6" ANNÉE. N° 529.
DIMANCHE, 31 MAI 1816.
JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
VILLE D'YPRES. conseil communal.
r
Feuilleton.
s 41 sa a a> 2> a 3 a a a a a a
On s'abonne i Ypre», Marché
an Beurre, 21et chex tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre.
Pour Ypresfr. 5-00
Pour les autres localités 6-00
Prix d'un numéro0-25
LePro
Tout ce qui concerne ta rédae-
tion doit être adressé, franco,
l'éditeur du journal, Ypres.
Le Progrès parait le Diman
che et le Jeudi de chaque semaine,
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
VIRES ACQUIRIT ECNDO.
YPRES, le 30 Kfai.
Aussi longtemps que le parti clérical a pu
profiter, dans l'intérêt de sa domination, du
droit de s'associer librementl'exclusion des
libérauxil était maître absolu en Belgique et
«omptait bien le rester longtemps. Alors la li
berté d'association n'offrait aucun danger, il n'y
avaitpasde partis, ou mieux il n'y en avait qu'un
seul, le parti-prêtre qui était organisé et dont le
mot d'ordre partait de Matines. Fatigués d être
opprimés au nom de la religion, les libéraux ont
essayé de s'associer leur tour, de former des
associations électorales qui portent l'unité dans
leurs rangs. Ces essais ont réussi, le parti libé
ral institue dans toutes les villes des associations,
pour lutteravecsuccès contre l'omnipotence du
clergé.
Grande clameur dans la presse catholique! la
suprématie cléricale est menacée, les hauts bon
nets du parti ne savent comment parer le coup
qui menace une domination qu'ils comptaient
perpétuer en Belgique, ils font apparaître alter
nativement, en guise d'épouvantailsla guerre
civile, la conquête parla France ou le partage de
la Belgique. Mais s'ils ont tant peur de la lutte
qu'ils ont soulevée, qu'ils fassent des conces
sions, qu'ils admettent que les catholiques poli
tiques ne possèdent pas seuls, de droit divin, les
qualités nécessaires pour diriger les affaires de
la Belgique leur profil exclusif, nous allions
dire, exploiter la Belgique et c'estle terme dont
il faut se servir, car les intérêts tant matériels
que politiques delà nation ontété miseu coupe
réglée par nos ultiamontains.
Le parti clérical ne veut pasde partis hostiles
exclusifs, maisqu'est-elle donc cette faction qui
a voulu vaincre le libéralisme en masse a-l-
elle jamais donné preuve de l'esprit de tolérance
et de conciliation, mots qui se trouvent sur les
lèvres des meneurs du parti cléricalmais non
au fond de leurs cœurs? Que les journaux ré
trogrades cessent donc de demander où allons'
nous nous pouvons leur répondre avec vérité,
où vous nous avez menés!
Nous venons d'apprendre que l'ouverture du
congrès libéral est fixée au H juin prochain.
La section centrale pour l'examen de la loi
sur l'enseignement moyen, est constituée.
La cinquième section a nommé JM. Dumortier
pour son rapporteur.
Ainsi la section centrale est ainsi composée
MM. D umortier, Coppieters, Brabaut, Delfosse,
Rogier, Fleussu, Liedls. président.
Dans la première assemblée de l'Association
libérale, quand on a fait le choix des délégués
pour la représenter Bruxel.es, celle mission
a été offerte M. Yanalleynes-Scbockeel, pré
sident du conseil des Prud hommes. On pensait
généralement qu'elle avait été acceptée par lui
nous avons reçu une lettre par laquelle il ex
prime son élonnement de voir son nom cité
parmi ceux des délégués et nous annonce qu'il
n'a pas accepté ce mandat.
Une tentative de suicide a eu lieu la prison
municipale. Un nommé Rubbe a essayé de se
pendre aux barres en fer de la fenêtre de son
cachot. Heureusement on s'en est aperçu temps,
l'on a coupé la cravate qui le tenait suspendu,
el le projet de suicide n'a p.u être accompli, la
grande satisfaction du patient.
Depuis quatorze jours, la ville élail littérale
ment prise d'assaut par la population indigente
de Clercken etde Zarren. En un seul jour, l'au
torité communale a fait transporter bien près
dequaranle individus au dépôt de mendicité
et plus de cent cinquante mendiants ont été re
conduits au-delà des limites du territoire de la
ville d Ypres. Il était temps de prendre des me
sures rigoureuses, car la mendicité était prati
quée par ces familles d'une manière par trop
lassante.
reboom, Iweins-Hynderickéchevins Louis
Annoot, Théodore Yanden Bogaerde, Martin
Smaelen, Boedt-Lucien, Charles VandeBroute,
Ernest Merghelynck, Pierre Beke, Iweins-Fon-
leyne et Auguste DeGhelcke, conseillers.
M. le secrétaire donne lecture du procès-ver
bal de la séance précédente. La rédaction en est
approuvée.
Le compte des dépenses imprévues pour l'e
xercice 1845 est soumis l'approbation du con
seil. Le crédit alloué au budget était de quinze
cents francs. L'état des frais imprévus s'élève
la somme de fr. 1479. 54 centimes et est ra
tifié par l'assemblée sans discussion. L'ordre du
jour public étant épuisé, le conseil se constitue
en comité secret.
Dans celle même.séance huis-clos, nous avons
appris que le conseil communal a complété l'ad
ministration des hospices civils, en adjoignant
aux personnes déjà nommées un 5e membre
en remplacement de M. Herman démission
naire. C'est M. Yande Brouke, membre du con
seil, qui a obtenu les suffrages de l'assemblée.
Celle commission se trouve composée mainte
nant de MM. Louis Vermersch, Jacques Van
Daele, avocat. Lambert de Stuers, Arthur Mer
ghelynck el Charles Yande Brouke.
Pendant la nuit du 26 au 27 de ce mois, de#
voleurs ont pratiqué un trou dans le mur de
la maison habitée par Pierre Boudry, tisserand
demeurant S' Jean-lez-Ypres. Ils y sont entrés
et ont coupé du métier une pièce de 21 mètres
de toile de lin.
Séance publique du Vendredi, 29 Mai 1846.
Présents MM. Vanderslichele de Maubus,
Bourgmestre, président; Alphonse Yanden Pee-
Par arrêté royal du 16 mai 1846, un sub
side de six mille francs, dont la première moitié
sera imputée sur le crédit ouvert au départe
ment de l intérieur, par la loi du 26 mars 1846,
est affecté aux frais de pavage du chemin vicinal
de Langemarck Zonnebeke (Flandre occiden
tale), établissant la jonction des routes provin
ciales de Bruges Ypres et de Westroosebeke
Ypres par Zonnebeke.
HISTOIRE DU XVI" SIECLE.
Suite
II.
la scène qui vient d'être racontée serait une énigme pour qui
conque ne connaîtrait de Catlieiine de Médicis que les faits politi
ques et les actes officiels, qui constituent en quelque sorte sa physio
nomie historique. A côté du personnage public, de ce caractère
profondément égoïste, orgueil eux et dissimulé, il y avait une natuie
plus faible, plus accessible et plus simple, nature de feinme, coin-
>osée d'une multitude de petites passions et de vanités mesquines,
./ambitieuse princesse n'était au fond, dans la vie privée, qu'uue
femme coquette I excès, envieuse et futile jusqu I enfantillage.
Son goût pour la parure avait fait de sa cour une sorte de temple de
la mode dont elle élail elle-même la prêtresse; le temps qu'elle ne
donnait pas aux intérêts de son ambition, elle le consacrait tout en
tier aux soins de sa toilette. Plus d une fois elle avait fait subir de
notables changements aux costumes de sa sui'.e. Elle ne dédaignait
pas d'entrer cet égaid dans les moindres détails, et confectionnait
souvent de ses propres mains les ornements qu'elle avait inventés.
Ses appartements particuliers servaieut habituellement des réu
nions qui n avaient rien de politique, où s'exécutaient sous son in
spiration des travaux 1 aiguille, et se discutaient sous sa présidence
des questions de beauté et de parure. Cette passion pour le luxe et
les colifichets ne le cédait qu un sentiment de jalousie furieuse
l'endroit de sa beaute. Toutes prétention* cet égard lui étaient
insurmontables, et l apparence même d'une rivalité aurait suffi
pour exoiler sa haine. Au>si, toute I habileté des dames de sa cour
consistait-elle eu une hypocrite abnégation d'elles-mêmes, 1 unique
vertu dont Catherine leur tint compte inlérieuremeut. Une seule
femme, plus" belle en eflet que.toutes le# autres, n'avait pas voulu
awaseulir cette immolation cruelle; c'était la duchesse Diane de
Mon»fo«t, qui devait peut-être a une ironie envieuse de Catlieiine,
autant qu'a son mérite réel, le surnom de Belle Duchesse, i a reliae,
qui la délestait eu sou âme, 1 accablait publiquement de caresses el
de témoignages de bienveillance. L espèce de triomphe que Diane
avait obleuti au dernier bal de la cour, nous les yeux metiie de sa
souveraine, était pour celle-ri un véritable crime de lese-majesté.
Cette parure, objet de l'euvie de Catherine, et qui avait été pour
elle loi Odsion d'un outrage, cétau le dernier grit f, la condamna
tion de l'imprudente duchesse; il fallait eu sacrifice, a cet uigueil
miséiable et sans pitié, ces diamant pour les briser, ou cette femme
pour I humilier et la perdre.
Samuel avait compris, lui aussi, que la vengeance de Catherine
ne tarderait pas a I atteindre. Il avait bien pu biaver un moment
cette colere de reine; mais en attendre les effets dans l'ombre lui
paraissait un acte de déraison. Aussi s'était-ii bâté, eu sortaul du
Louvre, de quitter son domicile après en avoir enlevé les choses les
plus précieuses. Catherine, furieuse, humiliée, n'en persista pas
davantage dans son projet de s'approprier la maleucoutreuse pa
rure. Pour cela, elle eut recours son moyen ordinaire, la ruse. La
duchesse se vit dès lors en possefSiou d'une faveur extraordinaire,
comblée de distinctions qu'elle eût voulu détourner de sa tête comme
un malheur, car elle en avait deviué le motif.
La courageuse résistance du jeune joaillier lui était connue. Celte
résistance lavait étonnée d abord, et bien que sa vanité de feinme
eu fût flattée, elle craignit pour sou protégé les conséquences cl un
refus opiniàtie et se bâta de lui en demander la cause. Samuel pa
raissait s'attendre celte question et avoir piévu les objections. Il
répondit sans hésiter J ai reçu pour la parure qui m'a été com
mandée, un triple salaire l'un pour mou travail, l'autre pour ma
discrétion, l'autre pour la parole que j'ai donnée de ne faire qui
que ce soit une parure aussi belle. D'amour et i amour-propre de
Diane se réjouirent également de la découverte de celte bizarre
circonstance. Elle eut pourtant la force de blâmer oe quelle appe
lait un engagement témérai<e mais elle n'osa pas attaquer la scru
puleuse fidélité du jeune homnte s'a parole. Et celui-ci n'eut pas
besoin, cette fois, d'une grande fermeté pour persister dans sa
résolution.
A quelque temps de là, Catherine de Médicis, entourée de plu
sieurs de ses dames d'honneur, samusait broder pour elle-même,
des ouviages en soie, Diane de Moulfort était assise côté de Cathe
rine, qui causait familièrement avec elle. Après bien des agacerie»
'dune part et de banales protestations de l'autre
Duchesse, dit la relue, votre amitié m'est chère et la mienne
vous est connue; échangeons ensemble un gage de nos sentiments
réciproques. Demandez-moi ce qui vous Sera le plus agréable.
Madame, répondit la duchesse interdite, en sue comblant d'un
tel houn< ur cesl rendre ma teconnai-sauce impuissante rien dan»
1 échange que vous me proposez ne serait digue de votre majesté.
Il ny a pas ici de majesté pour vous, duchesse, el tout a du
prix, qui vient du cœur.
J obéis, madame; mais est-ce moi demander la première
Oui, car c'est moi qui ai proposé... Demandez hardiment, du
chesse, el de.iuan tez beaucoup car je voudrai peut-être beaucoup
moi-même. Qui sait si mes indiscrètes prétentions ne s'élèveront pas
jusqu'à quelque objet de votre prédilection marquée
Oh! ina parure, murmura tout bas la duchesse... Q"e fajrc
Puis se levant avec lenteur, elle prit des mains de Catherine 1 ou
vrage qu'elle achevait... Cet admirable travail de vos royales maint,
dit-elle.
Et aveo cela
Ce présent de ma souveraine suffit mon ambition.
Prenez ma belle seigneurie de Cûenonceaux ou mon chateau
de Chaunioul-sur-Loire.
Je vous rends grâce, majesté. Le duc de Montfort, mon mari
in'a laissé une fortune qui me permet de satisfaire tous mes désira.
J'imiterai voire réserve, duchesse; je désire quelque chose quo
vous ayez porté,... le moindre bijou... Ne devmera-l-elle donc ja
mais? murmura Catherine visiblement coulrariée. Voilà une favorite
bien maladioite.
Je n'en ai qu'un qui ait quelque valeur, poursuivit la duobessc,
je" l'offre de grand cœur votre majesté c'est uue croix d'un seul
diamant, pesant vingt carats et bénie par le pape.
Catherine ne put dissimuler un mouvement de dépit Det paroles
de tiel te pressaient sur set lè?rea.