6e ANNÉE. - N* 524.
INTÉRIEUR.
JOURNAL D'Y PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JEUDI, 14 MA1 1846.
Le Livre d'Heures. H y a deux sortes de
romans; les mauvais et les bons; l'épopée du
sens et l'épopée du cœur; ceux dont l'auteur
semble vouloir attacher aux flancs du lecteur la
tunique de Nessus pour le consumer d'un feu
dévorant et jouir des tourments qu'il lui cause;
ceux qui furent dictés par l'influence de la mo
rale et de la vertu. On pourrait symboliser ces
deux espèces de romans par deux créations de
Georges Sand Lelia et Edmée, de Mauprat.
On s'abonne ypres, Marché
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cepteurs des postes du royaume.
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Lerro
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tion doit être adressé, franco,
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che et le Jeudi de chaque semaine,
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VIRES ACQUIRIT EBNDO.
YPRES, le 13 Mal.
ïrOtTVELLE ASSOCIATION ÉLECTORALE.
Dans le dernier n°, nous avons émis le vœu
que l'opinion libérale de la ville d'Ypres ne fut
point oubliée et qu'une invitation de se faire
représenter au congrès libéral lui fut adressée
par la société de 1 Alliance. Nous avions assez
bonne opinion des services rendus aux idées pro
gressives par les électeurs d'Y près, pour avoir osé
espérer, avec confiance, que le comité de l'Al
liance prierait les libéraux d'Ypres d'envoyer
des délégués la manifestation libérale qui se
prépare Bruxelles.
Ce vœu a été exaucé. Des personnes connues
par leur dévouement l'opinion libérale, ont
reçu la circulaire du comité de l'Alliance, ainsi
conçue
MM.
«Dans son assemblée générale du 6 avril dernier,
la société de l'Alliance a pris la résolution suivante;
d Art. i. Dans les deux mois dater des présen
tes, la. commission administrative convoquera et
réunira Bruxelles les délégués de l'opinion libé
rale dans les provinces.
Monsieur le président de l'Alliance présidera
cette assemblée, dans laquelle les membres de la
coni mission adini n ist rat i veau ron t voix délibérali ve.
Il sera tenu procès-verbal des résolutions.
Art. i. Celte assemblée aura pour but d'ame
ner l'union la plus compacte du parti libéral en
Belgique. La commission administrative est investie
des pouvoirs nécessaires pour exécuter les résolu
tions qui v seront prises, et la commission rendra
compte l'assemblée générale de ce qu'elle aura l'ait
celte fin.
Ensuite de celle résolution et pour l'exécuter,
nous vous prions, MM., de vouloir bien dans le plus
bref délai possible, nous indiquer les noms des per
sonnes qui pourraient dans votre localité, être appe
lées faire partie du congrès libéral. Le nombre de
ces personnes ne devrait pas excéder celui de dix
pour votre arrondissement.
Nousosons espérer, MM., que vous voudrez bien
prendre tons les renseignements nécessaires pour
faciliter l'exécution d'une mesure, dont l'impor
tance ne peut échapper aux vrais littéraux.
n Le jour de la convocation du congrès libéral
sera ultérieurement fixé.
Feiiillrton,
2,3 <3<&2»©£Î<22I 2)3
Hutte et Fin
XXIV.— conclusion.
TTnqnarl d'heure après cette scène, Jeanne se dirigeait ver» l'hôtel
de Bracciano, soutenue par Itaool et par Boisseau, qui, ma'gré 6a
faiblesse, avait voulu accompagner M. de Surville. Il était quatre
heures et demie euviion. La pluie tombant torrent, ta nuit était
profondément llo le.
l)u courage, Jeanne. Dans un quart J heure vous serez sauvée.
Ou n'a pu s'apperccvoir encore de votre absence, lui dit tendrement
Raoul.
Jeanne remercia Raoul par un serremeut de main eonvulsif, et lui
dit Je craiua que mes forces ne soient épuisées...
Far grâce, Jcauue, encore un eflbit.
Je lâcherai, n ais je me sens mourir.
tl moi aussi, pcn.-a Boisseau, dppuis vingt quatre heures sans
manger, et avoir une telle algarade poui se restaurer. Où diable les
aventures viennent-elles me chercher?
Raoul, Jeanne et Boisaeau arrivèrent devant l'hôtel de Brsociatio.
Mon ami, dit Raoul Boisseau, p. ndant que Jeanne s'appuyait
sur un de» bancs de pierre qui garnissaient la porte, écoule bi< n. Je
Val» frapper, le portier viendra sans doute nuvur avec sa lanterne
Déteindra*, Fendant que j m'emparerai de I ui, tu lui mettras la
Veuillez, MM., noua favoriser d'une prompte
réponse et agréer l'expression de nos sentiments
très-distingués.
La commission administrative de F Alliance Le
Président, E. De Facqz.
Le Secrétaire, J. Bartels.
Celle invitation fournil au parti libéral une
occasion de constituer une association électo
rale sur de larges bases, et qui étendrait le cer
cle de son influence sur tout l arrondissement.
Elle pourrait alors faire elle-même le choix de
ses délégués, landis que si uii comité organisé
et reconnu n'est point institué, les délégués se
ront choisis Bruxelles sur une liste de noms
qu'on devrait faire parvenir la commission
administrative de l'Alliance.
Nous espérons que nos concitoyens sentiront
toute l'opportunité de se réunir et de former
une association durable. Déjà dans d'autres villes
une institution de ce genre existe et produit le
plus grand bien pour l influence que l'opinion
libérale est appelée exercer. Nous habitons
une des parties du pays les moins avancées, et
ce serait honorable pour la ville d'Ypres. d être
parvenue, ainsi que le parti libéral de la ville de
Courtrai organiser et unir les forces du
libéralisme dans son arrondissement.
Nos lecteurs n'ont pas oublié le roman de
M. Pironon, le Livre d'Heures; les deux pre
mières parties en onl été publiées en feuilletons
du journal le Progrès. Nous avons donné un
compte-rendu de l'œuvre du jeune écrivain,
mais nous espérons que nous pouvons ajouter
l'appréciation que nous en avons faite, celle
publiée par la Penne de Liège et par le jour
nal IObservateurNous faisons suivre ici ces
deux articles critiques. Nous ne donnons que le
préambule du premier, car la suite n est qu une
analyse de l'ouvrage de M. l'iioiion.
La Revue de Liège a déjà rendu compte de
deux romans de M Pironon: VI. Emile Frensdorff
a jugé le premier. (Dona Violeta), un peu sévè
rement. croyons-nous. Nous-même nous avons
lâché de donner une idée du second (Laube),
aussi exacte qu'il est possible de le faire dans
une analyse néeessaitemenl un peu sèche Ces
trois ouvrages sont le produit d'une imagination
vive et féconde, d'une sensibilité généralement
plus retenue qu'on ne l'attendrait d'un écrivain
si jeune encore, et quant la portée des obser
vations de mœurs et l'art de les fondre dans
le récit, de manière les faire sortir naturelle
ment des scènes qui se déroulent aux yeux du
lecteur, le dernier nous semble attester un
progrès sensible sur les deux premiers. Mais
M. Pironon a déjà pris part la collaboration
de la Revue de Liège, et nous a promis de le
faire encore. Au lieu de lui adresser des éloges
qui seraient suspects de partialité peut-être,
lâchons encore celte fois d'offrir nos lecteurs
l'esquisse la plus exacte que nous pouvons de
son dernier ouvrage.
Le style d'un roman se ressent presque tou
jours de sa nature. Ainsi Lélia a besoin de tou
tes les subtilités du langage pour colorer ses
mauvais desseins. Edmée est simple dans ses
discours comme une honnête femme le doit être.
Maup rat est mon sens un des meilleurs romans
de Georges Sand, d'une ordonnance naturelle,
d'un style franc, d'une pensée austère. 11 ne
possède pas moins d'éléments poétiques que les
autres, et pourtant il a plus de vérité et de
raison.
Le Livre d'Heures est un roman apparte
nant la seconde catégorie, celle des bons.
Il est bien pensé et élégamment écrit; il a con
servé les qualités et quelques-uns des défauts
de ses aînés, Laure et Violeta.
11 faut croire que les plus mauvaises passions
inspirent la rédaction du Journal des Baziles
car il serait difficile de pousser plus loin, la
mauvaise foi. de faire un usage plus odieux du
système jésuitique, d'interpréter plus mécham
ment !e moindre mot qui donne prise la plus
subtile équivoque. Et quand cette basse lactique
main sur la bouche pour l'empêcher de crir-r. A la faveur de l'ob
scurité, tua cousine j oupa, sans être aperçue, regagner son apparte
ment pari escalier dérobé: ou expliquerai attaque du po» tier comme
011 voudra, comprend-.-lu bien i j< comprends, si j'en ai la force,
et je la trouverai. D un coup de i oing j'éteius ta lanterne, et après
j'étouffe les cris du portier. a merveille; vous, Jeanne, du sang-
froid. Dé» que vous verrez la lumière éteiute, précipitez-vous dans
la cour et moulez chez vous. Je tâcherai, dit Jeanne. Cette ex
pédition n'aurait-elie pas mieux convenu cet enragé Butto; dit
tout bas Boisseau.
Raoul frappa. Le coup retentit au cœur des trois acteurs de celte
secue. Raoul frappa une seconde fois. La jan te s'eutrouvit. Ou vit
la figuie du portier qui élevait sa lanterne pour voir qui frappait.
Boisseau donna résolument un grand coup de poing sur la vitre, et
éleiguit la lunnere. Le portier allait crier au secours, lorsqu i se
sentit saisir par deux btas vigoureux, deux mains se croisèrent sur
sa bouche et lo iilereut ses 01 is. Jeanne, retrouvant cette énergie
factice que donne le g:and danger, traveisa rapideuu-nt. la cour,
gagna 1 escalier dérobé et arriva a 1«« porte de son cabinet de toilette
qu elle trouva eutr'ouveite* comme elle lavai> laissée* Au bout de
cinq minutes, supposant que Jeanne était enfermée citez elle, Raoul
et Boisseau abandonnèrent le portier, fermèieul la pot te et se sauvè
rent toutes jautb. s.
Raoul je te déclare que je vais mourir en arrivant chez toi,
disait Boisseau tout essoufflé* Mon brave amif arrivons seulement
chez moi. et je réponds de toi, disait Raoul. Pourvu que nous ne
rencontrions pas de patiouilles, disait Anacharsis. en faisant d énor
mes enjambées, finir la nuit au violon, il ne me manquerait plus qo«
cela.
Heureusement les deux amis arrivèrent sans enoombre, rue de fa
Victoire. Raoul comptait en partir sur-le-champ, croyant son arrivée
eu France ignorée. La lettre de Mme de Moullaur lui apprenait an
contraire que I Empereur savait tout et était très-irrilé contre lui, il
résolut d aller au château tout lui dire.
Vers les onze heure* du matin, la princesse de Montlaur était an
chevet du lit de Jeanne.
Malheureuse enfant pourquoi n'avoir pas sonné vos femmes?
Vous sentir souffrante et passer toute une nuit sans secours Quelle
imprudence! Pauvre Jeanue, vous avez été si cruellement agitée
hier. Gomment vous trouvez-vous Mieux, ma tante, dit Jeauna
d'une voix faible. Peut-être aussi, avez-vous eu peur; avez-vout
entendu celte nuit quatre heures Quoi ma tante, demanda
Mrac de Bracciauo en frisfoouauU La plus bizarre aventure du
monde. A quatre heures, on a frappé a la porte assez vivement, U
nuit étant tres-obscure, le portier s'est levé, il est venu ouvrir aveo
sa lanterne, croyant, ainsi que cela arrive souvent, que o était quel*
que message du château. A peiur la porte était-èlle ouverte, qna
deux bourrues, le sai-isrenl, éteignent sa lumière, lui mettent la main
sur la bouche pour étouffer ses ciis et le tiennent ainji pendant
quelque temps, après quoi ils le laissent et se-sauvenb S«Of doute le#