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Par arrêté royal du 18 du même mois, un
subside de dix mille francs (fr. 10.000), dont
la première moitié sera imputée sur le crédit
ouvert au département de l'intérieur. par la loi
du 26 mars 1846. est mis la disposition de la
députalion permanente du conseil provincial
de la Flandre occidentale, pour être affecté aux
frais de construction d'une route pavée con
duisant du hameau het Gouden Hoofd (com
mune de Wulveringhem) par Isenberghe et
Leysele, et par le hameau la Clachoire, vers la
frontière de France.
La cour de cassation a rejeté le pourvoi du
nommé Edouard Demettere, condamné par la
Cour d'Assises de la Flandre Occidentale la
peine des parricides.
AFFA.IRE DE ROCHEFORT.
LES FRÈRES DE LA DOCTRINE CHRÉTIENNE. LES
BOUR8E6 DE JVQUET.
Nous avons fait connaître, il y a plus de six
semaines, le scandale qui a eu lieu dans la commune
de Rocheforl. Le conseil communal, rétractant une
décision antérieure qui n'avait pas été exécutée et
ne pouvait pas l'être légalement, avait refusé de
confier l'instruction primaire aux frères de la doc
trine chrétienne. Sa résolution porte la date du 8
octobre 1845. Le 13 octobre, les frères de la doctrine
chrétienne se sont emparés de l'école communale
et du mobilier qui s'y trouve. Ce que l'on ne veut
pas leur donner, ils le prennent. Le 7 décembre, le
collège des bourgmestre et échevins a reçu mission
défaire respecter les droits de la commune, et les
bons petits frères ont été assignés sur-le-champ
devant le juge de paix du canton.
Le conseil a sollicité l'autorisation d'ester en jus
tice. Mais depuis le mois de décembre jusqu'à ce
jour, il n'a pu obtenir une décision de la députation.
Nous avions pensé qu'en signalant ces faits l'at
tention de l'autorité, elle se hâterait de seconder les
efforts de la commune. Point. La députation perma
nente du conseil provincial de Namur, présidée par
le puritain M. d'iluart, paraît faire la sourde oreille.
On a beau réclamer, on a beau l'avertir que de mois
en mois le juge de paix est obligé de remettre la
cause, urgente de sa nature, l'affaire n'est pas encore
assez instruite pour elle, et elle ne statue pas. La
députation ne saurait donner pour prétexte que la
question est difficile ou douteuse, car elle est fort
simple et fort claire, et en fut-il autrement, c'est
au pouvoir judiciaire prononcer sur le litige. Elle
ne peut pas craindre non plus d'exposer la com
mune aux frais d'un procès, car les habitants de
Rocheforl ont formé spontanément un fonds de six
mille francs, qui permet assurément de pourvoir a
toutes les éventualités.
Quelle est doue la puissance occulte qui paralyse
ainsi la députation? Ne comprend-on pas que l'opi
nion publique s'émeut et s'indigne bon droit,
lorsqu'elle constate que, dès qu'une lutte s'engage
entre une commune et celle partie du clergé qui
veut dominer et régenter partout et toujours, l'au
torité supérieure semble prendre tâche de se ran
ger du côté du clergé? Ici la violence est flagrante;
A Dieu ne plaise, duchesse, que j'accepte un si grand sacrifice!
TJn objet béai par Mgr le pape équivaut presque une indulgeuce
pléuièie trop nécessaire a votre sajut pour que je songe vous en
priver.
Après ces paroles. Catherine se leva.
Mesdames,dit-elle ses dames d'honneur, tes afFairesde l'État
m'appellent cette heure: je ne vous reiiendrai pas plus longtemps.
Tout le monde s'élanl retiré Catherine entra dans son cabinet
particulier, où elle se mit marcher grands pas eu proie un
trouble extraordinaire.
Suis-je assez humiliée! s'écria-t-elle. Bravée hier par un ouvrier
insolent, dédaignée aujourd'hui par une femme, par uue de mes sui
vantes! Ah vraiment, c'est nu beau titre que celui de mère du rot!
Et c'est un redoutable pouvoir que celui de la reine légeute de
France! Ah! misérable mannequin.1 VIajusté de femme JjsII.me
•aus crainte par uue femme et souffletée par un enfant Est-pe bien
moi véritablement qu'on vieut d'outrager pour la seconde fois In
solente duchesse! Ah' vous ne voulez rien deviner, rien comprendre!
Ah vous 111'aiiriez éblouie de voi re luxe, écrasée de votre beauté
narguée par vos valets, et quand j'offrirai de tout oublier, vous te-
jetlerez la seule condition qqe j'aurai mi. ma démence Ceci,je
vous le jure, fui de Médiois, aura sa récompenseJe me venge
raiMais comment
Des pas disciets résonnèrent dans le corridor. Un léger coup fut
frap|>é a la pone. Unéolatrde joie brilla dans les yeux de Catherine,
qui alla elle-même ouvrir avec yivgeité.
Entrez, Gondi. vous êtes ma providence.
Votre majesté change les rôles.... Mais qu'avez-vous, madame?
d'où vieut que l'éclat rte vu, yeux que les miens cherchent sans
(esse, au lieu d'émouvoir di uremeut mon àme. me remplissent it'ef-
froi? Qu'a» ex vous Ciaiguez-vous quelque chose de vos ennemis?
il ue s'agit pas de cela Gondi... Je suis humiliée, et je veux
me venger. 11 n'y a que vous qui puissiez me seconder.
Het sonne, du moins, n'est plus dévoué que moi a voire majesté,
biais, encore, sur qui doit tomber voq-c colere Est-ce un protes
tant r un chef de parti Vous disputerait ou le pouvoir, et votre
politique serait-elle «a défaut
C'est bien plu* que tout cela. Les protestant* me craignent, les
les frères de la doctrine chrétienne ont commis une
voiede fait, en affichant le mépris pour une décision
dit conseil communal, et l'on met le conseil dans
l'impuissance d'obtenir justice
M. DeTheux, qui nous a parlé récemment de son
amour pour l'enseignement donné par l'état, ne
voudrait-il pas témoigner, par un acte posilif. de son
zèle pour la défense des droits de l'autorité civile?
Il a, sous le rapport de l'enseignement, un agent
spécial dans le canton de Rocheforl c'est le sieur
(.repitt, inspecteur cantonal des écoles. Mais le sieur
Crepin est l'aller eyo de M. le doven, le protecteur
des frères de la doctrine chrétienne, et, sans doute,
il enseignerait fort mal M. De Theux sur la situa
tion de l'école communale. Le sieur Crepin n'aurait,
d'ailleurs, pas le temps de s'expliquer ce sujet, car
c'est un cumulard émérite, cumulard de douze
chefs différents, et en instance auprès du gouverne
ment pour avoir la faculté de cumuler plus encore!
Quand on fabrique des reliques et qu'on est quelque
peu en odeur de sainteté, on est propre tout, on
peut tout faire et tout peut se faire en même temps:
cela va jusqu'au miracle, et le sieur Crepin en est
une preuve vivante. II est i° greffier de la justice
de paix; distributeur de la poste aux lettres;
3® secrétaire du bureau de bienfaisance; 4° capitaine
adjudant-major faisant fonctions de secrétaire du
cliefde légion 5" secrétaire de la commune de Buis-
sonville; 6° secrétaire de la commune d'Epraves
7° secrétaire de la fondation Jaquel; 8® receveur de
la même fondation çf membre du conseil de fabri
que; io° receveur du bureau de bienfaisance; u*
agent d'affaires, et enfin 11" inspecteur cantonal des
écoles! En vérité, M. De Theux ferait bien de
s'enquérir si le sieur Crepin a parfois le loisir de
visiter les écoles dont la surveillance lui est confiée.
M. De Theux devrait aussi s'éclairer sur d'autres
faits qui se passeut Rocheforl. Un arrêté royal du
ii octobre trt38, contresigné De Theux, a rétabli
les bourses d'études créées par feu Jacquet, évêque
d'Hippotie. La fondation a pour objet des bourses
pour l'étudedes humanités,des sciences supérieures
et même des métiers, en faveur du fondateur, d'a
bord, et en second lieu, en faveur des jeunes gens de
Rochefort. Le revenu de ces bourses est annuelle
ment de plusieurs milliers de francs.
Eli bien, le croirail-Qs>, depuis huit ans, ni aucun
parent du fondateur, ni aucun habitant de Roche-
fort n'a élé dolé de l'une de ces bourses, malgré les
plus instantes et les plus énergiques réclamations.
On réclame auprès des administrateurs de la fon
dation, ils se rient des plaintes qu'on leur adresse;
on recourt la députation, elle blâme la gestion en
général et elle approuve les comptes, on signale les
faits au ministère, il se tait. Qui oserait, en effet,
attaquer sérieusement les personnes préposées par
M. DeTheux l'administration des bourses? Il n'y
a pas fait entrer un seul laïc. A part un parent du
fondateur qui, de droit, fait partie de l'administra
tion, mais que l'on ne se donne pas même la peine
de convoquer aux séances, ce collège se compose
i°du curé-doyen de Rochefort; 2" du vicaire dt»
Rochefort 5° du desservant de l'église d'Ave; 4" et
du desservant de l'église d'Epraves. Il eût élé plus
simple de remettre tous les pouvoirs au curé doyen.
M- le commissaire de l'arrondissement est proviseur
chefs de parti se cachent. Qui «serait me disputer h- pouvoir Ma
prudence fait nia force. Mais un intérêt plus puissant que celui de
l'État, que celui du trône est en question... Celui de ma vauité de
femme. Oui, Goudi. j'ai été outragée, entendez-vous Moi qui com
mande au roi, une femme inc brave Je suis belle, et une autre aura
des pannes plus éblouissames que les iuienu.es Cela ne Se peut;
vous ne le voudriez pas, Gondi... Eh bieu c'est oette paruie qu'il
me faut c'est celle duchesse que je veux punir
Quoi Diane de Mon'fort la belle duchesse
Pourquoi celte sui prjse et cette hésitation Est-ce un refus de
me servir, et n'ai-je autour de moi que des ennemis et des traîtres?
Ah vous aussi, Gondi vous vous faites le champion de celle que
ma colere a choisie Savez-vous bieu que si mon cœur n'est point
ass'z vaste pour deux amours, il peut l'être assez pour deux ven
geances
Majesté, Catherine, murmura Gondi en baisant teudrement la
main de la rejiie, vous voy et vos pieds le plus heureux comme le
plus fidele de tpus vos Sujets...,
Vous avez raison, Gondi, je suis injuste,... Hélas sais-je seu
lement ce que je dis et ce que j éprouve Je suis reine, il est vrai
mais je suis femme aussi Quel cœur pourrait me comprendre Qui
pourra m'expliqner l'énigme de c< lie double et fatale nature dont
le vulgaire ne connaît que la plus brillafpe moitié? Créatures in
sensées que nous sommes de croire que nos faibles têtes puissent
porter impunément une couronne royale! Le peuple est shipide dans
sa crédulité c'est pitié que j'incom iieusuicfble vanité que Dieu a
mise au cœur de certaines femmes Que suis je doue, Gondi et que
se passe-l-il en moi Pourquoi suis-je la fois si grande et si pe
tite! Pourquoi ma vie est elle upe lutte où le mal douiiue! Pourquoi
b« ûlé—je de punir quand je u ose ïn'ayouer le motif de ma colere
Et pourquoi a cette heure epc<>r<<; oie faut il une victime Ah l
je pleure des larmes de sang de me seutir au cœur tapt de faiblesso
et dans I esprit lafyt «le tonuadiclions i
Le ciel seul connaît çeg mystères, Catherine. Suivez sans crainte
la direction où il vous eutraiue. Tout est biep, tout est juste dans
vos actions.... Et d'ailleurs, madame vos intérêts mémo leg plus
frivoles, étant eucqre leg plus grands et Içs plus chers, qu'importe
que pour une vous eu aiifcriûiéx d'autre#
de la fondation: en sa qualité d'agent de l'autorité
civile, il va de soi que ses remonstances ne peuvent
avoir aucun résultat, et que c'est fort inutilement
qu'il assaye de rappeler l'exécution des volontés
du testateur. 11 écrivait le iu février i845
La caisse de l'établissement, dont l'administra-
tion vous est confiée, présente depuis plusieurs
années, un actif de plus de mille francs. Cet actif
avait, dès le 7 août 1844, atteint la somme de
2,ç|io fr. yq c.cependant, vous vous êtes borné
faire, pour l'exercice iH43, une dépense de +q5
fr. 14 c., en laissant le surplus improductif dans
la caisse, et cela sans vous donner le moins du
monde la peine de consulter ni le proviseur delà
fondation, ni une autorité quelconque.
Celle conduite, Messieursne dénote de votre
part, ni déférence envers l'autorité supérieure, ni
exactitude dans l'exécution des volontés du testa-
teur, ni zèle pour l'instruction des jeunes yens de
la commune de Rochefort, dont plusieurs pour—
raient avoir été mis, depuis plus de deux ans,
s terme des actes constitutifs de la fondation, en
possession de bourses d'études qui leur sont det-
tinévs.
En admettant qu'il y ail eu des raisons plausi-
bles pour différer l'emploi des fonds (ce dont je
ne pourrai juger en connaissance de cause que
lorsque vous m'aurez adressé vos observations, vu
que vous n'avez pas jusqu'ici jugé propos de me
faire aucune ouverture cet égard), il est au
moins certain que les fonds, qui se trouvent en
caisse depuis deux ans et plus, auraient dû être
provisoirement déposés la caisse d'épargne, et
que la fondation subit dès présent, de ce chef,
une perle réelle de quatre cinq cents francs.
Le commissaire d'arrondissement,
proviseur de la fondation Jacquet,
CH. DE SIONGE.
A quoi donc sont employés ces revenus qui, sui
vant les prescriptions du bienfaiteur, doivent servir
doter des jeunes gens de Rochefort en leur don
nant les moyens d'étudier les humanités et les scien
ces supérieuresCes revenus sont détournés de leur
destination. En i84«, cinq mille lrancs ont élé pris
dans la caisse de la fondation pour la construction
d'un bâtiment servant de couvent une douzaine de
nonutles qui dirigent un pensionnat de demoiselles,
et enseignent la lecture, l'écriture et le catéchisme
aux enfants du sexe féminin. Cet établissement
donne lieu une dépense de huit cents francs pré
levés également sur le fonds des bourses. Que l'œu
vre soit bonne ou mauvaise, qu'elle soit pie ou non,
il importe peu, car les administrateurs des bourses
ne peuvent substituer leurs volontés aux volontés
du testateur. Ils commettent un abus du même
genre en appliquant une partie des produits de la
fondât ion aux besoins des frères de la doctrine chré
tienne. Du ne sait, au juste, quelle est de la sorte
l'importance des sommes illicUement dépensées.
Toutefois, 011 a la certitude qu'une partie seulement
des revenus des bourses a produit, depuis le mois
d'octobre iH4o jusqu'au mois de janvier dernier,
treize mille cinq cent trente-six fr. 74 c.
L'autorité supérieure aura-t-elle le courage de
demander un compte sévère aux administrateurs
de la fondation? Ou bien veut-on exposer les habi-
—Vous êtes un digne ami mais que faire
Goudi parut réfléchir.
Si mes soupçons se justifient, reprit-il, dans quelques heures le
sort delà duchesse sera entre vos mains.
Votre dévoùment vous aveugle.
Non, non, tout le mou ie le sait la duohesse professe bien haut
sapsdoute une profonde amilié pour votre majesté; mais elle nourrit
dans 1 ombre uue haine encore .plus énergique. Je me trompe fort,
ou certaine conspiration dont quelques mois m'ont dévoilé la trace
pourrait bien avoir posé le pied dans les appartements secrets de son
hôtel.
Que dites-vous? Cette duchesse que je hais serait mou enne
mie Oh je lavais deviné. Eh quoi! se parer effrontément d'une
cho»e, me la refuser et aiguiser les poignards dans la nuit Cela est
digne, cela est beau.... Enfin, ma vengeance sera moins lourde.
Que votre majesté dise un mot, et bientôt la duchesse arrêtée,
ses biens confisqués, il sera facile de s'emparer....
Mgis c'est un vol.
Non, madame, c'est un droit.
Eh bien! oui, Albert rapportez-moi cet objet odieux et envié,
que je le brise.-que je l'anéantisse de nies piopres mains
A moins que vous n'aimiez mieux, au moyen dequelques chan
gements habileseu faire une parure nouvelle pour ce noble front
et ces mains adorées
Tais-toi, Demonio, tais-toi, dit Catherine en appuyant dooee^
ment sa main sur les levres du favori pars et souviens-toi que ta
reine, que Catherine t'attend.
Avant la fin du jour un officier du palais remit Catherine un
billet aiusi conçu
Nous triomphons la belle duchesse est coupable. L'évêqueson
oucie l a rendue dépositaire de papiers importants. Tout nous au-
toiisr àçroire qu'eue a aidé l'ennemi personnel de votre majesté de
ses conseils ou de son crédit. Agissez avec de telles armes. Pour moi,
je fais serment de ne paraître devant votre majesté que possesseur
de la parure*
Celle lecture achevée* Catherine parut prendre conseil d elle-
mime pui* elle M ley» et «e dirigea ver. Us «ppartemeuts de M*