EXTÉRIEUR. France. 3 tandis qu'il servait comme officier d'un grade inférieur dans l'armée américaine. Le plan du général Bugeaud approuvé par le gouvernement, consiste faire cerner la Kabilie par des corps de troupes importants, de manière en occuper toutes les issues connues et faire battre dans tous les sens la montagne par des colonnes mobiles organisées d'une ma nière toute particulière. Les dernières lettres arrivées d'Orient donnent de douloureux détails sur le terrible incendie qui a consumé une partie de la ville de Philippopolis. Sept cents boutiquesdeux mosquées, et cent quarante des plus belles mai sons de la ville ont été la proie des flammes. On porte la somme énorme de quarante mil lions de piastres les pertes occasionnées par ce sinistre. Le Times annonce d'après une corres pondance d* Bruxelles, que le gouvernement belge a formellement adhéré au traité conclu par les grandes puissances de l'Europe pour l'abolition de la traite. On écritde Berlin,la Gazette des Postes de Francfort: On dit que l'occupation de la république de Cracovie par les troupes des trois grandes puis sances durera encore très longtemps et jusqu'à ce qu'on puisse espérer que la flamme de la ré volte est éteinte jusqu'à sa dernière étincelle. On ajoute que les trois gouvernements ont dé cidé de ne sévir rigoureusement que contre les meneurs de l'insurrection et de traiter avec toute la clémence possible les autres individus qui ont été séduits et entraînés dans l'insurrection. On lit dans le même journal sous la date de Posen, 7 :Tous les élèves du collège catholique dont la fermeture vient d'être ordonnée étaient polonais et il s'était manifesté parmi eux un tel esprit révolutionnaire, qu'on a même trouvé des armes sur les élèves des classes supérieures. Une lettre de Vienne du 7, publiée par la Gazette de Cologneconfirme ce qui a été dit déjà, que le gouvernement autrichien, setrouve en ce moment beaucoup plus embarrassé par le concours que lui ont prêté les paysans de la Gallicie pour étouffer l'insurrection même. Les paysans ont agi comme ils l'ont fait non pas par dévouement pour le gouvernement, mais afin de s'emparer des biens des nobles et d'améliorer ainsi leur position sociale. Ils s'attendent main tenant de larges concessions de la part du gouvernement, et celui-ci aura beaucoup de peine les faire rentrer dans leur état de su bordination et d'obéissance ordinaires. On s'entretient beaucoupà Stutgard d'un incident qui a produit une véritable sensation dans les cercles politiques. Le conseil munici pal s'était rendu le 1er mars auprès du roi pour le féliciter sur le prochain mariage de son fils avec la princesse Olga. Après avoir remercié la dé- putation de sa démarche,le roi adit eulr'aulres choses Je profite de cetlecirconstance, Messieurs, 3) pour rassurer certains esprits, non-seulement dans notre pays, mais encore dans toute l'AI- est du dernier secret. A cette heure, 1 Empereur domine le monde. Sa puissance est son apogée. Il épouse la fille d un grand mouarque; mais les plus brillantes fortunes out leurs revers. Qui sait si son étoile.ne pâlira pas? qui sait si le tout-puissant vainqueur d'au jourd'hui ne sera pas un jour trahi par le sort des armes auxquelles il demande trop peut-être? Dans ce cas (il faut tout prévoir] I in fluence que votre esprit, que votre charme, vous aurout nécessai rement acquise sur l'impéialrice, aupiès de laquelle vous seriez placée, nous deviendront d'un puissant secours. S il y a par malheur une réaction des souverains légitimes contre les souverains populai res, il se pourrait, comme le disait I autre jour votre tante, que l'empereur d Autriche fût obligé de faire cause commune avec eux! Ce serait la cause de I Europe contre la France. Alors l'impératrice serait peut-être appelée, sinon devenir l'arbitre de ces grands dé mêlés, au moins y prendre une .large et glorieuse part; placée entre un père et un éjioux, sa position, habilement ménagée, pour rait lui donner une double et puissante influence, surtout si elle agissait d après les conseils sages, habiles, éclairés, d'une amie jus tement aimée et écoutée. Dans ce cas, quelle que soiL l'issue delà lutte qui s engagerait entre 1 Empereur et l'Europe, l'amie, la con- Ëdente.ipour ne dire la «çrête directrice de la fille des Césars, lemagne, qui par suite decet événement, ont paru concevoir des craintes pour l'inilépen- dance de noire politique dans l'avenir. L'u- nion que mon fils bien aimé va contracter, a pour cause des liens de famille que vouscon- naissez: les considérations politiques y sont totalement étrangères et vous pouvez être certains que, tant que je vivrai, je ne cesserai de suivre le sy«tême exclusif des intérêts alle- mands, qui est celui de notre patrie. J'ai la conviction que. malgré les liens qu il va con- tracter, mon fils, lorsqu'il sera appelé vous gouverner, agira comme moi. Ce discours a produit un effet, qui est une nouvelle preuve de plus de l'antipathie qu'ins pire toute l'Allemagne le gouvernement russe. Les lettres de Posen, publiées par lesjour- naux allemands parlent des persécutions ex traordinaires que les autoritésmilitairesdecette ville continuent de prendre comme si elles crai gnaient chaque instant un soulèvement. On ne voit dans la ville que postes et patrouilles, canons braqués sur les points qui dominent les places et les principales rues; dans les casernes et dans la citadelle une partie des troupes est continuellement sous les armes prête se por ter là où leur présence serait nécessaire. En même temps les arrestations continuent dans la ville et au dehors, et il ne se passe de jour qu'on n'amène des bandes entières de prisonniers ar rêtés dans les environs. Le Courrier de Varsovie du 6 annonce que les aulorités russes vont faire chanter un Te Daum dans la cathédrale de celle ville, pour remercier Dieu de ce qu'il a daigné conserver encore aux polonais, le bonheur de la domina tion russe, et qu'il a écarté le danger qui aurait pu leur ravir ce bonheur. Si ce journal n'écri vait pas sous la censure du vice-roi, on pourrait considérer celle nouvelle comme une sanglante ironie. D'après une lettre publiée par la Gazette de Posen la population de l'osen nourrit une croyance bizarre elle assure que le véritable chef de la conspiration polonaise est le comte Edouard Baczynskiqui, il y a plus d'un an, s'est suicidé d un coup de fusil. Le peuple est persuadé que ce n est pas le comte qui est mort, mais qu un de ses fermiers, mort il y a un an de moi t naturelle, avait été rendu méconnais sable par un coup de fusil et avait été enséveH sous le nom du comte qui aurait employé cet expédient pour dissimuler les projets et en rendre l'exécution plus sûre. A lire les journaux du ministère il ne res terait plus aucune trace de l'insurrection polo naise et depuis l'évacuation de Cracovie par les insurgés, il semblerait que tout est fini cepen dant les lettres particulières sotil loin de repré senter létal des affaires sous le même point de vue; il paraît certain maintenant que la révo lution s'étend bien au-delà de la frontière de la Polog ne. Il paraît que des mouvements sérieux ont éclaté dans la Hongrie où plusieurs comitals se seraient prononcés pour les Polonais. Des trou- serait assurée dii sort le plus brillant, soit que l'Empereur couseï vàt son trône, soit que les Bourbons revinssent eu prendre possession; car, dans les avis que l'amie dont je parle donnerait l'Impératrice, .les intérêts des princes légitimes seraient plus ou moins vivement plaides, selon les circonstances. Je n'ai pas besoin de vous dire que cette amie appartiendrait, par sa naissance, aux plus anciennes mai sons de France. Eh bien! Jeanne, ajouta le duc d'un ton de voix, insinuant et en contenant peine les transports d'ambition qui s éle vaient en lui cette pensée, eh bien ma chère Jeanne, vous devi nez facilement que c'est cet admirable lôle d'amie éclairée que je débiterais vous voir jouer auprès de l'Impératrice. A moi, mon sieur s'écria Jeanne. A vous, ma chère amie, n'en soyep pas étonnée, vous le remplirez merveille, grâce votre séductiou na turelle et aux habiles conseils d un boiume rompu a la politique de l'Europe, et assez Teveuu des exagérations du devoir pour savoir se plier ,aux circonstances, alin de les maîtriser son profit. La stupeur de Jeanne était si profonde, qu elle ne pouvait répon dre un mot. Sou mari, la croyant très-attentive, continua Si, au contraire, les fâcheux événements dont je vous parle n arrivaient pas, si l'empire se consolidait, pour être plus restreinte, votre in fluence n'en serait pas moins grande, moins utile l'Emp ereur ne blés auraient éclaté d'un autre côté Dantzig et Stutgard. Ou n'a du reste que des rensei gnements fort vagues sur ces insurrectioqs, attendu que les jaurqaux allemands deviennent chaque jour plus laconiques sur les mouvemeqts des insurgés. Depuis quelques jours l'Hôtel Lambert en lîle Sl-Louis, est encombré de Polonais qui viennent rendre hommage au prince Czarlo- rjsky. Paris, 15 Mars. La séance de vendredi de la chambre des députés a présenté un vif intérêt. M. de Laro- chejacquelin a adressé des interpellations au gouvernement relativement aux affaires de la Pologne mais, ainsi qu'on pouvait le prévoir, M Guizot a déclaré que la France devait se ren fermer, quoiqu'à regret, dans le principe de non intervention. Ce débat n'a pas eu d'autre suite. M. Marcy, petit-filsdu célèbreMongedont la veuve vient de mourir Beaune, âgée de 99 ans, est né en 1796. Il fut 1er de promotion pour entrer l'école polytechnyqued'où il soriit avec le même rang le l6r octobre 11118. Il fut nommé capitaine le 2 février 1827.et dé signé pour faire partie de l'expédition d'Afrique eu 1830. Peu après le débarquement, il quitta l'artillerie mais son court séjour dans cette arme spéciale a prouvé que sous tous les rap ports il était le digne fils du savant Monge. La proposition de M. de Saint-Priest, re lative la conversion de la rente, a fait éprouver un rudeéehecau ministère. M. Lacave-Laplagne avait fait une motion d'ajournement et s'était principalement basé sur l'opportunité delà me sure. Celte motion a été repoussée après une longue discussion, par 201 voix contre 145; oe qui fait une majorité de 56 voix contre le mi nistère. La proposition a été ensuite prise en considération une majorité peu près aussi forte. Un dandy se présente ces jours derniers chez un restaurateur de premier choix, il com mande un dîner pour quatre personnes, dans un cabinet particulier. Que rien ne soit épargné, dit-il; je veux faire grandement les choses servez-no.us ce que vous avez de mieux on ne regarde pas la dépense. Faites frapper votre meilleur Champagne et recom mandez au chef de mettre d,es truffes partout. A propos, ajoute le généreux amphilrion en clignant de l'œil d une façon significative - J'espère que nous auroAs du gibier? Vous en aurez, réplique le restaurateur en souriant d'un air d'intelligence. A l'heure fixée les quatre convives sont exacts, le festin est servi; le gibier prescrit se manifeste sous toutes les formes en talmiset enrolis, c'est très-bien, les convives font honneur la chère délicate, aux vins exquis qu'on leur offre. Ils restent 3 heures table, puis vient le quart d heure de Babelais. L'amphitrion passe au sera jamais tlomiué par uo ministre, mais il peut l'être par sa femme sans sen apercevoir. Vous ne sauriez croire combien il était bon pour l'impératrice Joséphine, et puis, voyez-vous, avec l'âge l'am bition s'éteint, on recherche davantage les jouissances de la famille; si l'Impératrice donnait un fils l'Empereur et qu'elle fût habile - ment dirigée par une amie dévouée, peu peu elle finirait par prendre un très-grand ascendant sur Napoléon. Or, avec de la sé duction, vous en avez, avec de 1 habileté, on m'en reconnaît, vous sentez que nous pourrions, vous et moi, diriger et utiliser cet ascen dant notre gré, et peut-être au profit de notre position. Craignant d'avoir été trop crament ambitieux et d'avoir effarou ché la délicatesse de sa femme, M. de Bracciano ajouta Vous pourriez ainsi rendre de grands services au parti royaliste, obtenir bien des grâces, non pour voqs, qui êtes la personne du monde la plus désintéressée, maispour les vôtres. Vous comprenez, ma chère enfant, que tout ceci est fort grave. Je n'en ai jamais dit on mot personne, je vous en .parle, parce,que je compte sur vous pour m'aider a obtenir celte place qui, par suite, comme je crois vous l'avoir dé montré, assure notre ayenir, en tout état de cause, d'une manière inébranlable* (La tuito au prochain a*.)

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 3