INTÉRIEUR. JEUDI, 11 JUIN 1846. JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Feuilleton. 6' ANNÉE. N° 532. On s'abonne Tpkes, Marché au Beurre, 21,et chez tous les per cepteurs, des postes du royaume. prix de l'abonnement, par trimestre. Pour Y prèsfr. 5-00 Pour les autres looalités 6-00 Prix d'un numéro 0-25 LcPro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé, franco, k l'éditeur du journal, Ypres. Le Progrés parait le Diman che et le Jeudide chaque semaine. prix des insertions. Quinze centimes par ligne. VIRES ACQUIRIT EDNDO. YPKES, le 10 Juin. LE PROJET DE LOI SUR L'ENSEIGNEMENT MOYEN. Enfin ce que veut le parti clérical en matière d'instruction moyenne, ce que veulent les évê- ques est connu. M. De Theux vient de déposer, sous forme d'amendements au projet de loi de 1834, un projet tout nouveau. Après avoir refusé de dévoiler ses idées concernant cette question si vitale et laquelle le parti libéral attache la plus haute importance, après avoir fait une question de cabinet de la motion de M. d'Elhougne, qui engageait la chambre in viter le ministère, avant tout examen ulté rieur, donner communication des modifica tions qu'il se proposait de porter au projet de 1834, M. De Theux, forcé par la section cen trale dans ses derniers retranchements, vient de s'exécuter. 11 a déposé un projet et quoiqu'au premier abord, il paraisse très-anodinnous n'hésitons pas le considérer comme un chef- d'œuvre de rouerie gouvernementale et de jésuitisme. En premier lieu, ce projet n'a pas été élaboré au ministère de l'intérieur. A notre «vis, il a été transmis Bruxelles tout préparé et corrigé par quelque main jésuitique. Avant tout, c'est une conception du synode de Malines, ce sont les évêques qui sont les véritables auteurs de ce projet d'organisation de renseignement moyen. Pour en être convaincu, il faut seulement se demander, si jamais ministère voudraitassumer la honte d'être le défenseur d'un semblable projet, moins qu'il ne soit la dévotion de cette caste qui lutte pour ressaisir la domina- lion qu'elle esta la veille de perdre, moins qu il ne soit courbé sous le joug de celle influence occulle, dont on sent partout l'existence. Que doit-il arriver, si jamais, ce qu'à Dieu ne plaiseun pareil projet soit sanctionné par la majorité ministérielle? On a l'air d'orga niser l'enseignement laïcmais sur des bases telles, que toutes les institutions d instruction moyenne de l'état doivent nécessairement deve- nirati bout d'un certain temps,la proiedu clergé, et si l'on résiste au monopole que les évêques veulent établir, les établissements du gouver nement seront décriés et celte concurrence qu'autrefois le parti clérical appelait de tousses vœux, deviendra illusoire. Les dix athénées dont le projet admet l'exis tence, seront entièrement sous la direction du gouvernement, qui, du moment que le minis tère appartiendra au parti-clérical seront battus en brèche par les hommes qui sont les protec teurs des institutions laïques, c'est-à-dire par les ministres eux-mêmes, quiavant d'être au ser vice du pouvoir civil sont surtout dévoués au parti-prêtre intéressé provoquer la ruine des établissements de l'état. Mais par contre, la première catégorie des collèges sera favorisé, les institutions adoptées bien entendu, où le pouvoir civil n'a rien voir, ni surveiller. Toutes les faveurs seront accordées ces établissements, qui ne sont que des succursales des petits séminaires, tandis que les institutions exclusivement communales et qui dépendent en partie du gouvernement et subissent son action, suivront le sort des athé nées et seront en butte aux calomnies que le clergé pourra déverser sur eux. Mais il est un art. 3 dans ce projet, qui tou che au comble de l'odieux, surtout si l'on songe que les hommes qui ont eu l'indignité de l'ad mettre'sont les défenseurs du pouvoir civil. Il est dit dans cet article -*. le youeernemenX se concertera avec les autorités ecclésiastiques, pour régler le mode et le concours des ministres du culte. On doit en tirer la conséquence que des conventions dans le genre de celle inter venue entre le collège des bourgmestre et échevins de la ville de Tournai et lévêque de ce diocèse, pourront être conclues par le gou vernement avec les autorités ecclésiastiques. Notons ici avec l Observateur, que c'est la pre mière fois que dans une loi, on qualifie le corps du clergé, d'autorité ecclésiastiquetaudis que la constitution n'en admet pas. On pourra peut-êlre affirmer que telle n'est pas la portée de ce mais moins qu'on n en change la rédaction, nous avons l'intime conviction que c'est le but caché des évêques. Les paroles de M. De Theux, en réponse au blâme que M. Vande YVeyer a jeté sur la convention concernant l'athénée de Tournay, doivent nous mettre en garde sur la manière dont on fera l'application de celle prescription du projet. Mais continuons: il est ajouté que si les con ditions de ce concours pour un ou plusieurs athénées, étaient reconnues parle gouvernement incompatibles avec les principes de la présenta loi/'enseignement de ca religion serait suspendu. Est-il permis, nous le demandons, pourun gou vernement qui se respecte, d'inscrire une telle défense dans une loi sur l'enseignement? mais c'est fournir des armes au clergé pour décrier les établissements laïcs, c'est lui donner le moyen d'amener leur décadence. Autant valait, d'après nous avoir plus de franchiseet le ministère qui, tout instant, se vante d'en avoir beaucoup, aurait dû, ce nous semble, faire un projet en un seul article et décréter que le clergé seul sera chargé d'organiser l'enseignement moyen sa guise et que l'état sera son caissier. Comment, ce sont les chefs du pouvoir civil qui laissent subsister dans un projet de loi qu'ils n'ont pas élaboré, nous en sommes convaincus, un articlequi défend de donner l'instruction reli gieuse dans les institutions laïques? Mais com ment faire, nous dira-l-on, le clergé est libre de donner ou de refuser son concours! Eh! oui nous le savons aussi n'entendons-nous pas le forcer coopérer l'éducation de la jeunesse dans les établissements laïcs; on n'ignore pas le» motifs de son refus. Mais défendre d'y donner 1 instruction religieuse, parce que le clergé man que ses devoirs, c'est par trop odieux, de la part du pouvoir civil. Les ministres du culte, par esprit de monopole, refusent aux enfants des citoyens belges ce qu'ils se plaisent ac corder aux sauvagesaux tribus indiennes, et voussanciiomiei! cette conduite par un article de votre projet. Eli mais il fallait simplement ta cher de trouver le moyen d'obvier ce refus de concours et indiquer le meilleur mode de rem placer les ministres du culte dans l'enseignement de la religion. Nous disons que ce projet n'est pas l'œuvre du pouvoir civil, il est entièrement son désa vantage. La perfidie avec laquelle les prescrip tions sopt combinées, le vague et l'élasticité des termes qui y sont employés, le jésuitisme qu'il exhale, Igut nous fait croire que c'est l'officine de Malines que ce projet a vu le jour et que M. De Theux en est tout uniment le parrain. 53oj<4\2IL Si212^» flISTOIRE J)U XVI* SIÈCLE. III. (Suite.) Que signifieccci?dematidâ le connétable. Notre je une sire aurait- I imaginé, pour nouveau passe-temps, de faire peur aux dames? L'affaire me paraît sérieuse, dit le duc de Guise qui avait ou vert la fenêtre, j'apperçois des archers qui foui le guet la porte et dans les cours. Le messager indique, ajouta le cardinal, que le message n'est pas du roi. Eu effet, Charles n'aime pas le Florentin, Mais la reine demanda le cardinal en souriant. Tout le monde échangea un regard d intelligence. Ma nièce expliquera 3ans doute ce mystère, dit le duc de Mont- lue. Pendant ce temps, la duchesse semblait se consulter. Messeigueurs, secria-t-elle tout-à-coup sans paraître avoir en tendu les dernieres paroles de l'évéque, puisque la reine me traite en ennemie, je suis des vôtres. Vous vous euquériez tout 1 heure d'an homme courageux et sûr, pourun message important.,. Vous plaît-il le tenir de ma main Assurément, répondirent la fois les quatre chefs catholiques. Merci, messeigneurs; le message sera fait bravement et subtile ment, je vous jure Ce soir même, 1 homme ira trouver M. de Montluc.' Et qui dépêcherons-nous f Espagnol demanda le cardinal. Moi, répondit la duchesse... Noire bon roi Charles l'a aiusi or donné. Voyez, messii es. En effet, Tordre du roi donnait l'Espagne pour exii'à^la duchesse. Je vous Pavais dit, messeigneur3 reprit le cardinal; le roi est pour nous vrai Dieu sire, ajouta-t-il aveo enthousiasme; ceci est finement besogné potfr un ootip d'essai et'promet de bons tours madame la reine. Dieu vous doune courage et sagesse, ma nièce, dit M. de Mont- luc en l'embrassant; nous nous lèverions bientôt. Votre esprit, madame, dit le vieux connétable en se retirant, va vous gagner 1 Espagne, nos épées vous rouvriront le chemin de France. Dès qu'ils furent sortis, Diane alluma une petite lampe de cristal qu'elle cacha dans les plis de sa robe et poussa légèrement uu pan de la tapisseï ie qui céda aussitôt. Après avoir traversé un corridor obscur, elle se mit inouter avec rapidité un escalier étroit pratiqué dans l'épaisseur des murs de l'hôtel et aboutissant une petite chatubre carrée et basse. Le jour et l'air y pénétraient par une meurtrière. Sur un banc, près d'une table chargée de livres, un jeune homme dormait la tête appuyée sur sa maiu et tournant le dos la porte. Le bruit que fil la duchesse en entrant ne 1 ayant pas éveillé, elle s'ap procha doucement Samuel,... dit-elle en appuyant la main sur l'épaule du dor meur. Samuel ouvrit les yeux et les referma aussitôt. Samuel,... répéta la duchesse un peu plus haut. Cette fois, Samuel s'éveilla et fit un mouvement pour se lever, mais la duchesse le retint et s'assit près de lui. Je vois bien maître Samuel, dit la duchesse d'un ton de re proche amicalet voulant gagner la confiance du jeune homme par une longue causerie, je vois bien que vous avez passé uue partie de la nuit lire. Non, madame, murmura lejeune homme d'un air confus. Pourtant vous n'avez pas dormi, je le vois. Il est vrai, madame. Depuis que vos bontesm'ont ouvert cet asile en votre demeure, j'ai perdu les douceurs du sommeil et je n'ai plus goût aux livres des philosophes et des poètes que dans mon en fance un vieux moine m'apprit aimer. Le livre où je lis mainte nant, c'est ce coin du ciel où j aperçois, chaque nuit, par cette étroit® ouverture, la même étoile qui vient me visiter et me consoler com me vous faites, madame, en ce moment.... Elle a même éclat, même douceur attrayaute, si bien que souvent, la prenant pour vous, je loi dis... Que lui dites-vous, maître Samuel demanda la duchesse. Je lie sais.... je n'en ai plus souvenance cette h eure, r époad le jeune homme de plus en plus troublé.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1846 | | pagina 1