INTÉRIEUR.
5e année. N° 511.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
DIMANCHE, 29 MARS 1846.
VILLE D'YPRES. conseil communal.
Feuilleton.
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YPRES, le 28 Mars.
Le ministère libéral qui s'était constitué avec M.
Rogier, comme chef-dirigeant, n'a pas été agréé par
Sa Majesté. Les hommes qui devaient occuper le
fauteuil ministériel n'ont pas plû la camarilla
qui entoure la Couronne. Mais le programme pré
senté par M. Rogier a été surtout commenté per
fidement par les adversaires du libéralisme. M.
Rogier, se rappelant 1841, renversé cette époque
par les intrigues ténébreuses des adhérents du parti
clérical, mal soutenu par les hauts fonctionnaires
politiques dévoués aux ennemis du ministère libé
ral, M. Rogier, disons-nous, avait pris ses précau
tions et demandé la dissolution des chambres pour
des cas bien déterminés et la faculté de destituer et
de déplacer les fonctionnaires qui ne suivraient
pas fidèlement le programme ministériel. Ces con
ditions si simples, si constitutionnelles ont soulevé
les clameurs du parti-clérical, qui se sentait me
nacé dans son existence. On veut détruire la majo
rité, disait-011, et certainement, les catholiques-
politiques qui font partie de la chambre espèrent
y rester éternellement et repoussent l'avènement
d'un ministère qui pourrait rendre la vie dure
ces honnêtes représentants votant avec tous les
cabinets, quelque nuance qu'ils puissent appar
tenir. La condition de la dissolution et celle de la
destitution des fonctionnaires politiques qui feraient
une opposition sourde au cabinet libéral, ont dou
loureusement surpris les doucereux apôtres du parti-
clérical, qui comptaient manœuvrer l'endroit du
ministère Rogier, comme en 1841, et le renverser
pour les élections de i84y. Mais l'intrigue a échoué
par suite de la fermeté de M. Rogier, qui, sans l'ac
ceptation descondilionsposées, n'a plus voulurester
chargé de dénouer la crise ministérielle.
Voilà donc encore le pays lancé sur la voie de
l'inconnu et probablement nous aurons un minis
tère qui ne sera qu'éphémère, si nous en avons un
bientôt, ce qui est difficile, car un cabinet libéral, la
Couronne 11e veut pas l'accepter avec des conditions
qui puissent lui donner la vitalité. Un ministère
catholique serait une imprudence et une espèce de
défi jeté la partie éclairée de la nation. Quant la
mixture, elle est usée jusqu'à la corde et tout hom
me d'état qui se respecte, se gardera bien de ressus
citer ce système, qui a déjà écrasé sous le mépris
public,des hommes de talents,mais sans convictions
politiques.
Il y a quelques jours, Impartial de Bruges,
s'est occupé de l'interpellation adressée M. le
ministre des travaux publics par l'honorable
sénateurde notre arrondissement, M. Malou. Il
a pris texte de ce que M. Malou s'est enquisprès
du ministre, afin de savoir si la compagnie du
chemin de fer de la Flandre Occidentale était
sérieuse, pour prétendre que le sénateur d'Ypres
était fort peu au courant des intérêts de la
provincedont il est un des députésNous en
douions, bien que XImpartial l'assure, mais
au moins M. Malou est bien au courant de ce
qui peut intéresser notre arrondissement et s'il a
fait celle question M. le Ministre, c'est que
noire mandataire au sénatainsi que tous les
habitants de l'arrondissement ont encore, l'en
droit de la compagnie, certains doutes, que les
promesses et les courses faites pour la levée des
plans n'ont pu dissiper.
Nous croyons facilement quele caution nement
est déposé et que 1,500,000 francs ont été versés,
avant que la compagnie ait procédé aux expro
priations des terrains nécessaires pour poser la
voie. Ce sont les conditions du cahier des char
ges. Mais onpourail fortbien ignorer les achats
et les commandes delà compagnie qui d'après
lerelevé de XImpartials'élèventà fr. 2,010,000.
M. le sénateur Malou sait aussi bien que la
feuille brugeoise, que les travaux sont commen
cés entre Thouroul et le chef-lieu de la province
et que des ingénieurs parcourent la Flandre Oc
cidentale en tout sens. Mais on a vu cela depuis
si longtemps, que les habitants de l'arrondisse
ment d Ypres, pour ce qui les concerne, y sont
habitués et croient que ces nombreuses courses
ne sont qu'un moyen assez bien imaginé pour
occuper 1 opinion publique elcalmer les inquié
tudes, sans se Irouver dans la nécessité de de
voir commencer sérieusement les travaux.
On peut être certain que si M. Malou a usé
d'une manière fâcheuse de la permission qu'on
possède de se former une opinion erronée, elle
est au moins partagée dans l'occurence par le
plus grand nombre de ses concitoyens, si non
par tous. Malgré la pompeuse annonce des
achats de la compagnie et du dénombrement
de ses innombrables ingénieurs, nous croyons
que M. Malou peut avoir piqué au vif la direc
tion de la compagnie, en émettant son opinion,
mais nous n'admettons nullement qu elle 11e
soit pas plausible et encore moins peut-on re
connaître I Impartial le droit de qualifier ses
paroles de légères et A imprudentes. Il est bien
permisquand jusqu'ici on a été le jouet de
promesses et de projets, qu'aucune exécution
n'a suivis, de ne pas prendre les annonces miro
bolantes des compagniesà la lettre, d'autantplus
que M. Henderson a lui-même engagé, paraît-il,
la direction de la compagnie, ne pas construire
le railway de la Flandre Occidentale, alléguant
que c'était une affaire manquée.
Nous croyons donc que M. le sénateur Malou
a sagement fait de demander quelques rensei
gnements M. le ministre qui, dans sa réponse,
n'a en aucune façon touché les points que M.
M .lou a traités. Si lacompagnie ne s'est pas con
cilié la sympathie de la partie de la province de la
Flandre Occidentale qui doit être sillonnée par
la voie ferrée de Courtraisur Ypres et Poperin-
ghe, elle doit se l'imputer elle-même. La ligne
d'Ypres, était celle dont le tracé était le plus
avancé et jusqu'ici, c'est la partie du railwayde
la Flandre Occidentale laquelle la compagnie a
songé le moins quoiqu'on puisse l'envisager pro
bablement comme la branche la plus productive.
Si des fâcheuses influences peuvent résulter
des craintes exprimées par MMalou la tribune
du sénatil existe un moyen bien simple de les
détruire et de prouver que la compagnie est
sérieuse, c'est d agir comme on a fait de Bruges
Courlrai et de commencer les travaux dans le
plus brelUdélai. Alors seulement tout doute de
viendra impossible et pourra être qualifié d'inju
rieux l'égard de la compagnie, mais jusqu'ici,
nous devons l'avouer, les opinionssont partagées
sur les intentions de la société du railway de la
Flandre Occidentale.
Séance publique du Mercredi25 Mars.
Présents MM. Vanderstichele de Maubus,
Bourgmestre, président, Alphonse Vanden Pee-
reboom et Ivveins-Hyndericic, échevins Gérard
Vandermeersch, Louis Annoot, Théodore Van
den Bogaerde, Boedt. avocat, Martin Smaelen,
Martin Legraverand Charles VandeBrouke,
Ernest Mei ghelynck, Pierre Beke, Henri Ivveins-
Fonteyne Auguste De Gbelcke, conseillers.
Lecture est donnée par M. le secrétaire, des
procès-verbaux des séances des 12 et 15 mars
1846. La rédaction en est approuvée avec une
légère modification adoptée sur la proposition
de M. Vanden Peereboom.
2,2 <2<D2Sï22 22 3372^2222.
XII. le divorce. (Suite.)
Le duc avait, peu peu, repris l'empire qu'il avait toujours eu sur
lui; il se calma, ses traits offrirent l'expression d'un sang-froid sar-
donique plus effrayant que la colère. Il y a du vrai dans ce que
vous dites, madame...* Votre tante quittera cette maison ce soir;
mais vous, jamais.... Ah! nous en sommes aux aveux! eh bien!
tant mieux, madame, vous me mettez l'aise... Vous m'avez avoué
votre criminel amour pour me prouver que nous devions nous sépa
rer; moi, je vais vous avouer toutes les causes honteuses qui m em
pêchent de me séparer de vous. Vous m'épouvantez, monsieur..*
C'est un pressentiment. Écoutez-moi donc...
Je suis fils d un artisan.... J'étais sans nom, sans fortune, lorsque
la révolution éclata; je my jetai corps perdu, je fis mon chemin
I Empereur arriva, il acheva rna fortune. Mais cette fortune était
précaire, je tenais tout de lui. Je pouvais tout perdre avec lui. Vous
avez le cœur tendre madameeh bien moi, je suis cupide, je suis
ambitieux, je suis glorieux, V oilà pourquoi ma position ne me satis
faisait pas. J 'avais des places, et pas de patrimoine; j etais duc de
Bracciano; mais Jérôme Morisson n avait aucune alliance sa no
blesse d'hier n'avait pas de racines... L'empereur résolut de m'unir
vous, madame. Ce mariage satisfaisait ma cupidité. L Empereur
vous a rendu, vous et votre tante, pour plus de quatre millions
de biens fonciers;... Ce mariage satisfaisait mon ambition et ma
vanité, car il m'alliait une des plus anciennes maisons de France;
et dans le cas où l'empire ne durerait pas, dans le cas où les Bourbons
reviendraient sur le trôue que vous m'aidiez ou non dans mes pro
jets relatifs l'aveuir), je veux ménager nos parentsde telle sorte
que je trouve en eux les auxiliaires les plus dévoués.... si un jour ils
m'étaient nécessaires. Voilà, madame, pour quelles raisons, tant que
j'aurai un souffle de vie tant que j'aurai l'ombre d'une volontéje
ne consentirai jamais un divorce.
Eh bien! monsieur, s'écria Jeanne, je comprends tout... main
tenant Gardez mes biens, je vous les abandonne.... Laissez-moi
seulement la pension la plus modique,... je ne prétends rieu de
plus... A ce prix consentez notre séparation. Si vous aviez la
tête vous, madame je pourrais m offeuser de cet offre qui est un
nouvel outrage. Eu admettant même que je fusse assez misérable
pour aocepter ce que vous me proposez le divorce me priverait
d une alliance laquelle je tiens pour mille raisons que je vous ai
suffisamment déduites. Oh mon Dieu dit Jeanne en cachant sa
figure daus ses mains. C'est vous madame qui m'avez donné
1 exemple de la franchise. Tant pis si ce que je dis vous blesse.
Quant votre cœur, j'y ai peu compté.... Je ne me fais pas illusion,
mais je vous croyais des principes assez surs pour ne pas craindre
de jouer le rôle d'un mari trompé.... J'essayai pourtant de vous
plaire, je n'y réussis pas.... Je me consolai en pensant aux avantages
réels que m'offrait notre union.... Quoique les airs dédaigneux et
les sarcasmes de votre tante me fussent insupportables, je consentis
habiter avec elle; quoique votre intimi té avec votre cousin, le co
lonel de Surville, me déplût, je vous répète que je vous cro^ ais des
principes assez sûrs pour voir celte liaison avec impatience mais
sans crainte sérieuse.... Je m'étais trompé M. de Surville a indi
gnement abusé de la facilité qu il avait vous voir. M. deSur-
ville s'écria Jeanne stupéfaite. M. de Surville
Eh mon Dieu madame je vous crois cet amour a été tout
platonique tant mieux.... mes soupçons étaient faux, tant mieux
encore... Vous aimeriez mieux mourir que de trahir vos devoirs
tant mieux encore je le crois fermement* Vous vivrez et vous ne
les trahirez pas, je vous en réponds, car maintenant je voussurveil-