cour. La magnificence de son cos
tume contrastait vivement avec Texiguïlé de sa taille, et avec l'ex
pression rusée, sournoise, presque basse de sa physionomie. Quoique
la princesse ne fût pas instruite du grave sujet de conversation que
sa nièce allait soulever, elle fut frappée de son air solennel et dé
cidé, Les joues de Jeanne étaient plus colorées que de. coutume; ses
yeux brillaient d un éclat extraordinaire; elle se trouvait dans le
paruxisme fiévreux de ses grandes résolutions. M. de Rracciano
«'approchant de sa femme avec une politesse cérémonieuse, voulut
lui prendre la main pour la baiser; mais Jeanne, la retirant avec
un mouvement plein de dignité, lui dit d'une voix dont elle ne pou
vait maîtriserl'émotion J ai, monsieur, un très-sérieux entre
tien avoir avec vous. Vous permettrez que je donne des ordres
pour que nous ne soyons pas interrompus.
M. de Bracciano s'inclina.
Mon enfant, je me relire, dit la princesse de Montlaur.
Un moment Jeanue hésita avant de laisser sa tante s'éloigner.
Pourtant elle s'y lésolut, craignant que l'élonneinent, que la douleur
que manifesterait peui-être Mme de Montlaur ne la fil faillir dans
sa résoluliou. Ma tante, j irai chez vous tout Uheure, dit-elle
la princesse de Montlaur, qui la regardait avec une sorte d'inqui
étude.
Jeanne la reconduisit jusqu'à la porte d'un premier salon.
Qu avez-vous donc, mou enfant lui dit tout bas sa tante, vous
seniblez agitée? Eu vérité, vous m'effrayez presque! Rassurez-
Vou>, ma bonne tante, ce u'esi rien. Seulement, veuillez m'altendre
çfiez vous.... Soit, mais venez le plus tôt possible, car je ne sais
pourquoi je suis inquiété malgré moi, dit la piincesse en s en allant,
M de Bracciano alla rejoindre sou mari. Lorsque Jeanne se
trouva seule avec lui, celte pensée, rapide comme la foudre, tra
versa son esprit Si M. de Bracciano refusait le divorce! Et Heroian
était là, sur le point de mourir, et elle venait de lui donner un
radieux espoir. Il ny avait pas hésiter; il lui fallait tout prix
obtenir ce qu elle désirait. La malheureuse femme sentit un mo
ment son cœur se glacer l'aspect de son mari. Calme, impassible,
il l'observait attentivement par-dessus ses bésicles d'or, qu'il avait
abaissées sur sou nez droit et aigu comme le museau d'uDe belette.
Je suis vos ordies, madame, seulement je vous demanderai
la permission de m'asseoir je suis longtemps resté debout aux Tui
leries, et je me trouve tres-fatigué. Ah! j oubliais de vous dire que
1 Empereur s'est plaint, d ailleurs le plus gracieusement du monde,
de ce qu il ne vous avait pas vue depuis quelque temps. J ai pris sur
moi, et j'espère que vous m'approuverez, j'ai pris sur moi de lui
promettre qu'à 1 avenir vos absences de la cour seraient moins lon
gues; je vous engage très-instamment tenir cette promesse. Le
plus grand emploi de la maison de l'Impératrice n'est pas encore
donné, et j'ai tout lieu de croire que vous 1 obtiendriez facilement,
en moutraut un peu plus d assiduité au château.
Mn,e de Braeciano fut altérée. Le début de cet entretien était si
éloigné du sujet qu'elle voulait amener queréfléchi sant aux
moyens d'y arriver, elle répondit presque machinalement Oui,