INTÉRIEUR.
5e ANNÉE. N8 520.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JEUDI, 30 AVRIL 1846.
VILLE D'YPRES. conseil communal.
Feuilleton.
On l'abonne Ypres, Marché
an Beurre, 21et ohez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre.
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Prix d'un numéro0-25
Le Pro
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé, franco, k
l'éditeur du journal, Ypres.
Le Progrès parait le Diman
che elle Jeudi de chaque semaine.
PRIX OES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
VIRES ACQBIRIT EDNDO.
YPRES, le 29 Avril.
La discussion politique sur la formation du mi
nistère continue toujours la chambre. Elle tour
ne assez peu l'avantage du parti clérical, pour
que les journaux de celte couleur déplorent amè
rement le temps perdu d'après eux, dans des vai
nes joules d'éloquence et afin de parvenir savoir
comment lé ministère du 1er Avril s'est formé si
inopinément. On devait se contenter d'avoir un
cabinet et puisqu'il convenait la camarilla et
lepiscopat, cela devait suffire et la nation n'a
rien y voir. Malheureusement les représentants
qui ont reçu leur mission des électeurs intelli
gents et non de ceux qui manœuvrent sous le
goupillon de M. le curé, houspillent le ministère
d'importance, le harcèlent de questions sur ses
desseins, ses projetset sa manière de gouverner.
Aux plus pressantes interpellations, M. DeTheux
répond par des équivoques, M. Malou en se fâ
chant, M. d'Anelhan en balbutiant et M. De-
champs en en appelant aux souvenirs du Con
grès; quantaux deux autres ministres ils ne sont
là que pour la forme. Somme toute, le parti clé
rical avait raison de vouloir gouverner par per
sonnes interposées. Maintenant qu'il a osé saisir
les rênes du pouvoir, il est difficile d'exprimer,
jusqu'à quel dégré d'abjection cette faction si
arrogante se trouve descendue.
Après six mois d'études universitaires, M.
Gustave Hauimelrath vient de subir devant le
jury l'épreuve préparatoire l'examen de can
didat en sciences. M. Ilammelrath est élève du
collège communal d'Ypres et a fini ses éludes
d'humanités au mois d'août passé. C'est un nou
veau triomphe pour l'institution d'enseignement
moyen de la ville d'Ypres, car elle vient de
fournir la preuve qu'au bout de six moisles
élèves qui y ont fini leurs éludes, peuvent se
présenter avec honneur devant le jury d'examen.
C'est une réponse péremptoire faire pour fer
mer la bouche tous les détracteurs du collège
communal.
En creusant sur l'emplacement de la petite
sacristie démolie de l'église de S1 Martin, pour
y établir les fondations d'un arc-boutant des
tiné soutenir la façade latérale, on a découvert
desfleuronsd'uneanciennetourelleou tour, qui
doit avoir surmonté celte partie du transsept.
Ses'dimensions sont assez grandioses pour faire
croire que ce sont les restes d'une ancienne tour
dont les décombres ont servi exhausser le ter
rain sur lequel se trouvait bâtie la petite sacristie
de l'église et le raffermir. Quoiqu'il en soit
les sculptures sont très-bien exécutées et com
me specimen de la manière dont on travaillait
anciennement la pierre, ces ornements sont re
marquables et méritent d'être conservés.
Séance publique fixée au Jeudi, 3o Avril 1846,
neuf heures et demie du matin.
i° Communication de pièces.
2° Émettre un avis sur les demandes en radiation
d'inscriptions hypothécaires prises au profit de
l'administration des Hospices de celle ville.
3° Statuer sur la proposition émise dans une pré
cédente séance, par la direction del'écolede musique
et de l'harmonie de la ville.
4° Délibérer sur l'objet d'une missive de M. le
gouverneur de la province, concernant une alloca
tion de fonds destinés être employés en distribu
tion d'aliments et autres secours aux enfants pau
vres, qui fréquentent les écoles primaires.
5* Délibérer sur l'opportunité d'établir en cette
ville un concours de bestiaux et d'arrêter les dispo
sitions qui pourraient le plus facilement régler sa
tenue.
6" Avisersur les procès-verbaux de ventes publi
ques d'arbres hors de croissance sur les propriétés
des hospices civils, situés dans les communes de
Boesinghe, Voormezeele, Remmel et Langhemarck.
70 Examiner la comptabilité de la salle d'asile et
statuer sur une demande de subside pour l'exercice
i846.
8° Arrêter le rôle de la taxe sur les chiens pour
l'exercice i84G.
l'histoire de l'administration des postes. On sait
que l'honneur d'avoir créé cette grande institu
tion appartient Louis XI, roi de France, dont
M. A. Hochsleyn reproduit textuellement l'or
donnance rendue le 19 Juin 1464.
En lisant ce remarquable monument de l'ha
bilité politique de Louis XIon est forcé de
convenir, avec M, A. Hochsteyn, que le service
des postes est une conquête essentiellement mo
derne; l'antiquité n'a rien revendiquer cet
égard, comme le prouve l'auteur par le tableau
des stations des relais établies en Perse par le
grand Cyrus et chez les Romains. Mais ce qui
est moins connu c'est la part que la Belgique
peut réclamer dans la gloire de LouisXI, comme
fondateur des postes, au nom des seigneurs de
La Tour et Taxis, dont les améliorations, en
matière de poste, ont eu, dès 1516, Bruxelles
pour pointde départ.
Après cette introduction commence le Dicti
onnaire postal qui reproduit les dispositions
législatives et les règlements relatifsaux articles:
abonnements aux journauxabrogation ab
sencesîles Açoresacquit)actes administratifs;
adjoints commis des postes; administrateurs des
postes administrations des postes; admission
aux emplois dans administration des postes
adresses; bureaux cTAeltrs et d'Aerschotaffi
ches; affranchissements.
Comme on le voitcelte première livraison
répond parfaitement au plan de l'auteur, qui a
voulu faire un répertoire de la législation pos
tale de 1789 1845, aussi utile aux employés
de l'administration des postes, qu'aux classes
éclairées de la société.
On lit dans le Moniteur Belgen° 113, du
23 avril 1846
Nous avons annoncéil y a quelque temps
le Dictionnaire postal de la Belgiquepar M,
A. Hochsleyn, directeur de bureau, percepteur
des postes de Bruxelles. Cet important ouvrage
est en voie de publication; la première livraison
aparu. Ellese compose d'une introduction dans
laquelle M. A. Hochsteyn retrace rapidement
Depuis plus d'un mois le journal TEspoir de
Renaix ne nous parvient plus, ainsi que Y Écho
de la Dendre. Nous ne savons si nous devons
attribuer l'irrégularité de l'envoi de ces journaux
au service de la poste.
Nous apprenons avec une vive satisfaction
que notre concitoyen M. Hollanders, officier
au 1er lanciers en garnison Ypres, qui a fait
la campagne d'Afrique sous les ordres du géné
ral Cavaignac, vient de recevoir du roi des
Français la décoration de la légion d'honneur.
Nous savions que cet officier avait été, il y a
as @(Î)2i©sî<2ÎL
{Suite.)
XXI. he rm an forster.
Pendant quelques moments, les trois acteurs de cette scène gar
dèrent un profond silence. La lampe jetait une clarté faible et
vacillante; le vent mugissait au dehors la pluie fouettait les vitres.
Saisie d'épouvante brisée par cette dernière et horrible secousse
Jeanne était tombée genoux. Elle portait une robe blanche qui
rendait sa pâleur plus effrayante encore. Herman, debout, la tenait
toujours par le poignel le bras de la malheureuse femme était inerte;
elle semblait mourante.
Les trails d'Herman se bouleversèrent cette figure d'une beauté
accomplie devint repoussante, sa lèvre supérieure se retroussa par
UDe sorte de convulsion hideuse l'on vit ses dents serrées par la
rage souillées d ecume, ses yeux ronds s'ouvrirent démesurément
eur pupille en se contractant laissa voir autour d'elle un orbe
blanc injecté de 3ang. Herman serrait si violemment le frêle poignet
de Jeanne dans ses mains courtes et rouges aux ongles livides, que
la main de la jeune femme de blanche qu'elle étaitdevint d'un
rose vif.
L'expression des sentiments les plus détestables s'amoncelait sur
le front d'Hermancomme les sombres Duées d orage sur un ciel
d'abord pur et serein. La haine, la vengeance, la fureur s'y lisaient
en traits épouvantables. Muet, il regardait Gxement Jeanne. Celle-
ci agenouillée, moitié pliée sur elle-même, la tête renversée en ar
rière, la bouche entrouverte ne le quittait pas non plus des yeux.
Elle semblait fascinée par l horrible regard de cet homme dont
elle ne pouvait détacher la vue.
Pierre Herbin assis auprès de la table tenait de la main droite
une plume qu'il avait machiualeuieut prise pendant son entretien
avec Herman; sa main gauche, ouverte et levée, exprimait un éton-
nement profond le col avancé, les yeux fixés il contemplait la
duchesse avec une stupeur incroyable. La physionomie de cet hom
me quoique sinistre et repoussantesemblait douloureusement
émue. Ses traits se contractèrent plusieurs fois comme s'il eût
éprouvé une violente lutte intérieure.
Herman rompit le premier le silence en disant Jeanne d'une
voix terrible que veniez-vous faire ici nous espionner
Mme de firacciano ne répondit pas, l'horreur la straugulait. Elle
ne put que faire uu mouvement négatif et suppliant. Deux lai mes
coulèrent le long de ses joues marbrées.
Herman frappa du pied avec rage et secouant rudement le
poignet de Jeanne il ajouta Vous voilà bien avancée n'est-ce
pas
Grâce grâce! murmura-t-elle en tâchant de dégager son
poignet de là douloureuse étreinte d'Herman.
Allons, allons, Herman, du calme, de la modération, dit brus
quement Pierre HcrbiD; qui, malgré son cynisme, n'approuvait Fas
la brutalité de son compagnon.
Asseyez-vous! dit durement Herman, en abandonnant la main
de Jeanne.
Pierre Herbin plus pitoyable, aida la pauvre femme s'asseoir
pendant qu'Uerman marchait grands pas dans la chambre, ne sa
chant que résoudre. Un moment il eut la pensée d'essayer de tromper
encore Jeanne, de lui dire qu'il la savait là; que sa conversation avec
Pierre Herbin n'avait été qu'un jeu cruel mais cette fable était
inadmissible. Voyant ses projets désespérés, les ferments les plus
horribles commençaient bouillonner en lui.
De même que les natures généreuses ne se développent dans tout#
leur splendeur que lors des circonstances extrêmes de même aussi
les natures perverses n'atteignent les derniers degrés du crime que
lors des événements décisifs.*.
Mille projets confus se heurtaient dans sa tête.
t Que faire maintenant P que faire s*écria»t-ilen s'arrêtant
brusquement devant Pierre Herbin.
Mme de Bracciano, incapable de dire une parole,la figure caché*
dans ses deux mainsfaisait entendre de temps autre un sanglot
ccnvulsif.
Que faire? dit Pierre Herbin; le diable le sait. Ah! maudit soit
cet ivrogne de portier qui ne m'a pas dit qu'il y avàit quelqo'un
nous n'aurions pas parlé comme nous l avons fait. Madame n aurait
rien su. Ce qu'on ignore est comme non avenu, et si tu y avais mis
des formes, eliç aurait logtemps conservé son Illusion! Maintenant